Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 343 Octobre 2022 Mise en ligne le 18/10/2022

Lait de vache

Conjoncture en demi teinte

En septembre, la production laitière française a amorcé précocement sa hausse saisonnière et pourrait cet automne dépasser le bas niveau de l’an dernier. Ce sursaut encore fragile s’opère pourtant avec un troupeau laitier très restreint et une production fourragère réduite. Les indicateurs de marchés semblent redevenir incitatifs, même si le prix du lait a marqué le pas en août.

A l’inverse, la production laitière bio a reculé en août. Elle s’ajuste lentement au fort recul des ventes de produits finis bio, si bien que la part de lait déclassé demeure historiquement élevée.

Le marché et les cours du beurre sont toujours fermes. La demande internationale est toujours active, à l’exception de la Chine. De plus les disponibilités sont limitées dans les principaux bassins de production et de consommation.

Lait de vache » Collecte laitière »

Croissance stoppée de la production de lait bio en France face à une demande intérieure toujours déprimée

Le marché du lait bio est toujours marqué par un recul des ventes dans les circuits de distribution. Le repli de la consommation de produits laitiers bio engendre de fortes baisses des fabrications et une hausse du taux de déclassement du lait bio.

La collecte laitière s’ajuste tant bien que mal et avec retard. Après un accroissement de près de 5% sur les 5 premiers mois de 2022, la collecte de lait bio en France a faiblement progressé en juin et juillet et a même décliné en août. Sur l’année 2022, la hausse de collecte ne devrait pas dépasser les 1% /2021. Le prix du lait bio a peu évolué comparativement à 2021. Il a toutefois enregistré une hausse en août 2022, d’autres revalorisations sont espérées d’ici la fin de l’année.

Recul de la collecte en août

En juin et juillet 2022, la collecte de lait bio en France a très faiblement progressé, d’à peine +1% /2021. Puis en août, elle s’est rétractée fortement (-8% /2021). Ce retournement de tendance depuis l’été est à mettre sur le compte d’une météo défavorable (canicule et sécheresse). De plus, certains éleveurs ont fait le choix d’arrêter la production laitière ou de se déconvertir dans un contexte de stagnation du prix du lait bio et d’inflation des charges, même si elles ont augmenté plus modérément qu’en conventionnel. Le phénomène n’est pas massif, mais sera à surveiller dans les prochains mois. En cumul sur l’année jusqu’à août, la croissance de la collecte a atteint 2,1%. Sur l’année 2022, la croissance de collecte ne devrait pas dépasser +1%. Soit un rythme très éloigné des +11-12 % des années 2020 et 2021 et des +32% en 2018 (année record de hausse de collecte bio).

En août 2022, le nombre de livreurs (4 199 soit 9,4% des livreurs totaux de lait de vache) a encore progressé, mais dans une moindre mesure (+2% /août 2021).

Et hausse du prix du lait bio

Une augmentation du prix de base du lait biologique est enregistrée en août (+2,9% /2021). En moyenne sur les sept premiers mois 2022, il est resté très proche de 2021 et au printemps, il s’est même retrouvé momentanément dépassé par le prix du lait conventionnel. Dans un contexte d’inflation des charges, les éleveurs espèrent une poursuite de la revalorisation du prix du lait bio dans les prochains mois.

Des ventes de produits laitiers bio en net recul dans les circuits de distribution

Depuis le début 2022, les fabrications de l’ensemble des produits laitiers bio poursuivent leur reflux entamé courant 2021. La baisse des fabrications (cumulées sur 7 mois) est assez modérée pour les laits conditionnés et les fromages, respectivement -6% et -4 % /2021. En revanche, elle est plus marquée pour les autres produits, pouvant atteindre -30% pour les crèmes et les poudres.

Un retrait plus important des fabrications de fromages est à observer en juillet (-9%).

La part de la collecte de lait bio conditionnée en laits liquides, a légèrement reculé à 17% de la matière utile totale sur les sept premiers mois de 2022 d’après nos estimations. Ce sont les premiers produits fabriqués, devant le beurre et les fromages. La part des produits ultra frais est par contre faible (6%) et a aussi plutôt baissé. Les fabrications de fromages sont sous représentés en bio comparativement au lait non bio, expliquant les difficultés de valorisation de la matière protéique dans la filière.

