Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 301 Mai 2019

Viandes bovines

Veau en crise, gros bovins vers un allègement

Le marché du veau de boucherie est en crise : offre supplémentaire aux Pays-Bas, demande morose, sorties retardées et alourdissement des animaux, prix sous pression. Le secteur peine donc à absorber les veaux de 8 jours dont les prix restent très bas.

En broutard, la faiblesse de l’offre et le dynamisme du marché algérien permettent de maintenir les cours. Mais le cheptel allaitant est actuellement confronté à une forte baisse des naissances qui risque d’impacter les résultats économiques des éleveurs.

L’offre de viande de gros bovins est relativement restreinte en Europe. Si le 1er trimestre a été particulièrement chargé dans les îles britanniques en raison des anticipations d’abattages liées à l’entrée en vigueur du Brexit, finalement reporté, la situation semble à présent se calmer. En Allemagne, les prix des vaches poursuivent leur remontée alors que marché du JB reste lourd. En Italie, les prix des JB résistent à la baisse saisonnière, ce qui permet aux bonnes conformations en France de se maintenir également.

Viandes bovines » Jeunes bovins » France »

Poursuite de la baisse des cours pour les animaux moins conformés

Les abattages de JB restent contenus et devraient le rester dans les mois à venir, les effectifs de mâles de races à viande comme laitiers étant au plus bas. La baisse saisonnière des cours a été stoppée pour les conformations U, mais pas pour les conformations inférieures, le marché allemand restant encombré.

Abattages contenus et stocks au plus bas

Sur les 5 dernières semaines connues (14 à 18) englobant l’intégralité du mois d’avril et le début du mois de mai, les abattages de JB de race à viande ont très légèrement progressé, à nombre de jours ouvrés égal (+1% /2018). Les abattages de JB laitiers affichent quant à eux un recul marqué (-13% /2018).

Les stocks de mâles en ferme demeurent limités. Au 1er mai 2019, les effectifs de mâles de race à viande ou croisés recensés dans la BDNI sont en net recul dans la catégorie des 12 et 18 mois (-32 000 têtes ; -10% /2018) et des 18 et 24 mois (-14 000 têtes ; -7%). Même constat pour les JB laitiers dont les effectifs enregistrés sont toujours en retrait pour les 12-18 mois (-12 000 têtes ; -8%) comme les 18-24 mois (-9 000 têtes ; -6%).

Les sorties de mâles devraient rester limitées dans les mois à venir. Et les exportations de JB gras plus dynamiques que l’an passé, notamment vers le Maghreb, devraient également contribuer à réduire les abattages en France.

Des exportations de viande plus contenues en février

Après un départ « en trombe » en janvier 2019 sur les marchés de l’export, les expéditions de viande bovine réfrigérée et congelée ont été plus limitées en février (18 700 téc ; +2% /2018). Néanmoins, en cumul sur deux mois de 2019, les volumes exportés sont relativement élevés (36 500 téc ; +7% /2018). Si les envois vers l’Italie étaient en retrait (11 500 téc ; -5% / 2018), ceux à destination de l’Allemagne (7 700 téc ; +4%), mais surtout de la Grèce (7 900 téc ; +23% /2018) étaient en net progrès. Le JB français a bénéficié notamment d’une moindre concurrence sur le marché intérieur grec, qui reste cependant moins rémunérateur que le marché italien. En cumul depuis le début de l’année, le prix moyen de la viande bovine réfrigérée et congelée exporté depuis la France a reculé de 1% /2018 (à 4,23 €/kg éc).

Le repli des cours s’est accentué pour les animaux moins conformés

Les cotations ont évolué différemment selon la conformation des JB. Le cours du JB U s’est apprécié d’un centime entre les semaines 18 et 19 et affiche une stabilité sur les quatre dernières semaines. A 3,97 €/kg éc de carcasse en semaine 19, la cotation du JB U est supérieure à celle des deux années précédentes (+2% /2018 ; +1% /2017). Le cours du JB R a lui perdu 3 centimes sur les quatre dernières semaines, à 3,77 €/kg éc (+1% /2018 ; = /2017).

