Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 302 Juin 2019

Viandes bovines

Dynamiques contrastées…

Les dynamiques des marchés bovins viande demeurent contrastées. Le maigre continue de profiter du manque d’offre. En femelles finies, malgré des abattages globalement modestes, les tendances divergent à travers l’UE. De même le marché du JB est contrasté selon les pays et les types raciaux. Enfin, la production de veaux (gras comme nourrissons) reste dans la difficulté.

A noter que la Pologne continue de souffrir du dernier scandale qui a entaché son industrie : les marchés y sont globalement déprimés.
En France, l’offre limitée en broutards soutient les cours. Il en est de même pour le jeune bovin. Ce n’est plus le cas pour les femelles où la progression des prix observée depuis plusieurs semaines a fléchi début juin. Les marchés des veaux sont toujours en berne.

Viandes bovines » Jeunes bovins » France »

Le marché s’allège

La baisse des sorties de jeunes bovins en France permet au marché de s’alléger. Les cours restent supérieurs à ceux des années précédentes.

Les cours ont bien résisté à la baisse saisonnière

Grâce à une offre restreinte et au bon maintien des prix en Italie, les cours des JB français ont assez bien résisté à la baisse saisonnière. Le JB U n’a perdu que 2 centimes au cours du mois de mai pour se stabiliser à 3,95 €/kg de carcasse début juin. Le JB R est resté stable à 3,77 €/kg. Tous deux restent au-dessus des niveaux des années précédentes (+2% /2018 ; +1% /2017). Le JB O a un peu plus de mal à se maintenir, à 3,28 €/kg début juin (-1% /2018 et =/ 2017). Il pâtit sans doute de la lourdeur du marché allemand (voir l’article JB en Europe).

Cotations des jeunes bovins en France

Abattages contenus et stocks au plus bas

Sur les 5 dernières semaines connues (n° 19 à 23), les abattages de JB de type viande étaient en baisse de 6% par rapport à 2018 et ceux de JB de race laitière en baisse de 5%. Ceci est dû à la baisse des effectifs de mâles dans les exploitations françaises. Au 1ermai, la BDNI enregistrait des baisses prononcées dans les effectifs de mâles de 1 à 2 ans, que ce soit en race laitière (-28 000 ou -10%) ou en race à viande (41 000 ou -7%).

Par ailleurs, la baisse de l’âge à l’abattage (-4 jours en JB laitiers et -5 jours en race à viande d’un an sur l’autre) témoigne de l’allègement du marché.

Effectifs de bovins mâles en BDNI

Contre-performance des exportations de viande bovine en mars

Les exportations de viande bovine ont plongé en mars (-17% à 18 000 téc), en raison notamment de la forte baisse des abattages de JB en France mais aussi du différentiel de prix entre le France et l’Allemagne. Sur le premier trimestre, les volumes expédiés ont totalisé 58 000 téc (-2% /2018 et = /2017), dont 48 000 téc de viande réfrigérée. L’Italie (-10% à 17 000 téc) et l’Allemagne (-7% à 11 000 téc) ont significativement réduit leurs achats. A l’inverse, la Grèce les a augmentés (+8% à 11 000). Les expéditions vers la Belgique ont fortement progressé, mais elles sont en partie liées au rachat d’un abattoir français par un groupe belge et à des échanges transfrontaliers de vif et de viande.

Exportations françaises de viande bovine

 

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

Des signes de lourdeur

Entre une demande allemande atone et des volumes supplémentaires en Espagne et en Irlande, le marché européen du jeune bovin est plutôt lourd. Les prix polonais continuent de subir les effets du scandale de fin janvier. Après s’être bien maintenus en Italie, les cours ont repris leur baisse saisonnière début juin.

ITALIE : reprise de la baisse saisonnière des cours à l’approche de l’été

En Italie, la baisse saisonnière des cours a marqué le pas en avril et mai avant de redémarrer début juin, les grossistes et distributeurs anticipant la fin de l’année scolaire. Les cours restent à des niveaux supérieurs à ceux des années précédentes. Le JB charolais de 700-750 kg à Modène cotait 2,53 €/kg vif début juin (+4% /2018 ; +5% /2017) et le JB limousin 2,76 €/kg (+1% /2018 ; +4% /2017).