En revanche, la part des autres utilisations notamment la crème et les poudres vrac mais aussi le lait déclassé a encore fortement progressé sur les sept premiers mois de 2022 à 46% de la matière sèche utile (MSU), révélateur d’un accroissement du taux de déclassement du lait bio.

Ces fortes baisses de fabrication sont en lien avec le repli global de la consommation de produits bio. Ce recul concerne les circuits de la distribution générale mais aussi spécialisée (très fort recul des ventes en 2022 dans les enseignes spécialisées) qui sont les voies majeures de commercialisation des produits bio. Les achats de produits bio via la restauration hors domicile et les circuits courts ont quant à eux progressé.

Les ventes en volume de produits laitiers bio en cumul, de janvier à septembre 2022 (Source IRI), sont en fort repli comparativement à la même période 2021 en GMS et magasins spécialisés : -8% /2021 pour le lait liquide, -11% pour l’ultra frais, -13% pour le beurre, -16% pour les fromages et -17% pour la crème. La baisse des ventes est aussi effective pour les produits non bio mais de façon plus modérée. Les prix de vente au détail des produits laitiers bio ont certes connu des hausses, mais moins fortes que les produits non bio, ce qui a réduit l’écart de prix entre les deux types de produits. Cette moindre attractivité a des explications multifactorielles. Même si ce recul des achats bio a démarré avant l’augmentation des prix alimentaires, il est toutefois fortement guidé ces derniers mois par l’effet de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages qui font des arbitrages sur leur alimentation. Le prix est visiblement redevenu le facteur essentiel dans leurs actes d’achat.

La France rattrape l’Allemagne

Le France est devenue le premier pays collecteur de lait bio de l’UE en 2022, juste devant l’Allemagne où la production croît toujours modérément sur les sept premiers mois de l’année (+2,6% /2021) tandis qu’elle montre quelques signes d’essoufflement en Suède, au Danemark, en Autriche (respectivement -4,8% /2021, -3,4% et -0,7%).

Contrairement à la France, les prix du lait bio progressent depuis 2021 dans les principaux pays producteurs de l’UE. L’écart de prix entre la France et l’Allemagne est à plus de 100 €/t ces derniers mois. La baisse de consommation de produits laitiers bio en Allemagne a été un peu décalée par rapport à la France mais s’est accentuée ces derniers mois (-8% en juillet 2022 /2021, -11% en août 2022). De plus, l’inflation est très forte en Allemagne.

Lait de vache » Collecte laitière »

Possible sursaut de la production française

En septembre, la production laitière française a amorcé précocement sa hausse saisonnière et pourrait cet automne dépasser le bas niveau de l’an dernier. Ce sursaut encore fragile s’opère pourtant avec un troupeau laitier très restreint et une production fourragère réduite. Les indicateurs de marchés semblent redevenir incitatifs, même si le prix du lait a marqué le pas en août.

Reprise saisonnière encourageante de la production laitière

En septembre, la collecte a amorcé précocement sa hausse saisonnière, deux semaines plus tôt que d’ordinaire. Elle serait ainsi repassée au-dessus de son niveau de l’an dernier au cours de la seconde quinzaine de septembre d’après les enquêtes hebdomadaires de FranceAgriMer.

Cette reprise encore fragile met fin à près de 20 mois de reflux de la production amorcé fin 2020. Sur les neuf premiers mois de 2022, la collecte nationale a reculé de -0,9% d’une année sur l’autre d’après nos estimations.

Durant l’été, la collecte nationale a évolué en dents de scie : elle s’était stabilisée en juillet, puis avait rechuté en août (-2,4% /2021), avant de se rétablir en septembre pour pratiquement égaler son niveau de 2021 d’après les sondages hebdomadaires FranceAgriMer.

Ce sursaut encore fragile s’opère pourtant avec un troupeau laitier très restreint et une production fourragère réduite : la production herbagère a été insignifiante durant l’été dans la plupart des régions françaises ce qui a creusé le déficit cumulé estimé à -35% à l’échelle nationale au 20 septembre. De plus, la production de maïs fourrager a été dans l’ensemble très médiocre, inférieure de 15% à la moyenne quinquennale (2017-2021) selon FranceAgriMer.

