Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 334 Décembre 2021 Mise en ligne le 14/12/2021

Lait de chèvre et viande

L’approvisionnement en berne booste le prix du lait de chèvre

Si la hausse de la collecte nationale de lait de chèvre au 3ème trimestre a permis de rattraper le retard accumulé depuis le début de l’année, l’approvisionnement des industriels français s’est tout de même contracté – sous l’effet de la chute des importations de produits de report caprins.

Cette légère tension du marché à été à l’avantage des livreurs. Ainsi, le prix de base a été revu à la hausse, ce qui, ajoutée à l’amélioration de la composition, s’est traduit par un prix moyen en nette progression au 3ème trimestre.

Sommaire du numéro 334
Lait de chèvre et viande

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Sursaut de la collecte estivale et des fabrications

La collecte nationale de lait de chèvre a progressé au 3ème trimestre, après un début d’année morose. Cette évolution a préservé les fabrications industrielles de fromages au lait de chèvre qui, malgré l’effondrement des importations, ont enregistré un sursaut en août et septembre.

La collecte estivale comble le retard accumulé au 1er semestre

Avec un peu moins de 40 millions de litres livrés en septembre (+2% /2020), la collecte française poursuit sa baisse saisonnière, avant le rebond attendu en octobre. Au total, le cumul annuel s’établit à un peu plus de 401 millions de litres collectés, soit +1% par rapport au niveau atteint en 2020 (après neutralisation de l’effet année bissextile).

Après un démarrage laborieux au 1er trimestre (-1% /2020), imputable aux fourrages récoltés à l’automne de qualité médiocre et aux épisodes de froid intense qu’a connu la France pendant l’hiver (qui ont freiné les performances zootechniques des chèvres), la collecte s’est enfin redressée au printemps (+1% au 2ème trimestre) et continue sur cette belle lancée (+2% au 3ème trimestre). En effet, les températures clémentes de l’été, ainsi que l’incorporation des bons fourrages récoltés au printemps ont favorisé la production laitière.

La bonne maîtrise des lactations longues et le démarrage, plutôt encourageant, des lactations des troupeaux dessaisonnés devraient permettre de voir la collecte française progresser encore au dernier trimestre.

Les importations toujours réduites

Avec 31,6 millions de litres, le volume cumulé des importations de produits de report caprins au 3ème trimestre accuse une chute de -25% d’une année sur l’autre (et -43% /2019).

En effet, alors qu’elles avaient bondi de +9% au mois de juin, les importations se sont à nouveau effondrées en juillet et août (-32% /2020 et -53% respectivement). Elles ont ensuite évolué moins défavorablement en septembre (-4%), avec 4,6 millions de litres importés.

Les importations de lait ne devraient pas remonter aux niveaux d’avant la crise sanitaire. Les transformateurs français privilégient désormais la ressource laitière française, considérant de plus en plus le lait importé comme une variable d’ajustement de l’approvisionnement.

Avec un peu plus de 433 millions de litres cumulés depuis le début de l’année, l’approvisionnement total des transformateurs français (collecte et importations) a reculé de 7,4 millions de litres (soit -2% /2020).

Sursaut des fabrications fromagères au 3ème trimestre

Le redressement de la collecte nationale, ajouté au sursaut des importations en septembre, a favorisé le rétablissement des fabrications industrielles de fromages au 3ème trimestre, portées à 25 000 t  (+1% /2020). Sur l’année, les fabrications fromagères ont toutefois légèrement reculé de -1% /2020, à 76 600 t.

Cette évolution est principalement imputable à celle des bûchettes à la pièce (qui représentent la moitié des fabrications totales). A 36 300 t, leur production cumulée sur 9 mois a reculé de -1% /2020. Les fabrications de fromages à découper ont connu une évolution analogue (-1% /2020), à 8 600 t. Seuls les fromages frais ont vu leurs volumes produits augmenter (+1%), s’établissant à 15 500 t produites.

Fabrications_chèvre_nov2021

D’un autre côté, 10,6 millions de litres de lait de chèvre ont été embouteillés sur l’année, soit -4% d’une année sur l’autre. En effet, la demande pour ce type de produit semble être arrivée à maturité, impactée également par le phénomène plus large de déconsommation du lait conditionné. Seules les fabrications d’ultra-frais, yaourts et desserts lactés, ont progressé, avec un rythme de croissance de +6% /2020 sur l’année, s’établissant à 10 600 tonnes.

La demande des ménages se stabilise

Les ventes en libre-service des GMS, qui absorbent près de la moitié des fabrications totales de fromage de chèvre, ont reculé d’une année sur l’autre, en Cumul Annuel Mobile à P11 (fin octobre).

