Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 337 Mars 2022 Mise en ligne le 22/03/2022

Viandes bovines

Flambée des charges, hausse des prix, offre réduite

Le vent de panique sur les marchés des grains et de l’énergie depuis le début de l’invasion russe en Ukraine a fait flamber les charges, qui étaient déjà en forte hausse ces derniers mois. C’est dans les pays du Sud de l’Europe que les engraisseurs sont les plus inquiets, en particulier en Espagne. Les prix des bovins maigres (veaux et broutards) restent malgré tout orientés à la hausse en raison de la baisse de l’offre.

Les prix des bovins finis augmentent toujours partout en Europe en réponse à l’offre limitée et à la flambée des charges. En Pologne, la dépréciation du zloty liée au contexte ukrainien limite la hausse en euro.

5,00 €/kg, la cotation du JB U français en semaine 10 (+27% /2021)

Elle est encore loin de son homologue allemande qui affiche 5,45 €/kg.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

L’inflation alimentaire restait limitée en début d’année

La Covid-19 a laissé des traces : l’activité de la RHD reste en retrait par rapport à l’avant pandémie quand les ventes au détail, notamment de viande hachée, sont encore soutenues. Début 2022, avant l’invasion russe en Ukraine, l’inflation de l’énergie était déjà élevée. Ce n’était pas le cas de l’alimentaire. Le conflit pourrait néanmoins changer la donne.

Les ventes au détail toujours supérieures à l’avant pandémie

Avant l’entrée en conflit de la Russie avec l’Ukraine, les modes de consommation étaient toujours affectés par la pandémie de Covid-19. Les ventes des produits de grande consommation et frais libre-service (PGC-FLS) pour l’année 2021 étaient encore très supérieures à celles d’avant crise, en volume comme en valeur. Depuis le début de 2022, les ventes de PGC-FLS sont toujours supérieures aux niveaux d’avant pandémie. Sur neuf semaines, elles ont cependant été en léger retrait par rapport à l’année dernière (-1% /2021), marquée alors par un couvre-feu à 18 heures et des cafés et restaurants qui restaient fermés.

C’est notamment le cas pour les ventes de viandes hachées, qui sont restées soutenues et nettement supérieures à l’avant pandémie. En cumul sur les huit premières semaines de 2022, les ventes de haché frais (-4% /2021 et +12% /2020) comme de haché surgelé (-4% /2021 et +17% /2020) restaient dynamiques.

La reprise du secteur de la RHD est restée partielle.

Avec les habitudes prises lors des différents confinements et le développement des consommations à domicile, le chiffre d’affaires de la restauration peinait à retrouver son niveau pré-pandémie. En décembre 2021, il restait en France légèrement inférieur à l’avant pandémie (-1% /2019 mais x2 /2020). Ce constat était plus marqué ailleurs en UE, comme en Espagne (+51% /2020, mais -18% /2019) ou en Allemagne (+78% /2020, mais -34% /2019).

Sur l’ensemble de l’année 2021, les reprises de, la restauration hors domicile ont été très disparates : nulle en Allemagne (-1% /2020 et -33% /2019), plus soutenue mais seulement partielle en Espagne (+31% /2020 et -26% /2019) comme en France (+16% /2020 et -21% /2019).

En France, la restauration rapide a continué de soutenir le secteur de la restauration en décembre 2021 (+36% /2020 et +11% /2019). Les ventes des autres types de restauration restant à la traîne comme la restauration traditionnelle (x4,5 /2020, mais -4% /2019) et surtout la restauration collective (+9% /2020, mais -21% /2019) toujours affectée par les habitudes prises lors de la pandémie et le télétravail qui s’installe dans la durée.

Sur l’ensemble de l’année 2021, la pandémie n’aura presque pas laissé de traces sur l’activité de la restauration rapide (+26% /2020 et -1% /2019). Mais les fermetures du début d’année et les habitudes prises (déjeuner à domicile, télétravail…) ont continué de peser sur les autres segments de la RHD comme les restaurations traditionnelle (+14% /2020, mais -30% /2019) et surtout collective (+4% /2020, mais –26% /2019).

Face à la forte inflation énergétique, l’inflation alimentaire est restée modérée pour l’instant

Après une courte pause fin 2021, les prix de l’énergie sont repartis à la hausse, surtout après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Avant cela, entre janvier 2021 et janvier 2022, les prix de l’électricité, du gaz et des autres combustibles s’étaient déjà appréciés de près de +19%. En comparaison, l’inflation alimentaire était relativement limitée (+1,7% /2021). Les hausses de prix pour les viandes de bœuf et de veau étaient légèrement supérieures (+3,3%) et proche de l’inflation globale (+3,0%).

