Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 322 Novembre 2020 Mise en ligne le 17/11/2020

Viandes bovines

Premiers effets des reconfinements en Europe

En Europe, les prix des bovins sont de nouveau bousculés par la crise sanitaire et les nouvelles restrictions imposées. Une exception tout de même en France, où les cotations des femelles conformées restent très supérieures à celles des campagnes précédentes grâce à une demande pour la viande VBF en hausse.

Autre point positif, la plus grande fluidité du marché du veau de boucherie en octobre a soutenu les prix et devrait permettre de limiter les effets du reconfinement. Cependant, les prix des JB et des broutards français restent au plancher. Et le constat est le même pour les veaux nourrissons.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Statu quo sur les prix

Au début du reconfinement, les cotations des femelles conformées restent très supérieures à celles des campagnes précédentes, tandis que celles des JB restent au plancher. Comme mi-mars, les mesures de restrictions drastiques affectant la RHD ont profité à la vente au détail : les ventes de viandes hachées en GMS se sont à nouveau envolées.

Stabilité des cours des vaches les mieux conformées, les moins conformées ont résisté

Lors de la 1ère vague de Covid-19, les cours des femelles les mieux conformées ont bénéficié d’un report partiel de consommation depuis la RHD vers la boucherie et la GMS qui privilégient la viande française, répondant ainsi à la demande d’une majorité de consommateurs. En effet, d’après plusieurs études sur l’évolution de la consommation, l’origine du produit alimentaire est en ces temps de crise un des principaux marqueurs de confiance et de qualité, malgré les contraintes croissantes sur le pouvoir d’achat. Les cotations des femelles restent ainsi relativement stables depuis de nombreuses semaines. L’entrée en vigueur du reconfinement en semaine 44 devrait consolider les prix des femelles. Ainsi, en semaine 45, la cotation de la vache U atteignait 4,54 €/kg éc (+4% /2019 et +2% /2018) et celle de la vache R 4,00 €/kg éc (+7% /2019 et +7% /2018).

Profitant de cette dynamique, les cours des vaches les moins conformées n’ont pas, jusqu’ici, connu de réelle baisse saisonnière pourtant habituelle à cette période. Ceux-ci restent supérieurs aux années précédentes. En semaine 45, la vache P cotait 2,84 €/kg éc (+11% /2019 et +6% /2018) et la vache O 3,09 €/kg éc (+3% /2019 et +1% /2018). Ces cours sont néanmoins orientés à la baisse (-3 centimes pour la vache O et -5 centimes pour la vache P en quatre semaines) en lien avec la saisonnalité des sorties de vaches laitières, mais peut-être aussi avec la 2nde vague de Covid-19 qui affecte le marché européen.

Les cours des JB piétinent

Les cours des JB restent au plancher, sous la pression du nombre de JB à sortir en France et d’un marché européen poussif (voir article prix Europe). Le JB cotait 3,77 €/kg de carcasse en semaine 45 (-5% /2019 et -2% /2018), le JB R 3,60 €/kg (-5% /2019 et -3% /2018) et le JB O 3,17 €/kg (-2% /2019 et -3% /2018).

Relative stabilité des abattages de vaches, mais hausse des sorties de JB

D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev, les abattages de gros bovins ont été en très légère hausse entre les semaines 41 et 45 (incluant les mesures de couvre-feu partiel puis la 1ère semaine complète de reconfinement) : en têtes (+1% /2019) comme en tonnes (+2% /2019). Sur cette période, les abattages de vaches de type laitier sont restés stables en têtes comme en tonnage. Les abattages de vaches de type viande sont stables en têtes mais progressent légèrement en tonnage (+1% /2019).

Sur les cinq semaines 41 à 45, les abattages de JB de type viande ont progressé de +2% en têtes et de +4% en tonnage par rapport à 2019. Ceux de JB de type lait étaient en hausse de +14% en têtes et de +16% en tonnage. Les retards de sorties initiés au printemps se ressentent toujours actuellement, mais l’écart d’âge à l’abattage avec 2019 se réduit. Les JB viande abattus sont plus âgés de 7 jours / 2019, contre +11 jours début octobre.