Les abattages limités de JB laitiers en France n’empêchent pas la baisse plus marquée du cours du JB O. Il a perdu 8 centimes en quatre semaines pour atteindre 3,30 €/kg éc (-1% /2018 ; = /2017) en semaine 19. La lourdeur du marché européen et notamment allemand, principale destination export pour le JB laitier français, participe à cette baisse de prix.

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

Demande toujours limitée, prix en berne

Si l’ampleur de la baisse saisonnière des cours est limitée en Italie où le marché semble équilibré, les cotations sont à la peine ailleurs comme en Pologne, en Espagne ou encore en Allemagne. La demande communautaire plutôt limitée participe à la lourdeur du marché.

ALLEMAGNE : la demande limitée fait pression sur les cours

En Allemagne, les fêtes de Pâques n’ont pas permis aux cotations de se redresser. L’offre en JB est pourtant en net recul. D’après les statistiques hebdomadaires d’AMI, ce sont plus de 10 000 JB en moins qui ont été abattus sur les quatre dernières semaines (15 à 18) par rapport à l’année précédente (-14%).

La demande pour ce type de viande est actuellement limitée. Elle pâtit des évolutions de consommation :

  • Des évolutions structurelles : les viandes hachées et transformées, plutôt constituées à base de viande de réformes, prennent des parts de marché historiquement dévolues au piécé issu de jeunes bovins.
  • Des évolutions conjoncturelles : la concurrence actuelle des viandes grillées de porc et de volaille joue actuellement à plein.

Ainsi, la cotation du JB R est inférieure de 24 centimes à celle de l’année dernière à pareille époque, à 3,53 €/kg de carcasse en semaine 18 (-6% /2018 ; -2% /2017), malgré quelques centimes regagnés sur les toutes dernières semaines. Le constat est le même pour les JB U et O qui cotent respectivement 3,59 €/kg éc (-6% /2018 ; -3% /2017) et 3,34 €/kg éc (-6% /2018 ; -1% /2017).

En dépit des faibles quantités de JB abattus, la demande atone pourrait encore peser sur les prix dans les semaines à venir d’après les experts d’AMI. D’autant plus qu’il existerait encore des stocks conséquents de JB dans les frigos des abattoirs. Une météo plus clémente et l’arrivée de la saison des barbecues sont attendues par les opérateurs pour relancer la consommation de jeune bovin.

ITALIE : l’activité réduite sur le marché joue sur les prix

En Italie, les cours sont stables depuis plusieurs semaines, ce qui leur a permis de repasser au-dessus de leurs niveaux des années précédentes. Le JB charolais de 700-750 kg cotait 2,56 €/kg vif début mai à Modène (+6% /2018 ; +6% /2017). Même constat pour la cotation du JB limousin de 600-650 kg, stable depuis 6 semaines, à 2,76 €/kg en semaine 18 (+1% /2018 ; +4% /2017).

Ainsi, la baisse saisonnière est pour le moment moins importante que les années précédentes. L’offre toujours modérée fait face à une demande des abatteurs plutôt limitée. Le marché est relativement atone. D’après la BDNI italienne, les effectifs de mâles de 1 à 2 ans présents en élevage sont contraints : fin avril 2019, la base de données enregistrait un recul des effectifs de plus de 35 000 têtes (-7% /2018).

En janvier 2019, les importations italiennes de viande bovine réfrigérée et congelée ont  progressé (+5% /2018 à 37 900 téc), notamment au profit des envois depuis les Pays-Bas (+10% à 5 100 téc), l’Espagne (+22% à 2 000 téc) ou la Pologne (+6% à 6 300 téc). Mais avec des indicateurs de consommation plutôt encourageants , le marché italien semble plutôt équilibré.

