Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 333 Novembre 2021 Mise en ligne le 17/11/2021

Lait de vache

Hausse des prix du lait neutralisée par celle des charges

La production laitière ne progresse plus dans les grands bassins excédentaires, à l’exception de l’Argentine. Elle s’est même contractée en septembre dans l’UE-27 en raison d’un net reflux dans les trois principaux pays producteurs : Allemagne, France et Pays-Bas. L’effet incitatif de la hausse des prix du lait semble neutralisé par celle des charges.

Face à une production laitière stationnaire dans les principaux bassins excédentaires, la demande mondiale reste particulièrement dynamique notamment tirée par la Chine. Ce déséquilibre entraine les prix des principaux ingrédients laitiers à la hausse dans un contexte d’augmentation généralisée des matières premières à travers le monde. Leur forte remontée relancera-t-elle la production laitière dans les prochains mois ?

Lait de vache » Collecte laitière »

En France, la hausse des charges neutralise celle des prix

En septembre, la collecte française a fortement décroché, et devrait rester en net recul en octobre. L’indice IPAMPA s’est de nouveau fortement apprécié, sous l’impulsion de la flambée des prix du carburant et des engrais azotés. La hausse du prix ne suffit donc pas à redresser la MILC, qui recule de nouveau d’une année sur l’autre, mais pourrait progresser en fin d’année puisque le prix du lait devrait resté soutenu.

Net décrochage de la collecte en France

En septembre, la collecte française s’est fortement repliée (-2,4% /2020) après avoir légèrement progressé en août. Il faut tout de même noter que la collecte avait été plutôt dynamique en septembre 2020 malgré la sécheresse particulièrement virulente dans le Nord et l’Est. Cette baisse relative concerne l’ensemble des régions, à l’exception de la Bourgogne-France-Comté (+1,6% /2020), notamment parce que les élevages météo sensibles en Comté dernier ont vu leur collecte progresser. Le repli est en revanche particulièrement marqué dans les Hauts-de-France (-4,5% /2020) et dans le Grand-Est (-5%), signe d’élevages globalement peu herbagers. Les livraisons reculent également en Bretagne (-2%), et en Normandie (-1,3%).

La baisse de la collecte se serait poursuivie sur octobre dans des proportions à peine moindres, selon les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer.

Plusieurs explications peuvent être avancées pour expliquer ce repli :

Tout d’abord, le prix élevé de l’aliment (voir indice IPAMPA plus bas) pousse certainement au rationnement des concentrés. Or, la production dépend davantage des aliments azotés lorsque la pousse de l’herbe ralentit à partir de la fin d’été. Deuxièmement, les ensilages tardifs de maïs pourraient avoir poussé certains éleveurs à rationner les rations en attendant la récolte.

Enfin et surtout, le cheptel de vaches laitières est en recul de -1,7% /2020. Au cours de l’été, le repli du cheptel s’est toutefois légèrement réduit par rapport à 2020 (il était de -2,1% en juin), ce qui pourrait notamment être lié à la prolongation de lactations de vaches non pleines. En effet, les fortes disponibilités fourragères ont poussé les éleveurs à optimiser la valorisation des pâtures, ce qui pourrait expliquer la baisse des réformes observée ces derniers mois. L’érosion du cheptel pourrait donc s’accélérer dans les prochains mois.

Enfin, les données SPIE/BDNI indiquent un recul des vêlages depuis mai, particulièrement marqué en août. Ce repli est supérieur à l’érosion globale du cheptel de vaches laitières, et se matérialise donc par un décalage des lactations. Puisque le pic de lait intervient dans les premiers mois de lactation, le décalage des vêlages pourrait avoir contribué à ce recul de la collecte de septembre / octobre. Toutefois, le nombre de vêlages est repassé au-dessus de l’an dernier en septembre, et l’effet inverse pourrait donc se produire dans les prochains mois.

La hausse du prix du lait se poursuit en France

En France, d’après FranceAgriMer, le prix standard tous laits confondus s’est établi à 378 €/1 000 l en septembre, soit +0,6% en un mois. Il affiche une hausse de +6,7% /2020 (+24 €/1 000 l). Le prix réel tous laits a quant à lui dépassé la barre des 400 €/1 000 l, ce qui n’était plus arrivé depuis 2014. Depuis plusieurs mois, l’évolution du prix est conforme à la saisonnalité habituelle, et suit la pente de l’an dernier, mais à un niveau sensiblement supérieur. Selon l’observatoire de l’Eleveur laitier, les prix du lait devraient se maintenir cet automne au niveau de septembre, alors que la tendance est habituellement à la baisse à cette période.

