Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 331 Septembre 2021 Mise en ligne le 14/09/2021

Lait de chèvre et viande

Hausse concomitante du prix du lait et des charges en élevage

En juin, les disponibilités en lait de chèvre sont restées limitées, malgré la franche reprise des importations de produits de report caprins et la progression de la collecte nationale.

Dans ce contexte, le prix moyen du lait de chèvre a évolué favorablement en France au 2ème trimestre, boosté par la hausse du prix de base et par la nette amélioration de sa composition. Mais la hausse du prix des charges en élevage s’est poursuivie, et s’avère désormais plus élevée que celle du prix du lait.

Sommaire du numéro 331
Lait de chèvre et viande

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Approvisionnement limité

En juin, les disponibilités en lait de chèvre sont restées limitées, malgré la franche reprise des importations de produits de report caprins et la progression de la collecte nationale. Mais la bonne pousse herbagère de l’été pourrait permettre de rattraper le retard cumulé depuis le début de l’année.

La collecte a été stable au 1er semestre

A près de 270 millions de litres livrés en 6 mois, la collecte de lait de chèvre a rattrapé le retard accumulé depuis le début de l’année (après neutralisation de l’effet année bissextile).

Après un démarrage laborieux au 1er trimestre (-1% /2020), imputable aux fourrages récoltés à l’automne de qualité médiocre (qui ont freiné les performances zootechniques des chèvres), la collecte s’est enfin redressée au printemps (+1% au 2ème trimestre). Ainsi, après un mois d’avril stable, la collecte a progressé de +1% en plein pic de production (mai et juin), encouragée par une pousse herbagère propice dans les principaux bassins de production.

L’été humide qu’a connu la France, avec des températures légèrement inférieures à la normale, a été propice à la pousse de l’herbe, dont la production cumulée au 20 août était excédentaire à la normale sur la majeure partie du territoire. Dans un tel contexte, il est possible de prévoir une poursuite de la croissance de la collecte nationale au deuxième semestre.

Les importations rebondissent, mais le marché reste tendu

Alors qu’elles étaient restées au plancher pendant 5 mois, les importations de produits de report caprins ont repris en juin, avec 4 millions de litres équivalent lait importés, soit +9% par rapport au niveau exceptionnellement bas en juin 2020 (-46% /2019). Avec 20,5 millions de litres, le volume cumulé importé au 1er semestre accuse une chute de -21% d’une année sur l’autre (et -41% /2019).

En effet, les difficultés logistiques rencontrées par les transformateurs français pour absorber la collecte nationale en pleine crise sanitaire avaient déjà limité les importations en 2020, qui plus est dans un contexte de rebond de collecte nationale. La demande française réduite en produits importés s’était fait ressentir négativement sur le prix du lait espagnol et, en conséquence, sur la collecte, orientée à la baisse pendant plusieurs mois (-6% au 1er trimestre 2021). Ralentie au printemps, la collecte espagnole est devenue limitante et booste désormais le prix du lait… ce qui stimule la collecte outre-pyrénéenne.

Malgré le rebond estival, les importations de lait espagnol ne devrait pas remonter aux niveaux d’avant crise sanitaire. Car les transformateurs français privilégient la ressource laitière française, notamment grâce à des hausses du prix à la production, et considèrent de plus en plus le lait importé comme une variable d’ajustement de la ressource laitière à la demande de produits laitiers.

En somme, avec un peu plus de 290 millions de litres au 1er semestre, l’approvisionnement total des transformateurs français (collecte et importations) a reculé de 5,4 millions de litres (soit -2% /2020).

Les transformateurs préservent les fabrications en dépit de moindres disponibilités

L’approvisionnement en berne a logiquement impacté les fabrications industrielles des produits laitiers caprins. Celles de fromages de chèvre ont baissé de -2% (à 48 600 t au 1er semestre), et seulement 7,3 millions de litres de lait de chèvre ont été embouteillés, soit -7% d’une année sur l’autre. La demande pour ce type de produit semble être arrivée à maturité. Seules les fabrications d’ultra-frais, yaourts et desserts lactés, sont restées dynamiques, à l’exception de juin, avec un rythme de croissance de +9% /2020 au 1er trimestre et de +7% au 2ème trimestre.

La demande intérieure se stabilise

En dépit de moindres disponibilités, les transformateurs ont réussi à fournir la demande domestique et relancer l’export.

Après avoir été fortement redynamisée pendant les confinements de 2020 et 2021, la consommation française de fromages de chèvre s’est stabilisée. Les ventes en libre-service des GMS, qui absorbent près de la moitié des fabrications totales de fromages de chèvre, ont progressé de +1% en Cumul Annuel Mobile à P7 (début juillet), contre +8% à P4 (fin avril). En effet, la réouverture de la RHD signe la fin du report de la consommation à domicile, et les ventes en GMS évoluent désormais moins favorablement.

Cependant, cette stabilisation de la demande se fait dans un contexte de nette revalorisation du prix de vente des fromages de chèvre, de +2,1% d’une année sur l’autre, à 12,15 €/kg en moyenne.

D’autre part, les exportations ont enfin retrouvé une bonne dynamique, et après un 1er trimestre en recul. Le cumul des exportations a progressé de +5% /2020, à 11 600 t (mais restent -7% en deçà des volumes exportés au 1er semestre 2019).

