Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 337 Mars 2022 Mise en ligne le 22/03/2022

Lait de vache

Hausse du prix du lait neutralisée par celle des charges

La production laitière demeure ralentie dans les principaux bassins excédentaires où les fabrications de poudres de lait et de beurre sont mécaniquement réduites et inférieures à la demande internationale. La flambée des cours des commodités laitières puis du prix du lait, qui atteint un niveau inédit début 2022 dans l’UE-27, n’a pas encore permis de relancer la production laitière.

Le redressement attendu en France comme dans l’UE-27 risque toutefois d’être compromis si la flambée du prix des grains, observée depuis l’invasion russe de l’Ukraine, persiste dans les prochains mois.

 

Lait de vache » Collecte laitière »

Monde : recul dans tous les bassins excédentaires

Pas de miracle début 2022, les volumes collectés restent en baisse dans les principaux bassins exportateurs. Dans l’UE-27, la production globale a reculé de -0,7% en janvier /2021, mais avec une certaine hétérogénéité selon les pays.

Aux Etats-Unis, la collecte continue de chuter. Elle s’affiche en janvier en baisse de -1,6% par rapport à janvier 2021, soit la plus forte baisse mensuelle depuis mars 2004. D’une part, le cheptel laitier continue de baisser (-0,8% /janvier 2021 soit -82 000 têtes) pour revenir sur les niveaux de 2020. D’autre part, dans un contexte de coûts de production élevés, les conditions météorologiques restent sèches notamment sur la façade Ouest. La Californie est particulièrement touchée et affiche un recul de la production au mois de janvier de -1,9% /2021. Certains producteurs pourraient profiter du prix élevé du bétail pour vendre leur exploitation selon l’association des producteurs californiens. La chute est encore plus forte dans le Nouveau-Mexique à -12% /2021. Le nord-est du pays n’est pas épargné non plus. Aussi, dans ce contexte, seul le Texas, la Géorgie, l’Iowa, le Dakota du Sud et l’Idaho affichent une progression de leur production.

En Nouvelle-Zélande, la production ne parvient pas à rebondir. En janvier, elle a même décroché de plus de -6% / 2021. Ces éléments ont poussé la coopérative Fonterra à revoir une nouvelle fois en baisse son estimation de collecte sur la campagne 2021-22 à 1,480 million kg MS soit une baisse de -3,8% par rapport à la campagne précédente. Le déficit de pluie en est la principale raison, l’indice de pousse des prairies était particulièrement bas au mois de janvier, en net décrochage par rapport aux trois dernières années. Les pluies au mois de février pourraient avoir limité la poursuite de la chute, l’indice de pousse de l’herbe est ainsi remonté à des niveaux similaires à ceux des années précédentes ces derniers jours.

En Australie, la sécheresse est aussi la cause de la baisse de collecte qui a reculé en janvier de -6% /2021.

L’Argentine était jusqu’en décembre 2021 le seul pays exportateur à bénéficier d’une production de lait dynamique. Cependant, là aussi, la météo en a décidé autrement. Dans le précédent numéro de Tendances-Lait-Viande, nous alertions sur la vague de chaleur dans le pays avec des températures observées particulièrement élevées. L’absence de pluies a entrainé une forte sécheresse et un léger repli de la production de -1% /2021. Selon OCLA, l’intensification de la production laitière en Argentine qui conduit à limiter le pâturage extérieur et augmenter le nombre de stabulation libre a permis de mieux gérer cette vague de chaleur et donc d’en limiter l’impact sur la collecte. Toutefois, cette intensification se traduit aussi par une alimentation à base de maïs et de soja, donc une dépendance accrue au marché des grains dont les prix ont bondi. La baisse des marges pourrait entrainer une baisse de production de -2% /2021 sur le premier trimestre 2022 toujours selon OCLA.

Cette conjoncture de baisse de production chez les principaux pays exportateurs entrainent mécaniquement une réduction des fabrications et principalement des disponibilités pour le débouché export, ce qui conduit à une très forte hausse des prix des commodités laitières. Dans ce contexte, les prix du lait payés au producteur augmentent également.

En Nouvelle-Zélande, le prix de base versé aux éleveurs pour la campagne 2021/2022 qui se termine a été revu en hausse à 9,30-9,90 $/kg de matière sèche, soit un prix supérieur à 500 €/1 000 l.