IPAMPA : la hausse des charges neutralise celle des prix

En septembre, l’indice IPAMPA a signé un nouveau record, à 113,8 pts, soit une légère hausse d’un mois sur l’autre (+0,7%) et un bond de +10% d’une année sur l’autre.

La hausse du prix de l’aliment contribue pour environ 4 points sur les 10 points de croissance sur un an. Même s’il ne s’agit pas du poste qui a connu la plus forte progression, il est celui qui pèse le plus en absolu. Les 6 points restants de hausse se partagent équitablement entre la hausse du prix du carburant (+2 pts), celle des engrais (+2 pts) et celle des biens d’investissements (+2 pts).

Sur un mois, la hausse de l’indice émane pour moitié de celle des engrais et amendements (+8% /août) et pour un tiers de la hausse des carburants.

MILC : La hausse des charges neutralise celle du prix du lait

En septembre 2021, la MILC s’établit à 102 €/1 000 l. D’une année sur l’autre, elle a reculé de nouveau de -3 €/ 1000 l après s’être nettement redressée cet été (+13,5 € entre juin et août 2021), grâce à la hausse des prix du lait et des vaches de réformes. La MILC a progressé entre août et septembre mais de façon inférieure à sa saisonnalité habituelle, en raison de la hausse des charges, alors que l’évolution des prix des produits est similaire à celle de l’an dernier (+0,7% d’un mois à l’autre).

Sur 12 mois glissants, la MILC s’établit à 91,3 €/1 000 l, soit bien en deçà de son niveau de l’an passé à pareille époque (-8 €/1 000 l) et sous la moyenne 2007-2019 (99 €/1 000 l).

Sous réserve d’une stabilisation des charges en fin d’année, la MILC pourrait toutefois connaître une hausse continue à partir de novembre, avec un prix du lait probablement mieux orienté que fin 2020.

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Lait de vache » Collecte laitière »

Baisse de la collecte dans l’UE-27 malgré la hausse du prix du lait

Dans l’UE-27, la collecte de lait de vache s’est contractée en septembre, en raison du repli observé chez les principaux producteurs européens que sont l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. L’effet incitatif de la hausse des prix du lait semble neutralisé par celle des charges, et la progression de la productivité laitière est insuffisante pour compenser la réduction du cheptel, particulièrement forte dans ces 3 pays. La collecte serait restée peu dynamique en octobre, mais la hausse des cours des commodités devrait se traduire par une progression des prix du lait plus incitative en fin d’année.

En septembre, la collecte européenne a reculé de -0,7% /2020 après avoir faiblement progressé en août. Le décrochage des livraisons dans les 3 principaux producteurs européens (Allemagne, France et Pays-Bas) n’a pas été compensé par les croissances dynamiques en Irlande et en Italie. En cumul depuis le début de l’année, la collecte européenne demeure en légère hausse de +0,3% /2020 (effet année bissextile corrigé).

En Allemagne, baisse saisonnière prononcée

Le décrochage de la collecte européenne en septembre est d’abord lié à un recul très net de la collecte allemande (-2,8% /2020 ou -70 000 t). Il s’agit du plus faible volume livré en septembre depuis 2016.

Selon les enquêtes hebdomadaires d’AMI, cette tendance baissière se serait poursuivie en octobre, et la collecte pourrait de nouveau reculer de 2 à 3%. Le creux de collecte étant traditionnellement plus tardif qu’en France (autour de début novembre, le rebond apparent sur le graphique est lié au nombre de jours plus important en octobre qu’en novembre), les disponibilités laitières européennes restent donc limitées et soutiennent le prix du lait sur le marché spot.

Cette baisse de la collecte allemande peut paraître surprenante au regard de la nette hausse du prix d’une année sur l’autre. Le prix 32/38 s’est en effet établi à 356 €/1 000 l, en hausse de +13% / 2020. Deux raisons principales expliquent ce paradoxe : d’abord, la hausse des charges atténue l’effet incitatif à la production de cette hausse des prix. Ensuite, le cheptel de vaches laitières s’érode plus vite qu’en France, particulièrement dans les Länder de l’Est.

