Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 335 Janvier 2022 Mise en ligne le 18/01/2022

Viandes bovines

Hausses des charges et des prix des bovins finis mais les cotations des bovins maigres stagnent toujours

Les prix des intrants ont fortement augmenté et les perspectives sur le marché des matières premières restent tendues pour les mois à venir. L’année 2022 démarre avec des prix des gros bovins finis qui poursuivent leur hausse, et une stabilité des cotations des veaux de boucherie à des niveaux élevés. Seuls les prix des broutards et des veaux nourrissons n’arrivent toujours pas à décoller. Les flux de broutards vers l’Italie restent pourtant dynamiques, de même que ceux de veaux nourrissons vers l’Espagne.
A l’image du marché français, le marché européen est toujours en manque de disponibilité de viande bovine. Les prix des animaux finis européens restent donc orientés à la hausse.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Commerce extérieur : exportations toujours dynamiques et importations en hausse

Avec des disponibilités en mâles toujours limitées sur le marché communautaire, les exportations françaises ont poursuivi leur progression. Les importations se sont redressées en lien notamment avec la reprise du secteur de la RHD. Sur l’année 2021, la croissance des ventes au détail de l’ensemble des produits de grande consommation (PGC) est restée très forte par rapport à l’avant pandémie, en particulier pour la viande hachée. Mais l’inflation commence à peser sur le pouvoir d’achat des ménages.

Le commerce extérieur toujours plus dynamique

En novembre 2021, le commerce extérieur de viande bovine dépassait le niveau d’avant pandémie. Avec un manque de mâles en Europe, les exportations françaises ont été à nouveau en hausse en novembre 2021 (avec cependant un jour ouvré de plus qu’en 2020) à 23 000 téc (+7% /2020 et +20% /2019). A nouveau, les envois ont sensiblement progressé vers les Pays-Bas (4 100 téc : x5 /2020) et la Belgique (2 700 téc : +45% /2020).

Portées par la demande croissante du secteur de la RHD (cf. infra), les importations ont-elles aussi dépassé le niveau d’avant pandémie, à 29 000 téc en novembre (+52% /2020 et +4% /2019).

En cumul sur 11 mois, les exportations françaises de viande bovine ont dépassé les niveaux des deux dernières années à 219 000 téc (+9% /2020 et +4% /2019). Les importations n’avaient pas encore retrouvé leur niveau de 2020, à 276 000 téc (+10% /2020 et -10% /2019).

Après 5 mois consécutifs de baisse par rapport à 2020, la consommation calculée par bilan a progressé en novembre 2021, à 131 000 téc (+7% /2020 mais -3% /2019), avec un jour ouvré en plus qu’en novembre 2020 et probablement des reports d’abattages d’octobre sur novembre en lien avec la belle arrière-saison et la prolongation de la période de pâturage. Pour mémoire, novembre 2020 avait été marqué par le 2ème confinement. En cumul sur 11 mois, la consommation a été stable à 1 380 000 téc (= /2020, mais -3% /2019).

En novembre 2021, la proportion d’import dans les disponibilités totales se maintenait à 23%, niveau stable depuis juillet.

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !

La croissance à deux ans des ventes au détail est restée soutenue tout au long de 2021

Fin 2021, les ventes de produits de grande consommation et frais libre-service (PGC-FLS) sont restées intermédiaires entre une année 2020 marquée par les restrictions et 2019. En cumul sur 2021, les ventes de PGC en GMS sont restées bien supérieures à celles de l’avant pandémie (-1% /2020 et +6% /2019), une partie des habitudes d’achat prises lors des confinements successifs restant acquise.

Les ventes de viandes hachées sont demeurées nettement plus dynamiques qu’avant la pandémie malgré une diminution marquée en fin de période par rapport au sursaut enregistré lors du 2ème confinement de 2020. En cumul sur 51 semaines, les ventes de haché frais (-4% /2020 et +9% /2019) comme de haché surgelé (-8% /2020 et +12% /2019) restaient sur des niveaux bien supérieurs à ceux d’avant pandémie.