Cotation JB Charolais Modene

L’offre modérée en Italie et les sorties de JB en net recul en France ont permis jusque-là de maintenir les prix des animaux les mieux conformés. Par ailleurs, le maintien de la consommation semble entretenir l’optimisme des opérateurs. Sur les 2 premiers mois de l’année, les achats des ménages de viande bovine ont progressé de 2% par rapport à 2018 d’après le panel Nielsen.

Enfin, le scandale ayant éclaté en Pologne fin janvier a conduit à une baisse des achats de viande polonaise (-8% /2018 en février),  qui a contribué à alléger le marché italien.

POLOGNE : Les scandales sanitaires provoquent d’importants retards d’abattages

Le scandale sanitaire de la viande polonaise issue de vaches malades, qui a éclaté fin janvier, a provoqué une chute brutale de la demande européenne pour la viande polonaise. En conséquence, les abattages de taurillons ont fortement chuté en février en Pologne (-21% /2018), sans pour autant se redresser par la suite (-12% en mars et -2% en avril). Le recul d’abattages cumulés sur ces 3 mois atteint -29 000 têtes, alors même que la production était attendue en hausse puisque l’enquête cheptel de décembre enregistrait un bond de 6% des effectifs de mâles de 1 à 2 ans (ou + 54 000 têtes).

Abattages de taurillons en Pologne

Le retard d’abattage est donc loin d’être résorbé et les prix à la production ne cessent de dégringoler. La cotation du JB O polonais est tombée à 2,88 €/ kg de carcasse début juin (-13% /2018 ; -8% /2017).

Cotation du JB O en Pologne

Sur le mois de février, soit juste après le scandale, les exportations polonaises de viande bovine réfrigérée ont chuté de 24% /2018, à 19 200 téc, dont 5 700 téc vers l’Italie (-8%), 3 200 téc vers l’Allemagne (-9%), 1 600 téc vers l’Espagne (-32%) et 1 300 téc vers les autres pays de l’Est (-42%).

ALLEMAGNE : demande atone, prix sous pression

En Allemagne, la demande n’est pas au rendez-vous et ce depuis le début de l’année. Ainsi, alors que l’offre est modérée (sur les 8 dernières semaines finissant fin mai, les abattages de taurillons étaient stables par rapport à 2018 et en retrait de 6% par rapport à 2017), le marché manque de fluidité. Des stocks se sont accumulés dans les frigos des transformateurs, mais également dans les ateliers d’engraissement où les sorties ont pris du retard.

Les prix sont donc sous pression et la baisse saisonnière est particulièrement prononcée. Sur le mois de mai, les cotations ont perdu 14 centimes pour tomber 9% sous leur niveau de 2018 fin mai, à 3,45 €/kg pour le JB U, 3,39 €/kg pour le JB R et 3,21 €/kg pour le JB O.

Cotation du JB R en Allemagne

ESPAGNE : la hausse des abattages fait pression sur les prix

En Espagne, la dépréciation de la livre turque et l’arrêt des ventes de bovins finis à la Turquie ont provoqué une forte hausse des abattages nationaux à partir de l’automne. Après avoir progressé de 8% au dernier trimestre 2018, les abattages de taurillons et de bovins de 8-12 mois ont progressé de 5% au 1er trimestre 2019, à 408 000 têtes.

Abattages de jeunes bovins en Espagne

La production abattue supplémentaire (+6 000 téc sur les 2 premiers mois de l’année) a été intégralement exportée sous forme de viande réfrigérée ou congelée (+6 000 téc expédiées en janvier-février ou +24% /2018), ce qui alourdit encore un peu le marché européen du jeune bovin. La cotation du JB R espagnol est ainsi sous pression, à 3,73 €/kg de carcasse fin mai (-5% /2018).

IRLANDE : Forte hausse de production, prix dégradés

En Irlande, la production de taurillons est en hausse. La perspective du Brexit a en effet encouragé de nombre producteurs à diminuer la production de bœufs, principalement destinée au marché britannique, au profit de celle de taurillons, destinée aux marchés d’Europe du Sud. Ainsi, sur les 22 premières semaines de l’année, les abattages de taurillons ont bondi de 19%.