Effondrement de la collecte aux Pays-Bas

Aux Pays-Bas, 3ème pays laitier de l’UE-27 le recul de la collecte s’est encore accentué en septembre, de -4% /2020 (-46 000 t), soit un niveau inférieur de -7% par rapport à septembre 2017. La faible revalorisation du prix de base du lait par Friesland Campina en septembre (375 €/t ) a peu incité les exploitations néerlandaises à produire, alors que celles-ci subissent de plein fouet la flambée du prix des aliments, en raison de leur faible autonomie. Friesland Campina a en revanche fortement revalorisé son prix de base en octobre (395 €/t) , puis en novembre (412 €/t) ce qui laisse entrevoir une collecte plus dynamique dans les prochains mois.

Collecte toujours croissante en Irlande et en Italie, stable en Pologne

L’Irlande poursuit sa marche en avant avec une collecte toujours dynamique (+7,4% /septembre 2020). En cumul depuis le début de l’année, la croissance des livraisons s’élève à +6%. Comme l’Irlande exporte une grande partie de son lait, son prix du lait est très connecté au cours des commodités. A 375 €/1 000 l en septembre, le prix de base du lait bénéficie de la hausse la plus forte depuis un an de tous les États membres (+53 € soit +16% /2020). Cette progression devrait se poursuivre dans les prochains mois au regard de la revalorisation du prix du lait de base payé par Glambia en octobre (+9 €/1 000 l) et de la hausse des cours mondiaux des commodités laitières.

La Pologne, 5ème producteur européen, voit sa collecte légèrement marquer le pas cette année, après avoir connu une croissance ininterrompue depuis depuis plusieurs années. Après une légère progression sur le premier semestre (+1% /2020, effet bissextile neutralisé), la collecte polonaise s’est établie au même niveau que l’an dernier au 3ème trimestre.

Enfin, la collecte italienne (4ème producteur européen) poursuit sa croissance ininterrompue depuis fin 2019. Entre janvier et août, elle a crû de +3,3% /2020, après avoir déjà connu une hausse de près de +4,7% l’an dernier.

Lait de vache » Collecte laitière »

Croissance stoppée dans les principaux bassins exportateurs

Cela fait maintenant plusieurs mois que la croissance de la production européenne de lait est à l’arrêt. A cela s’ajoute des déceptions sur les volumes en Océanie. L’USDA a enfoncé le clou en publiant il y a deux semaines une production états-unienne quasiment stable en septembre, contre toute attente par les opérateurs. Le marché ne s’y attendait pas.

Etats-Unis : Croissance stoppée de la production laitière

Aux Etats-Unis, la croissance de la production de lait continue de s’éroder depuis les +4,7% de hausse au mois de mai dernier. Le mois de septembre surprend car la production ressort quasiment stable par rapport à l’an passé avec seulement 0,2% de hausse. Il s’agit de la plus faible progression depuis mai 2020 où le covid-19 avait perturbé la collecte. Cette baisse par rapport aux attentes est principalement due à une réduction du cheptel laitier depuis mai dernier. Entre août et septembre 2021, il a perdu 25 000 têtes, mais l’effectif reste nettement supérieur à celui de l’an passé. Aussi, la réduction de cheptel n’explique pas tout. L’est du pays est touché par une très forte sécheresse qui limite la possibilité de pâturage. Comme chez les principaux autres pays exportateurs, la très forte hausse de l’aliment complémentaire pousse les éleveurs à réfléchir à la formulation et à choisir parfois la baisse des volumes de lait produits. La production en Californie affiche une certaine stabilité, mais la production ressort en net recul dans les Etats de Washington, dans le Nouveau Mexique et dans une moindre mesure dans l’Arizona (respectivement -8%, -12,5% et -2%).

Océanie : Poursuite de la baisse des volumes au moment du pic laitier

En Nouvelle-Zélande, au mois de septembre, la production a reculé de -4% par rapport à l’an dernier. Celle de l’Australie s’affiche à -3% sur la même période. Pour ces deux pays, la collecte est perturbée par une météo pluvieuse. La pousse de l’herbe dans l’île du Sud néozélandaise a notamment été dégradée par rapport à la normale.

Les opérateurs les plus optimistes tablent sur un retour des volumes avec la réapparition du soleil dans les semaines à venir. Pourtant, les modèles météo semblent confirmer l’hypothèse de La Niña. Ce phénomène climatique se caractérise par des températures anormalement basses des eaux du Pacifique et modifie le climat en Océanie et Amérique du Sud. En général, cela se traduit par une plus forte pluviométrie en Océanie et un temps sec et frais en Argentine.