POLOGNE : la demande en viande polonaise toujours limitée

La production de JB en Pologne n’a pas fini de payer le scandale sanitaire lié à la commercialisation de vaches malades. Après un redressement partiel des cours des JB polonais intervenu en février dernier, ceux-ci n’ont cessé de reculer. La cotation du JB R a ainsi perdu 2 centimes sur les 5 dernières semaines pour s’établir à 3,05 €/kg éc en semaine 18 (-11% /2018 et -7% /2017). Celle du JB O a perdu 7 centimes et atteint 2,96 €/kg éc (-12% /2018 et -7% /2017).

La diminution des cours affecte aussi bien les quartiers arrières de JB polonais (-9% /2018 début mai) que les avants (-6%) d’après le Ministère de l’Agriculture polonais.

En effet, suite au scandale sanitaire du début d’année, la demande européenne en viande bovine polonaise s’est nettement contractée. D’après Eurostat, seulement 61 000 mâles ont été abattus en février dernier (-21% /2018), soit une baisse de 4% de l’effectif cumulé sur 2 mois,

Les mâles restant à écouler, qui ne bénéficient plus du débouché turc depuis la fin de 2018, devraient peser sur les marchés dans les mois à venir.

ESPAGNE : la poursuite des abattages pèse sur les cours

En Espagne, les abattages de JB ont nettement progressé depuis l’automne 2018, en lien avec l’effondrement du débouché turc pour les bovins vivants. Les données publiées par Eurostat indiquent une reprise des abattages de taurillons de 7% en février par rapport à l’année précédente, à 129 000 têtes.

Ces abattages supplémentaires pèsent depuis la fin de l’année dernière sur le marché domestique espagnol comme sur le marché communautaire du jeune bovin. Ainsi, la cotation du JB R espagnol peine à retrouver les niveaux exceptionnels atteints entre le 2nd semestre 2017 et le 1er semestre 2018. À 3,69 €/kg de carcasse début mai (-5% /2018), la cotation a perdu 9 centimes en un mois.

Irlande : progression de la production du JB

En Irlande, le Brexit continue de susciter de vives inquiétudes au sein de la filière bovine, même si la date de sortie a été repoussée de 6 mois. Début mai, un millier d’éleveurs adhérents à l’IFA (Irish Farmers Association) manifestaient à Cork contre les impacts déjà effectifs du Brexit.

Si ces inquiétudes sont partagées par l’industrie, l’anticipation du Brexit semble avoir des effets sur le type d’animaux produits. D’après les statistiques hebdomadaires de Bord Bia, les abattages de JB progressent pendant que ceux de bœufs diminuent. Depuis le début de l’année (semaine 1 à 18), les abattages de JB dans les abattoirs agréés pour l’export ont augmenté de plus de 15 000 têtes (+19% /2018) quand ceux de bœufs ont reculé de près de 2 000 têtes (-1%). La production irlandaise de mâles semble se réorienter vers l’Europe continentale plus consommatrice de JB au détriment du bœuf, destiné prioritairement au Royaume-Uni.

La cotation du JB R irlandais s’est appréciée de 19 centimes entre les semaines 14 et 18 (+6%), mais elle reste cependant nettement inférieure à celles des années précédentes (3,52 €/kg éc, soit -12% /2018 et -10% /2017).

Viandes bovines » Femelles » France »

La décapitalisation se pousuit

Malgré la baisse des abattages de vaches, la décapitalisation se poursuit. Par ailleurs, la forte baisse des naissances enregistrées dans le cheptel allaitant n’est pas de bon augure pour les éleveurs.

Décapitalisation et baisse de productivité du cheptel allaitant

Le nombre de vaches allaitantes continue de reculer au même rythme que les mois précédents (-1,7% /2018 au 1er avril). En effet, le recul des entrées dans le cheptel fait plus que compenser la baisse des réformes.