Abattages de taurillons en Irlande

Par ailleurs, de nombreux animaux, toutes catégories confondues, sont sortis de façon anticipée au 1er trimestre, la peur du Brexit, qui devait initialement avoir lieu le 29 mars, ayant poussé les opérateurs à abattre les animaux pour que la viande puisse être exportée avant cette date. Ceci a conduit à un surplus d’offre important qui a exercé une forte pression sur les prix des bovins irlandais. Les cours remontent depuis fin avril, mais restent à de bas niveaux par rapport aux années précédentes : 3,74 €/kg pour le JB R (-8% /2018) et 3,53 €/kg pour le JB O (-9%).

Viandes bovines » Femelles » France »

Abattages en retrait et hausse des importations

La progression des prix observée depuis plusieurs semaines a fléchi début juin, notamment pour les animaux les plus conformés. Cette évolution pourrait être passagère alors que l’offre demeure limitée. La consommation de viande bovine résiste en avril après avoir reculé au 1er trimestre. Sur cette dernière période, les importations ont globalement progressé.

Les cotations marquent le pas début juin

Alors que la timide progression des cours était quasiment continue depuis le début de l’année, les cours des vaches ont marqué le pas début juin (semaine 23), notamment pour les meilleures conformations.

La cotation de la vache U a perdu 10 centimes en quatre semaines (-2%) quand celle de la vache R est restée stable. A respectivement 4,37 €/kg de carcasse (+2% /2018 ; -4% /2017) et 3,85 €/kg (+3% /2018 et -1% /2017) en semaine 23, les cotations se situent à des niveaux intermédiaires entre les deux années précédentes.

Les cours des vaches P et O poursuivent leurs remontées timides malgré le ralentissement observé. Sur les quatre dernières semaines et dans un marché où les disponibilités sont plus faibles, la cotation de la vache P a repris 4 centimes (+1% /2018). A 2,94 €/kg de carcasse en semaine 23, elle reste inférieure aux niveaux des deux années précédentes (-1%/ 2018 et -2% /2017). La vache O s’est appréciée de 3 centimes (+1%) sur la même période (+1%/ 2018 et -1% /2017).

Cette inflexion dans les courbes pourrait être passagère : elle semble liée aux fortes chaleurs de la fin mai qui ont pu limiter la consommation. En effet, les abattages restent en retrait.

Les abattages de femelles toujours en retrait

D’après les données hebdomadaires de Normabev, les effectifs de vaches abattues sont à nouveau en retrait sur les 5 dernières semaines connues englobant le mois de mai (semaines 18 à 22). Sur la période qui compte pourtant un jour ouvré de plus qu’en 2018, la baisse des abattages a atteint près de 2 000 vaches allaitantes (-3% /2018) et 500 vaches laitières (-1% /2018). Les abattages anticipés au second semestre 2018 et la contraction générale du cheptel allaitant limitent les abattages.

La consommation par bilan recule au 1er trimestre, après une bonne année 2018

Sur le 1er trimestre 2019 et malgré un bon mois de mars (+1% /2018), la consommation française de viande bovine calculée par bilan par le SSP a reculé en comparaison d’un bon 1er trimestre 2018 (-1% /2018 à 390 000 téc.

Les importations ont nettement progressé sur le 1er trimestre

En parallèle, alors que les exportations ont reculé sur le premier trimestre, les importations de viande bovine sont reparties à la hausse (+5% /2018 et +11% /2017 en volume, à 87 000 téc). A noter que parmi les principaux fournisseurs de la France, seuls les envois depuis l’Allemagne (-7% /2018) et la Pologne (-18% /2018) sont en net replis. Les importations depuis l’Allemagne souffre d’un manque de disponibilités post-sécheresse quand celles depuis la Pologne ont clairement subi les effets du scandale de fraude à la vache malade de janvier dernier. A noter la progression des importations depuis l’Irlande (+17% /2018), où la production a été très élevée au 1er trimestre en anticipation du Brexit et où les opérateurs tentent de diversifier leur clientèle.

Viandes bovines » Femelles » Europe »

Dynamiques contrastées à travers l’Europe

Les évolutions des marchés des vaches en Europe sont contrastées alors que les abattages demeurent globalement modestes. L’Irlande voit ses cours continuer de progresser quand ils flanchent en Allemagne et au Royaume-Uni face à une plus faible demande de la transformation. Le marché polonais reste toujours à part : il peine à se relever des effets des divers scandales sanitaires.

