Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 323 Décembre 2020 Mise en ligne le 15/12/2020

Viandes bovines

Deuxième vague en Europe : un bouleversement moins profond que lors du 1er confinement

La deuxième vague de covid-19 a conduit à la remise en place de restrictions en Europe à partir de la mi-octobre, qui touchent notamment la restauration. La renationalisation du marché français soutient les cours des femelles. Les achats de viande hachée repartent à la hausse.

Ailleurs en Europe les cours des vaches sont sous la pression du ralentissement de l’activité des fastfoods. Alors que les marchés du veau de boucherie et du jeune bovin commençaient à s’assainir, les opérateurs ne sont pas sereins pour la fin de l’année. Les broutards se vendent, mais leurs prix restent bas. Les veaux nourrissons peinent à trouver des débouchés.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Hausse de la demande pour le VBF

La hausse de la demande pour la viande française continue de soutenir les cours des vaches. Les difficultés à l’export font pression sur ceux des JB, qui ont toutefois amorcé un timide rebond.

Les prix des femelles toujours bien supérieurs aux années précédentes

La demande renouvelée pour la viande française et l’offre relativement restreinte continuent de soutenir les cours des vaches. La vache U cotait 4,56 €/kg de carcasse début décembre (+6% /2019 et +1% /2018) et la vache R 3,96 €/kg (+6% /2019 et 2018). Les cours des vaches les moins bien conformées semblent avoir achevé leur baisse saisonnière, liée à l’afflux de réformes laitières à l’automne. La vache P,  soutenue par la hausse des achats de viande hachée, cotait 2,76 € /kg (+8% /2019 et +5% /2018). La vache O profite moins de ces changements d’équilibre de marché. Elle pâtit essentiellement de la baisse des prix dans les pays voisins. Elle cotait 2,99 €/kg en semaine 49 (= /2019 et -2% /2018).

En novembre, moins de réformes qu’en 2019

Au 1er novembre, les cheptels de vaches étaient toujours en recul par rapport à 2019 : -1,4% pour les allaitantes et -2,0% pour les laitières. D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev, les abattages de vaches sur les 5 semaines 45 à 49 ont reculé de -4% /2019 pour les laitières et de -9% pour les allaitantes. Les abattages de femelles allaitantes étaient relativement élevés lors des deux campagnes précédentes et la météo très clémente en novembre 2020 a permis de laisser les vaches au pâturage, limitant ainsi les sorties.

Malgré un léger frémissement, les cours des JB toujours au plancher

La remontée saisonnière des cours des JB s’est enclenchée, mais reste très timide à l’approche des fêtes de fin d’année face à un marché européen encore affecté par la Covid-19. En un mois, le JB U a repris 1 centime, le JB R 4 centimes et le JB O 3 centimes. Ainsi fin novembre (en semaine 49), le JB U cotait 3,78 €/kg de carcasse (-6% /2019 et -5% /2018), le JB R 3,64 €/kg (-5% /2019 et -4% /2018) et le JB O 3,20 €/kg (-1% /2019 et -4% /2018).

Accélération de la réduction du surstock de JB

D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev, sur les semaines 45 à 49, les abattages de JB de type lait ont progressé de +3% en têtes et de +5% en tonnage par rapport à 2019. Ceux de JB de type viande ont connu une relative stabilité en têtes, mais une hausse de +2% en tonnage. Les hausses d’effectifs accumulés au printemps lors du 1er confinement continuent de se réduire. D’après le suivi hebdomadaire des sorties réelles et attendues de JB viande, qui s’appuie sur le modèle de prévision Modemo, le surstock de JB montre en effet des signes de résorption depuis la semaine 46 : leur nombre était estimé à 7 700 têtes au 6 décembre 2020 (contre 10 100 têtes au 22 novembre 2020).

La seconde vague de Covid-19 entraîne un nouveau report partiel de consommation

Avant les nouvelles mesures de restriction appliquées à partir de la deuxième quinzaine d’octobre, le secteur de la restauration n’avait pas pleinement retrouvé son niveau habituel de fonctionnement. En septembre 2020, les restaurations traditionnelle (-11% /2019) et surtout collective (-24% /2019), étaient encore loin de leurs chiffres d’affaires de 2019. Seule la restauration rapide se rapprochait de son activité de l’année dernière (-4% /2019).