Effectif de vaches allaitantes en France

À ce repli du cheptel reproducteur s’ajoute une chute de la productivité numérique qui conduit à un effondrement des naissances de veaux de mères allaitantes au 1er trimestre 2019. Celles-ci sont tombées à 1,15 million de têtes sur les 3 premiers mois de l’année (-73 000 /2018 ou -6%). Cette baisse de productivité s’explique sans doute par la sécheresse de l’an dernier, mais également par la FCO qui aurait diminué la fertilité des taureaux et provoqué des avortements et des naissances de veaux non viables.

Le cheptel laitier poursuit quant à lui son érosion de façon quasi-constante (-0,7% /2018 au 1er avril).

Abattages toujours en baisse

D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev, les abattages de vaches continuent de reculer par rapport aux niveaux élevés de l’an dernier (-3% /2018 pour les vaches laitières sur les 4 semaines finissant le 12 mai et -5% pour les vaches de type viande).

Compte tenu des évolutions du cheptel et de la forte baisse du nombre de génisses prêtes à entrer dans le troupeau, tant en races laitières (-6% /2018 pour les génisses de plus de 18 mois) qu’en races allaitantes (-3%), les réformes devraient rester contenues dans les prochains mois.

Les prix se redressent sans pour autant retrouver leur niveau de 2017

Après une année noire en 2018, due à l’afflux de réformes en France et en Europe qui avait fait s’écrouler les prix, les cours se redressent mais restent inférieurs à ceux de 2017. Début mai, la vache U cotait 4,47 €/kg de carcasse (+2% /2018 mais -1% /2017), la vache R 3,85 €/kg (+3% /2018 ; -1% /2017) et la vache O 3,25 €/kg (= /2018 ; -1% /2017).

Cotations des vaches en France

Plus de viande importée au premier trimestre

Les importations françaises de viande bovine réfrigérée et congelée ont totalisé 79 000 tonnes équivalent carcasse au premier trimestre (+3% /2018 et +9% /2017). Avec 21 000 téc (+3% /2018), les Pays-Bas poursuivent leur percée, mais la hausse concerne essentiellement la viande de veau (voir l’article sur le veau de boucherie‎). L’Irlande passe devant l’Allemagne en tant que deuxième fournisseur, à 14 000 téc (+19% /2018). Les abattages massifs en Irlande en préparation du Brexit ont fortement accru les disponibilités tout en faisant pression sur les prix (voir l’article sur les femelles en Europe). L’Allemagne a en revanche diminué ses envois (-9% à 13 000 téc) en raison de disponibilités très limitées en viande de vache. La Pologne (-18% à 7 000 téc) accuse le coup du scandale de la viande issue de vaches malades. L’Italie et l’Espagne en profitent pour revenir sur le marché français. La peur des conséquences du Brexit a également poussé les Britanniques à anticiper les abattages au premier trimestre et à expédier plus de viande vers le reste de l’Europe, portant à 3 000 téc les volumes importés en France (+12% /2018).

Importations françaises de viande bovine 1er trimestre 2019

Consommation par bilan intermédiaire entre 2017 et 2018

D’après nos estimations, les disponibilités consommables en France au 1er trimestre auraient totalisé 387 000 tonnes équivalent carcasse, soit un niveau intermédiaire entre ceux des 2 années précédentes (-1,7% /2018 et +1,6% /2017).

Le panel d’achat des ménages Kantar montre l’impact de l’encadrement des promotions en GMS depuis le 1er janvier 2019. En janvier, mois où le porc était traditionnellement mis en avant, les achats de porc ont baissé de 4%, permettant à ceux de bœuf de progresser de 2%. A l’inverse en février, mois où les promos étaient traditionnellement plus axées sur le bœuf, les achats de bœuf ont chuté de près de 8% alors que le porc ne baissait que de 2%.