Les hausses des prix de l’énergie continuent de peser sur les budgets des ménages notamment les plus modestes. D’après Kantar, « depuis quelques semaines les Français anticipent des hausses de prix pour leur alimentation et la médiatisation sur le sujet des prix et du pouvoir d’achat vient exacerber une sensibilité prix/promotion déjà bien installée chez les consommateurs ». En effet, si l’INSEE classe 15% des foyers comme « modestes », Kantar estime que 32% des ménages représentent des foyers « vulnérables », c’est à dire des foyers qui se sentent en situation de précarité et craignent le déclassement, ce qui laisse présager une consommation à deux vitesses. « Cette typologie de ménages a pour intention de réduire tous les postes de dépenses alimentaires et non alimentaires, en limitant l’achat de certaines catégories ou en envisageant d’acheter plus de 1er prix, […], de produits en promotion […] ». Cependant, ce sont les produits de base, « premiers prix » qui sont d’abord affectés par l’inflation, voire les effets de la pandémie de grippe aviaire qui reprend fortement depuis quelques semaines et pourraient provoquer une forte hausse des protéines animales les moins chères, œufs et volaille.

L’accélération de l’inflation est déjà perceptible. En février 2022, l’INSEE anticipait la poursuite de la hausse de son indice général des prix à la consommation (+1% /janvier 2022). Depuis, l’invasion de l’Ukraine par la Russie fait peser un risque important sur les prix et la croissance. D’après la Banque de France, l’inflation devrait atteindre entre 3,7% et 4,4% en 2022, cette forte hausse étant alimentée par les prix de l’énergie, mais aussi ceux de l’alimentation.

En attendant, les premiers effets de la crise en Ukraine se sont fait directement sentir sur le coût de l’énergie et les prix des matières premières qui pèsent sur les coûts de production en élevage.

Les Douanes françaises ont modifié le mode de collecte des données de commerce extérieur. Les statistiques détaillées n’ont pas été mises à jour et s’arrêtent aux données provisoires du mois de décembre 2021. Les statistiques détaillées relatives à janvier 2022 ne seront diffusées que lorsqu’une analyse de leur qualité aura été possible.

 

 

 

 

 

 

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Des hausses de prix bienvenues face à l’inflation des charges

Les faibles disponibilités, en particulier en vaches laitières et en jeunes bovins, dans un contexte européen similaire, permettent des hausses de prix inédites sur toutes les catégories de bovins. La très forte hausse des charges est toutefois un gros point noir pour les éleveurs. En janvier 2022, l’IPAMPA viande bovine affichait ainsi une hausse de +16% /2021.

Des charges en très forte hausse

En janvier 2022, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles) se situait au niveau record de 123,5 (+15,6% /2021 et +16,5% /2020). L’indice des aliments achetés était à +13% /2021 et +19% /2020 et celui des énergies et lubrifiants à +41% /2022 et +21% /2020. L’attaque de l’Ukraine par l’Armée russe a engendré à partir de février une envolée des prix de tous les intrants qui laissera des impacts durables sur les coûts de production de l’ensemble des élevages en 2022.

Face à cette inflation globale, les prix des bovins finis ont poursuivi leur hausse. Le prix moyen pondéré (PMP) des gros bovins finis entrée abattoir s’établissait en janvier à 4,17 €/kg de carcasse (+17% /2021 et +20% /2020). Il a encore progressé en février, à 4,41 €/ (+23% /2021 et +26% /2020).

Manque de JB dans l’Hexagone, alors que la demande export reste forte

Il y a toujours peu de JB à abattre en France. Le contexte haussier du marché incite certains éleveurs à différer la vente de leurs animaux afin de gagner à la fois du poids et quelques centimes au kg. Ainsi, sur les semaines 7 à 10, le nombre de JB abattus a enregistré un recul prononcé par rapport à 2021 : -7% pour les JB de type viande et -10% pour les JB de type lait. Ils étaient en moyenne plus âgés que l’année passée : +2 jours pour les JB viande et +3 jours pour les JB lait.

L’ensemble du marché européen est dans une situation similaire, ce qui fait grimper les prix dans tous les États membres et dope la demande adressée aux exportateurs français. En quatre semaines, les cotations françaises des JB ont gagné entre 21 et 32 centimes selon la conformation. Celle du JB U a atteint 5,00 €/kg de carcasse en semaine 10 (+27% /2021 et +25% /2020). A ce niveau, elle reste pourtant très largement devancée par la cotation allemande, à 5,45 €/kg ! Le JB R français cotait 4,83 €/kg en semaine 10 (+28% /2021 et +26% /2020) contre 5,41 €/kg pour le JB R allemand. Le JB O cotait 4,35 €/kg (+31% /2021 et +29% /2020) contre 5,12 €/kg pour son homologue allemand.