Argentine : Seul pays où la croissance reste d’actualité

La météo a pour le moment été optimale pour la production laitière car des pluies sont tombées régulièrement. Par ailleurs, la hausse des prix du lait permet de compenser la hausse du poste alimentaire et de conserver les marges alimentaires. Les voyants sont donc toujours au vert pour la production qui continue d’augmenter (+5% au mois de septembre /2020).

Recul de la production des six principaux exportateurs

La production cumulée des six principaux exportateurs a reculé en septembre d’une année sur l’autre pour la première fois depuis 2019. Elle est due à une moindre croissance dans les bassins dynamiques tels que les USA, des problèmes météo notamment en Nouvelle-Zélande et une baisse de la production structurelle chez les principaux pays producteurs de l’UE-27.

Dans les prochains mois, les coûts élevés des aliments du bétail décourageront probablement un rebond rapide de la production laitière chez ces pays exportateurs malgré des prix du lait incitatifs.

Lait de vache » Marché des produits laitiers »

Hausse généralisée des cours mondiaux

Face à une production laitière ralentie dans les principaux bassins excédentaires, la demande mondiale reste particulièrement dynamique notamment tirée par la Chine. Ce déséquilibre entraine les prix des principaux ingrédients laitiers à la hausse dans un contexte d’augmentation généralisée des cours mondiaux des matières premières.

Fromages : Fabrications privilégiées

Les tendances de hausse de consommation de fromages à l’échelle mondiale restent d’actualité. Cela pousse les transformateurs à choisir d’orienter davantage l’équation laitière vers les fromages. Dans ce contexte, la production de fromages est en hausse aux USA (+155 000 t sur les neufs premiers mois de l’année/2020) et en Europe (+107 000 t sur la période janvier-août 21 /2020). Sans avoir les chiffres de production en Nouvelle-Zélande, nous pouvons supposer qu’il en est de même au vu de la hausse de +16% des exportations sur les neuf premiers mois de l’année (soit +37 000 t) et de la très forte hausse des prix du cheddar lors de la dernière enchère du Global Dairy Trade qui reviennent au plus haut depuis 2014.

Dans l’UE, la production de fromages est en hausse chez tous les pays membres sauf cinq, tirée par une forte demande intérieure. Néanmoins, selon certains opérateurs, les stocks sont quasiment inexistants. Dans ce contexte, la hausse des prix des fromages européens semble inéluctable sur les prochains mois.

Par ailleurs, la plateforme de marché à terme EEX lance ce mois-ci la publication d’indices de prix pour deux types de cheddar, du gouda et de la mozzarella, ce qui permettra à la filière d’avoir des références de prix transparentes pour ces qualités.

Aux Etats-Unis, la production de fromages au mois de septembre a surpris par son ampleur, il s’agit d’un record mensuel de production pour cette période de l’année. La dynamique export se vérifie, malgré les problèmes logistiques mondiaux, notamment vers les marchés habituels des USA comme le Mexique, le Japon et le Canada. Néanmoins, celle-ci ne suffit pas à absorber la hausse des fabrications et les stocks affichent des niveaux là aussi records pour un mois de septembre. Usuellement, les stocks baissent une fois le pic laitier passé, ce qui n’est pas le cas cette année. Les produits laitiers étant majoritairement consommés en restauration hors-domicile aux Etats-Unis, le covid-19 a peut-être limité le retour des consommateurs dans la restauration collective. Les opérateurs pensent néanmoins que la consommation intérieure devrait rebondir dans les semaines à venir avec les festivités notamment de Thanksgiving.

La publication de ces données de production et de stocks a entrainé à Chicago une baisse des prix du lait Class III (lait à destination de la production de fromages) qui est repassé sous ceux du Class IV (lait à destination de la fabrication du beurre et de la poudre) pour la première fois depuis janvier 2014. La rentabilité de la production de fromages pourrait se détériorer au profit des ingrédients laitiers, ce qui restera à surveiller dans les mois à venir.

Cette hausse de la production de fromages chez les principaux exportateurs dans un contexte de stabilité de la collecte laitière renforce la moindre disponibilité de lait liquide cru vers d’autres filières de transformation, notamment les ingrédients laitiers tels que le beurre et la poudre de lait écrémé.

Ingrédients laitiers : entre moindres fabrications et forte demande

Le beurre et la poudre de lait pâtissent de la moindre croissance de collecte chez les principaux exportateurs mais également de choix de transformation préférentiellement tournés vers les fromages ou la crème.