D’après le suivi hebdomadaire des sorties réelles et attendues de JB viande, qui s’appuie sur le modèle de prévision Modemo, le sur-stock de JB était estimé à 12 700 têtes à la fin de la semaine 45.

Les échanges ont repris en septembre

Alors que les échanges français de viande bovine étaient encore en retrait en août suite aux effets de la pandémie de Covid-19, ils se sont nettement redressés en septembre. Les importations françaises de viande bovine ont ainsi approché les 30 000 téc (+11% /2019) quand les exportations ont atteint 20 300 téc (+9%).

Côté importations, trois origines sont particulièrement performantes :

  • La Pologne, avec 3 300 téc exportées vers la France (+33% /2019).
  • L’Irlande, avec 5 200 téc expédiées (+56% /2019). Si ce volume reste élevé, le mois de septembre 2019 avait alors été marqué par une grève des approvisionnements des abattoirs par les éleveurs,
  • La Belgique, avec 5 800 téc envoyé (x2 /2019).

Côté exportations, les envois ont été dynamiques vers l’Allemagne (+18% /2019 à 4 300 téc) et l’Italie (+8% à 5 800 téc). Seuls les envois vers la Grèce sont restés limités (-14% /2019 à 3 300 téc).

En cumul sur les trois quarts de l’année, les échanges sont cependant restés inférieurs aux années précédentes, affectés notamment par les mesures restrictives appliquées entre mars et mai. Les importations de viande bovine ont ainsi plafonné à 211 000 téc, plus bas total sur les trois premiers trimestres depuis 2003 (-15% /2019 et -13% /2018). Les exportations ont mieux résisté sur la période, à 162 000 téc (-3% /2019 et -10% /2018), mais c’est tout de même le plus bas total depuis 2001.

En septembre, d’après nos estimations, le disponible consommable est resté stable (= /2019) après trois mois de hausses successives. Le retard accumulé lors du confinement n’a cependant été que partiellement comblé. En cumul sur les 3 premiers trimestres, la consommation calculée par bilan atteignait 1 128 000 téc, soit 30 000 téc de moins que sur les 9 premiers mois de 2019 (-3%).

La baisse du disponible consommable pendant le confinement a été principalement liée à la chute des importations. En effet, sur les 9 premiers mois de l’année, la demande française de viande bovine (veau inclus) adressée à la production indigène a, elle, progressé en bilan d’un peu plus de 1%.

En septembre 2020, la part des imports dans les disponibilités totales était revenue à 23% d’après nos estimations, une part similaire à celle d’avant le premier confinement. Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur interprétée !

Du côté des ventes au détail, les nouvelles mesures de restriction imposées par le Gouvernement semblent avoir eu initialement des effets similaires sur les achats des ménages à ceux du 1er confinement. IRi a enregistré en semaine 44 une très forte hausse des ventes des rayons alimentaires en grande surface : +21% sur les PGC alimentaires et + 10% pour les rayons traditionnels, dont +13% pour le rayon boucherie. Ces performances n’ont cependant pas été confirmées en semaine 45.

En attendant, les achats de viandes hachées par les ménages ont également atteint des niveaux proches du 1er confinement d’après Nielsen en semaines 44 et 45. Lors de ces deux premières semaines de « reconfinement » et de fermeture d’une large part de la RHD, les ventes au détail de viande bovine hachée fraîche (+22% /2019 en valeur), mais surtout de viande hachée surgelée (+42%) ont explosé à des niveaux proches de ceux atteints sur l’ensemble du 1er confinement (semaines 12 à 19).

Viandes bovines » Gros bovins » Europe »

Les prix européens ploient sous la 2ème vague

Les prix des bovins en Europe sont de nouveau bousculés par la crise sanitaire et les restrictions imposées un peu partout en UE à la restauration. En Allemagne, les capacités d’abattage sont réduites en raison de nouveaux clusters dans les abattoirs. Dans les pays fortement exportateurs (Irlande et Pologne), les prix sont sous la pression des incertitudes sur les débouchés en RHD européenne. En Italie, la valorisation des pièces à griller pose à nouveau problème.