Flambée des cours des vaches laitières

Les abattages de vaches laitières restent en retrait (-3% /2021 sur les semaines 7 à 10 d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev). Non seulement les effectifs de vaches laitières en France étaient toujours en repli de -1,7% /2021 au 1er février, mais le contexte favorable sur le marché des produits laitiers incite les éleveurs à limiter les réformes. Certes, la hausse des charges pèse sur les exploitations laitières, mais le prix du lait se renchérit et redevient incitatif.

Ce recul de l’offre, alors que la demande pour le haché reste ferme, tire les prix à la hausse. La cotation de la vache O a ainsi gagné +39 centimes sur les quatre dernières semaines pour bondir à 4,37 €/kg de carcasse en semaine 10 (+39% /2021 et +44% /2020). Celle de la vache P a gagné +43 centimes à 4,27 €/kg (+46% /2021 et +59% /2020).

Les prix des vaches allaitantes suivent le mouvement

La cotation de la vache U a gagné +18 centimes sur les 4 dernières semaines pour atteindre 5,20 €/kg de carcasse (+13% /2021 et +20% /2020). Celle de la vache R a gagné +28 centimes à 4,84 €/kg (+20% /2021 et + 28% /2020). Ces cotations des réformes allaitantes sont donc toujours poussées par la plus forte hausse des réformes laitières.

Les abattages de vaches de type viande sur les semaines 7 à 10 étaient en baisse de -4% /2021, tout comme ceux de génisses. Cette évolution est en ligne avec celle du cheptel allaitant qui au 1er février affichait une recul d’effectif de -2,9% /2021.

Les prix des muscles importés très élevés et en hausse

Les prix élevés sur le marché européen, alors que le secteur de la restauration en France a repris quelques couleurs, ont conduit à une forte hausse du prix des muscles origine UE sur le marché de Rungis.

Le 11 mars, la bavette d’aloyau semi-parée origine UE était à 9,25 €/kg (+40% /2021 et +30% /2020), le faux filet à 9,75 €/kg (+35% /2021 et +44% /2020), l’entrecôte à 14,85 €/kg (+56% /2021 et +75% /2020) et le filet à 21,95 €/kg (+59% /2021 et +41% /2020).

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

pénurie d’offre, hausse des cours et des coûts

Dans tous les États membres, les jeunes bovins se font rares, ce qui tire les cours à la hausse. Les engraisseurs retiennent pour l’instant leurs animaux afin de gagner quelques centimes, réduisant un peu plus l’offre. L’envolée des coûts de production inquiète toutefois les éleveurs, en particulier dans les pays du Sud de l’Europe plus dépendants de l’achat de matière première d’origine mer Noire.

Italie : cours en hausse, en mâles comme en femelles

En Italie, l’offre en ferme comme importée reste limitée et les engraisseurs, en position de force, n’hésitent plus à réclamer des hausses de prix afin de compenser au moins partiellement l’envolée de leurs coûts de production. Les cours des jeunes bovins finis poursuivaient donc leur hausse début mars, à l’encontre de la baisse saisonnière habituelle. La cotation du JB mâle charolais sur la bourse de Padoue a encore gagné +10 centimes en 4 semaines pour atteindre 3,12 €/kg vif en 2ème semaine de février (+29% /2021 et +20% /2020). Celle du mâle limousin a gagné +9 centimes à 3,22 €/kg vif (+16% /2021 et 2020).

Les femelles ne sont pas en reste. Leurs prix progressent fortement depuis l’automne dernier, alors qu’ils sont d’habitude beaucoup plus stables que ceux des mâles. Sur la bourse de Modène, la femelle charolaise a encore gagné +6 centimes en quatre semaines pour atteindre 3,12 €/kg vif (+15% /2021). La femelle limousine a gagné également +6 centimes à 3,31 €/kg (+13% /2021).

Toutefois, la guerre en Ukraine inquiète le secteur. Même si les céréales importées sont plutôt destinées à l’alimentation des monogastriques, les craintes de ruptures d’approvisionnement et de spirale inflationniste sont largement partagées, d’autant que le pays est soumis à une sécheresse qui pourrait réduire les récoltes nationales. A l’inverse, la demande en aliments du bétail est affectée par les épizooties en cours dans le Piémont et la plaine du Pô : grippe aviaire et fièvre porcine africaine.

Côté consommation, la hausse du prix des carburants réduit le pouvoir d’achat et les distributeurs s’attendent à une modification de la composition du panier des ménages. Mi-mars, les annonces de grèves de transporteurs ont plutôt incité les distributeurs à commander leurs viandes avec un peu d’avance afin d’éviter les ruptures en magasin.

