Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 299 Mars 2019

Lait de vache

Collecte ralentie et marchés fermes

La collecte laitière a encore reculé dans la plupart des pays européens début 2019. Elle est très ralentie en France, malgré un cheptel laitier plutôt bien ajusté. Les faibles disponibilités fourragères pénalisent de nombreux élevages. Ce reflux laitier conforte le redressement des marchés des protéines laitières, tandis que le marché du beurre connait une certaine détente, mais demeure ferme.

Les marchés des ingrédients laitiers semblent solides jusqu’ à la reprise de la production laitière en Nouvelle-Zélande, à moins que le Brexit ne mette court rapidement à ce bel anticyclone en formation.

Sommaire du numéro 299
Lait de vache

Lait de vache » Collecte laitière »

Toujours en baisse début 2019

La collecte européenne a encore reflué en janvier, de près de 1,5% /2018, dans le sillage de la tendance amorcée au 4ème trimestre 2018 (-0,8% /2017). Le recul semble s’être atténué en février et pourrait se transformer en une progression dès le mois de mars.

 

Après avoir terminé l’année 2018 sur un fléchissement de -1% /2017, la collecte européenne a affiché en janvier le repli le plus important depuis février 2017 (-1,5% /2019). Il s’agit du 5ème mois de recul consécutif. Les ¾ des États membres ont enregistré des baisses de collecte, dont les deux plus importants, la France et l’Allemagne.

Prolongation de la baisse de production française

La baisse de production nationale, entamée en août 2018, a connu en janvier son 6ème mois de repli consécutif. Après avoir atteint -3,8% en novembre, le recul s’atténue de mois en mois mais reste fort en janvier (-2,9%). Seule la Normandie semble avoir été épargnée par cette baisse généralisée.

Avec 3,685 millions de vaches au 1er février, le recul du cheptel laitier est stabilisé depuis novembre (-0,9% /2018), après avoir traversé une période de réformes abondantes de vaches laitières de juillet à octobre qui a limité la hausse saisonnière des effectifs, malgré des entrées abondantes de génisses.

Après une baisse saisonnière limitée durant l’automne grâce à la remontée des cours des ingrédients laitiers, le prix du lait standard toutes filières confondues (y compris les laits AB et AOP) a stagné en janvier à 345 €/t (+1,5% /2018), puis a légèrement progressé en février. En janvier, la qualité du lait, en recul d’un mois sur l’autre, reste plus élevée qu’en 2018.  Le taux de la matière grasse s’établit à 41,63 g/l (+0,70 g/2018 et celui de la matière protéique à 33,63 g/l (+0,19 g/l).

La relative bonne tenue du prix du lait, un effectif de vaches stabilisé et des conditions climatiques favorables devraient permettre à la collecte de se rapprocher des niveaux de 2018. Elle est attendue en recul de moins de -2% en février d’après nos estimations basées sur les sondages hebdomadaires FranceAgriMer.

En Allemagne, reprise de la production

La baisse de collecte laitière allemande en janvier a été la plus importante (-2% /2018) depuis le début de la phase de repli entamée en août 2018. Mais la tendance s’est inversée en février, grâce à des températures relativement douces et saisonnières. Outre-Rhin, la collecte a donc retrouvé courant février le niveau de 2018 avant de le dépasser début mars. Ce rebond s’est effectué malgré un prix du lait en début d’année en recul comparé à la fin 2018. A 320 €/1000 l, le prix du lait standardisé (ramené à 38 g de MG et 32 g de MP) se trouvait en janvier sous son niveau de 2018 avant de repasser au-dessus en février.

Recul de la production dans la majorité des pays

Outre la France et l’Allemagne, la majorité des autres pays de l’UE ont connu une baisse de la production. Aux Pays-Bas, le décrochage s’est poursuivi en janvier 2019 (-5% /2018). Si le recul s’est atténué par rapport au dernier trimestre 2018 (-6% /2017 en moyenne), il s’agit cependant du 12ème mois consécutif de baisse. Le repli s’amplifie en Autriche, avec -6,7% /2018 en janvier  2019. L’Espagne et l’Italie affichent également des productions en recul.