 

POLOGNE : le marché continue de souffrir des effets du scandale de fraude

En Pologne, le marché des réformes est toujours très perturbé par le scandale de fraude à la vache malade dévoilé en janvier dernier. D’après les données du Ministère de l’agriculture polonais, les abattages de vaches ont continué de refluer en avril (-7% /2018), pour le troisième mois consécutif. En cumul depuis le début de l’année, ce sont près de 25 000 vaches en moins qui ont été abattues (-11% /2018).

La fraude de janvier dernier s’est traduite par une demande européenne plus faible en viande polonaise : les abattoirs ont notamment limité les tueries face au repli de la demande de la transformation. Sur les deux premiers mois de 2019, les exportations polonaises ont chuté à 67 000 téc (-7% /2018 et -2% /2017), avec un mois de février en berne (-14% /2018). La baisse concerne la quasi-totalité des destinations.

Les prix peinent donc à progresser. En mai, la cotation de la vache O est restée stable à 2,63 €/kg de carcasse. Soit un niveau nettement inférieur aux cotations des deux années précédentes (-11% /2018 ; -5% /2017). Les prix pratiqués en Pologne sont désormais inférieurs à ceux pratiqués chez ses principaux concurrents. Le récent scandale de faux steaks hachés distribués à des associations humanitaires n’aidera pas les prix polonais à se relever.

IRLANDE : progression des prix et hausse mesurée des abattages

En Irlande, les abattages de vaches avaient atteint un niveau record sur l’année 2018 et au début de 2019. Alors que la situation semblait redevenue normale courant mars-avril, les tueries sont reparties à la hausse. D’après l’indicateur hebdomadaire publié par Bord Bia, le nombre de vaches envoyées à l’abattoir sur les quatre dernières semaines s’établit à un niveau intermédiaire entre les effectifs deux dernières années (+13% /2018 et -9% /2017).

L’afflux de réformes dans les abattoirs irlandais à partir du second semestre 2018 avait plombé les cours. Le renversement de tendance de mars-avril a eu l’effet inverse. Ainsi, la cotation de la vache O atteignait 3,07 €/kg éc en semaine 22, soit 20 centimes de plus en quatre semaines (+7%) et 37 centimes de plus qu’en début d’année (+14%). Ce niveau reste néanmoins nettement inférieur à celui des deux années précédentes (-12% /2018 et -9% /2017). La hausse est moins marquée pour le cours de la vache R qui atteint 3,24 €/kg fin mai (-18% /2018 ; -22% /2017).

Dans les prochains mois, le marché de la femelle en Irlande pourrait être perturbé par la mise en œuvre d’une aide cofinancée visant à compenser les effets du Brexit sur l’élevage allaitant, jugé particulièrement sensible par le gouvernement irlandais. Bruxelles souhaite conditionner sa participation à l’enveloppe de 100 millions d’euros (50% fonds irlandais, 50% fonds européen) à la réduction du cheptel allaitant. Déjà impactée par les conversions de la viande vers le lait, une telle mesure pourrait entraîner un afflux de réformes allaitantes dans les abattoirs au second semestre 2019. L’Irlande a désormais jusqu’au 31 juillet 2019 pour notifier la proposition de mesure qu’elle compte prendre ainsi que ses modalités.

ALLEMAGNE : baisse des prix passagère ?

En Allemagne, d’après les données hebdomadaires d’AMI, un peu plus de 83 000 vaches ont été abattues sur les 5 semaines de mai (18 à 22), soit un niveau désormais intermédiaire entre les deux années précédentes (+5% /2018 ; -2% /2017). Les abattages de génisses demeurent plutôt élevés (+10% /2018 ; +7% /2017). Néanmoins, les effectifs de femelles abattues demeurent globalement faibles et le marché semble désormais plus équilibré.

Après une hausse quasi-continue depuis le début de l’année soutenue par la demande du secteur de la transformation, les prix sont à la baisse début juin face à la faible demande. D’après l’agence AMI, le cours de la vache O est repassé sous la barre symbolique des 3 €. A 2,99 €/kg en semaine 22, il s’est déprécié de 5 centimes en un mois (soit -7% /2018 et -2% /2017), passant ainsi sous le cours irlandais. A l’arrivée des beaux jours, l’offre peu abondante devrait rencontrer une demande moins ferme.

