Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 325 Février 2021 Mise en ligne le 16/02/2021

Viandes bovines

La viande VBF à l’honneur en France

En 2020, la consommation de viande bovine française (veau inclus) en France a progressé de 1%. Le report des achats de la RHD vers les circuits de détail a en effet considérablement accru la demande en VBF. Cette situation se poursuit début 2021, et se poursuivra tant que les salles des restaurants resteront fermées.

A l’export, le marché du JB se redresse grâce à un manque d’offre durable en Allemagne. Le marché italien reste toutefois fébrile, avec une demande plus ferme sur les femelles que sur les mâles. Ce difficile équilibre sur les animaux finis se reporte sur le marché des broutards. Les prix des petits veaux montrent quant à eux un début de frémissement grâce à la fin du pic des naissances.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Plus de VBF consommée en 2020

L’effondrement de la consommation en RHD et le report vers la vente au détail a profité à la consommation de viande bovine française.

Effondrement de la restauration, progression des ventes au détail

Les restrictions appliquées à travers l’UE au secteur de la restauration dès la fin octobre a provoqué à nouveau une chute du chiffre d’affaires du secteur : -49% /2019 pour le mois de novembre dans l’UE à 27. Le constat pour la France est encore plus marqué (-59%).

La restauration traditionnelle a en particulier été quasi à l’arrêt en France en novembre (-84% /2019), après la fermeture des restaurants depuis le 30 octobre 2020 minuit. La restauration rapide, grâce notamment à la vente à emporter et la livraison, a limité les pertes (-33%). La restauration collective, avec les cantines scolaires restées ouvertes, a le mieux résisté (-26%).

Sur l’année, d’après IRi, les dépenses alimentaires dans le secteur de la restauration français ont diminué de 14 milliards d’euros en 2020. 45% de ces pertes ont été enregistrées pendant le 1er confinement (du 9 mars au 10 mai 2020).

Aujourd’hui, les restaurants restent fermés et les ventes à emporter sont affectées par le couvre-feu dès 18h. Les ventes en GMS ont été supérieures en janvier à celles observées en novembre-décembre, malgré les fêtes. Il semble notamment que, craignant un nouveau confinement, les ménages aient voulu anticiper quelques achats jusqu’à la prise de parole du premier ministre le 29 janvier, renonçant finalement au 3ème confinement.

D’après Nielsen, en moyenne depuis le début de l’année (semaines 1 à 4), les ventes de produits de grande consommation et de produits frais en libre-service (PGC-FLS) ont connu une hausse plus marquée  qu’en fin d’année 2020 (+9% /2020). Les ventes de produits frais non laitiers (dont les viandes réfrigérées) ont progressé de façon similaire (+9%). Les ventes de surgelé salé (dont les viandes congelées) ont augmenté plus fortement (+15%).

Les achats de viandes hachées par les ménages restent sur une progression à 2 chiffres depuis le début 2021 : +19% /2020 sur les semaines 1 à 4 pour le haché frais et +25% pour le haché surgelé.

Recul de la consommation globale en décembre, bonne performance de la VBF

Avec les évolutions du commerce extérieur de décembre, la consommation calculée par bilan aurait reculé de -3% /2019. En cumul sur l’ensemble de l’année 2020, elle atteindrait 1 495 000 téc (-44 500 téc ou -3% /2019).

La part des imports dans les disponibilités totales atteignait 19% en décembre 2020, niveau intermédiaire entre les périodes confinées et déconfinées. Sur l’ensemble de l’année, la consommation de viande bovine française (veau inclus) est estimée en hausse (+1% /2019 à 1 215 000 téc).

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Marché porteur pour les femelles et assaini pour les mâles

La forte demande pour la viande VBF soutient les prix des vaches. Les cours des JB restent bas mais commencent à se redresser, grâce aux ventes vers l’Allemagne qui ont permis d’assainir le marché.

Les prix des femelles dopés par la demande en viande française

Avec la fermeture des salles de restaurants et le couvre-feu à 18 h qui limite la vente à emporter aux repas du midi, les Français prennent l’essentiel de leurs repas à domicile et les ventes de viande dans les circuits de détail sont en forte hausse par rapport à l’an dernier. En GMS et boucherie, c’est la viande française qui est mise à l’honneur, ce qui soutient les cotations des vaches. En semaine 5, la vache U cotait 4,54 €/kg (+6% /2020 et +4% /2019), la vache R 3,99 €/kg (+8% /2020 et +6% /2019), la vache O 3,05 €/kg (+3% /2020 ; -2% /2019) et la vache P 2,80 (+9% /2020 et +3% /2019).