 

Viandes bovines » Femelles » Europe »

Vers une offre limitée

Après un premier trimestre chargé dans les îles britanniques, les abattages semblent se calmer à l’image de la situation qui prévaut dans les autres pays européens depuis le début de l’année. Les prix remontent partout, sauf en Pologne, où le secteur reste convalescent après le scandale de fin janvier.

 

Cotation-VacheO-EtatsMembres-Mai2019

IRLANDE : fin de l’afflux de viande et remontée des cours

En Irlande, les abattages de bovins ont été particulièrement dynamiques au 1er trimestre (+8% /2018) en raison d’un cheptel étoffé et d’une anticipation de la fermeture du marché britannique en cas de Brexit dur, Brexit  finalement été reporté au plus tard le 31 octobre 2019. Le marché a donc été particulièrement lourd, d’autant plus que les opérateurs britanniques ont eux aussi anticipé des abattages par peur de ne pouvoir exporter sur l’Europe continentale à partir d’avril (les abattages de bovins étaient en hausse de 1% /2018 au 1er trimestre, alors que le cheptel était en baisse de 1% en décembre 2018).

Ceci a fait plonger les prix. Toutefois, depuis la mi-avril, les effectifs abattus en Irlande sont repassés sous leur niveau de 2018 (-2% sur les 4 dernières semaines connues), ce qui a permis aux cours de rebondir. Les prix à la production restent toutefois très inférieurs à ceux des 2 années précédentes. La cotation de la vache O a beau avoir regagné 17 centimes en 4 semaines, elle n’atteignait que 2,87 €/kg de carcasse fin avril (-16% /2018). Celle de la génisse R, à 3,86 €/kg, affichait toujours un recul de 7% par rapport à l’an dernier.

Par ailleurs, les manifestations d’éleveurs semblent avoir porté leurs fruits puisqu’un fond de 100 millions d’euros (50 millions de la Commission européenne et 50 millions de l’État irlandais) aurait été débloqué le 15 mai afin de compenser ces effets indirects du Brexit avant l’heure (voir l’article en anglais sur Agriland.ie).

Abattages hebdomadaires de bovins en Irlande

ALLEMAGNE : offre en baisse et prix du porc dopent les cours des vaches

En Allemagne, le ralentissement des réformes se confirme. Sur les 5 semaines finissant le 5 mai, les abattages de vaches étaient en retrait de 6% par rapport à 2018, Soit -5% sur les 18 premières semaines de l’année.

Les prix se sont donc bien redressés depuis le début de l’année et la remontée s’est même accélérée en avril. La cotation allemande de la vache O a gagné 19 centimes en 4 semaines pour remonter à 3,05 €/kg de carcasse début mai, un niveau intermédiaire entre celui des deux années précédentes (-2% /2018 ; +4% /2017). La forte hausse des cours du porc, qui a progressé de 5% en 4 semaines, a sans doute contribué également au redressement des cours des vaches, les deux viandes étant fréquemment mélangées dans les produits transformés, leurs proportions pouvant varier.

PAYS-BAS : retour à la normale

Les abattages de gros bovins aux Pays-Bas ont retrouvé des niveaux normaux, après 2 ans d’abattages massifs imposés par la mise aux normes environnementales concernant les émissions de phosphates. Ainsi les abattages de gros bovins ont été en forte baisse sur les 16 premières semaines de l’année (-21% /2018 et -42% /2017) pour retrouver un niveau proche de celui de l’année 2016.

Abattages hebdomadaires de gros bovins aux Pays-Bas

POLOGNE : marché convalescent

En Pologne, les prix des vaches ne remontent pas, contrairement aux dynamiques à l’œuvre dans les autres pays. L’image de la viande polonaise a été mise à mal fin janvier par le scandale de la viande commercialisée issue de vaches malades. D’une part, les opérateurs doivent miser de nouveau sur le critère prix pour exporter. D’autre part, le retard pris dans les abattages en février, lorsque la demande était au point mort, pèse sur le marché.