Allemagne : un manque d’offre criant, le JB O à 5,12 € !

En Allemagne, la faiblesse de l’offre continue de faire grimper les prix. Et les engraisseurs, comme en France, tentent de gagner quelques centimes et quelques kg en retenant leurs animaux quelques jours de plus. La cotation du JB U a atteint 5,45 €/kg de carcasse en semaine 10 (+37% /2021 et +47% /2020), celle du JB R 5,41 €/kg (+38% /2021 et +48% /2020) et celle du JB O 5,12 €/kg (+39% /2021 et +50% /2020).

D’après l’indicateur hebdomadaire d’abattages, le nombre de taurillons abattus sur les semaines 7 à 10 était en très fort recul par rapport aux années précédentes : -14% /2021 et -17% /2020. La baisse des sorties est amplifiée par la rétention en élevage.

Rappelons que l’enquête cheptel de novembre enregistrait une baisse de -2,7% du nombre de bovins mâles de 1 à 2 ans par rapport à fin 2020, soit -22 000 têtes. La petite hausse des effectifs de 8-12 mois (+5 000 têtes ou +1,3%), sans doute liée à la hausse des prix des JB finis à partir du printemps, ne compensera pas la baisse des plus âgés.

Pologne : le zloty décroche, induisant une baisse de prix en euros

En Pologne, la cotation du JB O est retombée à 4,24 €/kg de carcasse en semaine 9, mais reste très élevée par rapport aux années précédentes (+40% /2021 et +43% /2020). Les cours restent en forte hausse en monnaie nationale, tirés par la pénurie sur le marché européen. La cotation du JB O en zloty a gagné +4% en huit semaines pour remonter à 20,28 zlotys/kg de carcasse (+47% /2021 et +59% /2020).

Comme toutes les monnaies d’Europe centrale, le zloty a dévissé suite à l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, faisant craindre une inflation encore plus forte que dans la zone euro. Une forte baisse du pouvoir d’achat en Pologne conduirait à une hausse de la part de viande bovine exportée sur le marché européen. Mais la marge de progression est faible, la Pologne exportant déjà 85% de sa production abattue.  En outre, l’afflux de réfugiés ukrainiens (1,8 million au 15 mars) augmente la demande alimentaire.

D’après les experts polonais, la production nationale pourrait être stable en 2022 par rapport à 2021, à 556 000 téc. Les chiffres provisoires de l’enquête cheptel de décembre indiquaient un nombre de bovins mâles de 1 à 2 ans dans les fermes polonaises en hausse de +6% /2020 à 928 000 têtes, ce qui pourrait aboutir à un rebond de la production de taurillons en 2022. Cependant, le nombre de vaches laitières était en recul de -4% à 2,035 millions de têtes, de même que celui de vaches allaitantes (-4% à 253 000 têtes après 14 années de hausse ininterrompue).

Espagne : les engraisseurs très inquiets de la flambée de leurs coûts

En Espagne, la hausse du prix de l’alimentation du bétail inquiète, de même que la possibilité de ruptures d’approvisionnement. L’Espagne est en effet très dépendante de l’importation pour la fabrication d’aliment et les systèmes d’engraissement bovin sont basés principalement sur des rations sèches. Dans ce contexte, les engraisseurs parviennent à passer des hausses de prix, d’autant que le marché export reste particulièrement porteur, que ce soit en vif pour le pourtour méditerranéen en préparation du Ramadan comme en viande pour le marché européen.

La cotation du JB U a atteint 4,79 €/kg de carcasse en semaine 9 (+32% /2021 et +27% /2020) et celle du JB R 4,71 €/kg (+32% /2021 et +27% /2020).

Tranchant avec le dynamisme des marchés export, la consommation nationale de viande bovine est morose, limitée par la forte baisse du pouvoir d’achat des Espagnols qui sont confrontés à une forte inflation. L’indice des prix à la consommation (IPC) a encore augmenté de +0,8% en février par rapport au mois précédent, passant à 7,6% sur un an, le plus élevé depuis décembre 1986, selon les données publiées par l’Institut national de la statistique (INE). Et la hausse ne semble pas près de s’arrêter vu le contexte international.

