Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 300 Avril 2019

Viande ovine

Le report du « Brexit » allège la tension sur le marché ovin

Alors qu’un « no deal » au 12 avril 2019 aurait fortement affecté le commerce français en viande ovine à la veille de Pâques (le 20 avril), le report de la date du « Brexit » jusqu’au 31 octobre réduit, au moins temporairement, la pression sur le marché ovin.

Viande ovine » France »

La production française reste orientée à la hausse

Après une légère augmentation en 2018 (+0,6% /2017), la production française de viande ovine a poursuivi son essor début 2019.

Les abattages français d’agneaux continuent leur progression

Poursuivant la tendance des mois précédents, les abattages français d’agneaux ont à nouveau grimpé de 5% en février, pour atteindre 300 700 têtes.

Les abattages d’ovins adultes se sont en revanche repliés de 1% en février, à 42 000 têtes. Alors que le poids carcasse moyen des agneaux était stable (à 18,0 kg), les carcasses d’ovins adultes se sont allégées (-2% /2018, à 26,3 kg en moyenne). La production française de viande ovine s’est ainsi établie à 6 400 téc au mois de février, soit 4% de plus que l’année précédente.

En cumul sur janvier et février 2019, la hausse de la production française est de 3% par rapport à 2018.

Moins de volumes importés en février

Après un bond de 7% en janvier, les importations françaises de viande ovine sont reparties à la baisse en février (-6% /2018 à 5 700 téc), suite à la chute des arrivées irlandaises (-22% à 900 téc) et néozélandaises (-34% à 700 téc). Les achats étaient en revanche en progression depuis le Royaume-Uni (+7% à 2 750 téc), probablement dans la perspective du « Brexit », initialement programmé au 29 mars, ainsi que depuis l’Espagne (+6% à 1 000 téc).

L’évolution des prix de ces importations était relativement contrastée, avec d’un côté la baisse du prix des carcasses d’agneaux réfrigérées importées du Royaume-Uni (-6% à 5,0 €/kg équivalent carcasse) et d’Espagne (+2% à 5,1 €/kg éc), et de l’autre, la progression du prix des carcasses d’agneaux réfrigérées irlandaises (+2% à 5,8 €/kg éc).

En cumul sur les deux premiers mois de 2019, les importations françaises de viande ovine enregistrent une augmentation de 1% par rapport à 2018.

Remontée saisonnière du cours de l’agneau français

La cotation française a poursuivi sa hausse saisonnière en mars, soutenue notamment par un meilleur étalement des sorties d’agneaux des différents bassins que les années précédentes. De plus Pâques étant plus tardif cette année (le 20 avril en 2019 contre le 1er avril en 2018), cela devrait se traduire par un décalage du pic de la cotation au moment des festivités. À 6,39 €/kg de carcasse début avril, le Prix Moyen Pondéré des régions calculé par FranceAgriMer restait ainsi 25 centimes (-4%) sous son haut niveau de 2018, mais dépassait de 34 centimes celui de 2017 (+6%).

Viande ovine » UE et monde »

La saga du « Brexit » continue…

Afin d’éviter les effets catastrophiques d’une sortie du Royaume-Uni sans accord le 12 avril, le Conseil européen a décidé de reporter la date du divorce au plus tard au 31 octobre 2019. Le marché ovin européen ne devrait donc pas être impacté autour de Pâques cette année, comme cela était craint.

NOUVELLE-ZÉLANDE : Rebond des envois vers l’UE-28 en février

L’augmentation de la production de viande ovine (+6% /2018, à 54 900 téc en février) et l’utilisation de stocks de reports congelés ont permis aux exportations néozélandaises de repartir à la hausse en février (+1% à 57 000 téc). En progression de 11% vers la Chine (à 25 000 téc), les envois ont également grimpé à destination de l’Union européenne (+7% à 19 400 téc), en prévision de Pâques. En forte augmentation vers l’Allemagne (+19% à 3 700 téc) et la France (+51% à 2 000 téc), les expéditions ont en revanche chuté à destination du Royaume-Uni (-7% à 7 200 téc).

Au total sur janvier et février 2019, les exportations néozélandaises de viande ovine affichent toutefois un repli de 4% par rapport à la même période de l’année précédente.

ROYAUME-UNI : Les abattages d’agneaux demeurent en repli

La baisse des naissances de 2018 continue de peser sur les abattages britanniques, alors que les sorties d’agneaux de la saison 2019 n’ont pas encore commencé. À 908 000 têtes en février, les abattages d’agneaux ont ainsi chuté de 7% au Royaume-Uni.

Les abattages d’ovins adultes étaient en revanche en progression (+9% à 136 000 têtes) de même que les poids carcasse moyens (+6% à 20,4 kg pour les agneaux ; +1% à 26,0 kg pour les ovins adultes), ce qui a permis la stabilisation de la production britannique de viande ovine (à 22 100 téc) en février.

En cumul sur les deux premiers mois de l’année, la production britannique de viande ovine a reculé de 1% par rapport à l’année précédente.

La date du « Brexit » à nouveau reportée

Suite au 3ème refus de l’accord de divorce par les députés britanniques, Theresa May a demandé à l’Union européenne un délai jusqu’au 30 juin, pour éviter une sortie du Royaume-Uni sans accord le 12 avril. Lors du Conseil européen extraordinaire du 10 avril, les Vingt-Sept ont finalement opté pour un report flexible du « Brexit » au 31 octobre 2019 : si l’accord de divorce était ratifié par le Parlement britannique d’ici là, le « Brexit » aurait lieu le 1er jour du mois suivant.

Dans le cas où le Royaume-Uni serait toujours membre de l’UE au moment des élections européenne, il aura l’obligation d’y participer et d’organiser un scrutin (dans le cas contraire, il serait contraint de quitter l’UE au 1er juin, sans accord).