La cotation de la vache O a encore perdu 1 centime sur les 4 dernières semaines pour tomber à 2,63 €/kg de carcasse début mai (-11% /2018 et -4% /2017).

Cotation vache O Pologne

Viandes bovines » Maigre »

L’offre limitée et la reprise des importations algériennes maintiennent les cours

Au premier trimestre, les cours des broutards ont été stables. La demande italienne s’est maintenue, mais s’oriente toujours vers davantage de femelles. La reprise de la demande algérienne a contrebalancé le ralentissement des achats espagnols. L’offre française continue de se réduire.

Cours stables

Sur le premier trimestre, les cours des gros bovins maigres étaient stables ou en légère hausse. A 2,58 €/kg vif en semaine 19, la cotation des Charolais U de 450 kg, plutôt destinés au marché italien, a démarré sa hausse saisonnière, soit 4 cts de plus qu’en 2018 (+2%). La demande algérienne tire les cours des mâles aubracs U de 350 kg, à 2,66 € /kg éc (+11 cts /2018, soit +4%).

Du côté des femelles, les cotations des Limousines de 270 kg vif E et U ont aussi été stables, à 2,76 € /kg éc en semaine 19, se situant à un niveau intermédiaire entre 2017 et 2018, -1% /2018 et +3% /2017.

Offre limitée

En mars, la baisse des naissances de mère allaitante s’est amplifiée. Celles-ci n’ont totalisé que 465 000 têtes, soit un déficit de 38 500 têtes par rapport à l’an passé (-7,5% /2018). Les naissances se sont élevées à 1 151 000 têtes au 1ertrimestre (-6% /2018 et -8% /2017).

La décapitalisation du cheptel allaitant en cours depuis 2017 (lien article femelles) n’explique pas toute la baisse. Il semble que les fourrages limités ou de piètre qualité ainsi que la recrudescence des cas de FCO de type 8 dans les bassins charolais et limousin aient impacté la fertilité des femelles en 2018 et provoqué de nombreuses naissances de veaux non viables.

Les stocks de broutards de 0 à 6 mois au 1eravril ont ainsi chuté à 981 000 têtes, soit de -3% /2018 et de -7,5% /2017. Les 594 000 mâles de 6 à 12 mois sont quant à eux plus nombreux qu’à leur bas niveau de 2018 (+6%), mais moins que deux ans auparavant (+3% /2017).

Exportations en légère hausse grâce au marché algérien dynamique

Cette offre limitée rencontre une demande plutôt ferme. Au 1er trimestre, les envois de bovins maigres ont progressé de 1% /2018. L’Italie a importé la majeure partie des 299 000 animaux expédiés depuis janvier, soit autant qu’en 2018 mais avec toujours plus de femelles (+5%) et moins  de mâles (-1,5%). L’Espagne a quant à elle notablement réduit ses achats de broutards français, depuis que la Turquie a cessé ses importations de vifs finis à partir de l’été dernier.

Les envois de broutards vers l’Algérie ont en revanche plus que doublé en mars par rapport à 2018 avec 7 800 têtes, et progressé de 36% /2018 sur 3 mois. D’une part, les autorités algériennes ont levé les contraintes à l’importation à la mi-février, provoquant un report des envois. Elles avaient fermé les frontières aux bovins vifs au 2nd semestre 2018 pour maîtriser la fièvre aphteuse et ouvert leur marché de façon limitée en décembre. D’autre part, les opérateurs algériens ont accru leurs importations en prévision de la consommation de viande importante durant le ramadan qui a lieu en mai cette année.

Malgré des mises à l’engraissement peu dynamiques en France, l’offre limitée et les envois de broutards en légère hausse ont permis de stabiliser le marché des gros bovins maigres. Cependant, si les moindres envois vers l’Espagne ont été contrebalancés par la reprise de la demande algérienne, celle-ci demeure instable et l’équilibre actuel du marché du broutard demeure incertain.