Les cours sont soutenus également par une offre plus limitée. Les abattages ont enregistré un léger recul sur les 4 dernières semaines connues (s2 à s5) : -2% /2020 pour les vaches de type viande et -1% pour les femelles laitières et mixtes.

Les imports de viande bovine au plus bas

D’après les Douanes françaises, les importations de viande bovine ont de nouveau flanché en décembre, à 22 200 téc (-16% /2019). Seule la Pologne, qui bénéficie de la baisse du zloty, a réalisé des envois en hausse (+9% /2019 à 2 400 téc). Tous les autres principaux fournisseurs ont enregistré des baisses : Pays-Bas (-18% à 5 300 téc), Irlande (-10% à 4 600 téc), Allemagne (-26% à 3 000 téc), Belgique (-14% à 2 500 téc), Espagne (-21% à 1 100 téc) et Italie (-14% à 1 100 téc).

Sur l’ensemble de 2020, les importations sont ainsi estimées en très nette baisse (-15% /2019 à 277 000 téc).

Les cours des JB se redressent mais restent bas

Le dynamisme des ventes vers l’Allemagne, où l’offre est en retrait (lien article JB Europe), a permis d’assainir le marché français. Les cours commencent à remonter, mais restent à de bas niveau, à 3,85 €/kg pour le JB U (-5% /2020 et -4% /2019), 3,68 €/kg pour le JB R (-5% /2020 et -4% /2019) et 3,26 €/kg pour le JB O (–3% /2020 et -4% /2019).

Le nombre de JB de type viande abattus sur les 4 semaines (s2 à s5) a progressé de +2% /2020. Ces jeunes bovins étaient en moyenne âgés de 19 mois et 18 jours, soit à 1 jour près le même âge qu’en janvier 2020, signe que le marché est redevenu fluide.

Par ailleurs, ces sorties de JB sur les premières semaines de l’année sont légèrement supérieures à la modélisation des prévisions de sorties issue de MODEMO, ce qui traduit un rythme de prélèvement dynamique des mâles en ferme par rapport au schéma habituel.

Les abattages de JB de type lait étaient légèrement supérieurs à leur niveau de 2020 sur les 4 semaines s2 à s5 (+2%), avec un âge moyen en baisse de 1 jour, traduisant là aussi le dynamisme des sorties.

+7% de viande bovine exportée en décembre

En décembre 2020, les exportations ont sensiblement progressé à 22 200 téc (+7% /2020), grâce au dynamisme des ventes vers l’Allemagne (+11% /2020 à 5 300 téc). Les exportations de viande bovine vers l’Italie (= à 5 900 téc) et vers la Grèce (-1% à 4 000 téc) sont, elles, restés quasi stables d’une année sur l’autre.

Sur l’ensemble de l’année 2020, les exportations ont reculé beaucoup moins fortement que les importations (-4% à 225 000 téc).

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

JB en Europe : le marché allemand tire

Le marché intra-européen du JB est soutenu par un marché allemand en manque d’offre. Les prix des mâles remontent en Allemagne, en Pologne et en Espagne. Ils stagnent toujours à un bas niveau en Italie où les distributeurs continuent de privilégier la viande de femelles.

ALLEMAGNE : demande robuste face à une offre nationale en retrait

En Allemagne, les prix des JB ont poursuivi leur hausse en janvier, dépassant leur niveau des deux années précédentes. Le JB U cotait 3,85 €/kg de carcasse fin janvier (+4% /2020 et +1% /2019), le JB R 3,80 €/kg (+5% /2020 et +2% /2019) et le JB O 3,49 €/kg (+4% /2020 ; = /2019).

L’offre intérieure de jeunes bovins est très limitée. D’après l’indicateur hebdomadaire AMI, le nombre de JB abattus sur les 4 premières semaines de l’année était en fort retrait (-10% /2020 et -7% /2019). Ce recul de l’offre abattue est lié au faible nombre de bovins mâles à l’engraissement. L’enquête cheptel de novembre 2020 recensait seulement  837 000 mâles de 1 à 2 ans dans les étables allemandes (-6% /2019 et -7% /2018).

La demande des ménages reste robuste en ce début d’année. La fermeture de la restauration, mais aussi celle des écoles depuis la mi-décembre et toujours sans perspective de réouverture, continue de stimuler les achats dans les circuits de détail.