En effet, la réouverture de la RHD signe la fin du report de la consommation à domicile, phénomène enregistré pendant les épisodes de confinement de 2020 et 2021.

Cette stabilisation de la demande se fait dans un contexte de revalorisation du prix de vente des fromages de chèvre, de +2% d’une année sur l’autre, à 12,10 € /kg en moyenne pondérée.

D’autre part, les exportations continuent leur progression. Le cumul des exportations a progressé de +5% /2020, à 18 000 t sur 9 mois. Si elles sont toujours en deçà des volumes enregistrés en 2019 à pareille époque (-6%), elles pourraient rattraper le retard accumulé depuis le début de l’année dans les mois à venir.

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

Le prix de lait de chèvre poursuit sa revalorisation

Le prix moyen du lait de chèvre a connu une nouvelle progression au 3ème  trimestre, sous l’effet de la hausse du prix de base et de l’amélioration de sa composition.

Prix de base en progression

Le prix de base du lait de chèvre (à la composition standard 35MG / 30MP en vigueur au 1er janvier 2015) s’est établi à 708 €/1 000 litres au 3ème trimestre 2021 en moyenne nationale ; une progression de près de 10 € d’une année sur l’autre, soit +1,5% /2020.

Au 3ème trimestre, le prix du lait de chèvre est le plus élevé dans le Sud-Ouest, à 718 €/1 000 litres, soit +1,8% /2020. Les bassins du Centre-Ouest et du Centre arrivent ensuite, avec des prix de base qui s’établissent à 710 € et 708 €/1 000 litres respectivement, soit +1,5% et +1,4% /2020. Le bassin Sud-Est ferme la marche avec le prix de base le moins élevé, à 653 €/1 000 litres, mais enregistre la hausse relative la plus élevée (+1,7% /2020).

Amélioration de la composition du lait collecté

Dans le prolongement d’une tendance amorcée au 1er trimestre, la composition du lait de chèvre s’est encore nettement améliorée au 3ème trimestre.

Le taux butyreux a faiblement progressé en juillet (+0,1 g/l), avant de bondir en août (+1,2 g/l) et de progresser moins rapidement en septembre (+0,2 g/l). Sur le trimestre, il se situe à 35,8 g/litre (moyenne nationale), soit +0,5 g /2020. Seul le bassin du Sud-Ouest a enregistré un effritement du TB de -0,1 g/ sous l’effet d’une forte dégradation en septembre.

Le taux protéique de la collecte nationale a progressé de +0,4 g /2020, à 33,4 g /litre sur le 3ème trimestre. Alors que les autres régions ont connu des améliorations, la dégradation enregistrée en septembre dans le Sud-Est a annulé les hausses de juillet et août, et la moyenne trimestrielle est stable dans ce bassin (à 33,2 g/l).

Progression plus rapide du prix du lait payé aux livreurs

Le prix moyen à la production du lait de chèvre a évolué plus rapidement que le prix de base, grâce à l’amélioration de sa composition. Ainsi, il a progressé de +25 € d’une année sur l’autre, soit +3,5% /2020, à 748 €/1 000 litres selon l’enquête prix du lait menée chaque trimestre par l’Institut de l’Élevage. Entre l’été 2019 et 2021, la hausse s’élève à +54 €/1 000 litres.

Au 3ème trimestre, le prix moyen plus élevé se trouve dans le bassin Centre (770 €/1 000 litres, soit +3,6% /2020), où la proportion de fromages sous AOP est la plus importante. Arrivent ensuite les régions Centre-Ouest (747 €/1 000 litres, soit +3,5% /2020), et Sud-Ouest (743 €/1 000 litres, soit +3,0% /2020). Là encore, c’est dans la région Sud-Est qu’on trouve le prix moyen le plus bas (706 €/1 000 litres, soit +4,1% /2020).

La hausse des prix des charge se poursuit

Simultanément, la hausse des prix des charges en élevage caprin, amorcée fin 2020, s’est poursuivie au 3ème trimestre.

A l’indice 114,8 au 3ème trimestre (base 100 = 2015), l’IPAMPA s’est en effet apprécié de +10,5% /2020, essentiellement impulsé par la flambée du prix de l’aliment acheté (+12,6% /2020), poste qui représente 60% des coûts de production indicés dans l’IPAMPA lait de chèvre.

A l’indice 115,5 en juin, l’indice moyen de l’IPAMPA glissant 12 mois s’est logiquement renchéri moins vite, de +6,1% d’une année sur l’autre, une hausse toutefois plus importante que celle du prix du lait de chèvre sur la même période (+3,5% /2020).

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