ROYAUME-UNI : marché atone face à une faible demande

Au Royaume-Uni, les abattages de vaches sont globalement en retrait depuis le début de l’année. Sur les quatre premiers mois, moins de 212 000 vaches ont été abattues (-4% /2018).

De la fin 2018 à la mi-mai 2019, les cotations avaient logiquement augmenté face aux plus faibles disponibilités et une demande plutôt ferme. Depuis, les cours de vaches sont en repli. En semaine 22, la cotation de la vache O britannique s’établissait à 2,98 €/kg de carcasse, soit 9 centimes de moins en quatre semaine (-11% /2018 et -6% /2017). Le marché semble désormais atone : il est actuellement pénalisé par une faible demande des transformateurs qui privilégient l’utilisation de stocks existants en abattoirs pour leurs productions industrielles.

Viandes bovines » Maigre »

Marché ferme grâce à une offre limitée

Les cours des broutards français se maintiennent à un bon niveau en raison d’une offre limitée et d’une demande stable. Les exportations de femelles continuent de progresser alors que les envois de mâles sont stables. Le recul des naissances se poursuit en lien avec l’érosion du cheptel.

Progression saisonnière des cotations

Après un 1er semestre globalement tendu, les cotations des broutards français connaissent une hausse saisonnière habituelle et se maintiennent à des niveaux similaires à 2018. En semaine 22, le mâle charolais U de 450 kg, type Italie, cotait 2,69 €/kg vif (+3% /2018) et le mâle charolais U de 350 kg, type France, 2,84 €/kg vif (= /2018). Constat similaire en race limousine, le mâle de 300 kg cotait 3,18 €/kg vif, soit 8% de mieux qu’en 2018.

Cotation du mâle charolais de 450 kg

Les cotations des femelles se maintiennent également à un niveau stable et plutôt élevé. En semaine 22, la Charolaise U de 270 kg atteignait 2,68 €/kg vif, soit +3% /2018, +6% /2017 et +13% /2016. Sur la même semaine, la Charolaise U de 400 kg a atteint 2,53 €/kg vif, soit +5% /2018, +6% /2017 et +15% /2016. La cotation de la Limousine E de 270 kg est inchangée depuis janvier. A 2,79 €/kg vif, elle est en léger recul sur 2018 : -1% mais en progrès de +2% par rapport à 2017 et 2016.

Des disponibilités toujours limitées

Les effectifs de mâles de race allaitante de 6 à 12 mois sont en hausse par rapport au très faible niveau de 2018, mais en repli par rapport à 2017 et 2016. Les faibles effectifs du 1er semestre 2018 découlaient de l’effondrement des naissances de fin 2017. Au 1er mai 2019, la BDNI dénombrait 510 000 mâles de race à viande de 6 à 12 mois, soit +7% /2018 mais -3% /2017.

Dans la droite ligne du repli des naissances observé depuis janvier, les effectifs de mâles de race allaitante de 0 à 6 mois sont en net repli à 1,020 million de têtes (-4% /2018, -7% /2017 et -9% /2016) Ce phénomène est présent dans toutes les grandes races, mais il est particulièrement marqué pour la race charolaise. Au 1er mai 2019, la BDNI dénombrait 416 000 broutards charolais, soit -5,5% /2018, -9,5% /2017 et -13,5% /2016.

Le repli des naissances se poursuit

Le bilan de la campagne de naissances 2018-2019 montre un repli significatif des naissances de veaux de mère allaitante. Il est difficile de comparer l’évolution des naissances avec la campagne 2017-2018, singulièrement perturbée par une infertilité d’origine sanitaire. La comparaison avec 2016-2017 est plus explicite : depuis juillet 2018, les naissances de veaux allaitants sont systématiquement inférieures à 2016-2017. Sur juillet 2018-avril 2019, les naissances de veaux allaitants ont atteint 3,191 million de têtes, soit un repli de 7% d’une campagne à l’autre.

Ce recul des naissances est avant tout explicable par le repli du cheptel de mères, qui devrait se poursuivre dans les mois à venir.