Depuis, la 2nde vague de contamination par la Covid-19 a entraîné une augmentation progressive des restrictions (couvre-feux partiels) tout au long du mois d’octobre avant le reconfinement annoncé pour la fin des vacances de la Toussaint et la fermeture d’une partie de la RHD. Mais plusieurs ajustements ont été apportés par rapport au 1er confinement, à commencer par l’ouverture maintenue des écoles, collèges et lycées  et de leurs cantines.

Si le reconfinement annoncé par le Président Macron le 28 octobre dernier a eu les mêmes effets sur les ventes en GMS en semaine 44, ceux-ci se sont réduits depuis. D’après Nielsen, en semaine 48, les ventes de produits de grande consommation et de produits frais en libre-service (PGC-FLS) étaient en hausse plus mesurée (+3% /2019) qu’au printemps lors du premier confinement. Les ventes de surgelé salé (dont les viandes congelées) enregistraient une progression plus marquée (+7%). Les ventes de produits frais non laitiers (dont les viandes réfrigérées) connaissaient une hausse intermédiaire (+4%).

Côté rayons traditionnels, IRi a enregistré en semaine 48 une très faible hausse des ventes de produits frais traditionnels (PFT : +1% /2019) avec une stabilité pour le rayon boucherie. C’est très loin des niveaux observés en début de reconfinement (s44) pour l’ensemble des PFT (+23%) comme pour le rayon boucherie (+13%).

Le constat est proche pour les achats de viandes hachées par les ménages. Si elles ont également atteint des niveaux comparables au 1er confinement d’après Nielsen en semaine 44, la hausse s’est réduite depuis, tout en restant substantielle. Les ventes au détail augmentent ainsi en viande bovine hachée fraîche (+13% /2019 en s48 et +19% en moyenne sur s44-48) et davantage en viande hachée surgelée (+17% en s48 et +30% en moyenne sur s44-48).

Nouveau coup de frein sur les échanges en octobre

Face à la deuxième vague de la pandémie de Covid-19 et aux premières mesures de reconfinement à travers l’Europe, les échanges français de viande bovine ont à nouveau reculé en octobre après une hausse éphémère en septembre. Les importations françaises de viande bovine n’ont ainsi totalisé que 24 800 téc (-14% /2019) et les exportations 20 100 téc (-9%).

Côté importations, toutes les origines ont été concernées par la baisse à l’exception de l’Irlande (+8% /2019 à 5 200 téc) qui avait cependant connu un mois d’octobre 2019 en berne suite au blocage des abattoirs par les éleveurs à l’époque. Côté exportations, seuls les envois vers l’Allemagne ont résisté (+3% /2019 à 3 100 téc). Les exportations de viande bovine vers l’Italie (-16% à 4 600 téc) et vers la Grèce (-26% /2019 à 2 800 téc) ont été particulièrement affectées.

En octobre, d’après nos estimations, la consommation calculée par bilan a légèrement progressé (+1% /2019). En cumul sur les 10 premiers mois, elle atteignait 1 255 000 téc (-29 000 téc ou -2% /2019).

La part des imports dans les disponibilités totales est redescendue à 20% en octobre 2020 d’après nos estimations, soit un niveau intermédiaire entre le premier confinement et le déconfinement. Avec la diminution des échanges, la demande adressée à la viande bovine (veau inclus) française est toujours en hausse sur 10 mois (+2% /2019).

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !

 

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

JB en Europe : timide hausse saisonnière

Les cours des JB ont repris quelques centimes en Italie, en Pologne et Allemagne, mais restent au plancher en Espagne.

ITALIE : reprise de la hausse des cours à Modène

En Italie, les cours des mâles Charolais sont repartis à la hausse le 7 décembre sur la bourse de Modène, gagnant 2 centimes/kg vif. La cotation reste toutefois bien inférieure aux années précédentes (-7% /2019 et -4% /2018). Les cotations des mâles limousins sont restées stables, toujours en retrait par rapport aux années passées (-4% /2019 et -2% /2018). Les femelles se tiennent mieux, restant très proches de leurs niveaux de 2018 et 2019.

