Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 310 Mars 2020

Viande ovine

Le cours de l’agneau français reste soutenu

Le cours de l’agneau français a entamé sa hausse saisonnière à l’approche de Pâques, avec toutefois deux semaines de retard tandis que les festivités ont lieu une semaine plus tôt cette année. Il reste à des niveaux élevés par rapport aux années précédentes, mais la pandémie de coronavirus, qui s’accentue en France, suscite de vives inquiétudes : la demande sera-t-elle au rendez-vous ?

Viande ovine » France »

La cotation de l’agneau français a entamé sa remontée saisonnière

Début 2020, la production abattue est contenue par des exportations de vifs dynamiques. Avec des importations de viande ovine elles aussi en recul, les faibles disponibilités ont limité la baisse saisonnière de la cotation.

Le cours de l’agneau français en hausse à l’approche de Pâques

En moyenne sur les 10 premières semaines de 2020, le cours de l’agneau français est plus élevé de 0,62 €/kg d’une année sur l’autre. L’offre reste toujours modeste à l’approche de Pâques, ce qui maintient la cotation à un niveau élevé par rapport à l’an passé. La hausse saisonnière a démarré deux semaines plus tard qu’en 2019 alors que Pâques se célèbrera une semaine plus tôt.

Les opérateurs redoutent que la reprise du cours de l’agneau français, propre à cette période de l’année, ne soit freinée par l’épidémie actuelle de coronavirus. En effet, on constate d’ores et déjà une baisse de la fréquentation des restaurants, mais de nouvelles mesures sanitaires, plus restrictives, pourraient encore davantage ralentir les achats de viande d’agneau par les ménages français. On peut en effet s’attendre à un report de consommation de la RHD vers la GMS, mais ce report va probablement pénaliser la consommation d’agneau (qui a beaucoup lieu hors domicile).

Des importations françaises en net retrait début 2020

Après un regain en décembre, les importations françaises de viande ovine ont de nouveau baissé de façon conséquente en janvier 2020. Hormis en provenance d’Irlande (+9% /janv.2019), les envois des principaux fournisseurs ont nettement reculé : -11% du Royaume-Uni, -48% de Nouvelle-Zélande (moitié moins que l’an passé !) et -39% d’Espagne. L’Espagne reste toutefois le 3ème fournisseur de la France dépassant de peu la Nouvelle-Zélande, comme ce fût le cas en 2019.

La production française se replie sous l’effet d’exportations de vifs dynamiques

La production nationale de viande ovine poursuit sa dynamique baissière en janvier 2020. En effet, on enregistre une baisse des volumes abattus de -5%, tous ovins confondus. Les abattages d’agneaux ont reculé (-5% soit – 13 600 têtes /2019), avec des poids de carcasse stables, tandis que le léger alourdissement des réformes (+0,4 kg /2019) a compensé la baisse des effectifs d’ovins adultes abattus (-1% /2019).

La baisse des abattages serait consécutive à une hausse des exportations d’agneaux Lacaune, notamment fin 2019, qui a entraîné une diminution des effectifs engraissés en France et fait mécaniquement monter leur prix, décourageant les abatteurs. La situation serait la même en février (production nationale en recul).

La consommation de viande ovine calculée par bilan a été stable en 2019 par rapport à 2018. En janvier 2020, elle a logiquement baissé faute de disponibilités. Cette tendance va certainement perdurer dans les prochains mois, d’autant que les Français vont moins aller au restaurant durant la pandémie de coronavirus.

Début d’année dynamique pour les exportations de vifs

L’année 2020 débute comme celle de 2019 s’est terminée pour les envois de vifs. En janvier, les exportations d’agneaux vifs ont bondi de 19% d’une année sur l’autre, grâce notamment à une nouvelle vente enregistrée vers Israël, de quasiment 6 000 agneaux. L’évolution des exportations d’ovins adultes est également positive avec une progression de 26% ce même mois, principalement du fait de la forte demande italienne.