Lait de vache » Collecte laitière »

France : ralentie malgré la remontée du prix du lait

En janvier, la collecte a poursuivi son décrochage, malgré une hausse significative du prix du lait, portée par la flambée des cours mondiaux des ingrédients laitiers. Les éleveurs semblent réagir à cette revalorisation du prix en réduisant les réformes, ce qui pourrait se traduire par une moindre érosion du cheptel dans les prochains mois.

En janvier, les sorties de vaches du cheptel national ont nettement reflué (-7% /2021), en raison d’une réduction du nombre de réformes, d’après les statistiques extraites de la base Normabev (-11% /2021 des abattages sur les semaines 3 à 6, et -3% sur les semaines 7 à 10).

Depuis juin 2021, la baisse des réformes est presque continue (elle n’a été interrompue que brièvement en novembre). Si elle semblait surtout liée aux larges disponibilités fourragères jusqu’à l’automne, elle pourrait maintenant surtout résulter d’une réaction des éleveurs à la forte hausse des prix du lait payés en janvier, qui les incite à produire davantage.

Cette rétention n’a pour l’instant qu’un faible impact sur le cheptel, car le recul des vêlages de primipares limite son redressement. Cette baisse des entrées devrait se poursuivre dans les prochains mois, au regard des faibles effectifs de génisses de la catégorie d’âge 24-36 mois, inférieurs de -4,5% à leur niveau de l’an dernier. Au 1er mars 2022, le cheptel demeurait en baisse de -1,7% par rapport à son niveau de l’an dernier (contre -1,8% en janvier).

La collecte poursuit son recul

En janvier, la collecte nationale s’est de nouveau fortement repliée d’une année sur l’autre (-1,9% /2021), à 2,07 Mt. Rappelons que la collecte avait déjà fortement reflué à la même période début d’année 2021. En conséquence, comparée à janvier 2020, elle chute de -5,3%, son plus fort recul sur deux ans. La faible qualité des fourrages, le prix élevé de l’aliment acheté et le recul du cheptel (-1,8% /décembre 2020) expliquent ce recul, qui est le plus marqué dans l’Est, notamment en Bourgogne-Franche-Comté (-5% /2021).

Si ce recul des livraisons est légèrement moindre que celui observé ces derniers mois, il masque un bilan encore moins reluisant en termes de Matière solide utile (MSU) : les taux de MG (42,8 g/l) et de MP (33,75 g/l) ont tous deux reculé sensiblement d’une année sur l’autre (-1,2% chacun). La collecte en MSU signe donc son plus fort décrochage au mois de janvier (-3,1%), et s’établit -5,6% en dessous de son niveau de janvier 2020.

Ce repli des livraisons sur un an se serait légèrement atténué début février selon les sondages hebdomadaires de FAM (proche de -1% /2020), mais relativement à une collecte qui reculait déjà en 2021. Les livraisons auraient ensuite de nouveau fortement décroché fin février-début mars (-2,1% en S8 et -1,4% en S9).

Accentuation de la baisse du nombre de livreurs en 2021

Entre 2020 et 2021, le recul du nombre de livreurs de lait de vache s’est accentué. Le pays a perdu -4,2% en France entre janvier 2021 et janvier 2022, contre -3,6% entre janvier 2020 et janvier 2021.

Trois régions affichent des pertes particulièrement importantes : la Bretagne, qui a perdu 460 livreurs en une seule année (-5%), l’Occitanie (-110 livreurs, soit -5,5%) et la Nouvelle-Aquitaine (-150 livreurs, -7%). La Normandie, le Centre-Val de Loire et la Bourgogne-Franche Comté s’en sortent relativement mieux, avec une perte d’environ -3% de livreurs en un an.

La collecte s’étant maintenue en Normandie et Bretagne en 2021, ce sont logiquement ces deux régions qui enregistrent les plus fortes hausses de volumes par livreur (supérieures à +4%). Cette croissance des volumes peut s’expliquer par une croissance plus forte de la productivité laitière, mais aussi par le plus net agrandissement des cheptels dans ces région.

En 2022, les cessations laitières pourraient s’accélérer dans les régions en proie à une forte concurrence des filières végétales, en raison de la flambée du prix des céréales qui rend la culture céréalière plus attractive. La Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie, les Hauts de France et la Bretagne pourraient particulièrement être concernés, étant donné la faible proportion de STH (surface toujours en herbe) sur ces territoires.