Export dynamique grâce aux femelles et à l’Algérie

Sur les 4 premiers mois de 2019 la France a exporté 404 000 bovins allaitants de 4 à 16 mois, soit +2,5% / 2018. Cette progression s’explique par la croissance continue des exportations de femelles égales à 151 000 têtes sur 4 mois (+7% /2018, +6,5% /2017 et +16% /2016). Les envois de mâles sont quant à eux stationnaires à 253 000 têtes sur la même période. La demande italienne reste stable alors que la demande espagnole est pénalisée depuis l’été dernier par la crise du marché turc.

Exportations de bovins maigres sur 4 mois

Dans les pays tiers, les situations de marchés sont contrastées. Les opportunités sont à saisir dans les pays du Maghreb. L’Algérie en premier lieu a acheté 22 000 broutards français sur janvier-avril (+22% /2018). Le marché algérien permet de soutenir les cours des broutards lourds et en particulier des races rustiques. Entre janvier et avril, 2 300 animaux ont également été expédiés vers  la Tunisie (1 500 en 2018) et 1 100 vers le Maroc (500 en 2018). Des flux réguliers pourraient se maintenir dans les prochains mois, notamment vers l’Algérie, si les problématique sanitaires (FCO en France et la fièvre aphteuse en Algérie) restent maîtrisées.

Au Moyen-Orient l’export reste difficile. Toujours empêtrée dans une crise monétaire, la Turquie avait annoncé la fermeture de son marché au 1er janvier 2019. Elle continue pourtant d’importer des broutards principalement sud-américains, mais à un rythme ralenti par rapport à 2018. Sur les 4 premiers mois de l’année 2019, la Turquie a acheté 192 000 broutards contre 399 000 l’an passé. Il est difficile d’envisager une reprise des exportations françaises sur ce marché à court terme. Le marché israélien a reçu lui environ 3 000 animaux français entre décembre 2018 et février 2019, mais au vu des exigences sanitaires et tarifaires des importateurs il est peu probable que des flux importants aient lieu en 2019.

Concernant la FCO, selon les opérateurs, les PCR positives sont assez rares ces derniers mois du fait de la moindre activité des vecteurs durant l’hiver. Les cas de FCO devraient toutefois se multiplier à nouveau dans les prochaines semaines, les culicoïdes ayant été réactivés par la belle saison. Ceci compliquera la tâche des exportateurs, les pays tiers exigent pour la plupart des animaux vaccinés et testés négativement contre les sérotypes 4 et 8 de la FCO.

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Vers un été difficile

Malgré une demande pour la viande de veau en berne depuis de nombreux mois, les volumes produits progressent en 2019, pesant sur les cours des veaux gras en France et en Europe. L’été s’annonce difficile et les retards actuels de sorties limitent les mises en place. Ces retards pourraient toutefois limiter la production à l’automne et faciliter la sortie de crise.

Des cours au plus bas

En France, la cotation du veau rosé clair O élevé en atelier a poursuivi moins vite sa baisse saisonnière, tombant à 5,08 €/kg de carcasse en semaine 22 (-10% /2018 ; -7% /2017). Le veau rosé clair R pâtit en plus de l’afflux des animaux croisés lait-viande depuis quelques années et son cours s’établit à 5,57 €/kéc, soit 10% sous son niveau déjà très bas de 2018 (-9% /2017).

Un marché toujours lourd

Depuis janvier, la demande poursuit son érosion avec 22 200 tonnes de viande de veau achetées par les ménages français d’après le panel Kantar*, soit -6,6% /2018 (*ce panel basé sur un échantillon de 12 000 ménages français permet de suivre les comportements d’achat pour le domicile mais pas l’ensemble des volumes consommés). Seule la consommation à la Pentecôte semble avoir été stable par rapport à 2018,

Malgré la consommation déprimée des ménages, la production abattue s’est accrue en volume en 2019, pesant d’autant plus sur les cours des veaux gras. De janvier à avril 2019, elle a atteint 63 000 téc, soit +1% /2018. L’encombrement du marché cet hiver a poussé les intégrateurs à retarder les sorties des veaux de 1 à 3 semaines. En conséquence, l’alourdissement des carcasses a plus que compensé le léger recul des effectifs abattus (-1% /2018) et le poids moyen des veaux a encore battu des records à 148,7 kg/tête en avril, soit près de 4 kg de plus qu’en 2018. Quant aux veaux gras importés pour abattage, leur part semble s’être stabilisée autour de 4,5% depuis juin 2018.