ALLEMAGNE : Prix des vaches en chute libre

En Allemagne, la pénurie de main d’œuvre dans les abattoirs liée à la pandémie de Covid-19 diminue à nouveau les capacités d’abattage et fait chuter les prix des vaches de réforme. L’abattoir d’Ulm dans le sud du pays, qui a recensé au moins 65 cas positifs, a été fermé pendant 2 semaines et n’a rouvert que le 6 novembre. Ceci a provoqué des délais d’attente importants pour les vaches, d’autant plus en cette saison de rentrée en étables. Les abattages de vaches en Allemagne sur les semaines 41 à 44 ont ainsi reculé de -4% par rapport au niveau bas de 2019. Ceux de JB se sont maintenus (+2% /2019), les outils ayant privilégié ces bovins mieux valorisés. Résultat, les cotations des vaches de réforme sont en chute libre. Si les capacités d’abattage sont plutôt préservées pour les JB, les débouchés restent peu dynamiques. Un nouvel effondrement de la demande de la RHD est déjà perceptible depuis l’annonce le 28 octobre de la fermeture des bars et des restaurants durant tout le mois de novembre. Les affaires pourraient –peut-être – reprendre début décembre en prévision des fêtes (Saint Nicolas, Noël).

IRLANDE : le reconfinement met la pression

En Irlande, un reconfinement pour 6 semaines partir du 21 octobre a été décidé. Le Royaume-Uni a suivi avec l’annonce d’un confinement du 5 novembre au 2 décembre. La fermeture des restaurants sur l’ensemble des îles britanniques (sauf pour les plats à emporter), mais aussi dans beaucoup de pays continentaux comme la France, met de nouveau les cours des vaches irlandaises sous pression car une grande partie de la viande de réformes irlandaise est destinée à l’industrie du fast-food.

La cotation de la vache O a perdu 10 centimes en 3 semaines à 2,86 €/kg (+10%/ 2019 et -3% /2018). Les prix des génisses et des bœufs restent plus ou moins stables, mais les éleveurs irlandais déplorent l’écart grandissant avec les prix britanniques. Le bœuf R est à 3,60 €/kg en Irlande contre 4,12 €/kg au Royaume-Uni, la génisse R à 3,65 €/kg contre 4,12 €/kg sur le marché britannique.

ROYAUME-UNI : une consommation dynamique

Au Royaume-Uni, les achats des ménages ont été très dynamiques pendant l’été et jusqu’à début octobre. Sur les 12 semaines finissant le 4 octobre, ils ont bondi de +11% en valeur et de +6% en volume /2019. Le report de la RHD vers la consommation à domicile, la météo clémente pour les barbecues et le plus grand nombre de Britanniques ayant fait le choix de ne pas voyager ou étant rentrés précipitamment mi-août à l’annonce de la mise en place d’une quatorzaine ont dopé les ventes. Les steaks de toute sorte et les burgers ont été mis à l’honneur.

AHDB a par ailleurs estimé l’évolution des volumes de viande bovine valorisés en restauration hors domicile depuis le début de l’année. La baisse d’un an sur l’autre s’élève à près de 28 000 tonnes sur 9 mois, la baisse de la consommation sur place ayant été compensée partiellement par la vente de plats à emporter. Sur les 12 semaines finissant le 4 octobre la baisse globale n’était que de 4 000 tonnes, alors que les achats des ménages étaient en hausse de plus de 7 500 tonnes.

L’action du gouvernement britannique pour stimuler la restauration en août a semble-t-il porté ses fruits. Le programme « Eat Out to Help Out Scheme » offrait une réduction de 50% sur la nourriture ou les boissons non alcoolisées dans les restaurants (jusqu’à un maximum de 10 £ de réduction par dîner).

Le reconfinement, mais aussi l’approche des fêtes de Noël, devraient continuer à stimuler les achats des ménages, en priorité issus de bovins britanniques. Les prix des bœufs et génisses pourraient ainsi poursuivre leur hausse.

