Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

L’offre globalement limitée en Europe conduit à une reprise de la hausse saisonnière des cours des jeunes bovins. Avec l’entrée dans une météo hivernale et l’approche des fêtes de fin d’année, la demande en viande bovine semble rester relativement active malgré la réduction du pouvoir d’achat des ménages. La viande bovine reste en effet une valeur sûre et son prix au détail augmente moins que celui des autres productions animales.

ITALIE : reprise de la hausse saisonnière des cours

En Italie, les prix des jeunes bovins sont repartis à la hausse début novembre. Les cotations à Modène de toutes les catégories de jeunes bovins finis mâles et femelles ont gagné 3 centimes par kg vif en une semaine. Le mâle charolais de 1ère catégorie à Modène cotait ainsi 3,37 €/kg vif en semaine 45 (+15% /2021) et le mâle limousin Extra 3,57 €/kg vif (+14% /2021). La femelle limousine se situait à 3,60 €/kg (+16%) et la femelle charolaise à 3,37 €/kg (+15%).

L’indice des prix des moyens de production agricole pour la viande bovine calculé par l’ISMEA (analogue à l’IPAMPA français) en base 100 en 2015, a atteint 130 points en septembre (+22% /2021). Les deux postes principaux de cet indice composite sont l’achat du broutard (63%) et l’alimentation des animaux (24%).

L’inflation générale a poursuivi son accélération en octobre selon Istat (+12% /2021 contre +8,9% en septembre). L’indice des prix des produits alimentaires a atteint +14% /2021 en octobre, contre +12% en septembre. L’inflation s’accélère aussi en viande bovine (+8,4% /2021 en octobre), mais reste moindre que pour les autres produits animaux (+18% pour la volaille, +19% pour les œufs et +15% pour les fromages). La viande porcine suit une évolution parallèle à celle de la viande bovine (+8,7% en octobre /2021).

La consommation italienne de viande bovine calculée par bilan sur les 7 premiers mois de l’année était en hausse de +4% par rapport au très bas niveau de 2021, mais restait en baisse de -6% /2019. Les importations de viande bovine se sont rétablies par rapport à 2021 (+5%), mais sont restées en recul de -8% /2019. L’Italie a importé 186 000 téc de viande bovine fraîche entre janvier et juillet, dont 38 000 téc de Pologne (-15% /2019) et 32 000 téc de France (-13% /2019). La viande espagnole a poursuivi sa percée avec 27 000 téc (+42% /2021, +69% /2020 et +107% /2019 !).

ALLEMAGNE : les prix repartent à la hausse

En Allemagne, les prix des jeunes bovins sont repartis à la hausse en octobre. Certes, la forte réduction du pouvoir d’achat dans le contexte inflationniste limite la demande, mais l’offre limitée soutient les prix. Les experts allemands envisagent d’ailleurs une poursuite de la hausse des cours jusqu’aux fêtes de fin d’année. Les températures fraîches sont en outre propices à la consommation de viande bovine.
Ainsi, les cotations des jeunes bovins restaient en hausse de +16% /2021 début novembre, à 5,23 €/kg de carcasse pour le JB U, 5,16 €/kg pour le JB R et 4,87 €/kg pour le JB O.

L’inflation a atteint +10,4% en octobre en rythme annuel, d’après Destatis (contre +10% en septembre), son niveau le plus haut depuis 1951 ! L’indice de prix de l’énergie était à +43% et celui de l’alimentation à +20% (contre +19% en septembre). La viande bovine a atteint +23% en octobre, contre +21% pour la viande de porc, 30% pour la volaille et +29% pour les fromages.

Les abattages de jeunes bovins sont toujours limités. Sur les 8 semaines 37 à 44, ils étaient en baisse par rapport aux années précédentes (-2% /2021 et -8% /2020).

ESPAGNE : la hausse de production n’empêche pas celle des prix

En Espagne, la production de jeunes bovins poursuit sa hausse ce qui permet aux exportateurs de profiter de la pénurie d’offre sur les autres marchés européens. Sur les 8 premiers mois de l’année, les abattages de jeunes bovins mâles et femelles ont totalisé 403 000 téc (+4% /2021), dont 133 000 téc de bovins jeunes de 8-12 mois (-2% /2021), 186 000 téc de taurillons (+7% /2021) et 85 000 téc de génisses (+5% /2021).

Certes, la flambée des prix des matières premières inquiète dans un pays où l’engraissement est principalement basé sur des rations sèches très dépendantes de l’importation de céréales et de tourteaux et dont le coût des aliments achetés représente plus de la moitié du coût de production d’un JB. Mais il semble que jusqu’alors les engraisseurs parviennent à y faire face, en témoigne le maintien des flux de petits veaux français vers l’Espagne (lien vers article petits veaux).


Malgré le dynamisme des sorties, les prix des JB ont encore gagné +8 à +12 centimes en octobre grâce aux flux gagnés dans les circuits cheville en Italie et en Grèce, très rémunérateurs. Le JB U espagnol cotait 5,28 €/kgéc en semaine 44 (+26% /2021), le JB R 5,11 (+26% /2021) et le JB O 4,84 €/ (+26% /2021).

La demande nationale est en retrait avec la baisse du pouvoir d’achat. L’inflation générale a toutefois ralenti (+7,3% sur un an en octobre contre +8,9% en septembre) grâce à la baisse des prix de l’électricité (-22% sur un mois), résultat de l’application de l’exception ibérique sur les tarifs européens de l’électricité. La hausse des prix des produits alimentaires s’est en revanche accélérée pour atteindre +15% sur un an, contre +13% en septembre.

POLOGNE : les cours regagnent 30 centimes en 3 semaines

En Pologne, les cours des JB, qui avaient fléchi en début d’automne, sont repartis à la hausse mi-octobre, en zloty mais encore plus en euro du fait du renforcement de la monnaie nationale. La cotation du JB R a regagné +30 centimes pour remonter à 4,94 €/kg de carcasse en semaine 44 (+13% /2021 et +68% /2020). Celle du JB O a regagné +28 centimes à 4,77 €/kg (+14% /2021 et +67% /2020).

Après une longue expansion depuis l’adhésion de la Pologne à l’UE en 2004, la production polonaise de jeunes bovins recule désormais depuis deux ans, par manque de petits veaux à engraisser, le cheptel laitier polonais se réduisant comme ailleurs dans l’UE. Sur les 8 premiers mois de l’année, les volumes de jeunes bovins mâles et femelles abattus n’ont ainsi totalisé que 264 000 téc (-4% /2021 et -7% /2020), dont 205 000 téc de taurillons (-6% /2021 et -10% /2020) et 59 000 téc de génisses (+2% /2021 et +7% /2021). La part croissante de femelles dans la production témoigne d’une part de la difficulté croissante à trouver des veaux mâles et d’autre part de la mise en place d’une filière génisse pour servir le marché italien, friand de « scottone ».