Cependant, le contexte général a commencé à peser sur le pouvoir d’achat des ménages. Les prix à la consommation (hors tabac) se sont appréciés depuis le début de l’année (+2,5% /2020 entre janvier et novembre 2021). C’est notamment le cas pour les dépenses concernant l’énergie (+17,2%), avec une accélération de la hausse à l’automne. Avec un budget plus contraint en général, les ménages ont réduit les achats de produits plus onéreux, dont les viandes d’après Kantar qui a enregistré une forte baisse des achats des ménages modestes en novembre. La hausse des prix à la consommation des viandes bovines et de veaux (+1,8% /2020) restaient cependant inférieure à celle de l’inflation générale.

En attendant, en octobre 2021, le chiffre d’affaires de la RHD en France dépassait les niveaux antérieurs à la pandémie pour le 3ème mois consécutif (+32% /2020 et +3% /2019). Le rétablissement de la RHD est resté plus modeste dans l’UE à 27 (+34% /2020 et -4% /2019), en particulier en Allemagne (+14% /2020 et -12% /2019) et en Espagne (+54% /2020 et -9% /2019).

Avec les habitudes prises lors de la pandémie, la restauration rapide française tire toujours son épingle du jeu pour afficher une croissance à 2 chiffres de son chiffre d’affaires par rapport à l’avant-pandémie (+20% /2020 et +11% /2019). Les ventes de la restauration traditionnelle ont aussi progressé (+39% /2020 et +4% /2019). Une ombre au tableau : la restauration collective sous contrat. Elle restait en effet à la peine (+13% /2020, mais -16% /2019) affectée par la persistance du télétravail et les habitudes prises pour la pause déjeuner lors des confinements.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Des hausses de prix bienvenues face à l’inflation des charges

Le manque d’offre en France comme partout en Europe permet des hausses de prix sur toutes les catégories de bovins. L’année 2022 commence avec des prix en hausse de 10 à 26% par rapport à 2021. La très forte inflation des charges est toutefois un gros point noir pour les éleveurs. En novembre, l’IPAMPA viande bovine affichait une hausse de +14% /2020.

Des charges en forte hausse

En novembre 2021, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles) se situait au niveau record de 119,8 (+14% /2020 et +13% /2019). L’indice des aliments achetés était à +12% /2020 et +17% /2019 et celui des énergies et lubrifiants à +48% /2020 et +17% /2019. L’IPAMPA viande bovine devrait rester élevé dans les prochains mois compte tenu des évolutions anticipées des prix des grains, des tourteaux et de ceux de l’énergie. Pour en savoir plus, lire l’article sur les matières premières.

Face à cette flambée des charges qui pèse sur les coûts de production, les prix des bovins finis ont poursuivi leur hausse. Le prix moyen pondéré (PMP) des gros bovins finis entrée abattoir s’établissait en novembre à 4,05 €/kg de carcasse (+14% /2021 et +17% /2020). Il a encore progressé en décembre, et a débuté 2022 à 4,12 €/ (+16% /2021 et +18% /2020).

Manque de JB dans l’Hexagone, alors que la demande export reste forte

A partir de l’été 2021, les faibles disponibilités de JB ont amené à anticiper les sorties des ateliers d’engraissement, ce qui a par la suite encore raréfié l’offre tout en conduisant à un allègement des carcasses. La pénurie s’est donc amplifiée tout au long du semestre. Les 3 derniers mois de l’année ont connu une baisse de -12% des tonnages de JB abattus en France. L’année 2022 commence donc avec un déficit de JB à abattre.

L’ensemble du marché européen est dans une situation similaire, ce qui fait grimper les prix dans tous les États membres (lien article JB Europe) et dope la demande adressée aux exportateurs français. Début 2022, les cotations des JB ont encore gagné 2 centimes par rapport à la dernière semaine de 2021. Le JB U a ainsi démarré l’année à 4,59 €/kg de carcasse et le JB R à 4,41 (+20% /2021 et +13% /2020). Le JB O cotait 3,70 €/kg (+15% /2021 et +11% /2020).

La vache R démarre l’année à 4,35 €/kg, la vache U à 4,88

Contrairement à la tendance saisonnière habituelle, les cotations des vaches ont poursuivi leur hausse à l’automne et en ce début d’hiver. La demande des abatteurs soumis à la pénurie de jeunes bovins, le dynamisme de la consommation en viande hachée et le renchérissement des importations, tout converge pour soutenir les prix.