ITALIE : les cours stagnent à Modène

En Italie, pour lutter contre la pandémie de Covid-19, les restaurants doivent fermer leurs portes à 18h depuis le 26 octobre. Les restaurants sont même complètement fermés depuis le 6 novembre – sauf pour la vente à emporter – dans les zones rouges (Piémont, Lombardie, Val d’Aoste et Calabre) et orangées (Sicile et Pouilles). La valorisation des pièces nobles se pose donc de nouveau, alors que la saison des barbecues chez les particuliers s’achève. Les distributeurs lancent des promos sur les filets, les côtes et autres pièces à griller pour écouler des volumes, mais au détriment de la valeur, d’autant plus que les viandes européennes restent très présentes et rajoutent de la pression sur les prix.

Les cotations des jeunes bovins à Modène, qui avaient entamé une hausse saisonnière poussive en fin d’été, stagnent de nouveau depuis 2 semaines. Le Charolais de 700-750 kg cotait 2,52 €/kg vif début novembre (-5% /2019 et -2% /2018) et le Limousin de 600-650 kg 2,75 €/kg (-3% /2019 et -1% /2018). Le marché semble plus fluide pour les femelles, dont les prix avoisinent ceux des années précédentes.

D’après le panel Ismea-Nielsen, sur les 4 semaines finissant le 4 octobre, les achats de viande bovine par les ménages italiens étaient en hausse de +4% /2019 en volume et de +7% en valeur. Ceci ne permettait toutefois pas de compenser les volumes perdus en restauration, qui ont de plus fortement diminué du fait de l’absence de touristes pendant l’été.

POLOGNE : les reconfinements en Europe font chuter les cours

La Pologne est très dépendante de l’exportation pour la valorisation de sa viande bovine : 85% des volumes produits sont exportés, principalement à destination de la RHD européenne. Les reconfinements et fermetures de restaurants mis en place depuis la fin octobre dans de nombreux États membres font donc de nouveau chuter les cours. La cotation de la vache O a perdu 10 centimes en 3 semaines pour tomber à 2,40 €/kg de carcasse fin octobre (-5% /2019 et -14% /2018). Les avants de vache en particulier ont plongé à 1,81 €/kg d’après les prix diffusés par le Ministère de l’Agriculture polonais (-14% /2019 et -20% /2018). La cotation du JB O a perdu 8 centimes en 3 semaines à 2,85 €/kg (-1% /2019 et -11% /2018). Celle de la génisse R, destinée principalement au marché italien, a chuté de 11 centimes à 2,94 €/kg (-7% /2019 et -10% /2018).

ESPAGNE : les prix restent bas

En Espagne, les restrictions sur la restauration, différentes selon les communautés autonomes mais souvent draconiennes, mettent à mal le secteur, mais aussi toutes les filières agroalimentaires espagnoles. En effet, près de la moitié des dépenses alimentaires des Espagnols se font hors domicile, contre 30% en France. La RHD est un débouché très important en particulier pour la viande bovine. Le report de consommation n’est pas total, loin s’en faut, et la viande espagnole a du mal à se placer. Les prix restent donc très bas !

Fin octobre, le JB R cotait 3,38 €/kg (-2% /2019 et -8% /2018) et la vache O 2,34 €/kg (-9% /2019 et -5% /2018).

Ces bas prix permettent à l’Espagne d’expédier davantage de carcasses sur le marché italien. L’Espagne exporte aussi encore des JB finis vers la Libye et l’Arabie-Saoudite, et des broutards vers la Turquie mais sans retrouver le niveau d’activité précédant le confinement.

Viandes bovines » Gros bovins » Europe »

Les rattrapages du commerce extérieur et de la consommation sont restés très partiels durant l’été

La consommation de viande bovine calculée par bilan de l’UE à 27 a été affectée par la 1ère vague de Covid-19 qui a touché l’ensemble des États membres. Au cœur de l’été, les flux sont restés nettement plus bas qu’à l’accoutumée. Le marché était resté convalescent avant la 2ème vague.