Malgré une forte décapitalisation laitière

Au 1er septembre 2022, le cheptel laitier n’avait pas encore amorcé sa hausse saisonnière. Avec 3,41 millions de vaches laitières, il s’est légèrement contracté d’un mois sur l’autre pour se situer 2,2% sous son niveau de 2021 (-64 000 têtes). D’un côté, les entrées de génisses dans le troupeau national sont toujours faibles (en août -7% /2021 après -13% en juillet) et de l’autre les réformes laitières ont bondi : +10% /2021 en août. Ainsi le solde mensuel (entrées moins sorties) a été légèrement négatif alors qu’il redevient traditionnellement positif à cette période sous l’effet de l’afflux de primipares dans le troupeau.

La baisse du cheptel est toujours très prononcée en Nouvelle-Aquitaine (-7%) et en Occitanie (-6%), conséquente en Bretagne, en AURA et en Centre-Val de Loire (-3%), mais plutôt faible en Bourgogne Franche-Comté (-0,7%), dans le Grand Est (-1,2%), en Normandie (-1,4%), et modérée en Pays de la Loire (-2%). Seuls les Hauts de France enregistrent une quasi-stabilité des effectifs de vaches d’une année sur l’autre.

Des signaux des marchés plus encourageants

Parallèlement à une gestion drastique de leur troupeau, les éleveurs laitiers semblent cependant en mesure de répondre aux signaux des marchés devenus plus favorables. Ainsi la marge MILC est remontée à 127 €/1 000 l en août 2022, son plus haut depuis 5 ans (automne 2017). Certes sur un mois, elle s’est stabilisée. Mais sur un an, elle a progressé de +29 €/1 000 l. La hausse du prix du lait (+72 €) est presque intégralement gommée par celle des charges (+66 €), mais le bond des prix du coproduit viande (+23 €/1 000 l) permet à l’indice de dépasser nettement son niveau de 2021 à pareille époque.

En septembre la MILC s’est probablement améliorée, grâce à la reprise de l’appréciation du prix du lait de vache et à la stabilisation des prix des charges.

Stabilisation de l’IPAMPA durant l’été

D’un côté, le prix des charges s’est globalement stabilisé cet été. Un petit répit après 24 mois de hausse ininterrompue. Après avoir marqué le pas en juin, l’IPAMPA lait de vache s’est stabilisé deux mois de suite à l’indice 123,8 points en août. Rappelons qu’il a bondi de +20% en un an et de plus de 30% en l’espace de deux ans. Ce répit découle de deux évolutions contraires : d’un côté le fléchissement provisoire du prix de l’énergie et des lubrifiants, de -10% en deux mois, qui reste toutefois élevé (+36% /2021), parallèlement à une stabilisation du prix des aliments achetés. De l’autre le prix des engrais et amendements est remonté au niveau record du printemps (208) si bien qu’il a presque doublé en un an.

En août hausse momentanément stoppée du prix du lait

De l’autre, le prix du lait de vache poursuit sa lente appréciation, amorcée depuis le printemps 2021, même s’il a marqué le pas en août, à 447 €/1 000 l en août ( lait standard 38-32 toutes qualités). Ce tassement provient uniquement du prix du lait conventionnel, ramené à 433 €/1 000 l (-2 € d’un mois à l’autre, mais +78 € /2021). Le prix du lait bio a regagné presque 20 €/1 000 l en un mois et les laits AOP se sont pour le moins maintenus.

En septembre, le prix du lait standard se situerait entre 450 et 460 €/1 000 l, selon nos estimations basées sur l’observatoire des prix du lait de la revue l’Éleveur laitier. Et cet automne, il devrait reprendre son ascension grâce notamment à l’accord entre Lactalis et l’UNELL pour une hausse de 36 €/1 000 l entre le troisième et le quatrième trimestre.

Hausse retardée et limitée relativement aux autres pays membres de l’UE

Cet été, le prix du lait en France s’est encore éloigné du prix allemand, lequel a bondi de plus de 200 € en un an (+58% à 557/1 000 l en août 2022). En Irlande, il a même dépassé le seuil symbolique des 600 €/1 000 l en septembre.

Malgré le tassement du prix du lait valorisé en beurre/poudre maigre, les transformateurs allemands ont encore passé des hausses de tarifs dans la grande distribution. Ainsi en Allemagne, d’après l’agence ZMB, les prix à la consommation ont bondi en un an de +26% pour l’emmental à +51% pour le beurre.