Si la hausse des prix à la production est généralisée sur le marché européen, les industriels de la viande craignent d’être moins compétitifs que par le passé vers les pays de l’UE en raison de plusieurs hausses consécutives du salaire minimum interprofessionnel (SMI). La dernière, bien que non encore signée par les organisations patronales, a été annoncée début février par le Gouvernement de Pedro Sanchez et devrait porter le SMI à 1 165 euros bruts par mois avec effet rétroactif au 1er janvier 2022. Le Gouvernement espagnol s’est engagé à porter le salaire minimum à 60% du salaire moyen d’ici la fin de la législature en 2023. Ces hausses, les plus importantes depuis des décennies, sont destinées à hisser le salaire minimum espagnol au niveau de celui de ses voisins européens.

Viandes bovines » Femelles » Europe »

Cours toujours en hausse

Le manque de vaches de réforme soutient les hausses des cours dans l’ensemble des pays producteurs. L’inflation et la hausse des prix des intrants inquiètent cependant les producteurs.

ALLEMAGNE : le manque de disponibilité soutient les cours

En Allemagne, les cours des réformes poursuivent leur nette progression. La cotation de la vache O avait déjà dépassé les 4,00 €/kg de carcasse mi-février. En semaine 9, elle atteignait désormais 4,43 €/kgéc (+53% /2021 et +56% /2020), soit 87 centimes de progression depuis le début de l’année !

En effet, si la demande des opérateurs allemands n’a rien d’exceptionnel pour la période, elle fait face à une offre sporadique. Sur les semaines 6 à 9, les abattages totaux de gros bovins étaient en retrait marqué (-10% /2021 et -12% /2020). Le constat est similaire pour les réformes (-5% /2021 et -10% /2020) alors que la conjoncture laitière reste favorable et que le cheptel souche n’a cessé de reculer au cours des dernières années.

D’après AMI, l’offre en femelles de boucherie restera limitée à court terme. Les prix pourraient donc continuer à augmenter si la demande se maintient.

IRLANDE : la demande des abatteurs participe à la hausse des abattages

En Irlande, la demande des opérateurs est particulièrement forte, portée par un marché européen en manque de marchandises. Les abatteurs irlandais n’hésitent plus à s’approvisionner au-delà de leur zone habituelle et les abattoirs fonctionnent à flux tendu. D’après l’indicateur hebdomadaire du Ministère de l’Agriculture irlandais sur les quatre dernières semaines connues (s6 à s9), les abattages de gros bovins ont été soutenus (+17% /2021 et -1% /2020) quelle que soit la catégorie. C’est notamment vrai pour les vaches de réforme (+28% /2021 et +14% /2020).

L’offre limitée sur le marché européen et les perspectives de commerce extérieur soutiennent la demande et les cours pour toutes les catégories en Irlande. En semaine 9, la cotation de la vache O atteignait ainsi 3,87 €/kg de carcasse (+29% /2021 et +30% /2020), une progression de +34 centimes depuis le début de l’année (+9%).

En attendant de connaître les premiers chiffres pour 2022, le bilan du commerce extérieur de viande bovine réfrigérée et congelée fait état d’une nouvelle contraction des exportations irlandaises en 2021. 465 000 téc ont été exportées sur l’année (-1% /2020 et -4% /2019) avec un recentrage des envois vers l’UE à 27. En effet, les envois vers le Royaume-Uni (-10% /2020 à 212 000 téc) comme vers les autres pays tiers (-16% à 56 000 téc) ont sensiblement reculé, faute de disponibilité et surtout face à une demande continentale pressante avec la réouverture de la restauration à partir de la fin du printemps.

ROYAUME-UNI : des cours des réformes toujours plus élevés

Au Royaume-Uni, les abattages restent globalement en retrait depuis le début de 2022. La production de viande bovine s’est cependant partiellement redressée en février, tirée par une augmentation des abattages d’animaux jeunes (« prime cattle »). Entre les semaines 6 et 9, les abattages de gros bovins restaient toujours inférieurs aux années précédentes (-2% /2021 et -4% /2020) d’après l’indicateur d’AHDB. Ceux de vaches de réformes s’inscrivaient dans cette tendance (-2% /2021 et -6% /2020).

Comme partout en Europe, le manque de réformes sur le marché intérieur et la demande de viande de transformation participent à soutenir les cotations. En semaine 9, la cotation de la vache O a ainsi dépassé 3,26 £/kg de carcasse soit 3,88 €/kg (+18% /2021 et +29% /2020), soit une progression de +14% depuis le début de l’année.

En parallèle, après plusieurs semaines de stagnation, les cotations des animaux jeunes (« prime cattle ») se sont légèrement redressées. En semaine 9, le cours du bœuf R3 atteignait 4,16 £/kg de carcasse (+8% /2021 et +22% /2020), soit 4,94 €/kg de carcasse.

Comme ailleurs, le coût des aliments achetés ne cesse de progresser ce qui pose des questions à terme sur la finition, notamment de prime cattle. Pour le moment, cela ne se traduit pas dans les poids constatés à l’abattage qui restent stables, quelle que soit la catégorie.