Le prix du lait progresse fortement en janvier

En janvier, le prix du lait standard tout lait s’est établi à 393 €/1 000 l, en hausse de +14 € sur un mois, et de +45 € /2020. La hausse du prix réel moyen payé aux livreurs est légèrement moindre (+11%) en raison de la baisse des taux d’une année sur l’autre. Plus connecté aux cours mondiaux des ingrédients laitiers, le prix conventionnel standard a connu une hausse plus significative au mois de janvier (+15% soit +51€, à 376 € /1 000 l). Cette appréciation du prix est plus nette chez les collecteurs/ transformateurs fabricants d’ingrédients laitiers qui intègrent la valorisation beurre poudre dans leurs formules de prix.

Accélération de la hausse des charges

En janvier, la hausse des charges s’accélérait déjà avant le déclenchement du conflit en Ukraine. L’indice IPAMPA lait de vache avait encore gagné +2,3% en un mois, sous l’impulsion de l’inflation de l’énergie (+6% d’un mois à l’autre) et du prix de l’aliment acheté (+4%). Sur un an, les prix des engrais ont bondi de +90% /décembre 2020, de +28% pour l’énergie et de +13% pour l’aliment acheté.

L’impact de la guerre en Ukraine sera visible sur l’indice IPAMPA de mars. Le conflit affecte l’offre pour l’ensemble des catégories d’aliment, mais c’est surtout le renchérissement des matières azotées, dont les exploitations laitières sont les plus dépendantes, qui impactera les comptes des exploitations. La flambée concerne particulièrement le prix des tourteaux non OGM, devenus rares qui proviennent massivement d’Ukraine et de Russie. En conséquence, les filières AOP et les opérateurs de l’Est, qui exportent des produits finis vers l’Allemagne, seront particulièrement touchés. En Semaine 10, la cotation à Sète du tourteau de soja non OGM s’élevait à 930 €/t (+75% sur un an) contre 630 €/t pour le tourteau de soja conventionnel (+46%).

Hausse de la MILC ; une embellie temporaire ?

Après une année 2021 qui a vu l’indicateur MILC retomber à son pire niveau depuis 2016 (91,3 €/1 000 l en moyenne sur un an, en baisse de -6 € /2020), la marge laitière s’est redressée en ce début d’année (105 € /1 000 l en janvier), grâce à la hausse du prix du lait conventionnel (+15%), combinée à celle des cotations des vaches O et P. La MILC s’établit +15 € au-dessus de janvier 2021 et frôle son niveau de janvier 2018. Il faut remonter à 2014 pour retrouver un niveau sensiblement supérieur à cette période de l’année.

Le redressement pourrait se poursuivre en février, mais la flambée du prix des intrants, liée au conflit, pourrait ensuite porter un coup d’arrêt à cette dynamique, si celle-ci ne s’accompagne pas d’un maintien du prix du lait au printemps.

 

 

Lait de vache » Collecte laitière »

Reprise compromise dans l’UE-27 ?

En janvier, le prix du lait dans l’UE-27 a atteint des niveaux inédits, dans le sillage de la flambée des cours des ingrédients laitiers. Cette envolée du prix du lait n’a pas encore permis de relancer la collecte, qui a de nouveau reculé en janvier. Le conflit en Ukraine pourrait entraver le redressement attendu de la production, en renchérissant le prix de l’aliment acheté.

En janvier, la collecte de l’UE-27 a reculé pour le 5ème mois consécutif (-0,7% /2021, soit environ -80 000 t), en comparaison d’une collecte déjà atone l’an dernier à pareille époque. La collecte recule de 1,7% par rapport à janvier 2020.

La situation est la même que ces derniers mois, avec une baisse sensible des livraisons dans les principaux pays producteurs, partiellement compensée par la hausse des livraisons dans certains pays secondaires, dans lesquels la production reste dynamique. Les collectes françaises (-1,9%, soit -41 000 t), néerlandaises (-2,7%, soit -32 000 t) et allemandes (-2,7%, soit -68 000 t) ont poursuivi leur décrochage. Au creux saisonnier des lactations, la collecte irlandaise a reculé (-4,1% /2021). Cette baisse devrait rester anecdotique au regard des perspectives de croissance dans un pays où le cheptel devrait continuer de s’étoffer en 2022 d’après Teagasc.