Sur la bourse de Padoue, la cotation des mâles charolais fin novembre suivaient les mêmes tendances (-8% /2019 et -3% /2018), de même que celle des mâles limousins (-1% /2019 et 2018).

Les distributeurs italiens sont prudents dans leurs commandes pour les fêtes. La 2ème vague de covid-19 a conduit le gouvernement italien à durcir les restrictions pour la période des fêtes. Du 21 décembre au 6 janvier, les déplacements entre régions seront interdits. Les 25 et 26 décembre et le 1er janvier, les déplacements entre communes seront aussi interdits. Les régions sont classées suivant le risque sanitaire (jaune, orange rouge), avec des restrictions croissantes (voir détail). Les restaurants sont fermés dans les régions orange et rouge (un peu moins de la moitié des régions). Ailleurs, ils ferment leurs portes au public dès 18h.

Sur les 9 premiers mois de l’année, les abattages de bovins en Italie ont été quasiment stables par rapport à 2019 d’après la base de données sanitaires. Les abattages de génisses ont enregistré une hausse de 6%, alors que les autres catégories (veaux, mâles de 10-30 mois et vaches) reculaient toutes de -2% /2019.

Au 30 novembre, la BDNI italienne faisait état d’un effectif de mâles de 1 à 2 ans présents en ferme en hausse (+21 000 têtes /2019 et +19 000 /2018) et d’une situation intermédiaire entre les deux années précédentes pour les femelles de 1 à 2 ans (-14 000 têtes /2019 mais toujours +11 000 têtes /2018). L’engraissement de femelles semble désormais plafonner.

POLOGNE : vive remontée saisonnière des cours

En Pologne, les cours des jeunes bovins se tiennent mieux que ceux des vaches. La cotation du JB O est repassée au-dessus de son bas niveau de 2019, à 3,02 €/kg fin novembre (+3 % /2019, mais toujours -7% /2018).

Les exportations polonaises de viande bovine réfrigérée et congelée sur les 8 premiers mois de l’année ont totalisé 287 000 téc (+1% /2019 ; -5% /2018). Elles se sont rétablies par rapport à une année 2019 marquée par les scandales sanitaires. Les expéditions de viande réfrigérée ont même progressé de +4% alors que celles de viande congelée ont reculé à -5%. L’Italie reste le premier débouché pour la viande bovine polonaise réfrigérée. Malgré les restrictions imposées à la restauration depuis mars, les volumes ont été maintenus au niveau de 2018, à 53 000 téc (-3%/2019). La viande polonaise est donc parvenue à pénétrer les circuits de détail beaucoup plus massivement que les années précédentes. Les expéditions ont bondi de +15% vers l’Allemagne, de +9% vers les Pays-Bas et de +25% vers le Royaume-Uni, trois pays où la consommation intérieure a été boostée par la sédentarisation forcée de la population, liée à la réduction drastique des voyages à l’étranger. A l’inverse, les volumes expédiés vers l’Espagne ont chuté à -11% du fait de la moindre demande des Espagnols, mais aussi de la moindre présence touristique.

ESPAGNE : les cotations restent au plancher

En Espagne comme ailleurs en Europe, la 1ère vague de Covid-19 avait entraîné des restrictions pour la restauration avec un report partiel des ventes de viande bovine vers le commerce de détail. Sur les trois premiers trimestres de 2020, les achats des ménages de viande bovine fraîche ont nettement augmenté (+10% /2019 en volume et +12% en valeur) d’après le Ministère de l’agriculture espagnol. Mais ce report partiel a été insuffisant pour soutenir les cotations malgré des exportations de viande bovine en nette hausse. Sur les 9 premiers mois de 2020, les exportations espagnoles de viande bovine réfrigérée (les trois quarts des exportations de viande bovine) ont atteint 120 000 téc (+4% /2019 et +20% /2018). Elles ont notamment progressé vers le Portugal (+177% /2019), l’Italie (+47%) et, dans une bien moindre mesure, vers la France (+3%).