POLOGNE : les cours des réformes soutenus par la demande européenne

En Pologne, le manque de vaches de réforme sur le marché communautaire pour fournir la transformation et la restauration rapide continue de soutenir les cotations polonaises. Les opérateurs sont à l’achat pour fournir à l’export. En semaine 9, le cours de la vache O était à 3,87 €/kg de carcasse (+47% /2021 et +54% /2020) un plus haut historique. Si les prix semblent plafonner en euros depuis quelques semaines, il s’agit d’un effet de taux de change, le zloty se dépréciant par rapport à l’euro. En effet, les monnaies d’Europe centrale dévissent depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. L’inflation est ainsi encore beaucoup plus forte en Pologne que dans la zone euro, ce qui pourrait réduire la demande nationale. A l’inverse, la population à nourrir dans le pays a augmenté avec près de 1,8 million de réfugiés ukrainiens le 15 mars selon l’Organisation Internationale des Migrations (ONU).

 

 

Viandes bovines » Maigre »

Le manque d’offre tire les prix à la hausse

Les cotations des broutards mâles et femelles suivent une vive hausse depuis le début de l’année. L’offre est réduite par la faiblesse des naissances en 2021 alors même que la demande en maigre se maintient en France et à l’étranger, dans une Europe en manque de viande. L’offre de broutards restera faible en France ces prochains mois, les effectifs de 0-6 mois étant en recul. Les Italiens sont restés fermes dans leurs achats en janvier et février, tandis que les pays tiers ont eu plus de mal à s’approvisionner, faute de disponibilités.

Les prix de broutards poursuivent leur hausse rapide

Les mises en place françaises se poursuivent tandis que les engraisseurs italiens cherchent à remplir leurs ateliers, dans un contexte où l’offre en broutards est inférieure à la demande. La hausse des prix s’est accélérée en février-mars pour toutes les catégories de gros bovins maigres : l’offre de broutards est traditionnellement à l’étiage en mars, ce qui accentue le sentiment de pénurie.

Le mâle Charolais U de 450 kg vif a pris +25 cts en quatre semaines et cotait 3,05 €/kg vif en semaine 10, soit +34% (+77 centimes) par rapport au très bas niveau 2021 et +23% /2020 (+58 cts). Malgré tout, cette hausse de prix ne couvre pas la hausse des charges, alors que l’alimentation animale, le carburant et les engrais qui flambaient déjà en début d’année, ont subi des hausses inégalées depuis le l’invasion de l’Ukraine le 24 février.

Le Charolais U de 350 kg vif a suivi le même rythme haussier. Son cours a progressé de +30 cts en quatre semaines, à 3,20 €/kg vif en semaine 10 (+27% ou +68 cts /2021 et +18% /2020). Le cours du mâle limousin E de 350 kg s’est apprécié de +21 cts en quatre semaines, à 3,19 €/kg en semaine 10 (+17% ou +47 cts /2021 et +13% /2020).

En animaux plus légers, le croisé R de 300 kg a aussi augmenté pour 2,91 €/kg la même semaine (+25% /2021 et +15% /2020).

La demande pour les broutardes est toujours là tandis que l’offre est réduite, ce qui entraîne la hausse des cotations. Le cours de la Charolaise U de 270 kg a augmenté de +20 centimes en quatre semaines, à 2,95 €/kg vif en semaine 10 (+35 cts ou +13% /2021 et +14% /2020). A 3,13 €/kg vif, la Limousine E de 270 kg a progressé plus doucement (+32 cts ou +11% /2021 et +14% /2020).

Les naissances continuent de reculer

Selon SPIE-BDNI, 331 000 naissances de veaux de mère allaitante ont été enregistrées en janvier 2022, en recul de -7,3% comparé au rebond des naissances de janvier 2021, mais en retrait de -0,8% /2020. Depuis le début de la campagne 2021-2022, les naissances sont en net recul à 1 869 000 têtes (-3,5% /2020-21 et -2,2% /2019-2020).

Au 1er février 2022, on comptait 3 682 000 vaches allaitantes en France, en repli de -2,9% /2021 (un rythme de décapitalisation équivalent à janvier 2022).

Les effectifs en ferme de 6-12 mois réduits pour les mois à venir

Le repli des naissances allaitantes depuis mars 2021 a entraîné le recul des effectifs de mâles de 0-6 mois, tombés à 809 000 têtes au 1er février (-3% /2021 et -1% /2020). Depuis début 2022, le recul s’observe également sur les effectifs de mâles de 6-12 mois, qui au 1er février étaient au nombre de 589 000 têtes (-5% /2021 et -3% /2020). Ce sont les effectifs de Charolais (-7% /2021) et de Blonds d’Aquitaine (-9%) qui sont les plus impactés. Aussi, l’offre en broutards des mois à venir devrait rester limitée.

