Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 309 Février 2020

Viande ovine

Cours de l’agneau français soutenu ce début d’année

Le cours de l’agneau français poursuit sa baisse saisonnière mais reste particulièrement élevé par rapport aux années précédentes. L’offre limitée sur le marché français, due à la fois à une production nationale peu dynamique et à de moindres importations, freine la baisse de la cotation française.

Viande ovine » France »

L’offre limitée freine la baisse saisonnière du cours de l’agneau

Avec une production française sans entrain et des importations de viande ovine ralenties, le cours de l’agneau français connaît une baisse saisonnière modérée et demeure à un niveau plutôt élevé.

Baisse modérée du cours de l’agneau français

Dans la même dynamique que fin 2019, le cours de l’agneau français reste particulièrement soutenu début 2020. Il subit une baisse saisonnière limitée. En moyenne plus élevée de 0,62 €/kg que l’an passé sur les six premières semaines de l’année, la cotation, à 6,45 €/kg en semaine 6 de 2020 (se terminant le 9 février), a retrouvé son niveau de 2015 à la même période.

Bien que les sorties d’agneaux issus du bassin laitier, dynamiques cette année, entraînent une baisse saisonnière de la cotation, l’offre limitée en viande ovine sur le marché français freine cette diminution. En effet, selon les professionnels, la production nationale est en retrait et les importations de viande ovine, dont la baisse perdure, ne permettent pas de combler le déficit. Mécaniquement, la cotation de l’agneau français atteint alors des niveaux importants.

Le cours de l’agneau britannique, lui aussi soutenu, participe au maintien de la cotation française à des niveaux élevés.

Un niveau d’importations de viande ovine en baisse pour 2020

Après plus de cinq mois de baisse, les importations françaises de viande ovine ont enregistré un léger sursaut en décembre (+3% /2018). Parmi les principaux fournisseurs, seul le Royaume-Uni a moins exporté vers la France qu’en décembre 2018 (-3%). Les envois de viande ovine néozélandaise ont bondi de 11%. Ils permettent, avec des achats en hausse en provenance d’Irlande et d’Espagne, de contrebalancer le repli des envois britanniques. En janvier 2020, les importations françaises de viande ovine néozélandaise seraient restées relativement élevées, d’après les douanes néo-zélandaises de novembre.

Toutefois, le niveau élevé de la cotation française laisse supposer que les importations totales de viande ovine soient restée à de bas niveaux en ce début d’année, avec des envois britanniques très probablement toujours en retrait.

Compte-tenu de l’offre européenne (et même mondiale) assez restreinte, le marché français ne devrait a priori pas crouler sous le poids de la viande importée en 2020.

La production française se replie

Après un sursaut en novembre, la production nationale a fléchi en décembre, de -6% d’une année sur l’autre, et a retrouvé le niveau de décembre 2017. Les abattages d’agneaux ont moins baissé (-3% à 268 800 têtes) que les réformes, qui suivent la tendance de l’année 2019 (-7%, à 38 500 têtes). Le poids de carcasse des agneaux a diminué en décembre (-3%, à 17 kg), tandis que les ovins adultes se sont encore alourdis (+2% /2019, à 27 kg), en lien avec des réformes en recul cette année.

Sur l’année la production française de viande ovine a légèrement baissé, de -0,5% /2018. Elle est la somme d’une production de viande d’agneau stable et de réformes en fort recul (-4%).

La consommation de viande ovine calculée par bilan a été stable en 2019 par rapport à 2018. En 2020, elle sera probablement orientée à la baisse, puisque l’on prévoit une diminution des importations de viande ovine et une production nationale assez peu dynamique.

Début 2020, les abattages seraient en effet déjà assez calmes selon les opérateurs, malgré des signaux incitatifs : cours prometteurs et repli des importations.

Une hausse des envois d’ovins vifs qui s’accentue en décembre

Les exportations françaises d’agneaux et surtout d’ovins adultes, déjà très dynamiques sur 11 mois, ont fortement augmenté en décembre, respectivement de +7% et +96%, soit + 11 800 et +1 030 têtes d’une année sur l’autre.

Au total, la France a exporté 67 700 ovins de plus qu’en 2018 (481 milliers de têtes en 2019), principalement vers l’Italie, où la demande a été très dynamique, et vers Israël, ouvert début 2019.

 

 

Viande ovine » UE et monde »

L’offre mondiale se contracte

Les marchés mondiaux continuent de refléter la forte demande et, parallèlement, l’approvisionnement restreint de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. En 2020 l’ampleur de la demande chinoise dépendra pour une part de l’impact de la fièvre porcine africaine et pour une autre de celui du coronavirus sur l’économie chinoise et la consommation des ménages.

ROYAUME-UNI : la cotation de l’agneau britannique se maintient à un niveau élevé

Après des abattages et des exportations importants l’an passé, à partir de mai, le Royaume-Uni retrouve un marché plus calme fin 2019/début 2020. Ce dynamisme n’a toutefois pas été sans conséquence puisque les effectifs d’ovins ont baissé et que le disponible actuel ne permet plus d’accroître les envois. Parallèlement, les importations britanniques de viande ovine continuent de diminuer, suite au désintérêt croissant de la Nouvelle-Zélande pour le marché européen, au profit de la Chine, commercialement plus attractive.