En 2020, les achats de viande bovine par les ménages ont bondi de +19% en volume et +24% en valeur (plus de détail ici). Malgré des prix d’appel en baisse dans les catalogues promotionnels, le prix moyen des achats a augmenté très significativement (+4% /2019 et +12% pour la viande de mélange avec le porc). Les ménages allemands ne se sont pas massivement rués sur les premiers prix. Ils ont acheté des produits plus qualitatifs, une façon de compenser les restrictions sur la vie sociale, grâce à un pouvoir d’achat maintenu par les aides gouvernementales pour les familles, et malgré la baisse du prix du porc.

ITALIE : forte demande pour la viande de femelle

En Italie, les prix des mâles ont démarré l’année à un bas niveau sans montrer de signe de reprise, alors que ceux des femelles charolaises se sont envolés. Depuis la chute des cours des broutards mâles en août 2020, la part de mâles dans les achats italiens de broutards s’est pourtant raffermie, rompant avec la tendance à la hausse de la part de femelles depuis plusieurs années. Résultat, l’offre actuelle de femelles finies ne suffit pas à couvrir la demande des distributeurs. La viande de génisse, mise en avant au rayon scottona, est en effet celle dont les ventes ont de loin le plus augmenté en 2020, une tendance qui se poursuit en 2021.

La cotation de la femelle charolaise finie à Modène a gagné 5 centimes pour grimper à 2,72 €/kg vif début février (+5% /2020). La femelle limousine était toujours stable à 2,92 €/kg vif (+1% /2020). A 2,56 €/kg vif, le mâle charolais restait 6% sous son cours de 2020 et le mâle limousin restait à 2,75 €/kg (-3% /2020).

Une grande partie des régions italiennes sont repassées au statut jaune, permettant aux restaurateurs, qui ne pouvaient auparavant faire que de la vente à emporter, d’accueillir à nouveau des clients en salle jusqu’à 18h, mais en nombre limité et en respectant les règles de distanciation. Au 14 février, seuls le Haut-Adige, le Trentin, la Ligurie, la Toscane, l’Ombrie, les Abruzzes et la Sicile avaient encore le statut orange, ne permettant pas l’ouverture des restaurants.

POLOGNE : zloty faible, viande bon marché

En Pologne, la dépréciation du zloty à partir du mois d’avril 2020 a rendu la viande polonaise particulièrement compétitive, tout en préservant la rémunération des éleveurs en monnaie locale. En outre, depuis mi-novembre, les prix en euros repartent à la hausse, grâce à un marché allemand en demande. Ainsi, la cotation polonaise du JB O se situait à 3,12 €/kg de carcasse fin janvier (+4% /2020 ; -3% /2019), ou 14,19 zlotys (+12% /2020 ; +3% /2019). Celle de la génisse R, plutôt destinée au marché italien, est en baisse en euros, à 3,14 €/kg (-4% /2020 et 2019) mais pas en zlotys à  14,26 pln/kgéc (+7% /2020 et +6% /2019). Le segment différencié « scottona » des grands distributeurs italiens est en effet réservée aux génisses engraissées en Italie et son fort développement a bénéficié uniquement aux cotations italiennes. La viande polonaise est plutôt distribuée chez certains discounteurs et bouchers, sans différenciation particulière.

ESPAGNE : les prix remontent mais restent bas

En Espagne, les cours des JB reviennent de très bas. La cotation du JB R a toutefois regagné 7 centimes depuis le début de l’année, pour s’établir à 3,57 €/kg de carcasse fin janvier (-1% /2020 et -5% /2019). Il reste à ce stade difficile de faire la part dans ce regain des effets de la réouverture des restaurants dans certaines villes comme Madrid et Barcelone et l’afflux de touristes français en manque de sorties ou de la hausse des expéditions, en particulier vers l’Allemagne et l’Italie.

En revanche, les exports en vif vers les pays tiers restent chaotiques. Selon Business France, 191 811 têtes de bétail ont été exportées par l’Espagne sur pays tiers en 2020 (+8% /2019), les prix bas espagnols ayant stimulé les ventes.

Viandes bovines » Femelles » Europe »

Les cours poursuivent leur hausse en début d’année

Les prix des vaches de réforme en Europe ont poursuivi leur redressement en janvier, à des degrés divers. La demande reste ferme pour la transformation et pour le haché alors que l’offre est parfois limitée. La demande britannique est particulièrement dynamique, soutenant les exportations irlandaises.

ALLEMAGNE : l’offre de réformes insuffisante pour répondre à la demande

En Allemagne, la fermeture de la restauration et la moindre sortie des touristes allemands du territoire ont entraîné un report de la consommation de viande vers les achats au détail. Les ventes de viandes, de saucisses et de volaille ont nettement progressé l’an passé (+8% /2019 en volume). C’est particulièrement le cas pour la viande bovine (+19%), malgré un prix moyen en hausse (+4,3%).