Des exports robustes en février vers l’Italie

Selon SPIE-BDNI, 87 000 broutards ont été expédiés à l’étranger sur les semaines 1 à 4, soit -15% par rapport à un mois de janvier 2021 exceptionnellement dynamique, mais un rythme égal à celui de janvier 2020.

Les données des Douanes françaises n’ont pas encore été actualisées par destination pour le mois de janvier 2022.

Selon TRACES, 77 000 bovins de tous âges et toutes catégories ont été exportés en semaines 1 à 4 vers l’Italie (-12% /2021 et +9% /2020). Sur la période suivante, en semaines 5 à 10, les exports vers l’Italie ont été robustes, avec 115 000 bovins (-1% /2021, mais +1% /2020 en période pré-covid). Notons que l’Italie est peu dépendante des importations de maïs ukrainien (12% de ses imports) qui est en outre plutôt destiné à l’alimentation des monogastriques (élevages durement atteints par la grippe aviaire et la fièvre porcine africaine). Les engraisseurs craignent toutefois d’être confrontés à une forte hausse de leurs charges.

Vers l’Espagne d’après TRACES, le recul global des envois se poursuit avec 99 000 têtes de tous âges et de toutes catégories expédiées des semaines 1 à 10 (-10% /2021 et +1% /2020). Le marché espagnol de la viande est tiré pour le moment par la demande européenne et la demande méditerranéenne avec la préparation du Ramadan qui débutera le 2 avril. Mais le pays est très dépendant des importations de céréales pour l’engraissement et l’Ukraine fournit 34% de importations espagnoles de maïs.

Les exportations vers l’Algérie ont repris en janvier, pour les génisses laitières et les broutards, sans limite de poids pour ces derniers jusqu’à fin mars, en prévision du Ramadan. Selon les opérateurs, plus d’un millier de broutards seraient partis de France. L’Algérie profitera de la hausse du cours du gaz et du pétrole, mais la hausse des céréales va peser sur la filière viande et sur la consommation en général.

Vers Israël, le prix du broutard et le manque de disponibilités sembleraient être des freins actuellement aux exportations françaises vers cette destination.

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Stabilité des cours et envolée des coûts de production

Les cours des veaux gras se maintiennent à de hauts niveaux depuis le début de l’année. Mais les coûts de production ne cessent de grimper : poudres de lait, céréales et gaz sont en très forte hausse ! Si la France ne dépend que faiblement des exportations ukrainiennes et russes de grains, les intégrateurs néerlandais s’inquiètent de possibles ruptures d’approvisionnement et doivent se tourner vers d’autres fournisseurs pour l’alimentation de leur bétail.

Les prix se maintiennent à des niveaux record

Le cours du veau rosé clair O élevé en atelier oscille autour de 6,50 €/kg de carcasse depuis le début de l’année, un niveau jamais égalé. A 6,54 €/kgéc en semaine 10, il a dépassé de +13% son niveau 2021 (+76 cts). Le maintien des cours à un niveau élevé est indispensable pour garantir la rentabilité des ateliers, alors que les coûts de production ne cessent de s’apprécier.

Le veau rosé clair R élevé en atelier cotait 6,88 €/kgéc en semaine 10. En légère baisse depuis le début de l’année (-7 centimes depuis la semaine 1), la cotation reste supérieure de 54 cts /2021 et de 59 cts /2020.

Pas de répit pour les coûts d’alimentation

Le cours de la poudre maigre a largement dépassé les 3 500 €/t, à 3 810 €/t en semaine 9 (+59% /2021). Quant à la poudre de lactosérum doux, elle s’est appréciée de +12% depuis le début de l’année et cotait 1 340 €/t en s9 (+51% /2021). La cotation du lactosérum s’est stabilisée ces dernières semaines, mais la forte demande chinoise dans un contexte de faibles disponibilités laitières devrait continuer de tirer les prix des produits laitiers à la hausse.

Les IPAMPA (indice mensuel des prix d’achat des moyens de production agricole) publiés par l’INSEE en janvier 2022 pour les aliments d’allaitement et des autres aliments ont poursuivi leur montée en flèche : 142 points pour les aliments d’allaitement (+29 points /2021) et 121,8 points pour les autres aliments pour veaux (+16 points /2021). Ils devraient continuer de s’apprécier en février-mars, dans le sillage des cotations. En effet, même si les intégrateurs sont peu directement dépendants du marché ukrainien pour leurs approvisionnements, ils en subiront les effets : outre la forte hausse des prix des céréales, le marché des huiles végétales, qui sont incorporées dans les aliments d’allaitement, est actuellement fortement perturbé dans la mesure où l’Ukraine et la Russie sont les premiers producteurs mondiaux de tournesol et exportent plus de 50% des huiles de tournesol et de tourteaux.