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Les indicateurs au rouge

Depuis février les cotations des veaux de boucherie ne cessent de plonger, la faute à une consommation en berne et à une offre importante en France et en Europe. La période estivale approchant, la situation devrait rester difficile pour les intégrateurs pendant plusieurs mois.

Effondrement des cours

La cotation du veau rosé clair O a démarré 2019 à un bas niveau et connait de surcroit une baisse saisonnière précoce, brutale et longue. Depuis la semaine 7, elle s’est effondrée de 70 centimes par kg pour s’établir en semaine 19 à 5,12 €/kg éc, soit -10% /2018. Le constat est le même pour le veau rosé clair R, dont la cotation s’établit à 5,60 €/kg éc, soit -10% par rapport à un niveau déjà très bas en 2018.

Cotation hebdomadaire du veau rosé clair O élevé en atelier

Consommation en berne

La chute des cotations reflète l’encombrement du marché lié à une consommation en berne depuis le début de l’année. Selon certains opérateurs, les ventes de viande de veau ont fortement chuté en GMS à partir de février. Le panel Kantar confirme ce constat, en février 2019 les achats de viande de veau par les ménages auraient chuté de 16% /2018. Cette chute de la demande peut être attribuée à une météo estivale en mars et avril, mais aussi à l’encadrement des promotions imposé par la loi EGAlim. Les ventes de veau sont très dépendantes des actions de mises en avant en GMS, que la mise en œuvre de la loi semble avoir perturbées. Le marché est en outre lourd ailleurs en Europe, notamment aux Pays-Bas.

Alourdissement contraint des veaux

Sur les 4 premiers mois de 2019, les abattages de veaux engraissés en France et corrigés des variations journalière (CVJA) ont reculé de 3,5% /2018, à 414 mille têtes. Les abatteurs sont contraints de retarder les sorties provoquant un net alourdissement des veaux abattus : sur janvier-avril leur poids moyen atteint 144 kg éc soit +1% /2018, le mois d’avril représentant un record absolu à 148 kg éc. Ainsi, la production CVJA de viande de veaux engraissés en France a atteint 59 800 téc sur janvier-avril soit -2% /2018 et -1,5% /2017. L’alourdissement des carcasses grève en partie les efforts de maîtrise de l’offre réalisés par les intégrateurs et complique le retour à l’équilibre du marché.

Poids carcasse des veaux gras abattus en France

Les importations de veaux en rythme de croisière

Depuis fin 2017, un flux de veaux finis importé de Belgique s’est développé. Après une forte croissance courant 2018, il semble désormais stabilisé. Sur les 4 premiers mois de 2019, les importations de veaux finis ont été multipliées par 2, à 19 800 têtes. Cet afflux vient compenser le recul des veaux engraissés et abattus en France, même si, selon les opérateurs, la majorité des viandes issues des veaux importés est réexportée. Ainsi sur les 4 premiers mois de 2019, les effectifs totaux de veaux de boucherie abattus en France ont reculé de 1% par rapport à 2018 à 434 000 têtes et progressé 1% en volume à 63 000 téc.

Pays-Bas : La production continue de progresser

L’année 2018 a été marquée par une forte hausse des abattages aux Pays-Bas. Selon les données nationales (CBS : Bureau Central de Statistique), les abattages de veaux ont bondi de +8% /2017 en têtes (chiffre corrigé : le niveau d’abattage néerlandais annoncé le mois dernier correspondait à une erreur dans les chiffres diffusés par Eurostat). Ce rebond des abattages a deux origines : d’une part le développement de la production néerlandaise, et d’autre part le net repli des exportations de vifs  finis ( 77 000 veaux en 2018 contre 126 000 têtes en 2017), principalement vers la Belgique et l’Allemagne. Ainsi la production intérieure brute ( Abattages + exports vif fini) a progressé en 2018 de +4% /2017. La poursuite de cette croissance début 2019, qui intervient dans un contexte de demande morose, met sous pression les marchés. La cotation du veau pie-noir néerlandais est très dégradée depuis novembre 2018. En semaine 19, elle atteint 4,40 €/kg soit -4% /2018 et -5% /2017. Aux Pays-Bas comme en France le poids moyen des carcasses bat un nouveau record , à 154 kg éc en février 2019,t soit +3,5% /2018.

cotation du veau de boucherie pie-noir neerlandais

A quand le redressement ?