A l’inverse, après un deuxième semestre 2021 peu dynamique, la collecte a rebondi en Pologne en janvier (+2,7%, soit +30 000 t). Les collectes espagnoles (+1,8%) et italiennes étaient également à la hausse en début d’année.

Une reprise de la collecte européenne remise en question ?

La flambée des cours de l’aliment devrait peser sur la productivité laitière partout en Europe. Les pays du Sud de l’Europe, Espagne et Italie en tête, sont particulièrement vulnérables à la flambée des coûts de l’aliment. Largement dépendants des exportations ukrainiennes pour leur alimentation animale, ils seraient même sujets à des risque de ruptures d’approvisionnement, qui pourraient obliger certains éleveurs à réduire leur cheptel. Ces pays pourraient donc perdre temporairement leur rôle de locomotive, alors qu’ils ont été parmi les moteurs de la croissance de la collecte européenne depuis la suppression des quotas laitiers en 2015.

Le prix du lait de l’UE-27 poursuit son envolée

En janvier, d’après le MMO, le prix du lait en UE-27 a atteint 420 €/t (+21% /2021), un nouveau record, et aurait poursuivi sa progression en février, mais moins rapidement (+0,6%, à 422 €/t). Cette progression est bien sûr liée à la flambée de la valorisation du lait transformé en beurre/poudre maigre qui a atteint 530 €/1 000 l fin février. Deux groupes de pays se distinguent : les pays de l’Europe du Nord, exportateurs d’ingrédients laitiers, voient leur prix bondir d’environ +30% sur un an : les Pays-Bas (450 €/t), le Danemark (437 €/t), la Belgique (457 €/t), l’Irlande (490 €/t) et l’Allemagne dont le prix payé atteint 430 €/t. La revalorisation des prix est moins spectaculaire dans les pays dont la production laitière est davantage tournée vers leur marché intérieur (+9 % /2021 en Espagne, +13% en France) ou vers la fabrication de fromages de garde (+11% en Italie).

Poursuite du recul des livraisons en Allemagne

En Allemagne, les livraisons se sont établies à 2,6 Mt en janvier (-2,5% /2021). D’après les sondages hebdomadaires d’AMI, la collecte allemande s’est rapprochée de son niveau de l’an dernier en février, mais demeure en retrait (-1% /2021).

A 408 €/1 000 l en janvier, le prix standard (38-32) conventionnel allemand poursuit son envolée (+13 € sur un mois, +87 € /2021).

En Espagne, la filière laitière est paralysée par la grève des transports

En Espagne, les livraisons se sont élevées à 7,5 Mt en 2021, en hausse de +1% par rapport à 2020, malgré la forte baisse du cheptel (-2,8% /2020). La production continue de se concentrer en Galice, qui rassemble 40% de la collecte nationale.

La collecte restait nettement en hausse en ce début d’année (+1,8% en janvier), mais la grève des transports à l’œuvre depuis début mars paralyse le secteur laitier, affectant tous les maillons de la filière, en premier lieu celui de la collecte. L’activité a même été interrompue dans de nombreux sites de transformation laitière. Cette situation porte un coup supplémentaire à une filière déjà particulièrement vulnérable face à la hausse du prix des intrants, et en particulier de l’aliment acheté, dont les exploitations espagnoles sont très dépendantes.

Dans ce pays, à l’instar de la situation française, le prix a progressé moins vite que la moyenne européenne en 2021, mais amorce une hausse plus significative depuis la fin de l’année 2021. En janvier 2022, le prix du lait moyen est de 360 €/t (+9% /2021). Ce prix cache toutefois de fortes disparités entre les régions. Le prix en Galice ne s’élevait qu’à 348€ /t en janvier.

 

 

 

 

 

 

Lait de vache » Marché des produits laitiers »

Forte hausse des prix faute de disponibilités suffisantes

La baisse de l’offre laitière chez les principaux pays exportateurs est la première raison de la hausse des prix des produits laitiers. En effet, cela provoque mécaniquement une baisse des fabrications.

Aux Etats-Unis, les fabrications de beurre et de poudre de lait écrémé ont fortement chuté au mois de janvier dernier, respectivement de -7% et -9% /2021. La consommation intérieure aux Etats-Unis est toujours dynamique et malgré des exports en léger repli en janvier pour la poudre maigre (-5,5% /2021), les stocks de beurre et de poudre s’affichent en fort recul. En beurre, les stocks se réduisent d’un tiers par rapport à l’an dernier et n’affichent donc qu’une légère hausse saisonnière par rapport au mois de décembre. Il faut revenir à 2019 pour retrouver des stocks aussi bas en janvier. En poudre maigre, la hausse par rapport au mois de décembre est également très légère à +3,6%, mais les stocks se replient de -14% par rapport à l’an dernier à 118 500 t soit le plus bas depuis 2017 à pareille époque.

