Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 332 Octobre 2021 Mise en ligne le 19/10/2021

Lait de chèvre et viande

Marchés dégagés

Après une année difficile, la conjoncture de la filière viande de chevreau s’améliore : les surstocks constitués en 2020 sont complètement résorbés, et les exportations se sont rétablies. Cependant, la cotation entrée abattoir est restée au plancher au pic de consommation à Pâques, et le prix moyen des envois s’est encore dégradé, alors que le coût de l’aliment s’envole.

Simultanément, les disponibilités en lait de chèvre restent limitées, face à une collecte nationale qui peine a rattraper le retard pris en début d’année, et à des importations toujours réduites. Mais la distribution  de fourrages de qualité récoltés au printemps pourrait permettre de rattraper au 4ème trimestre le retard cumulé de janvier à août.

Sommaire du numéro 332
Lait de chèvre et viande

Lait de chèvre et viande » Viande caprine »

Le difficile équilibre de la filière chevreau

L’horizon de la filière viande de chevreau, affectée au printemps 2020 par une crise importante, semble s’éclaircir : les stocks constitués alors sont complètement résorbés et les exportations se sont rétablies. Cependant, la cotation entrée abattoir est restée au plancher au pic de consommation à Pâques, et le prix moyen des envois s’est encore dégradé, alors que le coût de l’aliment s’envole.

Repli des abattages de chevreaux

Après un premier bimestre morose (-6% /2020), les effectifs de chevreaux abattus ont fortement progressé en mars (+40% /2020, avec 196 000 têtes), et ont chuté en avril (-55%, à 63 000 têtes) par « effet calendrier ». Les abattages de l’été ont ensuite connu une évolution en dents de scie (mais sur des volumes anecdotiques). Cumulés depuis janvier, les abattages de chevreaux ont reculé de -5% /2020, à près de 386 200 têtes (une baisse imputable à la baisse des disponibilités à Pâques principalement).

La date précoce de Pâques a incité les engraisseurs à avancer les sorties, pour commercialiser la viande de chevreau les deux semaines précédant la période pascale, au moment attendu du pic de consommation. L’avancée des sorties a conduit à un allègement du poids moyen des carcasses, de -2,4% /2020 (et -4% /2019), à 5,6 kg. Cette situation s’est directement répercutée sur la production de viande de chevreau, qui s’est contractée de -7% /2020, à 2 200 téc.

Remontée difficile des cours à Pâques, mais une bonne valorisation à la rentrée

La filière a connu une campagne de Pâques difficile pour la deuxième année consécutive, avec une timide et courte remontée des cours : la cotation entrée abattoir s’est établie à 2,84 €/kg à Pâques, soit +6% /2020 mais -10% /2019. En effet les sur-stocks, constitués en 2020 et encore disponibles un an plus tard, ont pénalisé la cotation du chevreau au pic de consommation. La cotation a dégringolé aussitôt après Pâques, et est restée à 2,47 € /kg à l’intersaison.

Cependant, la reprise des exportations et l’écoulement des stocks ont favorisé une remontée importante des cours à la rentrée de septembre. Sa hausse automnale, qui a débuté en semaine 36 (soit deux semaines plus tôt qu’il y a un an), a porté la cotation entrée abattoir à 3,07 € /kg, soit +18% /2020, et +5% /2019.

Cette remontée automnale de la cotation était attendue par la filière, alors que le coût des principaux ingrédients laitiers (poudre de lactosérum et poudre de lait écrémé) qui entrent dans les aliments d’engraissement de chevreaux reste élevé.

Le coût de l’aliment d’engraissement du chevreau au plus haut

Si la filière connaît une hausse continue du coût des principaux produits d’engraissement de chevreau depuis le printemps dernier, cette tendance s’est accélérée au 2nd trimestre 2021. L’indice de prix de la poudre de lactosérum s’est établi à 155 en juin (base 100 = 2015), une hausse de +41% en un an. Simultanément, celui de la poudre de lait écrémé a grimpé à 156, soit +28% /2020. Ces deux produits laitiers ont toutefois amorcé une baisse en août, tandis que le prix des huiles végétales s’est envolé après un court repli, à l’indice 161 en août, soit un bond de +43% en 12 mois.

A l’indice 124,5 en juillet, l’IPAMPA Aliment d’allaitement pour veau (dont la structure de charges est similaire à celle de l’aliment d’engraissement de chevreau) s’est apprécié +13% /2020.

Les envois de congelé décollent au 1er semestre

Les envois de viande caprine ont été dynamiques en 2021, encouragés par les aides de l’État octroyées aux abatteurs. Les exportations de mars ont doublé en un an, avec 730 téc composées principalement de la viande fraîche. En avril, elles ont ensuite chuté de -44% /2020 à 190 téc… une évolution à rapprocher de celles des abattages de chevreaux. Les exportations ont ensuite été multipliées x 4,5 en mai, avec 220 téc de viande composées principalement de viande congelée.

Au total, avec 1 620 téc au 1er semestre, les exportations de viande caprine ont bondi de +35% /2020, sans retrouver le niveau de 2019 (-6%). Les abatteurs ont dû faire des concessions tarifaires pour écouler leurs stocks de viande congelée. Certes, les ventes de viandes exportées en 2021 ont rebondi de +25% /2020, mais elles se situent -12% sous celles de 2019, à 10,7 millions d’euros. Le prix moyen pondéré des exportations de viande caprine s’établit à 6,62 € /kg, soit -3% du prix déjà dégradé enregistré en 2020, et -9% /2019.

Au 1er semestre, les envois vers le Portugal, premier acheteur de viande caprine française, ont rebondi de +32% /2020, mais de +5% /2019, à 880 téc. Ils ont également progressé vers l’Italie, second débouché, après plusieurs années de tendance baissière, de +31% /2020, à 420 téc, sans pour autant égaler le niveau enregistré en 2019 (-20%).

La part de la viande fraîche dans les expéditions totales représente désormais 52%, contre 56% en 2019 et 67% en 2018.

 

 

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