Ce report de la consommation aurait permis à la consommation calculée par bilan de progresser légèrement de +0,2% en 2020 d’après nos estimations. Et d’après AMI, les achats au détail seraient restés dynamiques en janvier et en février 2021, particulièrement pour la viande de réforme utilisée pour la transformation dont la demande est traditionnellement très dynamique après les fêtes de fin d’année. La hausse de la demande en pièce à griller, plus favorable à la viande de jeune bovin, n’est pas attendue avant la fin du mois de mars.

Malgré la demande soutenue des abattoirs en vaches de réforme, l’offre reste limitée. Elle l’avait été tout au long de 2020, perturbée par la pandémie de Covid-19. Les abattages de réformes étaient ainsi en net retrait (-9% /2019).

En ce début d’année, sur les 4 premières semaines de 2021, les abattages de réformes restent contraints mais en léger rebond par rapport au très faible niveau de 2020 (+1% /2020). Début février, les intempéries liées aux chutes de neiges limitaient les envois d’animaux vers les abattoirs.

Dans cette configuration d’offre inférieure à la demande, la cotation de la vache O a poursuivi sa lente progression. Depuis le début 2021, la cotation a repris 7 centimes par rapport à la dernière cotation de 2020, pour atteindre 2,65 €/kg de carcasse en semaine 4. Ce niveau reste cependant inférieur à ceux des années précédentes (-4% /2020 et 1% /2019). L’écart avec la cotation du porc, affectée par la progression de l’épizootie de FPA dans le pays et la perte du débouché chinois, ne cesse ainsi de croître. Il est passé de 1,35 €/kg éc fin 2020 à 1,42 €/kg éc en semaine 4. Ce différentiel ne pèse pourtant pas sur le penchant actuel des abatteurs pour la viande de vache de réforme.

A noter que depuis le 1er janvier 2021, suite à la mise en lumière des conditions de vie insalubre de nombreux travailleurs détachés employés en abattoir, une nouvelle « Loi concernant les conditions de travail dans l’industrie de la viande en Allemagne » est entrée en vigueur. Elle prévoit que :

  • la sous-traitance dans le secteur de la viande est interdite à partir du 1er janvier 2021 ;
  • les entreprises peuvent employer des travailleurs temporaires jusqu’à un maximum de 8% des effectifs, pour autant que cela soit réglementé par une convention collective ;
  • à compter du 1er avril 2021, la durée maximale pendant laquelle un travailleur temporaire peut être salarié est de 4 mois ;
  • les employés temporaires et permanents doivent recevoir un salaire égal et un traitement égal ;
  • le temps de travail doit être dûment enregistré informatiquement. Le montant des amendes pour fraude sur le temps de travail est doublé et fixé à 30 000 € par délit constaté ;
  • des normes minimales sont fixées pour l’hébergement des travailleurs.

Ces nouvelles dispositions pourraient mettre fin à une distorsion de concurrence intra-communautaire, notamment dénoncée par les industriels français du secteur depuis plusieurs années.

Irlande : les cours poursuivent leur rattrapage

En Irlande, le marché de la viande bovine est resté dynamique en janvier. La demande en vaches de réforme pour l’export notamment vers le secteur de la transformation a continué à soutenir les cours. En semaine 4, la cotation de la vache O s’établissait à 3,05 €/kg de carcasse (+8% /2020 et +13% /2019), soit une hausse de 10 centimes par rapport à la dernière cotation de 2020 (+3%).

La hausse de prix de janvier n’a pas concerné que la seule catégorie des réformes. D’après Bord Bia, la demande en animaux plus jeunes reste soutenue par le secteur de la vente au détail, en Irlande mais surtout au Royaume-Uni, premier consommateur de viande bovine irlandaise. Depuis le début de l’année, la génisse R s’est appréciée de 7 centimes (+2%) à 3,89 /kg éc (+5% /2020) et le bœuf R a repris 6 centimes à 3,83 /kg éc (+5% /2020).

En face, l’offre demeure plutôt limitée, sauf pour les réformes. Les abattages de gros bovins ont été en retrait sur les 4 semaines de janvier (-4% /2020 en cumul) d’après l’indicateur hebdomadaire du Ministère de l’agriculture irlandais. La production de JB a notamment poursuivi son recul sur un rythme similaire à celui de l’année passée. Les abattages de réformes ont été plutôt dynamiques (+7% /2020).

