Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 336 Février 2022 Mise en ligne le 21/02/2022

Lait de chèvre et viande

Hausse plus rapide des charges que du prix du lait

La collecte française de lait de chèvre accuse un ralentissement en fin d’année, qui n’a pas pour autant intégralement neutralisé la croissance accumulée au printemps et à l’été. Simultanément, les importations ont poursuivi leur effondrement. Face à un approvisionnement sous légère tension et à une demande des ménages en repli, les industriels ont limité les fabrications de fromages au lait de chèvre.

Dans ce contexte, le prix moyen du lait de chèvre s’est apprécié tout au long de l’année, sous l’effet de l’amélioration de la composition et de la hausse du prix de base. Mais cette progression n’a pas neutralisé la hausse des charges.

 

Sommaire du numéro 336
Lait de chèvre et viande

Lait de chèvre et viande » Lait de chèvre »

Baisse saisonnière prononcée de la collecte fin 2021

La collecte française de lait de chèvre accuse un ralentissement en fin d’année, qui n’a pas pour autant effacé intégralement la croissance accumulée au printemps et à l’été. Simultanément, les importations ont poursuivi leur effondrement. Face à un approvisionnement sous légère tension et à une demande des ménages en repli, les industriels ont limité les fabrications de fromages au lait de chèvre.

Timide hausse de la collecte nationale en 2021

Après un démarrage laborieux au 1er trimestre (-1% /2020), imputable aux fourrages récoltés à l’automne 2020 de qualité médiocre et aux épisodes de froid intense qu’a connu la France pendant l’hiver, la collecte s’est redressée au printemps (+1% au 2ème trimestre). Elle a continué sur cette lancée à l’été (+2% au 3ème trimestre), grâce aux températures clémentes, et à l’incorporation des bons fourrages récoltés au printemps. Cependant, l’automne signe la fin de cette tendance, avec une collecte en recul sur les deux derniers mois de l’année (-1% en novembre et décembre). Cette contreperformance n’a toutefois pas complètement gommé l’effet du sursaut enregistré en octobre, et le bilan reste positif au 4ème trimestre (+1%).

Au final, avec près de 505 millions de litres en 2021, la collecte annuelle de lait de chèvre a progressé de +1% /2020, soit un peu moins de 5 millions de litres supplémentaires, selon FranceAgriMer.

Toujours moins de lait de chèvre importé

Face à une demande des ménages en fromages au lait de chèvre qui marque le pas, les transformateurs ont adapté leur approvisionnement. Exception faite de janvier et juin, lorsqu’elles ont bondi de +21% et +9%, l’évolution des importations mensuelles est restée négative tout au long de l’année (oscillant entre -1% et -53% /2020).  En somme, avec 42,5 millions de litres, le volume cumulé des importations de produits de report caprins en 2021 accuse une chute de -26% d’une année sur l’autre (-43% /2019).

Ainsi, le repli des importations, tendance amorcée depuis 2017, s’est poursuivi pour la 4ème année consécutive. La part des importations dans l’approvisionnement des transformateurs français s’est établie à 8% en 2021, et pourrait reculer davantage dans les années à venir. En effet, les transformateurs français privilégient désormais la ressource laitière française, considérant de plus en plus le lait importé comme une variable d’ajustement de l’approvisionnement.

Au total, avec un peu plus de 547 millions de litres cumulés sur l’année, l’approvisionnement total des transformateurs français (collecte et importations) a reculé de près de 11 millions de litres (soit -2% /2020).

Des fabrications fromagères en léger repli

Avec un approvisionnement en berne et des stocks au plus bas, les fabrications industrielles de fromages de chèvre ont reculé en 2021, avec une évolution en « dents de scie » tout au long de l’année. Ramenées à 97 600 t en 2021, elles ont diminué de 1 300 t d’une année sur l’autre (-1% /2020).

Cette évolution est principalement imputable à celle des bûchettes à la pièce (qui représentent la moitié des fabrications totales). A un peu plus de 48 000 t, leur production a reculé de -1% d’une année sur l’autre, à l’image de celle de fromages à la pièce (-2% /2020), à 11 600 t, et des fromages frais (-1% /2020), à 20 500 t. Seules les fabrications de fromages à la coupe ont vu leurs volumes augmenter (+1%), à 11 200 t en 2021.

D’un autre côté, 14,2 millions de litres de lait de chèvre ont été embouteillés en 2021, soit -4% d’une année sur l’autre. En effet, la demande pour ce type de produit évolue défavorablement, impactée par le phénomène de déconsommation de laits conditionnés. Seules les fabrications d’ultra-frais, yaourts et desserts lactés, ont progressé, avec un rythme de croissance de +3% /2020 sur l’année, s’établissant à 14 600 t.

La demande des ménages pâtit

La baisse des fabrications fromagères est à rapprocher de l’évolution des ventes en libre-service des GMS (qui représentent près de la moitié des fabrications totales de fromages de chèvre). En effet, avec 51 300 t commercialisées en 2021, les volumes ont reculé de -3% d’une année sur l’autre. La réouverture de la RHD a signé la fin du report de la consommation à domicile, phénomène enregistré pendant les épisodes de confinement de 2020 et 2021.