Les échanges de l’UE 27 avaient poursuivi un lent redressement

Après l’effondrement du 2ème trimestre 2020 (-29% /2019 et -24% /2018), les importations de viande bovine de l’UE à 27 sont restées plus limitées qu’habituellement au 3ème trimestre (-28% /2019 et -25% /2018 à 30 200 téc). D’après nos estimations, elles auraient de nouveau plongé en août à 21 700 téc (-25% /2019 et -21% /2018) avec notamment une chute marquée des flux depuis le Royaume-Uni (-72% /2019 et -65% /2018 à 3 000 téc).

Au cœur de l’été, l’activité touristique en Europe n’a pas atteint les niveaux habituels. D’après Eurostat, en juillet 2020, le taux d’occupation des lits dans les hébergements des pays touristiques était toujours en berne : -52% /2019 en Espagne et -62% au Portugal par exemple. Le secteur de la restauration dans l’UE-27 n’a également pas recouvré son niveau d’activité habituel. Le chiffre d’affaires de la restauration étaient ainsi encore en retrait en juillet (-23% /2019) et en août (-17%). La consommation en Europe a été perturbée par cette moindre activité touristique dans le sud et par la reprise restée partielle de la restauration (cf. infra).

Après des mois d’avril et mai en creux, les exportations de viande bovine de l’UE-27 vers les pays tiers se sont partiellement redressées en juin (+9% /2019 à 55 500 téc) et en juillet (-4% à 54 800 téc). Mais elles ont de nouveau plongé en août (-13% à 46 800 téc).

Le disponible consommable de l’UE a été affecté par la 1ère vague de Covid-19

Sur les 8 premiers mois de l’année 2020, avec des abattages en léger retrait (-1% /2019) mais surtout avec des échanges perturbés pendant les différents confinements, la consommation calculée par bilan dans l’UE à 27 atteignait 4,28 millions de téc (-3% /2019), son plus bas niveau depuis 3 ans.

A l’instar de la France, l’UE-27 a connu un net recul du disponible consommable au printemps, surtout en avril (-12% /2019) et mai (-14%). Depuis, celui-ci s’est redressé en juin (+9% /2019). La consommation calculée par bilan de juillet et août 2020 était en léger recul (-1% /2019).

La chute des importations depuis les pays tiers, qui ont atteint un creux historique en plein confinement en mai (16 700 téc ou -42% /2019), a eu peu d’effets sur le disponible. En effet, les importations extra-communautaires ne représentent habituellement qu’environ 5% en moyenne annuelle du disponible consommable de l’UE à 27 (le Royaume-Uni étant désormais considéré comme un pays tiers), hors variations de stocks. Au plus fort du confinement, ce taux est descendu à 3%.

Entre renationalisation temporaire de la consommation et diversification des exportations dans l’UE

Au-delà des importations depuis les pays tiers, ce sont d’abord les flux intra-communautaires qui ont été affectés par la Covid-19. Face aux diverses restrictions, les États membres structurellement importateurs ont temporairement renationalisé leur offre comme en France ou en Italie. En mai 2020, la part des importations dans la consommation transalpine de viande bovine n’atteignait que 38% contre 42% à 47% dans les mois précédant la pandémie. Avec les déconfinements progressifs, les importations se sont partiellement rétablies face à des disponibilités intra-communautaires abondantes comme en Pologne ou en Irlande. La consommation disponible en Allemagne a un profil un peu différent. La 1ère vague de Covid-19 a diminué à la fois les importations et les abattages alors que certains abattoirs ont été perturbés par la pandémie. Le taux d’import dans le disponible consommable a oscillé entre 33% et 34% entre mars et juillet 2020. En août, ce taux s’est redressé à 36% d’après nos estimations.

Les États membres structurellement exportateurs comme la Pologne et l’Irlande ont, eux, dû diversifier leurs clientèles. C’était déjà le cas depuis de nombreux mois pour l’Irlande en anticipation du Brexit. Ainsi, sur les 8 premiers mois de l’année, les envois irlandais de viande bovine réfrigérée et congelée vers les pays tiers autres que le Royaume-Uni ont progressé (+31% /2019 à 46 200 téc) quand les envois totaux ont diminué (-12% à 285 600 téc). Les envois ont notamment progressé sur la même période vers le Japon (x24 à 3 300 téc) les Etats-Unis (x2 à 5 200 téc) le Canada (x4 à 2 500 téc) ou les Philippines (+9% à 14 900 téc)… en revanche, les flux n’ont pas augmenté vers la Chine et Hong-Kong (=), malgré la forte hausse des importations de ces pays.