Faible reconstitution des stocks

Les industriels français avaient pu partiellement reconstituer leurs stocks de produits de report caprins en début d’année, face à des fabrications en berne au 1er trimestre. Mais à 6 340 t fin juin, ils se situent désormais 14% sous le bas niveau de 2020, et 20% sous le niveau moyen de 2015 à 2018 à pareille époque.

En effet, les stocks limités de produits de report caprins ont favorisé la revalorisation du prix de base du lait de chèvre, et l’absorption et transformation de la collecte nationale. Ce nouvel équilibre du marché pourrait se prolonger dans les prochains mois, tant que les industriels chercheront à le préserver.

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

Évolution favorable au printemps

Le prix moyen du lait de chèvre a évolué favorablement en France au 2ème trimestre, boosté par la hausse du prix de base et par la nette amélioration de sa composition. Mais la hausse du prix des charges en élevage s’est poursuivie, et s’avère désormais plus élevée que celle du prix du lait.

Nouvelle hausse du prix de base du lait de chèvre

La moyenne nationale du prix de base du lait de chèvre s’est établit à 633 € les 1 000 litres au 2ème trimestre, soit une progression de 17 € d’une année sur l’autre (+2,8%). En effet, les transformateurs ont revalorisé le prix de base du lait français, dans l’objectif de pérenniser la filière et d’encourager le recrutement de nouveaux producteurs, alors même que les charges en élevage ne cessent d’augmenter.

Le prix de base du lait de chèvre demeure le plus élevé dans le Centre, avec 639 € les 1 000 litres au 2ème trimestre ; l’évolution trimestrielle dans ce bassin a toutefois été la plus faible, avec une hausse de +1,8% /2020. Suivent de près le Centre-Ouest et le Sud-Ouest, où le lait est payé 634 € les 1 000 litres, soit +3,0% et +2,7% respectivement. Finalement, c’est dans le Sud-Est que le lait a été le moins bien payé au 2ème trimestre, à 607 € /1 000 litres, soit +2,3% d’une année sur l’autre.

L’amélioration de la composition du lait collecté se poursuit

Dans le sillage d’une tendance amorcée en début d’année, l’amélioration de la composition du lait de chèvre s’est poursuivie au 2ème trimestre 2021 (après une année 2020 marquée par la fragile stabilité de celle-ci).

Le taux butyreux s’est amélioré en mars et avril, en plein pic de production, mais s’est ensuite dégradé en juin. Au deuxième trimestre, Il se situe en moyenne nationale à 37,8 g/l, il a gagné +0,6 g/l en un an. Toutes les régions ont connu une dégradation en juin, exception faite du Sud-Est, où la composition n’a cessé de s’améliorer, ce qui a permis d’enregistrer dans ce bassin la progression trimestrielle la plus importante (+1,4 g/l, à 38,0 g/l).

Le taux protéique a aussi progressé de +0,4 g d’une année sur l’autre, et la moyenne nationale se situe à 33,6 g/l sur le 2ème trimestre. Cette amélioration concerne tous les bassins de production, mais là encore, c’est le bassin du Sud-Est qui enregistre la progression la plus importante, avec une hausse de +0,8 g en un an, à 33,5 g/l.

Le prix du lait payé aux livreurs est dopé par l’amélioration des taux

A 693 € les 1 000 litres au 2ème trimestre, soit +5,3% /2020, le prix moyen du lait payé aux producteurs de lait de chèvre a connu une progression importante, liée à l’amélioration de la composition du lait (notamment lors du pic printanier de la production) et du prix de base. Il se situe 34 € au-dessus du niveau de 2020 et 50 € au-dessus de celui de 2019.

D’après l’enquête prix du lait menée par l’Institut de l’Élevage, le prix du lait payé aux livreurs est toujours le plus élevé dans la région du Centre (719 €/1 000 litres, soit +4,2% /2020), où la part de la collecte transformée en fromages AOP est la plus élevée. Arrive ensuite le Centre-Ouest (691 €/1 000 litres, soit +5,5% /2020), suivi de près par le Sud-Est (690 €/1 000 litres, soit +5,4% /2020). Finalement dans le Sud-Ouest, le lait a été payé 683 € les 1 000 litres, soit +5,3% de plus qu’il y a un an.

La hausse du prix des charges en élevage se poursuit … et neutralise la hausse du prix du lait

La hausse des prix des charges en élevage caprin, amorcée au 4ème trimestre 2020, s’est poursuivie au 1er semestre 2021, se situant à un niveau supérieur à celui connu l’an passé à pareille époque.

A l’indice 112,0 au 2ème trimestre (base 100 = 2015), l’IPAMPA s’est en effet apprécié de +8,0% /2020, essentiellement impulsé par la flambée du prix de l’aliment acheté (+10,7% /2020), poste qui représente 60% des coûts de production indicés dans l’IPAMPA lait de chèvre.

A l’indice 107,6 en juin, l’indice moyen de l’IPAMPA glissant 12 mois s’est logiquement renchéri moins vite, de +3,4% d’une année sur l’autre, soit presque autant que le prix du lait de chèvre (+4,5% à 760 € /1 000 litres).

Sommaire du numéro 331
Lait de chèvre et viande