Dans l’attente des données consolidées, il semble que les abattages poursuivent les mêmes tendances en mai avec un alourdissement marqué des carcasses et une hausse des volumes abattus.

Encombrement du marché communautaire

Aux Pays-Bas, la production abattue a progressé modérément sur janvier-février 2019, avec 349 000 veaux abattus (+1% /2018) aux carcasses 2% plus lourdes en moyenne. La hausse repose essentiellement sur la nouvelle baisse des exportations de veaux finis ramenées à 7 900 veaux (-6,5% /2018), soit une chute de 58% par rapport à 2017 et 2016.

Faute de débouché suffisant la cotation du veau de boucherie pie-noir néerlandais a encore chuté, à 4,15 €/kéc en semaine 22 (-8% /2018).

Au total, la production européenne de veaux gras a progressé de +1% sur janvier-février 2019 face à une demande européenne probablement baissière.

Vers un ajustement de l’offre française ?

Ces deux derniers mois, les intégrateurs français ont été contraints de limiter les mises en place du fait des retards de sortie des veaux. De plus, la consommation très limitée de viande de veau à l’automne dernier n’encourage pas à remplir les ateliers alors même que les petits veaux se font moins nombreux. Malgré les difficultés actuelles, et l’été qui s’annonce compliqué, les acteurs de la filière espèrent un rééquilibrage du marché à partir de novembre, à condition que la consommation se rétablisse après la période estivale.

Viandes bovines » Veaux nourrissons »

Cours bas malgré le creux des naissances

Les difficultés de la filière veau de boucherie se sont répercutées sur le marché du petit veau. Le recul des naissances, la demande ferme à l’export et la reprise des mises en place provoquent un sursaut des cotations. Elles restent toutefois à des niveaux historiquement bas à l’approche de leur baisse saisonnière.

Naissances en baisse

Sur les quatre premiers mois de l’année, les naissances de veaux de mère laitière ont reculé de 3% par rapport à 2018 pour un total de 955 400 têtes. Sur les 10 premiers mois de la campagne 2018-2019, ces naissances ne sont en repli que de 1% /2017-2018 (-2%/ 2016/2017) pour un total de 2 986 500 têtes. Début 2018, elles avaient été relativement élevées suite au retard de naissances constaté lors de l’automne de la campagne précédente.

De juillet 2018 à avril 2019, les naissances de veaux laitiers ont diminué de 2% par rapport à la campagne précédente pour tomber à 2 426 100 têtes. Parmi ceux-là, les Croisés laitiers ont progressé de 5% au détriment des Laitiers purs et ont atteint 204 000 têtes, soit 8,5% des naissances laitières.

Quant aux Croisés lait-viande, les effectifs progressent plus modestement (+2% par rapport à 2017-2018), après le boom des naissances des années précédentes (+10,5% /2016-2017 et +27% /2015-2016).

Sursaut des cotations

Malgré la lourdeur du marché du veau de boucherie, l’offre réduite de petits veaux a permis aux cours de connaitre un léger sursaut, suite à une absence de hausse saisonnière. La cotation du veau mâle type lait de 45-50 kg a pris 17 € en trois semaines, mais reste à un niveau historiquement basse à 96 €/tête en semaine 23 (-35% /2018 et -23% /2017). La reprise des mises en place, mais aussi la demande espagnole ont réveillé les cours sans toutefois les amener à leurs niveaux habituels.

L’export de veaux compense les faibles mises en place d’avril

D’après les données SPIE- BDNI, 21 200 veaux français de mère laitière de moins de 2 mois ont été exportés en avril, soit 40% de plus qu’en 2018. Les mises en place à l’engraissement alors ralenties par les retards de sorties expliquent le sursaut l’export.

Sur les quatre premiers mois de l’année, les envois ont progressé de 7,5% /2018 (soit +33% /2017), totalisant 90 600 têtes. D’après les douanes françaises, la demande espagnole, qui représente une part écrasante des expéditions, a été ferme (+5% /2018), tandis que les importations italiennes de petits veaux français ont atteint 5 800 têtes, contre 4 200 sur la même période l’an passé.

Si les naissances poursuivent leur chute en juin, la reprise des mises en place et la demande ferme à l’export devraient maintenir les cours.