Depuis la Pologne, les envois de viande bovine sont restés stables sur les 7 premiers mois de l’année par rapport à 2019, année déjà affectée par plusieurs scandales sanitaires ayant limité la demande en viande polonaise. Ce sont les envois vers l’Allemagne (+11% /2019 à 45 200 téc) et le Royaume-Uni (+23% à 13 200 téc) qui ont enregistré les plus fortes progressions sur 7 mois.

Viandes bovines » Maigre »

En octobre, le marché du mâle a stagné en prix

Les envois sont restés dynamiques vers l’Italie, quand ils restaient affectés vers l’Espagne. En revanche, ils se sont intensifiés vers les pays tiers par rapport aux mois précédents. Les prix des femelles ont gagné quelques centimes. Ceux des mâles ne progressaient pas.

Les cotations des mâles peinaient tandis que les femelles profitaient d’une embellie

La cotation du Charolais U de 450 kg est restée stable durant le mois d’octobre, mais a baissé de 2 centimes en semaine 45, à 2,30 €/kg vif (- 0,13 €/kg /2019 soit -7%).

Celle du Charolais U de 350 kg, catégorie correspondant à des naissances de fin d’hiver et majoritaire dans les envois d’automne, s’est un peu mieux tenue. Elle avait augmenté de 1 centime en semaines 41-42, avant de revenir à 2,48 €/kg vif en semaine 45 (-0,11 €/kg /2019 soit -4%). Cette légère hausse a été concomitante à la hausse de +9% des envois de tous types de bovins vifs vers l’Italie en semaine 42 (source TRACES).

La cotation du JB charolais de 1ère catégorie à Modène a interrompu sa hausse pour stagner en semaines 44 et 45, en dessous du niveau 2019.

Par ailleurs, les cotations du JB stagnant à bas niveau en France n’encouragent sans doute pas les achats pour l’engraissement national.

Les cotations des femelles ont en revanche progressé. En semaine 45, les Limousines E de 270 kg ont augmenté de 4 centimes, après plusieurs mois de stabilité, pour atteindre 2,77 €/kg vif, niveau équivalent à 2019. Les Charolaises U de 270 kg ont poursuivi leur hausse depuis mai à 2,62 €/kg (+0,04 €/kg / 2019 soit +2%). Le marché des femelles finies en Italie est plus fluide que pour les mâles, ce qui permet de maintenir la demande des engraisseurs et le cours des broutardes.

Naissances et effectifs en recul par rapport à 2018

308 000 veaux de mère allaitante sont nés en septembre (+0,2% /2019). Ceci porte à 2 649 000 le nombre de veaux de mère allaitante nés sur les 9 premiers mois de l’année, soit +0,6% /2019, mais -5,1% / 2018.

Au 1er octobre, les effectifs de mâles issus de mère allaitante de 0-6 mois (nés entre avril et septembre 2020) sont restés stables /2019, mais en baisse de -5% /2018, année de fortes naissances dues au décalage des naissances du 2nd semestre 2017. Les effectifs de 6-12 mois (nés entre octobre 2019 et mars 2020) sont également restés stables /2019 et en légère baisse de -1% /2018.

Dans cette catégorie, au 1er octobre, les effectifs de mâles charolais étaient en retrait de -2%, tandis que ceux de jeunes limousins étaient en légère hausse de +1%, tout comme les Croisés à +1,3%.

Des exports en recul en septembre par rapport à 2019, plus solides mi-octobre

Les envois de broutards de type viande ont reculé sur les semaines 36 à 39 (septembre) qui est la dernière période complète disponible selon SPIE-BDNI : 96 000 têtes soit -7% /2019 (très bonne année vers l’Algérie) et -5% /2018. La part de femelles dans les envois est passée de 39% en avril à 32% en septembre.

