Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

L’offre de JB est globalement en baisse sur le marché européen, mais l’inflation freine la demande. Les prix se maintiennent, sauf en Allemagne.

ITALIE : offre très limitée

En Italie, les sorties de jeunes bovins sont considérablement limitées depuis l’automne dernier. En effet, les engraisseurs avaient réduit les mises en place au printemps en raison des incertitudes sur les effets de la sécheresse et de la guerre en Ukraine. Les envois de broutards français ont par ailleurs été ralentis l’an dernier par le manque de disponibilités exportables.

D’après l’Anagrafe nazionale zootecnica (BDNI italienne), les abattages de bovins de 1 à 2 ans étaient en fort recul sur les 2 premiers mois de l’année : -18% /2022 pour les mâles de 12 à 24 mois à 107 000 têtes en cumul sur janvier et février et -12% pour les femelles à 86 000 têtes.

Les prix des jeunes bovins limousins restent parfaitement stables à la bourse de Modène, de même que ceux des femelles charolaises et limousines. Les seules cotations montrant un début de baisse saisonnière sont celles des mâles charolais. Elles ont perdu 4 à 6 centimes/kg vif en 4 semaines et se situaient en semaine 15 à 3,57 €/kg vif pour le Charolais extra (+9% /2022) et 3,44 €/kg vif pour le Charolais de première catégorie (+9% /2022). Même évolution sur la bourse de Padoue, où le mâle charolais a perdu 4 centimes à 3,45 €/kg vif en semaine 15 (+9% /2022).

L’inflation a poursuivi son ralentissement en mars selon Istat (+7,6% /2022, contre +9,1% en février et +10,0% en janvier) du fait notamment du recul des prix de l’énergie. Mais l’inflation sur les produits alimentaires est restée stable à +13,2% /2022. L’inflation en viande bovine, qui demeure bien plus modérée, a même ralenti en février (+7,9%, contre +8,2% en janvier). Elle est également moindre que pour les autres produits animaux (+12,2% pour la volaille, +8,9% pour le porc, +22,3% pour les œufs et +17,9% pour les fromages).

ESPAGNE : prix bien orientés

En Espagne, les prix des JB restent bien orientés. Certes, le marché national souffre de la baisse du pouvoir d’achat des ménages, mais l’arrivée de la saison touristique pourrait relancer la demande. Par ailleurs, la demande à l’export est toujours ferme vers les pays du sud de la Méditerranée pendant toute la durée du Ramadan, compensant la petite baisse enregistrée sur les marchés européens (Portugal, Italie, Grèce).

Le JB U espagnol cotait 5,53 €/kgéc en semaine 14 (+9% /2022). Le JB R cotait 5,20 €/kg (+4%) et le JB O 5,14 €/kg (+7%).

L’inflation a considérablement ralenti en mars (+3,3% d’une année sur l’autre, contre +6,0% en février), grâce au repli du prix de l’énergie. La hausse des prix de l’alimentation a été très légèrement inférieure à celle de février, mais reste très élevée (+16,5% /2022), malgré la suppression depuis décembre de la TVA sur les denrées de première nécessité.

ALLEMAGNE : la demande flanche

En Allemagne, l’inflation générale a ralenti en mars à +7,4% d’après Destatis contre +9,3% en février. Mais la hausse des prix de l’alimentation a continué son accélération (à +22,3% en mars contre +21,8% en février). Ceci contraint le pouvoir d’achat des ménages et freine la demande en viande piécée sur un marché particulièrement attentif au prix. Ainsi, sur les deux premiers mois de l’année, les volumes de viande bovine achetés par les ménages ont reculé de -15% /2022 d’après le panel GFK, alors que ceux de viande hachée mélangée porc-bœuf étaient quasiment stables (-0,9%), de même que ceux de saucisses (voir l’article femelles). Ceci conduit à réduire la demande en viande de JB et fait pression sur les prix.

Les cotations des JB ont perdu près de 40 centimes en un mois. Celle du JB U est retombée à 4,76 €/kg de carcasse (-18% /2022 et +21% /2021), celle du JB R à 4,72 €/kg (-18% /2022 et +22% /2021) et celle du JB O à 4,50 €/kg (-18% /2022 et +22% /2021).

Les abattages de jeunes bovins restent limités. Ils ont baissé sur les semaines 11 à 14 par rapport aux années précédentes (-7% /2022 et -7% /2021).

POLOGNE : les prix se tiennent mieux qu’en Allemagne

Les cotations des JB polonais se tiennent mieux que celles des JB allemands, mais sont cependant repassées sous leur niveau historiquement élevé de 2022.

La cotation du JB R se situait à 4,81 €/kg de carcasse en semaine 14 (-5% /2022 et +50% /2021) et celle du JB O à 4,68 €/kg (-5% /2022 et +50% /2021).

La production polonaise de jeunes bovins recule désormais depuis deux ans, par manque de petits veaux à engraisser. Ce repli fait suite à un long développement de la production de JB en Pologne depuis son adhésion à l’UE en 2004.

En 2022, la production abattue de jeunes bovins n’a totalisé que 384 000 téc (-4% /2021 et -6% /2020), dont 298 000 téc de taurillons (-4% /2021 et -9% /2020) et 86 000 téc de génisses (= /2021 et +5% /2020). À cela se sont ajoutées 154 000 téc de viande de vaches de réforme (= /2021 ; +5% /2020), portant la production polonaise de viande bovine à 541 000 téc (-3% /2021 et 2020).

Dans le sillage de la production, les exportations polonaises de viande bovine ont reculé en 2022 à 468 000 téc (-2% /2021). Les flux se sont réduits en volume notamment vers l’Italie (-7%), l’Allemagne (-2%), les Pays-Bas (-2%) et le Royaume-Uni (-17%). Ils ont en revanche nettement progressé vers la France (+25%) et l’Espagne (+11%).