En France, la hausse des prix au détail est bien moindre sur la même période. Selon l’INSEE, elle n’a été en août que de +9% /2021 pour les laits conditionnés, de +10% pour les yaourts, de +11% pour les fromages et +16% pour le beurre. Les transformateurs laitiers français doivent négocier pied à pied et à plusieurs reprises avec la grande distribution qui, dans un contexte de reprise de la guerre des prix, accepte des hausses tarifaires limitées de leurs fournisseurs. Les transformateurs laitiers se trouvent pris en tenaille entre d’un côté la logique de « marche avant » induite par les lois EGAlim et de l’autre la concurrence féroce des distributeurs sur les prix. Ainsi, ils arrivent difficilement à répercuter les hausses de leurs propres charges (énergie, emballages…) dans les tarifs obtenus de la GMS.

Ainsi, les prix sortie usine vendus aux GMS n’auraient progressé que de +13% /2021 d’un été à l’autre, tandis que ceux vendus à l’export auraient progressé de +26% et que les prix de vente sortie usine aux IAA (essentiellement des ingrédients) auraient bondi de +53%. Rappelons que seuls 42% du lait collecté en France est transformé en produits laitiers vendus aux ménages, massivement via les GMS.

 

Lait de vache » Marché des produits laitiers »

Des prix du beurre toujours élevés

La demande en matière grasse se maintient tant sur le marché intérieur des principaux exportateurs que sur le marché international, limitant toute velléité de baisse des cours. Cet automne les cours du beurre sont supérieurs à 7 000 €/t dans l’UE-27 et aux États-Unis et autour des 5 400 €/t au départ de l’Océanie. Les prix du beurre ont démarré leur ascension l’an passé avec l’annonce de baisse de production de lait chez les principaux pays exportateurs et notamment en Nouvelle-Zélande à l’heure du pic laitier.

En France, si les prix du beurre ont légèrement fléchi ces dernières semaines, ils demeurent toujours nettement supérieurs aux cours européens et mondiaux, à 7 230 €/t en semaine 40 selon la cotation ATLA.

Une demande internationale soutenue

Sans compter la Russie, les importations des onze principaux pays importateurs indiqués sur le graphe ci-dessous sont en hausse de +9% /2021, soit près de +30 000 t sur la période janvier-juillet.

La Chine, premier acheteur de beurre, est en retrait cette année. Néanmoins, ses importations de beurre ont bien moins reculé de janvier à juillet que celles des autres ingrédients laitiers (-5% /2021). Les difficultés logistiques dues aux confinements notamment de Shanghai ont pénalisé les mois de mars à juin. Toutefois, les importations de beurre chinoises ont fortement repris depuis, avec des volumes pour juillet et août supérieurs à 2021. En somme jusqu’à la fin août, elles ne sont plus inférieures que -2 000 t soit -2,2% /2021 grâce à une forte accélération des exportations de la Nouvelle-Zélande sur les mois d’été.

Le contexte géopolitique de la guerre entre l’Ukraine et la Russie devrait conduire à un ralentissement des importations russes de beurre. D’un côté la Nouvelle Zélande a stoppé depuis la guerre ses exportations de beurre, portées à près de 18 000 t de beurre en 2021. De l’autre, la Biélorussie, son premier fournisseur avec 75 000 t de beurre soit 60% des importations totales russes en 2021, n’est pas en mesure de fournir davantage. Si les chiffres ne sont pas connus pour le moment entre ces deux pays, tout porte à croire que les échanges se maintiennent.

Après une année 2021 pénalisée par le Brexit, les échanges s’accélèrent de nouveau entre le Royaume-Uni et l’UE-27. Les importations britanniques de beurre ont augmenté de +6% sur la période janvier-juillet, dont +10% depuis l’Irlande (+2 000 t à 21 000 t). Elles ont bondi de +71% en provenance de France sur des volumes plus faibles (+2 000 t à 4 300 t).

Les importateurs traditionnels que sont l’Égypte et l’Arabie Saoudite sont également présents aux achats principalement en provenance de Nouvelle-Zélande même si l’Inde fait également partie des exportateurs vers l’Arabie Saoudite pour près de 13% des volumes.

En Amérique du Nord, la demande est soutenue tant aux États-Unis qu’au Mexique ou encore au Canada (+20 000 t soit +33%) conduisant à des situations tendues sur le marché étatsunien.