Le mois de janvier est habituellement un bon mois pour la transformation et la viande de réforme. En effet, après les fêtes de fin d’année, les ménages favorisent notamment la viande hachée au détriment des découpes, pour des questions de pouvoir d’achat. Malgré la pandémie et les restrictions autour de la restauration, il semble que cela se soit confirmé en 2021. Les dernières remontées font cependant état d’une amorce de baisse des cours qui reste néanmoins à confirmer.

En fin d’année, d’après Bord Bia, les exportations irlandaises de viande bovine réfrigérée et congelée avaient poursuivi leur redressement, notamment vers le Royaume-Uni. En novembre 2020, les exportations ont atteint 51 900 téc (+6% /2019). Vers le seul Royaume-Uni, elles ont encore davantage rebondi en novembre (+23% /2019 à 27 200 téc). En cumul sur les 11 premiers mois de l’année, l’écart avec 2019 s’était ainsi réduit (-1% /2019 et +4% /2018).

Royaume-Uni : soutenues par des ventes au détail dynamiques, les cotations toujours au plus haut

Au Royaume-Uni, malgré les restrictions affectant le secteur de la restauration, la consommation de viande bovine est restée dynamique depuis le début de l’année. Le report vers les ventes au détail, soutenu par le maintien d’un bon nombre de voyageurs britanniques sur le territoire national, fait mieux que compenser en volume la perte de débouchés hors domicile.

En fin d’année 2020, les restrictions en lien avec la pandémie avaient pesé en faveur de la consommation de viande bovine lors des fêtes de Noël. Avec moins d’invités, les consommateurs ont rompu avec les traditions, notamment concernant la consommation de volaille (dinde,…). D’après Kantar, sur les 4 semaines finissant le 27 décembre 2020, les ventes de viande bovine ont progressé de +18% /2019. La part de marché de la viande bovine est ainsi passée à 15% des découpes de viande (contre 13% les trois années précédentes). Les boucheries en ont particulièrement profité. Les bouchers ont ainsi connu leur meilleur Noël de l’histoire récente : les ventes de viande rouge et de volaille ont progressé en valeur de +16% /2019 (Kantar sur 4 semaines finissant le 27 décembre 2020). Sur l’année 2020, les ventes de viandes en boucherie ont d’ailleurs été portées par les effets de la pandémie : +22% /2019 et +550 000 « actes d’achats ».

La progression de la demande concerne tous les morceaux, y compris le haché. Les cours ont donc été soutenus en fin d’année. Ils l’ont encore été en début d’année, y compris pour les réformes. Fin janvier, la cotation de la vache O s’établissait à 2,64 £/kg de carcasse (+8% /2020 et = /2019), soit 2,98 €/kg de carcasse en semaine 4.

Même constat pour le bœuf R britannique qui cotait 3,84 £/kg de carcasse (+13% /2020 et +4% /2019). A 4,33 €/kg, il s’est apprécié de 16 centimes par rapport à la dernière cotation de 2020. Malgré la progression des cours en Irlande, l’écart avec la cotation du bœuf irlandais est reparti à la hausse (50 centimes/kg en semaine 4 de 2021 contre 38 centimes un mois plus tôt).

Les abattages de gros bovins ont été dynamiques sur les quatre premières semaines de 2021 (+11% /2020). Toutes les catégories sont à la hausse, notamment pour les réformes dont les abattages sont en très nette hausse (+18%).

En novembre 2020, les importations britanniques s’étaient légèrement redressées (+1% /2019) notamment depuis l’Irlande, mais aussi depuis l’Allemagne, l’Autriche et l’Espagne. En cumul de janvier à novembre, le Royaume-Uni avait importé 219 400 tonnes de viande bovine réfrigérée et congelée (-3% /2019). Les exportations avaient poursuivi leur chute en novembre à 9 300 tonnes (-28% /2019). Sur 11 mois, la baisse avait atteint -16% à 105 700 tonnes. Cependant, les exportations à destination des pays tiers (hors UE) poursuivaient leur progression : +16% par rapport à une année 2019 déjà en forte hausse.

Avec la baisse des effectifs observés dans la dernière enquête cheptel, AHDB prévoit en 2021 une baisse de -5% /2020 de la production britannique de viande bovine. L’institut anglo-gallois table sur une hausse des importations (+4% /2020) liée à une amélioration de la situation de la restauration. Les exportations devraient reculer (-3% /2020), essentiellement du fait du repli de la production domestique. La consommation par bilan pourrait ainsi diminuer sensiblement (-3% /2020), en raison d’une baisse des ventes au détail après une année 2020 exceptionnelle…

POLOGNE : les cours se redressent légèrement

En Pologne, les cours des réformes ont entamé une timide remontée après le nouveau reflux observé fin décembre en lien avec la baisse de la demande en viande polonaise pour la transformation. La cotation de la vache O s’est appréciée de +9 centimes par rapport à la dernière cotation de 2020. Elle atteignait le faible niveau de 2,50 €/kg de carcasse (-2% /2020 et -7% /2019) en semaine 4. C’est 54 centimes de moins qu’en Irlande, 52 centimes de moins qu’en France et 21 centimes de moins qu’en Allemagne.