Cependant, boostés par les fromages biologiques et AOP, dont les volumes commercialisés évoluent favorablement, les prix moyens se sont appréciés (+2% /2020, à 12,08 €/kg).

D’autre part, les exportations de 2021 ont bondi après avoir chuté en 2020 (impactées par le ralentissement des échanges en pleine crise sanitaire). Les volumes exportés ont progressé de +5% /2020, à 24 300 t, mais restent toujours en deçà des volumes expédiés en 2019 (-5%).

Lait de chèvre et viande » Prix du lait de chèvre »

Année favorable pour le prix du lait

Le prix du lait de chèvre a connu une nouvelle progression au 4ème trimestre 2021, sous l’effet de la hausse du prix de base et de l’amélioration de la composition dans tous les bassins caprins. Elle a été toutefois moins rapide que celle des charges en élevage.

Hausse du prix de base

Le prix de base du lait de chèvre s’est établi à 787 € les 1 000 litres au 4ème trimestre, soit une progression de près de 21 € d’une année sur l’autre (+1,5% /2020). Sur l’année, il a enregistré une progression de +2,2%, à 694 €/1 000 litres.

Au 4ème trimestre, le taux de progression est le plus élevé dans le Sud-Ouest avec une hausse de +2,8% /2020, et un prix de base à 803 €/1 000 litres. Les bassins du Sud-Est, du Centre et du Centre-Ouest ont connu une hausse plus modérée de +1,2% /2020, à 810 €, 791 € et 780 €/1 000 litres respectivement.

Amélioration de la composition du lait fin 2020

L’amélioration de la composition de lait de chèvre s’est poursuivie au 4ème trimestre.

Le taux butyreux s’est dégradé en octobre, avant de progresser fortement en novembre et décembre. Au final, la moyenne nationale au 4ème trimestre se situe à 42,9 g /l, soit +0,4 g/l. Sur l’année, elle s’établit à 39,3 g/l, une hausse de +0,5 g/l /2020. Seul le Sud-Ouest a connu une dégradation du taux butyreux du lait de chèvre collecté, à 37,8 g/l de moyenne annuelle (-0,2 g/l en un an), sous l’effet du fort recul enregistré au 1er trimestre.

Le taux protéique a progressé dans tous les bassins laitiers, portant la moyenne nationale à 37,6 g /litre au 4ème trimestre, soit +0,6 g/l d’une année sur l’autre. L’évolution est également positive sur l’année, avec une hausse de +0,5 g/l (à 35 g/l).

Prix payé aux éleveurs dopé par l’amélioration des taux au 4ème trimestre

Au 4ème trimestre, le prix du lait de chèvre payé aux livreurs a logiquement progressé de +24 euros d’une année sur l’autre, à 907 €/1 000 litres (+3% /2019). Le lait de chèvre est toujours mieux payé dans la région Centre où la part de lait AOP est la plus élevée, à 946 €/1 000 litres (+3,2% /2020). Le prix moyen dans le bassin du Sud-Est suit de près, avec 931 €/1 000 litres, mais sa progression a été la plus faible  (+1,6% /2020). Enfin, les bassins du Centre-Ouest et du Sud-Ouest pratiquent des prix moyens similaires, avec 899 €/1 000 litres (+2,9%) et 886 €/1 000 litres (+1,9%) respectivement.

Sur l’ensemble de l’année 2020, le prix moyen payé aux livreurs français de lait de chèvre s’établit à 771 €/1 000 litres. En hausse de 29 € d’une année sur l’autre (soit +4% /2020), il a bénéficié d’une évolution plus favorable que le prix de base.

Mais la hausse des charges dépasse celle du prix

Simultanément, les charges en élevage caprin s’envolent, sous l’effet de la hausse du prix de l’aliment acheté (principal poste de charge, avec 50% des charges indicées) et de l’énergie.

A l’indice 118,8 en moyenne au 4ème trimestre (base 100 = 2015), l’IPAMPA s’est en effet positionné +12,7% au-dessus de son niveau de 2020. L’indice moyen annuel s’est quant à lui moins apprécié, de +9% /2020 à 113,8 en 2021.

La MILC  évolue moins favorablement qu’en 2020

En décembre 2021, la MILC Lait de chèvre a amorcé sa baisse saisonnière. Ramenée à 358 €/1 000 litres, elle a reculé de -8 € d’un mois sur l’autre, mais surtout de -36 € d’une année sur l’autre. La hausse du prix du lait payé aux producteurs n’a pas réussi à compenser l’inflation des charges.

Sa baisse sur 12 mois glissants est toutefois logiquement atténuée (-14 €), à 260 €/1 000 litres en décembre, soit la moyenne annuelle. Elle retrouve ainsi le niveau enregistré en juin 2020.

 

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