Les fabrications étasuniennes de fromages restent privilégiées : en janvier elles ont ainsi progressé de +2,8% /2021.

Cette préférence pour les fabrications de fromages reste aussi de mise de l’UE-27, comme en Allemagne par exemple (+2,8% en janvier 2022 /2021). La demande en crème est toujours ferme, ce qui justifie une progression des volumes conditionnés par rapport à l’an dernier. La progression des fabrications en poudres de lait entier est importante en % (13 000 tonnes fabriquées contre 10 000 t l’an passé), elle pourrait être liée à une demande à l’export toujours forte pour l’Allemagne.

En Nouvelle-Zélande, Fonterra ajuste à la baisse ses volumes mis en vente sur les échéances éloignées lors des enchères du Global Dairy Trade. Par ailleurs, les exportations produits laitiers sont en net repli au mois de janvier. La plus forte baisse affecte les poudres grasses (-20% en janvier /2021), pourtant produit phare de la Nouvelle-Zélande. Les ventes à la Chine ont littéralement chuté (-38% /2021, à 38 800 t en janvier) probablement à la suite de stockage réalisé en 2021, de même que celles aux Émirats Arabes Unis (-37%, à 7 700 t) et au Sri Lanka (-55%, à 4 400 t) certainement à la suite de la forte hausse des prix. Aussi, malgré une demande plus conséquente d’autres pays de l’Asie du Sud-Est, celle-ci ne compense pas la baisse des volumes achetés par trois premiers importateurs.

Dans ce contexte de contraction de l’offre, les prix des commodités laitières enregistrent de très fortes hausses. En Nouvelle-Zélande, certaines cotations sur la plateforme Global Dairy Trade ont dépassé des prix records comme celles du beurre ou du cheddar. Le prix des poudres garasses a dépassé le seuil de 5 000 €/t atteint fin 2013-début 2014, lorsque la Nouvelle-Zélande avait profité d’une très forte demande chinoise avant l’arrêt brutal de celle-ci en 2014.

Les cours moyen de la poudre de lait écrémé dans l’UE-27 s’affichent autour des 3 600 €/t en février, soit une hausse de +5% par rapport au mois dernier et de +50% d’une année sur l’autre. En France, le prix du beurre échangé sur le marché du spot s’est approché des 6 500 €/t début mars, soit là aussi une hausse de près de 50% par rapport à la même période de l’an dernier.

Quelles limites à la hausse ?

Certains acheteurs en industrie alimentaire non laitière craignent dorénavant les ruptures en approvisionnement pour l’année 2022 et cherchent à contractualiser sur de longues périodes. Face au risque de manque de lait, les vendeurs d’ingrédients laitiers y sont plus réticents, ce qui pourrait amener de nouvelles hausses de prix dans les jours/semaines à venir en Europe.

Toutefois, les prix sur le marché mondial sont déjà élevés et la demande internationale pourrait commencer à marquer le pas. D’ailleurs, lors de la dernière enchère sur la plateforme Global Dairy Trade, les prix des poudres grasses et du beurre se sont repliés. Le conflit russo-ukrainien, les difficultés logistiques mondiales et les coûts du fret élevés sont autant de frein aux échanges mondiaux.

La demande chinoise est moins forte que l’an passé en ce début d’année. D’une part, des stocks ont certainement été étoffés en 2021 et au vu de la très forte demande de l’an passé, un moindre appétit n’est pas encore de nature à inquiéter. En revanche, le Covid-19 repart en Chine et pousse les autorités à renforcer les mesures douanières sur les importations alimentaires. Ainsi, depuis le 1er janvier 2022, les aliments importés sont dépistés et désinfectés, augmentant les délais de déchargement, ce qui peut être problématique sur des produits frais. Certaines villes sont de nouveau confinées, ce qui risque de baisser la demande en produits laitiers (beurre, crème, fromages) qui sont surtout consommés en RHD. Enfin, certaines villes pourraient même décider de suspendre les importations de produits alimentaires étrangers pour éviter des contaminations au Covid-19.