La cotation de la vache U a démarré l’année à 4,88 €/kg de carcasse (+10% /2021 et +15% /2020) et celle de la vache R à 4,35 €/kg (+10% /2021 et +17% /2020), gagnant encore 3 centimes en une semaine.

La cotation de la vache O a gagné 2 centimes en une semaine pour débuter l’année à 3,68 €/kg (+22% /2021 et +24% /2020) et celle de la vache P a gagné 5 centimes à 3,50 €/kg (+26% /2021 et +36% /2020).

Les muscles importés restent à des prix très élevés

Les prix élevés sur le marché européen, alors que le secteur de la restauration en France a repris quelques couleurs, ont conduit à une forte hausse du prix des muscles origine UE sur le marché de Rungis.

En moyenne sur décembre, la bavette d’aloyau semi-parée origine UE était à 7,97 €/kg (+20% /2020 et +24% /2019), le faux filet à 9,82 €/kg (+52% /2020 et +41% /2019), l’entrecôte à 12,17 €/kg (+28% /2020 et +40% /2019) et le filet à 26,60 €/kg (+34% /2020 et +33% /2019). Ils ont connu un pic en décembre, avant les fêtes.

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

Un manque d’offre persistant

En Europe, les anticipations d’abattage de jeunes bovins au second semestre 2021 ont entamé les disponibilités de 2022. L’année commence avec un manque d’offre et les prix s’en ressentent.

Allemagne : -3% de mâles de 1 à 2 ans dans l’enquête cheptel de novembre

En Allemagne, le déclin de l’engraissement se poursuit. L’enquête cheptel de novembre parue fin décembre enregistre une baisse de -2,7% du nombre de bovins mâles de 1 à 2 ans par rapport à fin 2020, soit -22 000 têtes. La petite hausse des effectifs de 8-12 mois (+5 000 têtes ou +1,3%), sans doute liée à la hausse des prix des JB finis à partir du printemps, ne compensera pas la baisse des plus âgés.

La faiblesse de l’offre continue de faire grimper les prix. La cotation du JB U a démarré l’année 2022 au record absolu de 4,82 €/kg de carcasse (+25% /2021 et +28% /2020), celle du JB R à 4,76 €/kg (+23% /2021 et +26% /2021) et celle du JB O à 4,47 €/kg (+29% /2020 et +32% /2021).

Italie : manque d’offre

En Italie, les cours des jeunes bovins démarrent l’année à un niveau très élevé. Si la bourse de Modène n’a pas publié de cotation depuis la mi-décembre, celle de Padoue indique pour la première semaine de l’année 2022 une stabilité pour les Charolais au très haut niveau de 2,92 €/kg vif (+21% /2021 et +10% /2020) et une hausse de 1 centime pour les Limousins à 3,07 €/kg vif (+11% /2021 et +10% 20120).

Alors que les abattages de jeunes bovins mâles avaient été très dynamiques en Italie jusqu’en août (+6% /2020 en cumul sur les 8 premiers mois), reflétant la hausse des mises en place de broutards à l’automne 2020, la tendance s’est inversée dès septembre (+3%) avant que les abattages diminuent en octobre (-3% /2020).

A l’inverse, les abattages de jeunes bovins femelles ont été un peu plus nombreux en début d’automne alors que le cumul sur les 8 premiers mois était plutôt en retrait (-1% /2020). Ceci n’a toutefois pas compensé le manque d’offre de mâles, le total mâles et femelles étant moindre en octobre, de -1% /2020. Avec retard, l’Italie a donc emboité le pas aux autres pays européens : les opérateurs ont anticipé les abattages et le manque d’offre s’est progressivement amplifié jusqu’à la fin de l’année.

Pologne : le JB O à 4,23 €/kg en fin d’année !

En Pologne, le JB O a atteint 4,23 €/kg de carcasse en semaine 52 (+40% /2020 et 2019 ; +30% /2018) et le JB R 4,32 €/kg (+41% /2020 ; +52% /2019 et +32% /2018). Rappelons que le R est très minoritaire en Pologne, ce qui explique sans doute le très faible écart de prix avec le JB O.

La baisse de l’offre dans le pays, qui s’est amplifiée comme partout en Europe au dernier trimestre en raison des anticipations d’abattages les mois précédents, a contraint les abatteurs à concéder ces fortes revalorisations.

