Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 306 Novembre 2019

Lait de chèvre et viande

Le déficit de ressource laitière tire le marché

Face à une collecte peu dynamique, bien qu’orientée positivement depuis la fin de l’été, et des importations au plus bas, l’approvisionnement des transformateurs français a connu une réduction drastique depuis le début de l’année. S’ils ont malgré tout réussi à préserver le marché domestique jusqu’au 3ème trimestre, au détriment de la reconstitution des stocks et des volumes exportés, la situation devrait encore se tendre en fin d’année. Simultanément, le prix du lait au producteur a connu une hausse attendue depuis le début de l’année, face à la hausse des charges en élevage.

Sommaire du numéro 306
Lait de chèvre et viande

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

La baisse de collecte ralentit, mais l’approvisionnement reste tendu

La collecte de lait de chèvre s’est enfin orientée à la hausse depuis la fin de l’été et devrait progressivement rattraper le retard accumulé depuis le début de l’année. Néanmoins, face à l’effondrement des importations et des stocks, le marché devrait encore se tendre en fin d’année.

La collecte française se redresse… enfin !

A 380 millions de litres cumulés à septembre, la collecte de lait de chèvre a enregistré un repli de 0,7% d’une année sur l’autre, soit un déficit de 2,9 millions de litres. Elle semble cependant sur le point de rattraper le retard accumulé depuis le début de l’année. Après un démarrage laborieux au 1er semestre (-2%), en lien avec la médiocre qualité des fourrages et un important décalage des naissances, elle s’est enfin redressée en fin d’été. Certes, le rattrapage est plus tardif que prévu : la collecte est restée baissière après le pic de collecte, en juin (-0,8%), et s’est à peine stabilisée en juillet (+0,2%), deux mois marqués par de sévères canicules qui ont impacté les lactations. Mais elle a progressé de 2,6% en août et de 1% en septembre. Cette reprise est positive dans le contexte actuel de manque de lait de chèvre, mais elle reste insuffisante pour assurer la fourniture du marché. En outre, elle a lieu en période de « creux » de collecte : elle doit au moins progresser de 2,5% au dernier trimestre pour égaler le niveau de 2018. Régionalement, si la collecte s’est orientée positivement dans la

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

Légère revalorisation du prix de base du lait de chèvre

Le prix du lait de chèvre s’est enfin orienté à la hausse, tiré à la fois par la hausse du prix de base et par l’amélioration de sa composition. Si cette progression est positive, elle reste cependant tardive et encore très inférieure à la hausse des charges en élevage connue depuis 2018.

 

Un prix de base légèrement revalorisé au 3ème trimestre

Après plus de deux ans et demi sans évolution, le prix de base du lait de chèvre (à la composition standard 35MG / 30MP en vigueur au 1er janvier 2015) a connu une hausse moyenne de 9 € au 3ème trimestre, à 672 €/1 000 litres (+1,4% /2018). Cette augmentation a été relativement homogène entre les différents bassins de production, comprise entre +9 € dans le Centre et le Centre-Ouest et +11 € dans le Sud-Ouest et le Sud-Est. Si elle constitue un coup de pouce intéressant pour les éleveurs, elle reste relativement faible et tardive au regard de l’évolution des charges en élevage : le prix moyen pondéré sur 9 mois n’a progressé que de +4 € d’une année sur l’autre (+0,7% /2018).

L’amélioration de la composition a boosté le prix payé…

Si la progression du prix de base est restée modeste, le prix payé aux éleveurs a bénéficié de l’amélioration très nette de la composition du lait. Les taux ont en effet évolué très positivement depuis le début de l’année, dans toutes les régions. Au 3ème trimestre, le taux butyreux a gagné 0,3 g, à 35,1 g/l et le taux protéique a grimpé de 0,4 g, à 32,8 g/l. Cette amélioration est le résultat d’un effet de « concentration » du lait, en lien avec la baisse des rendements laitiers consécutive aux canicules estivales. Elle s’est traduite par une progression du prix moyen payé de +17 € d’une année sur l’autre, à 694 €/1 000 litres (+2,5% /2018).

…mais les charges en élevage ont davantage progressé

Le prix des charges en élevage, après une hausse régulière à partir du second semestre de 2018, semble se stabiliser à un niveau élevé. A l’indice 104,0 en moyenne au 3ème trimestre (base 100 = 2015), l’IPAMPA lait de chèvre s’est ainsi positionné 2% au-dessus du niveau de 2018 et 5% sur celui de 2017. L’alimentation achetée, principal poste (50% des charges indicées), a augmenté de 2% par rapport à 2018. L’ensemble des postes secondaires se sont également orientés à la hausse, exception faite du poste énergie et lubrifiants (-3%), qui représente 6% des charges indicées et se caractérise par une grande volatilité. En plus de cette hausse des prix, de nombreux éleveurs doivent acheter davantage de fourrages après deux années consécutives marquées par d’intenses sécheresses.

Un prix toujours haussier chez nos voisins européens

Face à la baisse des disponibilités en France et en Espagne, le prix du lait de chèvre a très nettement progressé chez nos voisins européens. Il a bondi en Espagne, avec une progression qui s’est accélérée en cours d’année, passant de 17% en janvier à près de 26% en août, à 711 €/1 000 litres… contre 686 €/1 000 litres en France. A noter cependant que, ramené à la Matière Sèche Utile (MSU = MG + MP), le prix espagnol reste inférieur de 13% au prix français. Les éleveurs néerlandais ne sont pas en reste : si le prix du lait néerlandais est passé sous le prix espagnol, il a tout de même progressé de +8% /2018.

 

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