Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Avec des cheptels réduits, les abattages sont en recul. Les prix restent donc orientés à la hausse, mais celle-ci ne compense qu’une partie de l’augmentation des charges.

Les abattages demeurent réduits

En novembre, les abattages de gros bovins ont totalisé 268 000 têtes, soit une baisse significative par rapport aux années précédentes (-5% /2021 et -3% par rapport à la moyenne 2013-2020). La baisse a atteint -8% pour les vaches laitières, -6% pour les vaches de type viande, -11% pour les jeunes bovins laitiers, -3% pour les génisses et -1% pour les bœufs. Seuls les jeunes bovins de type viande ont été un peu plus nombreux qu’il y a un an : +1% /2021 .

En cumul sur les 11 premiers mois de l’année, 2,82 millions de gros bovins ont été abattus, soit -3,5% /2021. Les catégories qui ont enregistré les plus fortes baisses sont les JB laitiers (-15%), les vaches laitières (-7%), les bœufs (-6%) et les JB de type viande (-3%). Les abattages de vaches de type viande et de génisses ont été quasiment stables sur 11 mois (respectivement -0,4% et +0,1% /2021), témoignant de la poursuite de la réduction du cheptel allaitant.

La décapitalisation se poursuit, dans le cheptel laitier comme dans le cheptel allaitant

Le nombre de vaches en France ne cesse de diminuer. En 6 ans, le cheptel allaitant a perdu 480 000 vaches et le cheptel laitier 330 000 vaches.

Au 1er novembre, le nombre de vaches allaitantes présentes en France était toujours en net recul, à 3,53 millions de têtes (-3,1% /2021). Le nombre de vaches laitières restait également en baisse significative, à 3,45 millions de têtes (-2,4% /2021).

Prix des vaches allaitantes en hausse

L’offre restreinte soutient les prix. Les cotations des vaches de race à viande poursuivent leur hausse.

La vache U standard cotait 5,87 €/kg de carcasse à son pic d’avant-fêtes en semaine 49 (+16% /2021 et +29% /2020), contre 5,08 €/kg lors du même pic en 2021. La vache R standard cotait 5,39 €/kg (+25% /2021 et +36% /2020).

Depuis juillet, FranceAgriMer publie des cotations SIQO sur un pas de temps mensuel. Celle de la vache de type viande, tous poids toutes races, de conformation U= était à 5,94 €/kg de carcasse en octobre, contre 5,77 €/kg lors de la première publication en juillet (toutes les cotations sont à retrouver sur le site Visionet de FranceAgriMer en libre accès).

Baisse saisonnière des cours pour les laitières

Les cotations des vaches laitières ont quant à elles perdu quelques centimes pour se rapprocher de leurs homologues européennes (voir l’article sur les femelles en Europe). Elles restent toutefois à des niveaux très élevés comparativement aux années précédentes.

La vache O cotait 4,87 €/kg en semaine 49 (+33% /2021 et +63% /2020) et la vache P 4,64 €/kg (+34% /2021 et +68% /2021).

La hausse des cours se poursuit en jeunes bovins

Le marché européen du jeune bovin est bien orienté, en particulier en Italie à l’approche des fêtes (voir l’article sur les JB en Europe). Les prix français suivent donc cette tendance à la hausse, d’autant que la baisse globale des disponibilités en gros bovins en France inquiète les abatteurs et les conduit à concéder des hausses de prix.

La cotation du JB U a gagné +11 centimes en 4 semaines pour grimper à 5,47 €/kg de carcasse en semaine 49 (+20% /2021 et +45% /2020). Celle du JB R a gagné 10 centimes sur la même période, à 5,36 €/kg (+22% /2021 et + 47% /2020). Celle du JB O est restée stable autour de 5,00 €/kg (+37% /2021 et +56% /2021).

Des charges en très forte hausse sur un an

Les évolutions des prix des animaux finis sont à mettre en regard de leurs prix de revient qui a considérablement augmenté du fait de la flambée des prix des matières premières. L’Institut de l’Élevage calcule pour l’Interprofession bovine un prix de revient sur une base semestrielle pour chaque catégorie de bovin. Au premier semestre 2022, il était de 5,82 €/kg pour la vache de type viande (+72 centimes pour les animaux label rouge) et de 5,64 €/kg pour les jeunes bovins de type viande. Ces prix de revient seront encore plus élevés au second semestre étant donnée l’évolution des prix des intrants, comme l’illustre l’évolution de l’IPAMPA ci-dessous.

En octobre 2022, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) s’établissait à 140,7 points, en hausse par rapport à septembre (+2,5%) et en très forte hausse par rapport à octobre 2021 (+19%). L’indice des prix des aliments achetés était en hausse de +29% /2021, celui des énergies et lubrifiants de +42% et celui des engrais et amendements de +50%.

Productivité des prairies : la situation favorable de l’automne ne compense pas les pertes subies pendant l’été

D’après l’indicateur ISOP d’Agreste, la production cumulée des prairies permanentes depuis le début de l’année jusqu’au 20 novembre était inférieure de -24% à celle de la période de référence 1989-2018. La sécheresse extrême et les vagues de chaleur exceptionnelles enregistrées à partir de mai ont en effet fortement réduit la pousse de l’herbe pendant l’été. Les précipitations de l’automne associées à des températures douces ont permis une reprise de la pousse mais qui est loin de compenser les pertes de l’été.

Le déficit a été inégal selon les régions, de 12 % en Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté à plus d’un tiers en Paca, Occitanie et Hauts-de-France.