Face à la demande accrue en viande bovine polonaise, la production plafonne. D’après nos estimations, la production polonaise de viande bovine aurait reculé en 2021 pour la 3ème année consécutive (-2% /2020, à 547 000 téc). Les exportations, qui écoulent 85% de la production nationale, auraient reculé dans les mêmes proportions à 466 000 téc.

Espagne : les prix profitent du contexte européen

En Espagne, la cotation du JB U a atteint 4,49 €/kg de carcasse en fin d’année (+25% /2020 et +19% /2019).

La production espagnole est à présent limitée. Les abattages de mâles non castrés de plus d’un an, en hausse de +18% /2020 sur les 9 premiers mois de l’année, n’affichaient plus qu’un +1% en octobre, à 66 000 têtes. Par ailleurs, leur poids moyen était en retrait (-0,4% /2020), conséquence de probables anticipations d’abattage avec la hausse des coûts d’alimentation. Les abattages de bovins de 8-12 mois restaient en hausse en octobre à 74 000 têtes (+6% /2020), mais avec un poids moyen en retrait de -2,1%.

Viandes bovines » Femelles » Europe »

La raréfaction de l’offre soutient les cours

Après des réformes un peu plus abondantes à la fin de l’automne, l’offre en vaches est à nouveau modérée. Les cours des réformes sont de nouveau orientées à la hausse.

ALLEMAGNE : les cotations rebondissent

En Allemagne, les disponibilités sont restées limitées fin 2021. Sur les quatre dernières semaines de l’année (s.49 à 52) les abattages de gros bovins étaient très inférieurs aux années précédentes (-19% /2020 et -15% /2019). C’était notamment le cas pour les réformes (-17% /2020 et -15% /2019).

Courant novembre la demande en viande de vache des opérateurs allemands avait diminué avant la préparation des fêtes de fin d’année. Cette évolution habituelle à cette période avait fait pression sur les cotations des vaches.

Mais, dès la mi-décembre, la demande est repartie à la hausse et les cours des réformes ont rebondi. En semaine 1, la vache O cotait 3,56 €/kg de carcasse (+35% /2020 et +33% /2019). C’est 3 centimes de moins (-1%) que lors du pic de mi-novembre 2021, mais 19 centimes de plus (+6%) qu’au relatif creux de la semaine 50. Début janvier, la demande s’est encore intensifiée d’après les experts d’AMI, conformément à l’évolution saisonnière des habitudes d’achat. Avec une offre qui devrait restée limitée, les prix devraient être soutenus dans les prochaines semaines.

Sur les 10 premiers mois de 2020, les achats des ménages de viande bovine au détail avaient bien résisté, en volume (+0,6% /2020) comme en valeur (+2,4%), contrastant avec toutes les autres viandes dont les volumes d’achat se réduisaient, et notamment le porc malgré une inflation nulle de son prix.

La production allemande pourrait connaître un nouveau recul en 2022. L’enquête cheptel de novembre 2021 pointait à nouveau le recul des effectifs totaux de bovins (-2% /2020 à 11,04 millions de têtes). Cette décapitalisation touche toutes les catégories de bovins : mâles de 1 à 2 ans (-3% à 0,81 million de têtes), génisses de plus d’un an (-4% à 2,34 millions de têtes),  vaches laitières (-2% à 3,83 millions de têtes) et vaches allaitantes (-2% à 0,61 million de têtes).

POLOGNE : les cours des réformes toujours soutenus

Après une accalmie saisonnière de courte durée en fin d’année, la demande en viande de réforme pour les secteurs de la transformation et de la restauration (notamment rapide) est repartie à la hausse dès la mi-décembre. Ainsi, les opérateurs recherchent à nouveau des réformes à abattre. En semaine 52, le cours de la vache O polonaise atteignait 3,56 €/kg de carcasse (+48% /2020 ; +40% /2019). C’est 17 centimes (-5%) de moins qu’au moment du pic de la semaine 49, mais 6 centimes de plus (+2%) qu’en semaine 51.