 

 

Viande ovine » UE et monde »

L’offre mondiale continue de baisser

Alors que le cours est élevé dans les divers pays producteurs de l’UE, la Nouvelle-Zélande subit une chute d’activité commerciale notamment avec la Chine. En Australie, après les nombreuses sécheresses et incendies consécutifs, le cours de l’agneau continue de flamber, sous l’effet d’une offre en fort repli.

ROYAUME-UNI : la cotation de l’agneau britannique s’envole

Malgré des achats moroses, la cotation britannique s’est envolée, face à une offre très limitée début 2020. Le cours a entamé une baisse en semaine 9 (se terminant le 1er mars), mais reste à un niveau particulièrement élevé : supérieur de 1,41 €/kg à son niveau de l’an dernier !

La légère hausse des abattages d’agneaux (+1% /2019) n’a pas contrebalancé la nette baisse des réformes (-10%), engendrant une baisse de -1% de la production britannique en janvier 2020 (poids de carcasse stables dans l’ensemble).

Selon Defra, les importations mais aussi les exportations de viande ovine ont reculé au Royaume-Uni en janvier 2020. L’offre commence réellement à manquer.

 

IRLANDE : le cours  du « Hogget » prend de la hauteur

Début 2020, la cotation de l’agneau irlandais âgé de 12 à 24 mois, appelé « Hogget », connaît une hausse saisonnière nettement plus prononcée que l’an dernier  (+0,65 €/kg en moyenne sur dix semaines). La situation des agneaux britanniques et français (cotations aussi particulièrement élevées) explique en partie l’état de la cotation irlandaise.

La demande est présente, face à des abattages en légère hausse : +14 500 agneaux abattus sur 10 semaines contre une baisse de -11 500 réformes. Ce déséquilibre offre-demande participe lui aussi à l’augmentation du cours irlandais, qui plafonne toutefois à 6,0 €/kg en semaines 9 et 10. Les abatteurs et les grossistes veillent à ne pas dépasser 6,0 €/kg.

Comme tout pays exportateur, l’Irlande redoute toutefois les effets de la pandémie de coronavirus sur la consommation de viande ovine en RHD.

NOUVELLE-ZÉLANDE : des envois vers la Chine qui se compliquent

En janvier 2020, les envois néozélandais de viande ovine sont en hausse de +2% /2019, avec notamment un regain des envois vers l’UE (+13% /2019), dont +38% vers la France (approvisionnements à l’approche de Pâques) et stables vers le Royaume-Uni. Un élément interpellant est la baisse notable des exportations néozélandaises vers la Chine (-7%, soit – 1 600 téc en janvier 2020 /2019). Cette diminution s’explique par la pandémie de coronavirus. Cette épidémie a figé l’économie chinoise et engendré des retards dans la manutention du fret dans les ports, menant in fine à une baisse des exportations néozélandaises de viande ovine. Cela a eu comme conséquence directe de faire baisser le prix néozélandais de la viande ovine, face à une hausse de leur disponible en janvier (la viande ovine prête pour la Chine est finalement restée en Nouvelle-Zélande).

En février, l’activité commerciale de la Chine s’est également effondrée (typique du nouvel an lunaire mais accentuée cette année). La demande des consommateurs chinois – qui atteint généralement un sommet avant et pendant le nouvel an lunaire – a également été réduite.

AUSTRALIE : forte baisse de la production prévue dans les prochains mois

Alors qu’elles étaient orientées à la hausse en janvier 2020, les exportations de viande ovine australiennes ont chuté en février d’une année à l’autre (-9%), avec des expéditions vers la Chine qui ont presque diminué de moitié. La situation devrait toutefois s’améliorer rapidement, les ports chinois ayant repris leur activité, bien qu’ils aient encore besoin de traiter d’importants conteneurs.

Malgré cette incertitude, les prix australiens des ovins et bovins ont enregistré une hausse très forte au cours du mois de février, grâce à des pluies abondantes dans les principales régions d’élevage. Face à cette flambée des cours, les abattoirs nationaux vont devoir cesser une bonne partie de leur activité dans les prochains mois (-45% d’abattages sur les 3-4 prochains mois, selon « Rural Bank »).