Avec les nouvelles restrictions sur la restauration liées à la seconde vague, la pression est de nouveau forte sur la filière bovine pour qui la RHD reste un débouché majeur. Fin novembre, le JB R cotait 3,38 €/kg (-4% /2019 et -9% /2018) restant ainsi au plancher.

ALLEMAGNE : les prix repartent à la hausse

En Allemagne, les prix des JB finis avaient subi une double pression en novembre : le goulet d’étranglement à l’abattage et la fermeture de la restauration qui nuit à la valorisation des pièces nobles.

La réduction des capacités d’abattage de certains outils, voire leur mise à l’arrêt temporaire en raison de l’apparition de cluster de Covid-19, a conduit à une baisse de 19% du nombre de bovins abattus en novembre par rapport à 2019 et 2018 (données hebdomadaires AMI). La priorité a été donnée aux jeunes bovins, qui sont à la fois mieux valorisés et plus sensibles aux retards d’abattage (alourdissement et dépassement d’âge). Les sorties de JB sont toutefois restées limitées (-10% /2019).

Les prix des jeunes bovins ont décroché courant novembre en raison des perturbations dans le secteur de l’abattage, mais aussi de la fermeture de la restauration qui pose un problème de valorisation des pièces nobles. Ils ont repris ensuite quelques centimes, mais restent légèrement en retrait sur 2019. Le JB U cotait ainsi 3,72 €/kg de carcasse fin novembre (-1% /2019 et -4% /2018) et JB R 3,64 (-1% /2019 et -5% /2018).

Le bœuf est la viande qui a le plus profité du report de consommation de la restauration vers les circuits de détail. Les achats de viande bovine par les ménages allemands sur les 10 premiers mois de 2020 ont bondi de +19% par rapport à 2019. Ceux de volaille ont progressé de +14%, ceux de viande de mélange porc/bœuf de +10% et ceux de viande de porc de +4%. Ceci est à relativiser avec le fait que le bœuf est traditionnellement moins consommé dans les familles que ne l’est le porc. Il s’agit donc de plus petits volumes.

Viandes bovines » Femelles » Europe »

Des cours sous la pression de la deuxième vague

Les prix des vaches de réforme sont de nouveau sous pression en Europe. Les restrictions mises en place pour enrayer la 2nde vague de Covid-19 font chuter la demande du fast-food à une saison où les réformes de vaches laitières sont traditionnellement au plus haut. Les prix allemands ont en outre pâti de fermetures ponctuelles d’abattoirs clusters de coronavirus.

 

ALLEMAGNE : les capacités d’abattage réduites font pression sur les cours

Les abattages de bovins ont été ralentis en Allemagne en raison de nombreuses fermetures ponctuelles d’outils liées à la pandémie de covid-19. Les prix des vaches ont fortement chuté.

La réduction des capacités d’abattage de certains outils, voire leur mise à l’arrêt temporaire, a conduit à une baisse de 19% du nombre de bovins abattus en novembre par rapport à 2019 et 2018 (données hebdomadaires AMI). La chute du nombre de réformes (-26% /2019) a été d’autant plus forte que les jeunes bovins étaient prioritaires. Les étables allemandes sont actuellement encombrées de vaches taries, mais aussi de veaux difficiles à caser compte-tenu des retards pris dans les sorties de JB.

La cotation de la vache O a perdu 30 centimes en 5 semaines avant de remonter à 2,31 €/kg de carcasse fin novembre, un niveau très inférieur à ceux des années précédentes (-11% /2019 et -5% /2018). Le surplus d’offre par rapport aux capacités d’abattage réduites, ainsi que le ralentissement de l’industrie du fast-food en Europe font pression sur les cours. Le prix du porc est également en chute libre. Si le marché du porc fait face aux mêmes problématiques de réduction des capacités d’abattage, il subit de plus la fermeture du débouché chinois lié à l’apparition de la fièvre porcine africaine sur le territoire allemand.

Le travail détaché dans les abattoirs allemands sera interdit à partir de janvier 2021. Au mois de mai, les clusters dans les abattoirs avaient mis en lumière les exécrables conditions de travail et de logement des travailleurs détachés qui représentent jusqu’à 90% de la main d’œuvre dans l’industrie de la viande en Allemagne. Le Gouvernement avait alors annoncé que le travail détaché serait interdit à partir de 2021. Un projet de loi devrait être adopté mi-décembre par le Bundestag pour une entrée en vigueur début janvier, avec quelques dérogations toutefois comme l’explique cet article dans Les Échos.

