Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 319 Juillet/août 2020

Lait de chèvre et viande

Collecte moins dynamique et importations réduites

Après avoir élevée en début d’année, la croissance de la collecte a ralenti  au 2ème trimestre, sous l’effet de la crise sanitaire et des messages de modération des transformateurs.

Ceux-ci ont aussi ralenti leurs importations qui sont retombées à un niveaux historiquement bas à l’issue du premier quadrimestre. La tendance à la renationalisation de l’approvisionnement industriel en lait de chèvre se confirme, ce qui impacte la collecte et les prix espagnols.

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Net renationalisation de l’approvisionnement des transformateurs

Après avoir fortement progressé en début d’année, la croissance de la collecte a ralenti  au 2ème trimestre, en partie sous l’effet de la crise sanitaire et des messages de modération des transformateurs. Ceux-ci ont aussi ralenti leurs importations qui sont retombées à un niveau historiquement bas à l’issue du premier quadrimestre. La renationalisation de l’approvisionnement des transformateurs se répercute sur la collecte et les prix espagnols.

Croissance de la collecte ralentie

La collecte française de lait de chèvre a poursuivi sa progression jusqu’au mois de mai (pic de production), et amorce désormais sa baisse saisonnière. L’évolution du mois de mai est estimée à +3,3% /2019 selon l’enquête hebdomadaire de FranceAgriMer, et à +2,7% au mois de juin. Ainsi, la collecte nationale cumulée au premier semestre s’établirait à près de 270 millions de litres, soit +5% /2019.  Après avoir été très dynamique au premier trimestre (+6% /2019 (effet année bissextile neutralisé), la collecte a progressé moins vite au deuxième trimestre, de +4% /2019.

En effet, alors qu’elle affichait des taux de progression inédits jusqu’au mois d’avril, grâce à des conditions météorologiques favorables (notamment en Nouvelle-Aquitaine, première région caprine, où la production d’herbe des prairies a été excédentaire au printemps), et à des prix en hausse suite à une année 2019 sous tension, l’évolution de la collecte semble se stabiliser en partie sous l’effet de la crise sanitaire et des signaux dissuasifs de la part des transformateurs.

Des importations encore plus réduites

La consommation française en fromages de chèvre est devenue imprévisible pendant le confinement, avec la fermeture de la RHD, qui provoqua un report de consommation à domicile et le report des achats des ménages des marchés de plein air vers la GMS. Les ventes en rayon libre-service des GMS, qui absorbent près de la moitié des fabrications totales de fromages de chèvre en temps normaux, ont bondi de +15% en P4 (période se terminant mi-avril) par rapport à la même période 2019 et de +17% en P5 (finissant mi-mai). Par ailleurs, les exportations françaises de fromages de chèvre ont chuté en avril (-30% /2019, à 1 500 tonnes), après avoir été fermes en mars (+2% /2019, à 2 000 tonnes).

Face à une demande nationale imprévisible, à des exportations ralenties et à une collecte  dynamique, les transformateurs français ont dû adapter leur approvisionnement. Les importations de produits de report caprin, qui affichent une tendance baissière depuis fin 2018, ont encore reculé de – 15% /2019 en avril (à 3,8 millions de litres équivalent lait), après avoir bondi en février et mars de +15% et +4% respectivement (par rapport à une année 2019 déjà largement en repli). A 18,5 millions de litres équivalent lait fin avril, les importations cumulées se situent 12% sous celles de 2019 et 58% sous celles de 2018.

En somme l’approvisionnement (collecte+imports) a progressé de +3,7% /2019, à 180 millions de litres cumulés sur les quatre premiers mois de 2020. Ainsi la part de la collecte dans l’approvisionnement national des laiteries est passée de 78% en avril 2018, à 90% deux ans plus tard.

Les fermiers ont évité le pire

Pendant le confinement, de nouvelles formes de commercialisation ont été mises en place (constitution de paniers, vente sur les réseaux sociaux, drives fermiers, livraisons…) avec néanmoins un surcroît de travail important. La fin des mesures de confinement, la réouverture des marchés de plein air et de la RHD, et la reprise progressive des ventes à la ferme et aux intermédiaires redynamisent la demande en fromages fermiers et par voie de conséquence la situation économique des producteurs fermiers. Toutefois nombre d’entre-deux s’interrogent sur la pérennité des alternatives de commercialisation. Si elles ont permis d’éviter le pire pendant la crise sanitaire, elles ne sont pas forcément rentables et tenables sur le long terme.

 

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

La filière caprine espagnole lourdement impactée par la crise sanitaire

Le confinement en Espagne et la renationalisation de l’approvisionnement des transformateurs pèsent sur la collecte de lait chèvre et le prix du lait payé aux livreurs espagnols.

Le prix du lait prix dégringole

Le prix du lait de chèvre en Espagne a fortement reculé au mois d’avril, à 632 €/1 000 litres, soit +2% /2019, mais -4% par rapport au prix de mars (655 €/1 000 litres). Pour rappel, le prix du lait de chèvre en Espagne, très volatil, est étroitement lié au prix du lait de vache, compte tenu de la tradition espagnole de fromage de mélange, mais également à la demande à l’export, dont les deux principaux débouchés sont la France et la Chine. Ainsi, l’affaiblissement de la demande française en lait de chèvre espagnol se répercute sur les prix pratiqués en Espagne.

Alors que la filière caprine espagnole sortait d’une longue phase de récession, avec une hausse quasi continue du prix du lait depuis la mi-2018, le tarissement de la demande française au mois d’avril a stoppé nette cette évolution. Le prix du lait de chèvre en Espagne devrait se dégrader davantage dans les mois à venir, compte tenu de l’imprévisibilité de la consommation de fromages de lait de chèvre et de lait de mélange en GMS, et de la très probable baisse de la demande en RHD (si le secteur touristique ne redémarre pas, comme le laissent prévoir les mesures de restriction de circulation pour les voyageurs étrangers, hors-UE).

… et décourage la collecte

En Espagne, l’année 2019 était marquée par une baisse des disponibilités en lait de chèvre, avec une collecte cumulée de 475 millions de litres, soit -1,4% /2018. Cette conjoncture avait favorisé la hausse progressive des cours, ce qui a sans doute relancé la production début 2020. La collecte affichait des taux de croissance positifs en janvier (+2,5% /2019) et février (+5%), mais la filière espagnole, très réactive aux signaux du marché, avait adapté la production et les livraisons dès la mise en place des premières mesures de confinement en Espagne et en France. Au début du confinement, en mars, la collecte espagnole de lait de chèvre a moins progressé (+0,8% /2019), puis  a décroché en avril de près de -5%. Cette baisse s’explique également par les abattages massifs de chèvres pour lutter contre la tuberculose en Andalousie, première région caprine espagnole.