Des hausses de production concentrées sur quelques pays

Après un dernier trimestre 2018 particulièrement dynamique (+21% /2017), la collecte irlandaise a marqué le pas en janvier (+0,6% /2018). Au cours de ce dernier mois de la campagne laitière, le prix du lait s’est situé 11% sous son niveau de janvier 2018.

Les hausses de production sont concentrées sur quelques pays, comme le Royaume-Uni (+2,5% /2018), la Pologne (+2,4%) et le Danemark (+1,7%).

 

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Cours bien orientés

Le ralentissement de la collecte européenne a facilité le redressement du marché des protéines laitières encore plombé jusqu’à l’été par des stocks d’intervention conséquents. Désormais en phase et plus équilibrés, les marchés du beurre et des protéines semblent solides, à moins que le Brexit ne mette court rapidement à ce bel anticyclone en formation.

Cours des ingrédients stabilisés

Le cours de la poudre maigre s’est stabilisé autour de 2 000 €/t en février, après s’être apprécié de plus de 300 €/t en 3 mois. Début mars, il a retrouvé un niveau correct supérieur de 50% au bas niveau de 2018 à pareille époque, mais bien en-dessous du haut niveau atteint 5 ans plus tôt (3 300 €).

En revanche, le cours du beurre sur le marché spot évolue défavorablement. Il a perdu plus de 400 €/t en un mois à 4 130 €/t début mars. Le prix des facturations se maintient quant à lui 4 500 €/t. De son côté le cours du gouda en Allemagne (fromage commodité) est stationnaire à 3 030 €/t.

Les fabrications européennes de fromages et d’ingrédients laitiers demeureront bien ajustées aux débouchés tant que la production laitière européenne sera ralentie. Au 1er trimestre, elle se situera légèrement sous son niveau de l’hiver 2018 (voir article collecte). Cependant elle pourrait rebondir dès mars, voir avril si la météo douce et humide se confirme auquel cas la production herbagère peut être précoce et abondante, d’autant que le prix du lait sera bien orienté dans les prochains mois.

Toutefois ce bel anticyclone en cours de formation peut tourner si le Brexit se concrétise par une sortie sans accord avec l’UE-27 (scénario le plus probable). Rappelons que L’UE-27 exporte au Royaume-Uni pour 3,5 milliards d’euros de produits laitiers qui couvrent l’équivalent du tiers de sa consommation nationale.

Des importations chinoises exceptionnellement élevées en janvier

En janvier 2019, comme les années précédentes à pareille période, la Chine a fortement accru ses importations de produits laitiers de +17% en volume à 435 000 t et de +20% en valeur à 1,46 milliard de dollars. Elle a surtout acheté davantage de poudres grasses (+32% à 183 000 t) et secondairement de poudre maigre (+26% à 58 000 t). Les importateurs chinois se sont rués sur les contingents à droit de douane nul, en hausse d’une année sur l’autre, dont bénéficie la Nouvelle-Zélande. Les importations supplémentaires de poudres grasses en janvier 2019 proviennent presque totalement de Nouvelle-Zélande, pays qui a fourni en 2018 près de 90% des achats chinois en poudres grasses. Celles de poudre maigre proviennent principalement de Nouvelle-Zélande et secondairement de l’UE-28. En revanche, les importations de poudre de lait étatsunienne ont chuté, conséquence de la hausse des droits de douane décidée par la Chine dans le cadre de la guerre commerciale entre les deux pays.

Comme les années précédentes, les importations sont probablement retombées le mois suivant, une fois les contingents remplis. En février 2018, elles avaient été ramenées à 178 000 t tous produits laitiers après avoir culminé à 373 000 t en janvier 2018.

Les droits de douane chinois sont relativement bas : 10% pour les poudres de lait et le beurre, 6% pour la poudre de lactosérum, 15% pour les laits infantiles, 12 à 15 % pour les fromages.

 

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