IRLANDE : la demande des abatteurs soutient les cours

En Irlande, l’offre en femelles de réforme avait été plus étoffée en novembre, période habituelle de sortie de pâturage, avant de se réduire à nouveau. Sur les 5 dernières semaines de 2021, les effectifs de vaches abattues dans les abattoirs agréés pour l’export sont revenus à l’étiage, même s’ils restaient supérieurs à la fin 2020 où ils avaient littéralement plongé (+10% /2020) d’après l’indicateur hebdomadaire du Ministère de l’Agriculture irlandais.

Avec une demande plus soutenue, le cours de la vache O est de nouveau orienté à la hausse. En semaine 52, il atteignait 3,54 €/kg de carcasse (+20% /2020 et +34% /2019), soit +8 centimes en un mois (+2%). D’après Bord Bia, les prix payés par les abattoirs irlandais devraient rester soutenus ces prochaines semaines.

Le commerce extérieur irlandais de viande bovine a poursuivi son redressement partiel en octobre dernier. Sur 10 mois, les exportations irlandaises de viande bovine réfrigérée et congelée ont atteint 385 000 téc (+2% /2020 mais -3% /2019). Les exportations vers les pays tiers ont reculé au profit des envois vers l’UE. Enfin, les exportations de viandes transformées restaient cependant limitées à 35 000 téc (-37% /2020 et -35% /2019).

Affectées par le Brexit, les exportations irlandaises de viande bovine vers le Royaume-Uni se sont érodées depuis 2019. Mais les envois irlandais pourraient rebondir : les flux commençaient d’ailleurs à se redresser fin 2021. Ainsi, ASDA, une des plus grandes chaînes britanniques de supermarchés, vient d’annoncer qu’elle allait de nouveau recourir à la viande bovine irlandaise, provoquant les protestations du côté des éleveurs britanniques. ASDA avait annoncé son intention de renoncer à distribuer de la viande bovine importée en octobre 2020….

ROYAUME-UNI : après une baisse saisonnière, les cotations des réformes rebondissent

Au Royaume-Uni, le rythme de recul des abattages de réformes s’est amplifié entre les semaines 49 et 52 (-11% /2020 et -14% /2019). L’offre de femelles en ferme est faible alors que la demande des opérateurs a été robuste malgré une activité de transformation encore plutôt limitée.

En fin d’année, les cotations des animaux jeunes (« prime cattle ») ont été légèrement affectées par des difficultés rencontrées par les abattoirs : absences du personnel liées au Covid-19 et demande plus mitigée, suite à des fermetures de restaurants. Cependant, les cours sont repartis à la hausse. En semaine 52, la cotation de la génisse R3 atteignait 4,15 £/kg de carcasse (+10% /2020 et +22% /2019) et celle du bœuf R3 4,16 £/kgéc (+11% /2020 et +22% /2019), soit 4,98 €/kg de carcasse.

Après une baisse saisonnière et les perturbations de fin d’année, les cotations des réformes sont reparties à la hausse. En semaine 52, le cours de la vache O atteignait 2,84 £/kg de carcasse (+15% /2020 et +22% /2019), soit 3,40 €/kg.

 

 

Viandes bovines » Maigre »

Les flux vers l’Italie se sont maintenus

Les cours des broutards ont fini l’année à des niveaux supérieurs à la difficile fin d’année 2020, mais ils stagnent depuis plusieurs semaines malgré la hausse des cours des JB européens. Les exportations ont été dynamiques vers l’Italie et les pays tiers, elles sont néanmoins en recul vers l’Espagne.

Les cours stagnent

La rentrée en bâtiment, synonyme d’augmentation des disponibilités en bovins maigres, a été plus tardive que d’habitude en 2021. Mais cette hausse saisonnière des disponibilités ne s’est pas traduite par une baisse des cours : celui du mâle Charolais U de 350 kg est resté stable depuis fin octobre. Il s’est apprécié de 3 centimes entre la dernière semaine de 2021 et la première semaine de 2022. Il cotait 2,72 €/kg vif en semaine 1, soit +24 cts par rapport au très bas niveau du début de l’année 2021 (+10%) et +5% /2020.

En animaux plus lourds, le broutard mâle Charolais U de 450 kg a lui aussi stagné tout au long des mois de novembre-décembre avant de gagner 2 centimes la première semaine de 2022 pour atteindre 2,58 €/kg vif (+16% /2021 et +7% /2020).