Avec la baisse du zloty observée depuis plusieurs mois, la viande polonaise a encore amélioré sa compétitivité sur le marché de l’export. Ainsi, l’origine Pologne est la seule à avoir été en hausse dans les importations françaises de viande bovine en décembre 2020 /2019.

Viandes bovines » Maigre »

Les cours des broutardes se maintiennent

Malgré des disponibilités limitées en ce début d’année, les cours des broutards mâles sont toujours très bas par rapport aux années précédentes, tandis que ceux des femelles se maintiennent grâce à une demande italienne toujours très vive.

Les prix des mâles sont restés bas

Après avoir stagné à 2,23 €/kg vif au mois de décembre, la cotation du Charolais U de 450 kg a légèrement progressé en début d’année pour s’établir à 2,26 €/kg vif en semaine 5. Elle reste ainsi inférieure de 16 centimes à son niveau de 2020 (-7%).

Les cours des Limousins ont également connu un modeste rebond. A 2,90 €/kg vif, la cotation du Limousin E de 300 kg a gagné 3 centimes depuis la première semaine de janvier, mais elle reste inférieure de 15 cts /2020 (-5%). Le Limousin E de 350 kg cotait 2,69 €/kg vif en semaine 5 (-7% /2020).

La cotation du Charolais U de 350 kg a frémi à 2,48 €/kg vif (-5% /2020) tandis que celle du Croisé R de 300 kg est restée au plancher (2,29 €/kg vif soit -11% /2020).

La demande italienne en femelles reste soutenue et permet de maintenir les prix des laitonnes, qui ont dépassé leur niveau de 2020. La cotation de la Charolaise U de 270 kg a progressé de 6 centimes depuis le début de l’année, à 2,60 €/kg vif, soit +2% /2020. A 2,78 €/kg vif, le cours de la Limousines E de 270 kg est supérieur de 5 centimes /2020 (+2%).

Les naissances se sont maintenues en 2020 malgré la décapitalisation du cheptel allaitant

En décembre 2020, les vêlages allaitants ont reculé de -3% /2019 et de -4% /2018 (348 000 naissances). En cumul sur le début de la campagne 2020-2021 (de juillet à décembre 2020), 1 566 000 veaux sont nés de mère allaitante, soit une légère baisse de -0,6% /2019-2020.

Malgré la décapitalisation du cheptel de vaches allaitantes, les naissances sont stables sur l’année 2020 à 3,58 millions de têtes (= /2019) grâce à une meilleure productivité numérique, notamment de meilleures conditions au moment de la reproduction qu’en 2018-19. La baisse des naissances de veaux croisés (-1% /2019) et de veaux de race salers (-7% /2019) a été compensée par l’augmentation des naissances de Limousins (+1%) et d’Aubracs (+5%). Les naissances de Charolais et de Blonds ont été stables d’une année sur l’autre. Les naissances allaitantes restent néanmoins en recul de -5% comparé à 2018.

Au 1er janvier 2021, on dénombrait dans les élevages français 707 000 mâles allaitants de 6-12 mois, soit une hausse de +2% /2020, mais une baisse de -1% par rapport à 2019 comme à 2018. Les hausses des effectifs sont les plus marquées en Limousins (+2% /2020) et surtout en Blonds (+6% /2020), alors que celle de Charolais affichait +1% /2020.

Avec 730 000 têtes au 1er janvier, les effectifs de mâles de 0-6 mois nés de mère allaitante étaient en revanche en recul de -1% /2020 et de -5% /2019.

Le rebond des exportations en fin d’année n’a pas compensé le retard du printemps 2020

Les exportations ont été dynamiques en décembre 2020 : 93 500 broutards ont été exportés sur les semaines 49 à 53, soit une hausse hebdomadaire de +12% /2019 et +1% /2018.

Au total sur l’année 2020, les exportations de gros bovins maigres ont baissé de -2% /2019 d’après les données SPIE-BDNI (1 136 000 têtes), principalement vers les pays tiers. Le recul a été plus marqué pour les femelles (390 000 têtes soit -3% /2019) que pour les mâles (745 500 têtes soit -2% /2019). La part des femelles dans les envois est ainsi en légère baisse à 34% (-1% /2019), même si la demande italienne reste ferme pour ces laitonnes.