Le marché de la matière grasse est extrêmement tendu. Chez les principaux pays producteurs européens, il n’y a pas quasiment pas de disponibilité sur le marché spot, ce qui se traduit par une forte hausse des prix. Le cours du beurre a franchi les 4 000 €/t à la fin de l’été et s’affiche dorénavant au-dessus des 5 000 €/t. La hausse de production en Irlande permet à la production européenne de ne baisser que de -1% d’une année sur l’autre sur les huit premiers mois de 2021, mais le manque de beurre se fait fortement sentir sur le marché français et allemand. Il faut dire que les prix de la crème s’apprécient fortement sur le spot et n’incitent pas le barattage.

Aux Etats-Unis, la concurrence est importante pour la matière grasse entre les fromages et la crème qui sont orientés vers le marché domestique. Les opérateurs s’attendent à une accentuation des problèmes logistiques avec la recrudescence des cas de covid-19 en Chine comme ailleurs dans le monde et cherchent donc à privilégier le marché intérieur. Dans ce contexte, les stocks de beurre, records au mois de juin dernier, ont fortement baissé au mois de septembre. Les opérateurs ne s’attendaient pas à une telle consommation en un mois.

Sur la poudre de lait écrémé, en Allemagne, premier producteur européen, les fabrications sont en recul de près de 11% sur les neuf premiers mois de l’année, soit -34 000 t. En France, la baisse est plus modeste (-1,2% et environ 3 000 t). Quant à la Pologne, les fabrications ont reculé de -7% et -9 300 t. Ces pertes ne sont pas compensées par la hausse en Irlande de près de 15% (+16 400 t) et celle des Pays-Bas (+34% et 16 700 t). Ainsi, dans l’UE-27, la production de poudre maigre a baissé de -26 000 tonnes depuis le début de l’année, soit -2,4% sur les huit premiers mois. Les volumes ont principalement chuté en début d’année 2021.

Les exportations européennes de poudre maigre sont demeurées globalement stables sur huit mois, mais avec une forte augmentation des volumes vers la Chine au détriment du marché historique de l’Algérie.

Les fabrications de poudre de lait écrémé devraient également être en baisse en Nouvelle-Zélande au vu de la contraction des exportations sur 9 mois(-8% /2020) combinée à une forte hausse des prix lors de la dernière enchère du GDT (au plus haut depuis sept ans).

Du côté des USA, la production commence à se replier par rapport à l’an dernier (-11 000 t sur janvier-septembre) après un fort démarrage en début d’année 2021. Les Etats-Unis profitent de la moindre présence de l’UE-27, la Nouvelle-Zélande et l’Australie à l’export pour gagner des parts de marchés. Il faut dire que l’origine US reste la moins chère encore pour le moment. Cependant, dans le même temps, la consommation intérieure a baissé et les stocks de de poudre maigre avaient retrouvé en septembre leur niveau de l’an dernier, après avoir fortement baissé depuis le mois d’août. L’excédent laitier découlant du pic saisonnier pourrait donc être en train de disparaitre.

En résumé, la hausse des cours de la poudre de lait écrémé est liée à une moindre offre d’une part et une forte demande, notamment de la Chinedont les importations ont bondi de +34% /2020 à +342 000 t sur neuf mois. Pour le reste de la demande internationale, globalement les principaux importateurs ont réduit leur besoin face à la forte hausse des prix mondiaux. Ceci pourra être un premier frein à la poursuite de la hausse sauf forte dégradation de la production. Le deuxième frein pourrait être la demande chinoise.

Quid de la demande chinoise ?

L’ampleur des importations chinoises de produits laitiers depuis le début de l’année ont une nouvelle fois surpris les opérateurs. Une partie de la hausse des cours actuelle est notamment due à cette forte demande chinoisecar la consommation de l’empire du Milieu cache par ailleurs de moindres velléités d’achats de la part d’autres pays importateurs.

La tendance haussière actuelle est donc en partie soumise aux futurs achats asiatiques. De nombreux signaux alertent sur un possible retrait de la Chine à court terme notamment des chiffres d’imports au mois de septembre moins conséquents qu’attendus.

Par ailleurs, le marché chinois se referme au fur et à mesure que les cas de covid-19 augmentent avec des activités portuaires à l’arrêt.

L’évolution des cours des ingrédients laitiers dépendra donc de l’évolution des flux de produits laitiers vers la Chine et de celle de la collecte de lait chez les principaux exportateurs.