De faibles disponibilités en beurre aux États-Unis conduisent à de fortes hausses des prix

La collecte laitière aux États-Unis reprend et est redevenue positive au mois d’août (+1,6% /2021). Cependant, en cumul sur janvier-août, elle est en repli de -0,3% /2021. Dans le même temps, les fabrications de fromages ont continué d’absorber toujours plus de lait (+1,9% /2021 de fabrications fromagères) au détriment de la poudre maigre et du beurre.

Les fabrications de beurre aux États-Unis sont toujours ralenties, en baisse de -2,2% /2021, soit -14 000 t sur la période janv-août. Dans le même temps, les exportations ont bondi de +49% soit +18 000 t notamment vers le Canada et le Mexique. Cette forte augmentation des échanges semble se poursuivre cet automne.

Malgré une consommation en retrait sur le début de l’année 2022 de près de -22 000 t sur janvier-août, les stocks continuent de reculer par rapport à l’an dernier.

Aux États-Unis, la consommation de beurre atteint un pic saisonnier entre octobre et novembre, moment où les consommateurs en achètent massivement en prévision de la cuisine festive de Thanksgiving et Noël entre autres. Cette augmentation de la demande conduit d’ailleurs à une baisse des stocks de beurre à cette période.

Néanmoins, les stocks déjà historiquement bas en 2022 et les moindres fabrications entrainent de la nervosité sur ce marché et provoquent des achats de panique qui génèrent des pénuries temporaires chez certains commerçants. Les prix du beurre sur les échéances proches du marché à terme de Chicago ont fortement augmenté ces dernières semaines jusqu’à atteindre des niveaux records à près de 7 100 €/t. Les prix des échéances plus éloignées sont bien moins élevés car cette demande saisonnière devrait se calmer progressivement avant de décrocher en décembre.

En Europe, la baisse des disponibilités du premier semestre tend à se résorber

L’Union européenne est un grand fabricant de beurre derrière l’Inde, avec environ 2 Mt produites chaque année. Les fabrications de beurre se stabilisent depuis le mois de mai, après avoir fortement reculé au 1er quadrimestre. Les volumes cumulés ont ainsi reculé de -2,1% /2021 sur janvier-juillet, soit -28 000 t. La chute des fabrications belges explique la majeure partie de ce repli (-12 000 t sur la même période). Les autres facteurs sont la moindre teneur en matière grasse du lait collecté dans l’UE et la forte demande en crèmes conditionnées. Ainsi de moindres fabrications en Allemagne, en Espagne et en Irlande complètent la baisse des disponibilités européennes.

Dans le même temps, les exportations ont été dynamiques (+3% /2021 soit +5 000 t sur janvier-juillet), notamment grâce à une reprise des échanges avec le Royaume-Uni (+46% ; +11 400 t) qui compense largement la moindre demande chinoise (-26% ; -3 300 t).

Mais si l’UE-27 profite de la bonne demande internationale, cela se traduit également par une hausse d’une année sur l’autre des importations de +8 000 t à 38 000 t. Les volumes supplémentaires proviennent pour une part du Royaume Uni (+14% ; +3 000 t) et pour une autre de Nouvelle-Zélande (x2, à 7 900 t).

Ainsi, la baisse des fabrications de beurre dans l’UE depuis le second semestre 2021 a creusé les disponibilités et entrainé une hausse des prix. L’amélioration des fabrications cet été et la hausse des importations ces mêmes mois améliorent les volumes disponibles pour la demande intérieure. Dans le même temps, les achats des ménages vacillent en Allemagne (-11% /2019 en volume sur 12 mois) et en France notamment (-8% sur 12 mois /2021). Aussi, si les exportations ne progressent pas dans les mois à venir, les prix du beurre pourraient se replier.

Accélération des exportations en Nouvelle-Zélande

En Océanie, les livraisons de lait demeurent fortement pénalisées par la météo ainsi que par le contexte de coûts de production élevés. En août, début du pic laitier, la collecte de lait de vache en Nouvelle-Zélande a décroché de -4,9% /2021 et celle en Australie de -6%.

En Nouvelle-Zélande, les exportations de beurre, en baisse au premier trimestre, se sont largement reprises depuis. En juillet et août, elles ont bondi de +45% /2021. Les achats de la Chine ont repris cet été et s’ajoutent à une forte demande du Mexique et de l’Égypte. Ce rebond des exports a certainement été permis par la baisse des prix du beurre depuis fin juin sur la plateforme d’enchère du Global Dairy Trade de -20%, soit -1 230 $/t à 4 983 $/t lors de la première enchère d’octobre 2022.