D’après les données des Douanes françaises, en décembre, les exportations vers les pays tiers ont progressé de +16% /2019 à 8 100 têtes, dont 6 400 têtes vers l’Algérie et 1 700 vers la Tunisie. Cumulés sur l’année, les achats algériens de broutards français ont reculé de -18% /2019 ; cependant 2019 avait été une année record. Les envois français de bovins vifs sur l’ensemble des pays tiers se sont ainsi contractés à 66 000 têtes, en recul de -10% /2019.

Toujours d’après les Douanes, les flux de broutards français vers l’Italie, qui ont représenté 80% des envois, ont été maintenus en 2020. En revanche les ventes vers l’Espagne ont été en baisse de -17% /2019, les engraisseurs ayant préféré se tourner davantage vers l’achat de veaux laitiers bradés (voir article veau nourrisson).

D’après TRACES, les envois de bovins vifs entre les semaines 1 à 5 auraient augmenté de +19% /2020 vers l’Italie et de +2% /2020 vers l’Espagne. Cette hausse est probablement liée au fait que la première semaine de 2021 commence un 4 janvier alors qu’elle commençait le 28 décembre 2020 et le 30 en 2019.

 

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Une offre maitrisée et un statut quo sur les prix en France

En janvier, les cours français des veaux gras étaient en légère en hausse par rapport à fin 2020 : ils ont bénéficié du recul de la production du fait de la baisse des mises en place au printemps-été 2020. En outre, le début du « Festival de Veau » organisé au 1er trimestre 2021 par l’Interprofession, a contribué au dynamisme des ventes au détail en ce début d’année. Les intégrateurs s’inquiètent toutefois de la hausse du coût des matières premières (lactosérum et aliments fibreux).

Cotation du veau rosé clair O élevé en atelier quasi stable

En semaine 5, début février, le cours du veau rosé clair O élevé en atelier s’est établi à 5,79 €/kg éc, soit -8 cts /2019 (-8 %) mais seulement -3 cts /2019 (-0,5%). Les ventes au détail ont été particulièrement dynamiques en début d’année, avec des opérations de mise en avant dès la semaine 2. Le prix du veau gras a donc augmenté en semaines 3 et 4 grâce à une bonne adéquation entre l’offre et la demande, avant de retomber en semaine 5 au niveau de la semaine 2.

En semaine 5, la cotation du veau rosé clair R élevé en atelier était de 6,41 €/kg de carcasse, soit +4 cts /2020 (+0,6%) et +2 cts /2019. Le prix de ces veaux bien conformés a connu une légère hausse de +4 cts entre les semaines 4 et 5.

Janvier 2021 : le coût alimentaire toujours en hausse

En janvier le cours du lactosérum doux s’est fortement apprécié de 140 € en deux semaines à 910 €/t en semaine 4  (+14% /2020). La demande chinoise est toujours forte pour alimenter les élevages porcins, peut-être aussi pour un stockage de précaution. En décembre 2020, l’indice IPAMPA des autres aliments pour veaux poursuivait également la hausse entamée cet automne, à +4,6 points /2020, du fait de la plus faible récolte de paille de la moisson 2020.

Des abattages en retrait de -0,5% par rapport décembre 2019

En décembre 2020, en données brutes, 109 000 veaux ont été abattus soit -0,5% /2019 et +1,3% /2018. Ce repli des abattages est en réalité plus marqué dans la mesure où décembre 2020 comptait un jour ouvré de plus qu’en 2019. La production mensuelle a totalisé 15 000 téc (-0,5% /2019).

Au total sur l’année 2020, 1 210 000 têtes ont été abattues, soit un repli de -3,8% /2019 (déjà une année de crise) et de -4,6% /2018. Le confinement du printemps a réduit la consommation de veau, la RHD ayant fait défaut et cette viande ayant été moins présente dans les rayons et à l’esprit du consommateur.

En téc, les abattages de l’année 2020 ont atteint seulement 178 000 téc, soit -3,0% /2019 et -2,3% /2018.  Le poids moyen des veaux avait augmenté de mars à août 2020, avant un mouvement de reflux lié à la reprise de la consommation en automne.

Des poids et des âges à l’abattage rétablis en décembre

Depuis décembre 2020, et malgré le confinement décrété fin octobre, les poids et âge moyens des veaux sont revenus à des niveaux similaires à fin 2019. Les volumes produits correspondaient à la demande, dynamique en GMS en janvier et avec des cantines scolaires ouvertes. A 143 kg/tête en janvier et avec un âge moyen à l’abattage de 183 jours, les veaux ont retrouvé les critères de début 2020.