Sur les cinq premières semaines de 2020, les abattages d’ovins au Royaume-Uni sont en hausse de +3% par rapport à l’an passé.

A l’approche de Pâques, l’inquiétude gagne les opérateurs : Vont-ils réussir à satisfaire la demande nationale ? Les contrats pour la période de Pâques sont souvent signés plus de six mois à l’avance avec la Nouvelle-Zélande. Pour la suite, l’avenir est plutôt sombre pour l’approvisionnement britannique. La Nouvelle-Zélande assure en temps normal plus de 70% des importations.

Autre élément essentiel : le Royaume-Uni est officiellement sorti de l’Union européenne le 31 janvier 2020, mais reste soumis à la réglementation européenne jusqu’au 31 décembre 2020. Pour la suite, le Royaume-Uni, qui importe beaucoup du continent, a intérêt à négocier avec l’UE un accord de libre-échange ou a minima des tarifs douaniers faibles. La viande ovine va être l’un des produits sensibles dans les négociations avec Bruxelles.

IRLANDE : le cours  du « Hogget » a entamé sa hausse saisonnière

Début 2020, la cotation de l’agneau irlandais âgé de 12 à 24 mois, appelé « Hogget », connaît une hausse saisonnière légèrement plus prononcée que l’an dernier, sous l’effet d’abattages limités (+0,08 €/kg en moyenne sur six semaines).

Les abattages sont toutefois supérieurs à ceux de l’an passé, alors exceptionnellement bas suite à des problèmes de reproduction début 2018. Si on compare les abattages début 2020 à ceux de 2018 à la même époque, ils sont en légère baisse, de -1% pour les agneaux, et de -12% pour les réformes, sur les cinq premières semaines.

Compte-tenu, entre autres, du recul des effectifs d’ovins en 2019, la production de viande ovine irlandaise devrait au mieux se maintenir en 2020, selon les experts de Bord Bia.

NOUVELLE-ZÉLANDE : toujours plus de demande face à une offre qui recule

Le cheptel néozélandais a continué de décroître en 2019. Selon le dernier rapport de Beef and Lamb New Zealand, cette baisse des effectifs est principalement attribuable à la contraction du cheptel de reproductrices et des agnelages. En effet, on constate au printemps 2019 un repli du nombre d’agneaux recensés (-2,4% soit -552 000 têtes) et du nombre de brebis reproductrices (-1,1%) comparativement au printemps 2018.

En décembre, la production néozélandaise de viande ovine a enregistré une hausse, de +4% /2018, due essentiellement à des abattages d’agneaux en forte hausse (+8%, à 1 792 000 têtes), les réformes ayant faiblement reculé (-1%, à 602 900 têtes). Parallèlement, la baisse des exportations s’est accentuée, atteignant -10% /2018, essentiellement vers l’UE (-14%), celles vers la Chine ayant marqué le pas (-1%).

Pour 2020, les envois néozélandais, qui vont se restreindre conjointement aux effectifs, pourraient encore davantage progresser vers la Chine, dont la demande ne se dément pas. En effet, la situation extrêmement complexe en Australie risque fort d’impacter négativement ses envois de viande ovine, dont une bonne part est vendue en Chine. L’épidémie récente mais extrêmement virulente du coronavirus pourrait à l’inverser freiner la demande chinoise en viande océanienne, si elle se prolongeait.

AUSTRALIE : le cheptel ovin atteint un creux record en 2019

Début 2020, l’Australie a subi des incendies exceptionnels, d’une force inouïe, qui ont détruit plus de 10 millions d’hectares. Plus de 100 000 ovins auraient péri dans les flammes, mais le bilan exact n’est pas encore établi. Environ 13 % du cheptel ovin du pays se trouve dans des régions qui ont été considérablement touchées par des incendies, et 17% dans des régions partiellement touchées, selon Meat & Livestock Australia (MLA).

Ces incendies ont exacerbé la pénurie de disponibilités provoquées par des années de sécheresse. Les cours de la viande ovine en 2019 ont grimpé de près de 50% d’une année sur l’autre, dans un contexte de hausse de la demande chinoise (besoins en protéines animales suite à la fièvre porcine africaine).

En 2019, le cheptel ovin australien a atteint son plus bas niveau depuis plus d’un siècle et la production de viande ovine australienne a baissé de 3% d’une année sur l’autre : la hausse des poids carcasse n’a que faiblement compensé la chute des abattages d’agneaux (-6%) et de réformes (-7%).

En 2019, les exportations australiennes de viande ovine ont augmenté de 6% /2018, principalement vers la Chine (+42%) et secondairement vers les États-Unis (+3%).

Pour 2020, MLA prévoit une diminution du nombre d’agneaux abattus, mais une possible stabilisation de la production australienne grâce à leur alourdissement, les prix pouvant inciter les éleveurs à davantage complémenter les rations. En revanche, dans un objectif de reconstitution du cheptel reproducteur, les réformes seraient ralenties et les agnelles gardées pour la reproduction seraient plus nombreuses selon le MLA.