Après une hausse ininterrompue depuis mai 2021, l’IPAMPA du gaz s’était temporairement infléchi en janvier 2022. A 132,2 points, il avait baissé de -1,2 point en un mois. Dans les prochains mois, le prix du gaz pourrait être très fortement impacté si la communauté internationale décide de renforcer les sanctions économiques visant la Russie. Alors que plus de 40% des importations européennes de gaz naturel viennent de Russie (17% pour la France), certains pays européens demandent l’interdiction des importations de gaz russe. Pour le moment l’UE reste divisée sur cette question et aucune mesure n’est prévue à court terme.

Baisse de la production abattue en janvier

98 000 veaux ont été abattus en janvier 2022, en repli de -3,1% /2021 et de -12% /2020. Les mises en place de l’été dernier avaient été prudentes du fait du manque de visibilité sur l’évolution de la situation sanitaire. Le recul de la production est moins marqué (-1,2% /2021, à 14 000 téc) car les poids carcasse des animaux abattus sont restés très élevés en janvier (146 kg soit +3 kg /2021 et +3,5 kg /2020). L’âge à l’abattage était de 183,3 jours.

D’après les données Normabev, le recul des abattages s’est poursuivi en février avec 92 000 veaux abattus soit -3,8% /2021. Le poids carcasse a très légèrement reculé à 145,8 kgéc, tandis que l’âge moyen des animaux abattus progressait à 184,7 jours.

Pays-Bas : les intégrateurs redoutent des difficultés d’approvisionnements en grains

La cotation du veau de boucherie néerlandais a progressé ces dernières semaines : elle a atteint 5,73 €/kgéc en semaine 10 (+28% /2021 et +17% /2020). Les intégrateurs cherchent à maintenir les prix, face à la hausse continue des prix des matières premières ces derniers mois.

Au total, 1 398 000 veaux ont été abattus aux Pays-Bas en 2021, en recul par rapport à une année 2020 déjà marquée par une très forte contraction de la production (-1% /2020 et -6% /2019). La hausse des poids carcasse (+1% à 159 kg) a permis de maintenir la production à 223 000 téc (+0,4% /2020).

Les conséquences de la guerre en Ukraine sur les importations d’aliments pour animaux inquiètent fortement la profession agricole néerlandaise, en particulier très dépendante des imports de maïs ukrainien (56% des volumes importés en moyenne sur la période 2018-2020). Les acheteurs cherchent des approvisionnements alternatifs, en provenance d’Amérique du Nord et du Sud.

Viandes bovines » Veaux nourrissons »

Les prix grimpent !

Le recul saisonnier des naissances laitières a fait progresser les cours des veaux nourrissons. Les exportations de petits veaux laitiers vers l’Espagne restaient dynamiques ce début d’année, mais la guerre en Ukraine inquiète les engraisseurs espagnols qui craignent la forte hausse des prix de l’alimentation du bétail et surtout de possibles ruptures d’approvisionnement.

La hausse saisonnière des cours est enclenchée

Les cours de veaux nourrissons sont en forte hausse depuis janvier. La cotation du veau mâle type lait de 45-50 kg a progressé de +17 € en quatre semaines pour atteindre 82 €/tête en semaine 10 (+23 € /2021 et +20 € /2020).

Le veau mâle type viande cotait 215 €/tête en semaine 10, soit +9 € en quatre semaines.

Les naissances laitières sont toujours en recul

262 000 veaux de mère laitière sont nés en janvier 2022, en repli de -2,7% /2021 (-7 000 têtes) et de -2,5% /2020. Au 1er janvier on dénombrait 3 494 000 vaches laitières, soit -1,7% /2021 (-60 000 têtes).

La demande espagnole était forte ce début d’année

Selon SPIE-BDNI, 45 000 veaux ont été exportés sur les six premières semaines 2022, en hausse de +7% /2021 et +4% /2020.

La cotation espagnole du veau frison de moins d’un mois était de nouveau en hausse en février, elle a atteint 113 €/tête en semaine 9.

Mais la demande espagnole pourrait être plus prudente en mars, les engraisseurs étant très dépendants des importations de matières premières ukrainiennes pour l’alimentation de leurs animaux. En moyenne sur la période 2018-2020, l’Ukraine a fourni 34% des importations espagnoles de maïs…