Des marchés un peu moins déprimés aux Pays-Bas et en Italie

Aux Pays-Bas, la cotation du veau de boucherie est enfin remontée en décembre. En semaine 52, elle cotait à 4,25 €/kg de carcasse. Durement affecté par la fermeture de la RHD un peu partout en Europe, le prix moyen 2020 du veau gras néerlandais (exporté à 90%) a terminé l’année à -16% /2019 et -11% / 2018. Voir notre Annuel Bovin Viande pour l’analyse.

Selon Eurostat, les abattages néerlandais de veaux ne se s’étaient pas redressés en novembre. En cumul sur 11 mois, ils ont baissé de -4,2% /2019, à 202 000 téc.

En Italie, la cotation a poursuivi sa timide hausse débutée en décembre. En semaine 6, la cotation du veau de boucherie à Modène était de 5,05 €/kg éc, toujours retrait de -18% /2020, mais supérieure de +1% /2019.

Les opérateurs plus confiants pour le 1er semestre 2021

Les entreprises ont maîtrisé les mises en place en France depuis le printemps 2020 et le marché a été assaini progressivement depuis cet automne par la reprise de la consommation et l’accélération des abattages. Le « Festival du Veau » a lieu des semaines 2 à 11. L’opération du « Veau de Pentecôte », le 17 mai prochain, sera suivi par une période de promotion inédite, des semaines 20 à 27. Le but sera de soutenir les cours, suite aux mises en place plus importantes que prévues fin 2020. A ce stade, et sans autre perturbation majeure du marché, les opérateurs envisagent un 1er semestre 2021 convenable.

Viandes bovines » Veaux nourrissons »

Un frémissement pour le petit veau

En décembre, les exportations de petits veaux vers l’Espagne ont atteint des niveaux record, comme en novembre. En janvier, la fin du pic des naissances a permis un tout petit mieux sur la cotation du veau laitier nourrisson.

Avec une offre de veaux en baisse saisonnière, la cotation a augmenté à nouveau

En semaine 5, le veau mâle de type laitier de 45-50 kg cotait 59 € /tête, une valeur supérieure à celle de février 2020 (+3 € /tête soit +5%), mais toujours nettement en-dessous de 2019 (-15 € /tête soit -20%). Après le pic automnal de naissances, les commentaires recueillis par FranceAgrMer font état d’un marché des petits veaux globalement actif en ce début d’année. Les apports sont désormais plus limités, ce qui contribue au frémissement des cours.

On constate aussi une hausse dans les meilleures conformations. En semaine 5, le veau mâle de type viande affichait un prix de 171 € /tête soit +7 € /2020 (+4%).

Des naissances de veaux de mère laitière toujours en baisse

En décembre 2020, 298 000 veaux de mère laitière sont nés, soit -2,9% /2019 et -6% /2018. En effet, au 1er janvier 2021, le cheptel laitier était toujours en retrait (-80 000 vaches soit -2,2% /2020). Sur l’ensemble de l’année 2020, 3 383 000 veaux de mère laitière sont nés, soit -0,9% /2019 et -4% /2018, avec un recul des naissances moins fort au 2nd semestre qu’au premier. Ce recul des naissances n’avait cependant pas permis de soutenir le cours 2020 du jeune veau laitier (en moyenne annuelle 61 €/tête en 2020, soit -12% /2019).

Exports très dynamiques sur les semaines 49 à 53

Selon SPIE-BDNI, 32 000 veaux de moins de 2 mois ont été exportés du 30 novembre 2020 au 3 janvier 2021, contre 22 000 l’année d’avant (+44% /2019 et +41 % /2018). Suite au pic automnal des naissances et au recul tendanciel de l’engraissement de JB laitiers en France, un grand nombre de veaux ont été exportés en Espagne, faute d’autre débouché.

Au total 324 000 veaux de moins de 2 mois ont été exportés en 2020 (+10% /2019, année déjà record).

Selon TRACES en janvier 2021 (S1à S4), l’activité s’est poursuivie à rythme dynamique : 48 000 bovins vifs (veaux et broutards) ont été exportés vers l’Espagne, soit +11% /2020. Les veaux de moins de 2 mois représentent désormais plus de la moitié des envois français vers l’Espagne.

La cotation du veau frison en Espagne est toujours basse

En semaine 4, le veau frison de moins d’un mois cotait 77 €/tête, quasiment le même niveau qu’en 2020 (+1%), mais en net retrait par rapport à 2019 (-7%). L’écart avec la cotation française en  n’était que de 20 € la même semaine.