Le cours du mâle Limousin E de 350 kg s’est également stabilisé mais plus tardivement, fin novembre. Il s’établissait en semaine 1 à 2,83 €/kg, soit +17 cts /2021 (+6%). En animaux plus légers, le croisé R de 300 kg cotait 2,62 €/kg la même semaine, soit +33 cts /2021 (+14% /2021 et +3% /2020).

En femelles, les cours étaient aussi stables ces dernières semaines. La Limousine E de 270 kg cotait 2,92 €/kg vif (+15 cts ou +5% /2021 et +7% /2020) et la Charolaise U de 270 kg 2,68 €/kg vif (+14 cts /2021 et +6% /2020).

Des naissances allaitantes durablement en baisse

Les naissances de veaux de mère allaitante étaient de nouveau en retrait en novembre, avec 283 000 veaux nés (-3% /2020 et /2019 selon SPIE-BDNI). En cumulé depuis juillet 2021, les naissances ont reculé de -4% /2020-21 (-44 000 têtes) et de -3% /2019.

Au 1er décembre 2021, on comptait 3 647 000 vaches allaitantes, en recul de -2,8% /2020, un rythme de décapitalisation qui ne cesse de s’accélérer depuis des mois.

Effectifs de 0-6 mois en net recul

L’offre en broutards devrait rester très limitée dans les prochains mois : les effectifs en ferme de mâles allaitants de 0 à 6 mois sont en net recul depuis plusieurs mois (596 000 veaux au 1er décembre soit -10% /2020 et -9% /2019). Quant à ceux de mâles de mère allaitante de 6 à 12 mois, ils étaient quasi stables à 758 000 têtes (-1% /2020 et = /2019).

Des envois dynamiques vers l’Italie et les pays tiers

Sur la période 11 (S44 à S47), selon SPIE-BDNI, 99 000 broutards mâles et femelles ont été exportés, en léger recul de -1% /2020 et -2% /2019. En cumulé entre S1 et S50, les exports de broutards ont progressé de +3% /2020 pour atteindre 1 126 000 têtes. Ils restent néanmoins en léger recul par rapport à 2019, de -1%.

D’après les Douanes, 831 000 broutards ont été envoyés en Italie sur les 11 premiers mois de l’année, soit autant qu’en 2020 et 2019. Les envois de mâles de plus de 300 kg ont reculé de -5% /2020, tandis que les exportations de femelles de plus de 300 kg et de bovins de 160-300 kg ont progressé respectivement de +12% et de +6%. Après une chute de -13% des exportations en octobre du fait des faibles disponibilités, les envois ont rebondi de +12% en novembre.

Les envois vers l’Espagne se sont effondrés en novembre, de -21% /2020, faisant reculer les exportations cumulées sur 11 mois. Avec 108 000 broutards, elles ont reculé de -7% /2020 et de -26% /2019. Cette baisse est avant tout due au recul des envois de vifs de 160-300 kg (-13%) alors que les envois de femelles et de mâles de >300kg ont progressé respectivement de +50% et de +9%.

Les exportations vers les pays tiers sont restées dynamiques depuis le début de l’année 2021 (+5% /2020 sur 11 mois) grâce à la forte hausse des envois vers Israël (19 500 têtes, x2). En cumul sur 11 mois, les envois vers l’Algérie ont baissé de -2% par rapport à une année 2020 déjà marquée par une baisse significative. Ils sont inférieurs de -24% à leur niveau record de 2019. La reprise de l’octroi par le gouvernement algérien de licences d’importations pour les produits français devrait permettre un redressement des envois de broutards ces prochaines semaines. D’autant plus que le rétablissement de l’autorisation d’importations de génisses laitières françaises devrait faciliter le remplissage des bateaux.

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Des coûts de production toujours en hausse

La cotation du veau gras s’est stabilisée en fin d’année à un niveau élevé. La prudence des mises en place après deux années de crise a fait reculer l’offre, soutenant les prix dans un contexte de forte hausse des coûts de production. Avec également une offre restreinte, le marché néerlandais se porte bien malgré le renforcement des mesures sanitaires dans certains pays européens.