IRLANDE : léger mieux sur les prix

En Irlande, les abattages de gros bovins sont en hausse depuis le début de l’année (+3% /2019 en cumul sur les 44 premières semaines) d’après l’indicateur hebdomadaire du Ministère de l’agriculture. Une seule catégorie a vu ses effectifs abattus en baisse, ce sont les jeunes bovins (-34% /2019). En anticipation d’un Brexit dur, la production de cette catégorie de bovins avait très nettement augmenté au 1er semestre 2019 au détriment du bœuf castré, exporté traditionnellement au Royaume-Uni. Depuis, la réduction des débouchés vers l’Europe continentale en lien avec la pandémie de Covid-19 et les difficultés logistiques ont affecté la production irlandaise de mâles entiers. Les abattages des bovins des autres catégories sont en hausse : vaches (+4% /2019), génisses (+2%) et bœufs (+14%).

Après quelques perturbations liées à la 2ème vague de Covid-19, le commerce de viande est de nouveau dynamique en Irlande et la demande est soutenue. Les abattoirs cherchent à s’approvisionner pour répondre à la demande liée aux fêtes de fin d’année sur le marché domestique et surtout à l’export (90% des débouchés).

Les hausses concernent toutes les catégories. En semaine 48, après une baisse des cours liées notamment à la fermeture de la restauration rapide, la vache O rebondissait à 2,82 €/kg de carcasse (+9% /2019).

Sans avoir subi de baisse liée à la 2èmevague, la génisse R cotait 3,72 €/kg éc (+6% /2019) et le bœuf R 3,67 €/kg éc (+7% /2019) en semaine 48. Le bœuf s’est ainsi apprécié de 7 centimes en un mois mais reste inférieur de 58 centimes à la cotation britannique.

Les exportations irlandaises de viande bovine réfrigérée et congelée ont poursuivi leur redressement partiel en septembre. Elles ont progressé par rapport au même mois de 2019, marqué cependant par une grève des approvisionnements des abattoirs par les éleveurs, à 42 200 téc (soit +30% /2019, mais -6% /2018). Sur les trois premiers trimestres, les exportations restent globalement en retrait, à 330 700 téc (-7% /2019 et -2% /2018). Toutes les principales destinations sont concernées par la baisse : Royaume-Uni (-9% /2019 à 156 ktéc), Pays-Bas (-16% à 27 ktéc), France (-18% à 27 ktéc), Italie (-18% à 20 ktéc).

Pour compenser, l’Irlande continue de développer ses exportations vers les pays tiers : Philippines, Japon, Canada, États-Unis… (relire l’article d’octobre)

Royaume-Uni : les prix continuent de se redresser

Le nombre de bovins était à nouveau en retrait en octobre 2020 selon les données du British Cattle Movement Service. Ainsi, au 1er octobre, le cheptel bovin de la Grande-Bretagne s’élevait à un peu moins de 8 millions de têtes (-2% /2019 ou -156 000 têtes), en baisse pour la deuxième année consécutive. Le nombre de bovins de moins de 30 mois était sous la barre des 5 millions de têtes (-1% ou -69 000 têtes) la plus forte baisse étant observée chez les mâles laitiers. Le troupeau de reproductrices s’est contracté à un rythme légèrement plus élevé à 2,9 millions de têtes (-3%).

Mais ce sont les disponibilités à court terme de jeunes animaux (prime cattle : mâles laitiers et bovins de boucherie des deux sexes âgés de 12 à 30  mois) qui devraient marquer le pas. Les effectifs de ces bovins étaient en retrait de -5% (-83 400 têtes) au 1er octobre 2020.

En attendant, les abattages de gros bovins étaient déjà en recul sur les quatre dernières semaines connues (-8% /2019 et -5% /2018 sur les semaines 45 à 48). Toutes les catégories sont concernées par la baisse.

Comme ailleurs dans de nombreux pays européens, la consommation s’est renationalisée en lien notamment avec la réduction des échanges commerciaux. Les importations (-5% /2019) et les exportations (-11%) britanniques de viande bovine ont toutes deux reculé sur les trois premiers trimestres de 2020.