Jusqu’en semaine 42, 892 000 broutards ont été expédiés à l’étranger selon SPIE-BDNI, soit -4% /2019 et -2% /2018. Cette baisse est notamment liée à la diminution de -23% /2019 des achats espagnols de broutards français, pas totalement compensée par la hausse des achats de jeunes veaux.

Vers l’Italie, les exports de broutards sont restés stables depuis le début de l’année selon BOVEX.

Plus récemment, les envois de bovins vifs vers l’Italie ont augmenté de +5% entre les semaines 42 et 45 /2019 (source TRACES). En semaine 42, la hausse était de +9%, ce qui a entraîné une très légère augmentation de la cotation du Charolais U de 350 kg. La hausse des envois en semaine 45 était de +10%. Les envois vers l’Italie des semaines 43 et 44 oscillaient par contre autour des valeurs de 2019.

En semaines 42 à 45, l’Espagne a réduit ses achats de bovins vifs français (beaucoup de veaux nourrissons) de -1,7% comme depuis plusieurs mois.

L’Algérie : quasi seule destination pays tiers en septembre

Selon les Douanes françaises, en septembre 2020, la France a exporté 3 800 broutards vers les pays tiers, dont 3 700 vers l’Algérie.

Sur janvier-septembre 2020 les exports cumulés étaient de 40 000 têtes (dont 31 000 vers l’Algérie) soit – 20% / 2019 (il s’agissait alors d’année exceptionnelle vers l’Algérie) et +25% /2018. En octobre, des envois vers Israël, la Tunisie et le Qatar ont complété les ventes vers l’Algérie, sans que nous n’ayons encore les chiffres publiés.

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Un marché fluide avant le nouveau confinement

Si la météo estivale du mois de septembre a limité la consommation de viande de veau, les premières données semblent indiquer une fluidification du marché en octobre. La baisse des températures et les actions de mises en avant ont permis une reprise de la consommation alors même que la baisse des mises en place au printemps dernier limitait l’offre. Ce bon équilibre entre l’offre et la demande devrait permettre de limiter les effets du reconfinement.

La hausse saisonnière des cours s’est ralentie

Après une hausse saisonnière très marquée, la cotation du veau rosé clair O progresse de façon plus modérée depuis la semaine 44. Alors qu’elle avait gagné 49 centimes entre la semaine 37 et la semaine 41, elle n’a augmenté que de 30 centimes au cours des quatre semaines suivantes pour s’établir à 5,75 €/kg de carcasse en semaine 45 (+1,2% ou +7 cts /2019 et +2,9% ou +16 cts /2018). Cet affaiblissement de la cotation correspond à un ralentissement saisonnier un peu précoce, peut-être en lien avec la fermeture des restaurants en fin de semaine 44.

La cotation du veau rosé clair R poursuit sa hausse saisonnière, avec un ralentissement récent. Elle atteint 6,33 €/kg de carcasse en semaine 45, dépassant de 22 centimes la cotation 2019 (+3,6%) et de 11 centimes la cotation 2018 (+1,8%).

Les abattages ont reculé en septembre

Avec 96 000 veaux gras, les abattages de septembre ont été en net retrait par rapport aux années précédentes : -5,7% / 2019 et -5,2% /2018. Les actions de promotion interprofessionnelles ont été confrontées à une météo estivale peu propice à la consommation de veau. L’offre a été également plus limitée : la situation de crise dans laquelle se trouvait la filière au printemps dernier avait conduit les intégrateurs à réduire fortement les mises en place.

Sur les 9 derniers mois, les abattages de veaux de boucherie ont reculé de -4,0% /2019 et -3,7% /2018, à 891 000 têtes.

Les volumes produits en septembre ont été en baisse de -4,4% par rapport à 2019 et de -2,5% par rapport à 2018 avec 14 000 téc produits, totalisant 132 000 téc depuis janvier soit -3,1%/2019 et -0,7%/2018.