Le cours du veau gras débute l’année à un niveau élevé

Durant plusieurs semaines, la cotation du veau de boucherie rosé clair O s’est stabilisée à un prix élevé de 6,53 €/kg de carcasse en semaine 1 (+12% /2021 ou +75 cts et +10% /2020 ou +61 cts).

La hausse saisonnière du 2ème semestre 2021 a été très marquée. Après deux années de crise pour la filière, les mises en place ont été très prudentes en 2021. L’offre était donc en léger recul alors que la demande était soutenue à l’automne, le contraste avec 2020 étant lié au confinement de l’automne 2020. Par ailleurs, dans un contexte de hausse généralisée des coûts de production, cette hausse était plus que bienvenue.

La hausse a été similaire pour la cotation du veau R rosé clair élevé en atelier, à 6,95 €/kgéc en semaine 1 de 2022 (+56 cts /2021 et +57 cts /2020 soit +9% /2021 et 2020).

Les coûts alimentaires ont continué de grimper

Après une hausse ininterrompue depuis mi 2021, la cotation de la poudre de lactosérum doux s’est stabilisée à 1 130 €/t entre les semaines 49 et 52, un niveau jamais égalé ces dernières années (+49% /2020 et +46% /2019).

Le prix de la poudre maigre a également atteint des niveaux record. A 3 270 €/t, il était supérieur de +49% /2020 et de +43% /2019 en semaine 52 de 2021.

Les prix des matières premières laitières pourraient rester élevés les prochaines semaines, avec une collecte laitière mondiale globalement en retrait.

L’IPAMPA des autres aliments pour veaux a encore légèrement augmenté en novembre : à 119,2 points, il dépassait de 15 points son niveau de 2020 et de 20 points celui de 2019. Les prix des céréales et des substituts protéiques restent très élevés dans un contexte de forte demande mondiale.

Enfin pour les éleveurs, l’IPAMPA gaz a poursuivi sa montée en flèche entamée début 2021. En novembre 2021 sa valeur était de 131,9 points, soit +24 pts /2020 et +20 pts /2019.

La production n’a pas retrouvé son niveau d’avant pandémie

En novembre, 103 000 veaux gras ont été abattus en France, en progression de +1% /2020, avec cependant un jour ouvré de plus qu’en 2020, et de +1,7% /2019. En tonnage, la hausse est plus forte : 15 300 téc ont été produites, soit +4% /2020 et +6% /2019.

En cumul sur les onze premiers mois de l’année, 1 095 000 veaux ont été abattus (-0,6% /2020 et -4,6% /2019) pour un total de 162 600 téc (-0,1% /2020 et -3,3% /2019). La prudence des mises en place a très légèrement fait reculer l’offre en 2021, mais la production en téc se maintient grâce à la hausse des poids carcasse.

Le poids carcasse à nouveau très élevé en novembre

L’âge et le poids à l’abattage diminuent saisonnièrement à l’automne, mais en octobre et novembre 2021 ce recul a été plus modeste.

Le poids à l’abattage est donc resté élevé en novembre : à 148,9 kg éc, il dépassait de +4,4 kg éc son niveau 2020 et de même +5,9 kg éc son niveau 2019. L’âge à l’abattage en novembre, à 187,1 jours, était plus élevé qu’en 2020 à pareille époque (+2,8 jours /2020 et de +3,3 jours /2019).

Aux Pays-Bas, les cours sur un plateau haut

A 5,65 €/kg de carcasse en semaine 1, un cours inchangé depuis la semaine 48 de 2021, la cotation du veau de boucherie néerlandais dépassait largement ses niveaux de 2021 (+26%) et 2020 (+13%). Le marché du veau blanc néerlandais se porte bien, tiré notamment par des demandes, française et italienne, soutenues alors que l’offre néerlandaise reste plutôt réduite.

En octobre, les abattages de veaux néerlandais étaient en net repli de -13% /2020 en téc et -12% /2020 en têtes. Par conséquent, en cumul sur les 10 premiers mois de l’année, les abattages de veaux sont à présent en recul en téc (182 100 téc, -1,7% /2020) et bien plus en têtes (1,13 million soit -3,4% /2020). Les intégrateurs néerlandais ont réduit les mises en place après les difficultés rencontrées en 2020 et face aux coûts de production très élevés tout au long de 2021.