Malgré les restrictions imposées à la restauration, la consommation de viande bovine est restée dynamique (cf. article du mois dernier) notamment via les ventes au détail. Sur les 12 dernières semaines se terminant le 1er novembre 2020, les achats de viande bovine par les ménages ont progressé (+9,7% /2019 en valeur ; +4,8% en volume). Toutes les catégories de produits ont enregistré une hausse, à commencer par les steaks, les rôtis et le haché.

Les cours des différentes catégories d’animaux jeunes poursuivent ainsi leur course à la hausse depuis plusieurs semaines. En semaines 48, le bœuf R britannique cotait 4,25 €/kg de carcasse (+8% /2019 et +4% /2018) soit une hausse de 12 centimes en un mois, laissant le bœuf irlandais loin derrière (-58 centimes en semaines 48 contre -52 centimes un mois plus tôt) en raison de la renationalisation partielle du marché britannique.

Les cours des génisses R se sont également appréciées de 12 centimes en un mois, à 4,24 €/kg éc (+8% /2019 et +4% /2018). Cependant, les cotations des réformes ont pâti des restrictions autour de la restauration, et notamment des fast-foods, liées à la 2ème vague. Ainsi, la vache O a perdu 15 centimes sur la même période pour atteindre 2,78 €/kg éc (-5% /2019 et -3% /2018).

POLOGNE : la deuxième vague fait chuter les prix des vaches

Les restrictions sur la restauration en Europe pour contrer la deuxième vague de covid-19 font chuter les prix des vaches en Pologne. La cotation de la vache O a perdu 15 centimes en 7 semaines pour tomber fin novembre à 2,35 €/kg de carcasse (-6% /2019 et -13% /2018).

Viandes bovines » Maigre »

Des effectifs maintenus mais à des prix qui ne remontent pas

En novembre, les envois étaient en légère hausse vers l’Italie. Les exports vers les pays tiers se sont par ailleurs accélérés depuis quelques mois. Les prix des femelles se sont stabilisés en novembre. Les mâles charolais nés en début d’année maintenaient tout juste leur cours, tandis que les plus lourds baissaient.

Les cotations des mâles comme des femelles stabilisées

La cotation du Charolais U de 350 kg s’est stabilisée à 2,45 €/kg sur les semaines 48 et 49, mais à des niveaux inférieurs aux années précédentes (-5% /2019 et -9% /2018). Le mois de novembre a enregistré une hausse des sorties d’ateliers de JB en France. D’après certains opérateurs, ceci aurait incité des engraisseurs français à revenir aux achats de bovins maigres, principalement de type 350 kg.

Le prix du Charolais U de 450 kg, destiné principalement à l’Italie et à l’Algérie, a baissé de 7 centimes en un mois pour tomber à 2,23 €/kg en semaine 49 soit – 18 centimes par rapport à 2019 (-7% /2019 et -11% /2018). La cotation du JB fini Charolais de 700-750 kg de 1ère catégorie à Modène a enfin rebondi de + 2 centimes début décembre, en semaine 49, mais elle restait basse par rapport à l’an passé (-7% /2019).

Dans les broutards les plus légers, le prix du Limousin E de 300 kg a perdu un centime en semaine 49, à 2,89 €/kg, après une longue période de stabilité. Le prix du mâle croisé limousin U de 300 kg a subi une baisse de 7 centimes en 6 semaines, à 2,53 €/kg (-14 centimes /2019 soit – 5%/2019).

Du côté des femelles, la cotation des Limousines E de 270 kg s’était stabilisée à 2,77 €/kg en semaine 49, soit +1% /2019. La Charolaise U de 270 kg a reflué après quelques semaines de hausse. Sa cotation s’établissait à 2,56 €/kg en semaine 49, un prix identique à 2019. Les cotations italiennes des femelles finies à Modène se tiennent mieux que les mâles. Elles étaient en hausse de +1% /2019 en semaine 49, tant en Limousine qu’en Charolaise.