Vers un retour à la normale des poids carcasse en octobre

Le poids et l’âge moyens des veaux abattus ont reflué de manière significative en octobre d’après Normabev, traduisant un retour à un équilibre offre/demande sur le marché du veau de boucherie. Le poids moyen est passé de 149,1 kgéc en septembre à 147,0 kgéc en octobre (+1,2 kgéc /2019 et +2,0 kgéc /2018). L’âge moyen à l’abattage est passé de 192 jours en septembre à 188 jours en octobre, mais reste relativement élevé (+1,4 j /2019 et +4,1 j /2018).

Le poids et l’âge restent néanmoins supérieurs aux années précédentes car le vieillissement et l’alourdissement s’inscrivent dans une tendance de long terme de la filière, au-delà de la crise du printemps dernier.

Les effectifs en ferme se résorbent

En fin de semaine 43, les effectifs de mâles âgés de 6 mois à 7 mois et de mère de type laitier présents en élevage représentaient 40 000 têtes, soit +4 000 têtes ou +10%  par rapport à 2019, et +13% par rapport 2018. Le supplément d’effectifs par rapport aux années précédentes se réduit, confirmant une fluidification du marché en octobre.

Le marché européen reste morose

Aux Pays-Bas, le cours du veau de boucherie pie-noir continue à se rétablir, mais peine à retrouver les cotations des années précédentes. Il atteint 4,10 €/kg de carcasse en semaine 43, soit -13% /2019 et -10% /2018. La baisse de la demande des abattoirs du fait de la fermeture des restaurants dans la majorité des pays européens n’offre guère de perspectives de rétablissement à court terme.

En Italie, la cotation du veau de boucherie stagne à 4,85 €/kg depuis la semaine 41, bien en deçà des années précédentes (-20% /2019 et -5% /2018).

Viandes bovines » Veaux nourrissons »

L’augmentation des exportations ne tire pas les prix

Malgré un pic de vêlage automnal peu marqué, la demande en veaux nourrissons reste peu dynamique : la cotation est au plancher depuis plusieurs mois. Les exportations progressent, mais elles sont poussées vers un marché espagnol en difficulté.

Les prix restent très bas à l’automne pour la 3ème année consécutive

En prévision de la baisse printanière de la consommation de viande de veau et compte tenu de l’incertitude sur l’évolution de la crise sanitaire, les intégrateurs se montrent très prudents dans leurs mises en place, alors même que l’offre en veaux nourrissons augmente en automne avec le pic des naissances laitières.

La cotation du mâle laitier de 45-50 kg perd 1€ toutes les deux semaines depuis la semaine 40. Elle s’établit à 47 €/tête en semaine 45, soit -3 € ou -6,0% /2019 et +2 € ou +4,4% /2018. Cette cotation représente uniquement les effectifs vendus sur les marchés aux bestiaux.

Le pic des naissances laitières est peu marqué

Le nombre de vêlages de vaches laitières atteint traditionnellement son maximum en septembre. 355 000 vaches laitières ont mis bas en septembre 2020, un effectif en repli de -6,2% par rapport à 2019 et de -9,0% /2018.

Depuis le mois de juillet, les naissances de veaux de mère laitière atteignent 967 000 têtes, soit une baisse de -2,2% /2019 et de -4,0% /2018.

Des exportations record en septembre…

Les exportations ont été particulièrement dynamiques au mois de septembre, elles ont progressé de +5% /2019 et de +17% /2018, à 31 000 têtes. Sur 9 mois, 234 000 veaux de mère laitière de moins de 2 mois ont été exportés, soit un bond de +8,7% par rapport à 2019 et de +18% par rapport à 2018.

…qui se font à bas prix vers l’Espagne

Les cours de la viande en Espagne sont très dépendants de la RHD nationale, sur laquelle pèse des restrictions draconiennes, et de la capacité de la filière à exporter des JB finis et carcasses sur le pourtour méditerranéen. La crise sanitaire a considérablement alourdi le marché du jeune bovin espagnol et par répercussion le marché des veaux nourrissons. En semaine 43, la cotation espagnole du veau frison de moins d’un mois s’établissait à 77,26 €/tête, soit +4% /2019 mais -14% /2018.