Les marchés des veaux de boucherie semblent durablement dégradés. L’approche des promotions du veau de Pentecôte pourrait aider à stabiliser les cours à leur mauvais niveau actuel, mais l’importance des retards d’abattages laisse présager une production de viande en hausse dans les semaines à venir. La situation ne devrait pas se rétablir avant l’automne, sous l’effet de mises en place ralenties depuis avril.

Viandes bovines » Veaux nourrissons »

Cours plombés par le veau de boucherie

Le creux des vêlages laitiers au 1er semestre tire habituellement vers le haut les cotations des veaux nourrissons. Ce n’est pas le cas en 2019, les prix stagnent en raison d’une demande très faible en France et modérée en Espagne.

Repli structurel des naissances

Le 1er trimestre 2019 a vu un repli des naissances laitières de 1,5% /2018 à 741 000 têtes. Ce repli s’inscrit dans une tendance de long terme, en lien avec le recul des effectifs de vaches laitières. Néanmoins et comme depuis plusieurs années, on note une progression des naissances de veaux croisés au détriment des veaux laitiers de race pure. Au 1er trimestre 2019, les naissances de veaux laitiers de race pure ont reculé de -3% /2018 à 531 000 têtes alors que les veaux croisés de races laitières ont progressé de +4,5% /2018 à 54 500 têtes traduisant la popularité croissante des vaches laitières croisées.

Les naissances de veaux croisés lait x viande ont également progressé sur janvier-mars 2019, mais leur développement impressionnant ces dernières années semble désormais plafonner. Les naissances du 1er trimestre sont, avec 156 000 têtes, en hausse de 1% seulement par rapport à 2018, contre +3% /2017, +19% /2016 et +25% /2015. Ces naissances de veaux de mères laitières destinés à l’engraissement représentent 21% des naissances au 1ertrimestre 2019 contre 17% en 2015.

Naissance de veaux de mère laitière

Des cotations atones

En semaine 19, la cotation du veau nourrisson de type lait de 45-50 kg atteignait 85€ par tête soit une progression de 10 € en 2 semaines, mais elles sont toujours en repli de 57 € /2018 et 31 € /2017. Le commerce des petits veaux pâtit de la situation du marché des veaux de boucherie malgré une offre modérée. Les cours dégradés des veaux finis n’encouragent pas la mise à l’engraissement et les retards de sorties limitent les places disponibles. Le léger rebond de la cotation observé depuis 2 semaines peut s’expliquer par le début des mises en place de veaux pour une sortie en octobre, mais un redressement significatif des cours est peu probable.

Cotation du veau nourrisson

Le marché espagnol reste calme

Au 1er trimestre 2019, la France a exporté 69 500 veaux de mères laitières de moins de 2 mois, soit +0,5% par rapport au niveau très élevé de 2018 et +25% /2017. Ce flux s’explique par le repli des mises en place de veaux gras en France qui libère des veaux pour l’export. Faute de demande de la part des intégrateurs, l’export est souvent le seul débouché possible pour les veaux laitiers.

L’écrasante majorité des veaux français est expédiée en Espagne pour alimenter la filière de production de JB jeunes. Euphorique début 2018, le marché espagnol est aujourd’hui moins demandeur de veaux faute d’accès au marché turc (voir article JB en Europe). Ce relatif manque de dynamisme en Espagne explique la stagnation des effectifs exportés malgré des disponibilités en hausse en France.