Recul des naissances en octobre

En octobre, 281 000 veaux sont nés de mère allaitante, soit -2,8% /2019. Sur la campagne 2020-21, 924 000 naissances de mère allaitante ont été observées (-2 500 têtes /2019-20) soit -0,3 % /2019-20 et -6,7% /2018-19.

Des effectifs de broutards en hausse par rapport à 2019

Au 1er novembre, les effectifs de mâles nés de mère allaitante de 6-12 mois étaient en hausse de +1,5% /2019 et seulement -0,4% /2018. Les effectifs de Charolais de 6-12 mois étaient quasi stables, alors que ceux des Limousins, des Blonds, des Rustiques et des Croisés étaient en hausse.

En octobre, des exports globalement dynamiques

Sur la dernière période complète (semaines 40 à 43) à partir des données SPIE-BDNI, 84 000 broutards ont été expédiées à l’étranger, en hausse de +2% /2019 et +4% /2018. Les femelles représentaient un tiers des envois, une proportion stabilisée.

Les envois de broutards en juillet, août et septembre étaient en léger recul, notamment vers l’Espagne et vers les pays tiers.

En octobre, selon les Douanes françaises, l’activité vers les pays tiers a été plutôt dynamique avec 5 500 broutards envoyés en Algérie, 2 000 broutards en Tunisie, ainsi que 1 900 vers Israël et 2 000 vers le Qatar. Le déchargement des bovins au Qatar a pu se faire sans encombre fin octobre juste avant les réactions suite à la re-publication de caricatures en France. En novembre les envois de broutards se sont poursuivis vers l’Algérie et plusieurs bateaux sont en préparation pour décembre, comme habituellement en fin d’année.

En novembre, les exports étaient en légère hausse vers l’Italie

En ce qui concerne les données très récentes des semaines 45 à 50 (6 semaines du 1er novembre au 12 décembre) TRACES indique des envois vers l’Italie, tous bovins confondus, en hausse de +1% /2019 et une hausse des envois tout confondu vers l’Espagne (veaux de moins de 80 kg inclus)  de +9 % /2019, due au dynamisme des envois de veaux.

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Les cours plafonnent

Le confinement du mois de novembre a fait pression sur la cotation du veau français rosé clair O et a stoppé sa hausse saisonnière. Les prix des veaux néerlandais et italiens ont stagné à des niveaux inférieurs aux cours des années précédentes. Les établissements de RHD collective restés ouverts ont permis d’écouler une partie de la production, mais la fermeture de la restauration commerciale a entrainé des déséquilibres de carcasses.

La hausse saisonnière des prix est terminée

La fermeture de la restauration commerciale en semaine 44 a stoppé net la spectaculaire remontée des cours observée depuis fin août. La cotation du veau rosé clair O est repassé sous son niveau de 2019 à 5,77 €/kg en semaine 49 (-7 cts /2019 et +4 cts /2018).

La cotation du veau rosé clair R est restée légèrement supérieure aux cours des années précédentes (+5 cts /2019 et +8 cts /2018).

Net recul de la production 2020

En cumul sur 10 mois, avec 978 000 têtes, la production 2020 est en retrait par rapport aux années précédentes (-5,6% /2019 et -6,0% /2018). En octobre, les effectifs de veaux gras abattus en France ont reculé de -6% par rapport à 2019 et de -12% /2018, à 102 000 têtes.

Compte tenu de l’alourdissement moyen des animaux abattus, la baisse des volumes produits de janvier à octobre a été moins marquée, avec 145 000 téc produites (-4,8% /2019 et -3,3% /2018). En octobre, 15 000 téc CVJA ont été produites, en recul de -5,6% par rapport à 2019 et -10,4% par rapport à 2018. Les volumes se sont écoulés relativement bien malgré le confinement, mais la fermeture de la restauration commerciale a entrainé un déséquilibre de valorisation des carcasses : les pièces les plus nobles ont dû être congelées pour une partie.

Normalisation des âges et des poids à l’abattage

Après l’alourdissement et le vieillissement très marqués au printemps, les veaux ont commencé à s’alléger à partir de septembre. En novembre la situation est redevenue normale, avec un âge moyen de 184 jours soit seulement 0,5 jour de plus qu’en 2019, et un poids moyen de 144,4 kgéc, soit +1,4 kgéc /2019. Ce retour à la normale de l’âge et du poids des veaux abattus confirme un équilibre offre/demande sur le marché.