Les veaux néerlandais qui sortiront dans les prochaines semaines sont produits à un prix de revient nettement plus élevé que début 2021. D’après les opérateurs néerlandais, seul un maintien des cotations permettrait de couvrir les coûts de production.

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Des prix faibles malgré le dynamisme des exportations

Le marché français du petit veau laitier est morose du fait d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, récurrent à cette période de l’année. Le pic automnal des naissances est passé. En décembre, les mises en place sont souvent plus modérées dans les ateliers de veaux de boucherie français, en prévision d’une consommation de viande de veau qui diminue avec l’arrivée des beaux jours. La demande des engraisseurs espagnols pour le jeune veau reste forte malgré la hausse des coûts alimentaires.

Les débouchés français rétrécis

Comme chaque année, les ventes de veaux mâles laitiers sont compliquées depuis le début de l’automne. Les difficultés à trouver des débouchés sur le marché français durant la période de pic des naissances laitières a affecté les prix.

A 54 €/tête en semaine 1 de 2022, le cours du veau mâle de type lait de 45-50 kg vif stagne au même niveau faible que celui des années précédentes (+2 € /2021 et -1 € /2020). La cotation du mâle laitier de 50-60 kg s’est un peu appréciée : à 78 €/tête en semaine 1, elle est supérieure au prix très dégradé de 2021 (+11 €) et au prix de 2020 (+3 €). Ces cotations sont représentatives des prix pratiqués sur les marchés aux bestiaux.

Des naissances de veaux croisés en hausse

En novembre 2021 comme en octobre, les naissances de veaux de mère laitière ont reculé, cette fois-ci de -2,2% /2020 (-7 000 têtes) et de -5,2% /2019 avec un total de 313 000 naissances d’après SPIE-BDNI. Le pic automnal des naissances a été un peu moins marqué en 2021 que l’année précédente : -20 000 naissances de juillet à novembre.

Au 1erdécembre 2021, 3 519 000 vaches laitières étaient présentes dans les élevages, soit -1,8% /2020 (-65 000 têtes).

En cumul depuis janvier 2021, les naissances issues de mère laitière ont totalisé 3,05 millions de têtes, en retrait de -1,2% /2020 et de -1,5% /2019. Ce recul cache des disparités entre les types raciaux : les naissances cumulées de veaux de race laitière pure et croisés lait reculent à 2,35 millions de têtes (-3,0% /2020), alors que les naissances de veaux croisés viande progressent de +4,5% /2020 (699 000 têtes).

Toujours plus de veaux vers l’Espagne

Les exportations de veaux laitiers ont encore augmenté ces derniers mois. Sur les semaines 44 à 47 (mois de novembre) 35 000 veaux de mère laitière ont été exportés, soit +13% /2020 (+4 000 têtes) et +16% /2019. En cumul sur les semaines 1 à 50, 339 000 petits veaux ont été exportés, soit une hausse de +9% /2020 et de +18% /2019. Cette hausse des exportations est destinée au marché espagnol qui capte environ 90% des veaux laitiers français exportés.

La demande des engraisseurs espagnols est soutenue dans un contexte de hausse des cours européens de la viande. Sur les 9 premiers mois de l’année, les importations espagnoles de bovins vivants (broutards et veaux) toutes origines confondues, ont progressé de +17% /2020 d’après Eurostat.

Néanmoins, la hausse du prix des matières premières et de l’énergie pèse sur les coûts de production. D’après les données Eurostat, les importations espagnoles de bovins maigres (broutards et veaux) ont reculé de -14% /2020 au 3ème trimestre 2021. Cette baisse des importations n’affecte pas les petits veaux laitiers français, dont les achats ont progressé de +7% /2020 sur cette même période. Malgré la hausse des coûts alimentaires, les Espagnols continuent d’acheter des veaux laitiers français qui nécessitent moins de mobilisation initiale de trésorerie par rapport à des animaux plus âgés de type broutard.

La cotation espagnole du veau frison de moins d’un mois témoigne de cet intérêt pour le jeune veau. Elle n’a pas connu de baisse saisonnière et s’est maintenue à des niveaux élevés pour une fin d’année. A 104 €/tête en semaine 49, elle était nettement supérieure au niveau des années passées (+34% /2020 et de +40% /2019).