Les effectifs en ferme redevenus similaires aux années précédentes

A 36 000 têtes, les effectifs de mâles de 6 mois de mère de type laitier présents en élevages le 29 novembre étaient inférieurs de 2 000 têtes à ceux de 2018, mais supérieurs de 2 000 têtes à ceux de 2019.

Les cours européens stagnent à de bas niveaux

Aux Pays-Bas, les producteurs de veau de boucherie ont souffert des nouvelles restrictions sanitaires et de la fermeture de la restauration commerciale dans les pays européens où s’écoule leur production, ce qui a bloqué la remontée de la cotation amorcée début septembre. La cotation du veau pie-noir s’établit à 4,15 €/kg de carcasse depuis la semaine 44, un prix largement inférieur aux années précédentes (-18% /2019 et -14% /2018).

En Italie, la cotation du veau de boucherie a frémi en semaine 49 à 4,90 €/kg, après avoir stagné pendant huit semaines à 4,85 €/kg. Mais elle reste faible (-21% /2019 et -6% /2018).

Viandes bovines » Veaux nourrissons »

Fin d’année morose

La baisse des naissances laitières d’une année sur l’autre depuis juillet ne permet pas de soutenir la cotation du veau de 8 jours, qui stagne à un très faible niveau depuis septembre. Le marché est encombré, les veaux de moins bonne conformation peinent à trouver des débouchés et peuvent parfois ne pas être ramassés. Pour protester contre l’engorgement du marché et la faiblesse des prix, certains collecteurs de veaux envisagent de stopper le ramassage.

L’encombrement du marché plombe les prix

Les ventes de veaux mâles laitiers sont compliquées en cette fin d’année. Les difficultés à trouver des débouchés plombent les prix. Hormis un léger frémissement de la cotation mi-novembre, le cours du veau mâle type lait de 45-50 kg stagne à des niveaux similaires aux prix historiquement faibles de 2018 (47 €/tête depuis la semaine 44 soit +1 € /2018 et -3 € /2019).

La cotation du mâle laitier de 50-60 kg reste également au plancher : à 65 €/tête en semaine 49, elle est très inférieure aux cotations des années précédentes (-11 € ou -14,5% /2019 et -18 € ou -21,7% /2018).

La baisse des naissances semble s’être accélérée depuis cet été

En octobre 2020, les vêlages laitiers ont reculé de -4,9% /2019 et de -9,0% /2018 (336 000 naissances) ce qui accélère la baisse structurelle des naissances observée depuis le début de la campagne 2020-2021 (-2,8% /2019 et de -6,0% /2018). Ce repli des mises bas semble principalement s’expliquer par une diminution du nombre de génisses laitières entrant dans le cheptel souche.

En cumul de janvier à octobre 2020, les naissances ont totalisé 2 764 000 têtes, stables par rapport à 2019 (-0,5%). En revanche, elles ont baissé de -3,8% par rapport à 2018.

Les exportations vers l’Espagne se sont maintenues

Les exportations françaises de veaux ont augmenté, permettant de limiter partiellement l’encombrement du marché intérieur. En octobre, les envois de veaux nourrissons ont progressé de +1 % /2019 et de +14% /2018 à 35 000 têtes. Depuis janvier, 293 000 animaux ont été exportés (+7,0% /2019 et +18,3% /2018).

Ces exportations dynamiques ont très largement été destinées au marché espagnol (88% des bovins de moins de deux mois en 2019), au détriment des exportations de broutards qui ont chuté de -23% /2019 jusqu’à la semaine 41.

Selon TRACES, sur les dernières semaines (46 à 49) les exports de bovins vers l’Espagne, tous âges confondus, ont augmenté de +8,7% /2019 et même de +22% /2019 en semaine 49. Ces exportations ont été poussées vers un marché espagnol qui achète à bas prix, les négociants en bestiaux devant trouver des débouchés pour les veaux laitiers nés cet automne. En semaine 48, la cotation espagnole du veau frison de moins d’un mois s’établissait à 77,77 €/tête, toujours très bas.