Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 319 Juillet/août 2020

Viande ovine

Le marché de la viande ovine totalement bouleversé en sortie de confinement

La cotation de l’agneau français a commencé une lente et tardive baisse saisonnière début juillet, alors qu’elle continuait de s’apprécier depuis Pâques.

Même si l’offre française s’est rétablie en mai, les importations sont demeurées ralenties, permettant le maintien d’un marché allégé et d’une cotation particulièrement soutenue.

Viande ovine » France »

La demande se tasse face à une reprise des abattages

Bien que la demande commence à s’atténuer et que les abattages se redressent, la cotation française reste élevée. Elle entame une baisse saisonnière particulièrement timide et tardive début juillet. Les faibles volumes importés de viande ovine soutiennent cette cotation.

Baisse saisonnière tardive et faible des cours

Le marché est plutôt équilibré selon les experts de FranceAgriMer responsables des cotations dans les bassins de production. En semaine 27 (se terminant le 5 juillet), la cotation de l’agneau français  s’établit à 6,55 €/kg, soit un gain de cinq centimes d’une semaine sur l’autre et de 64 centimes d’une année sur l’autre. La baisse saisonnière a débuté, sous l’effet consécutif d’un repli de la demande et d’une hausse de l’offre française.

La production française repart à la hausse en mai

Après une baisse maîtrisée au mois d’avril (-2% / 2019), la production française de viande ovine a rebondi de +8% en mai, d’une année sur l’autre. Les abattages d’agneaux ont augmenté de +10%, à 351 600 têtes, et de +8% en volume, sous l’effet d’une légère baisse des poids de carcasse (de 18,6 à 18,3 kg en moyenne en mai). Du côté des réformes, l’évolution est inverse : +3% d’abattages et alourdissement des carcasses, soit +6% de production /mai 2019. Attention toutefois, les abattages de mai 2019 étaient particulièrement bas : les basses températures ayant alors fait chuter la demande et la cotation françaises. Comparé à mai 2018, les abattages de mai 2020 sont en hausse de seulement +2%.

Des importations françaises de viande ovine toujours faibles

La baisse des importations de viande ovine se poursuit, pour le cinquième mois consécutif, ce qui soutient la cotation française à des niveaux exceptionnellement élevés. Au mois de mai, les volumes de viande ovine importée ont ainsi diminué de -23% d’une année sur l’autre. On constate des importations en retrait en provenance de tous nos principaux fournisseurs : même l’Irlande, après avoir augmenté ses envois vers la France, les a réduits (-14% /mai 2019).

Selon Irish Farmer Journal, la demande française en viande irlandaise augmenterait en juin et juillet. Malgré cela, les importations totales de viande ovine demeureront ralenties si les abattages restent dynamiques cet été.

Viande ovine » UE et monde »

Les échanges mondiaux de viande ovine ont du mal à rebondir

Après les nombreuses perturbations causées par la Covid-19, les flux mondiaux de viande ovine peinent à repartir. En Océanie, le recul de l’offre et la forte demande à l’export, notamment de la Chine, font grimper les cours. Au sein de l’Union européenne, les disponibilités sont toujours en repli au Royaume-Uni tandis qu’en Irlande, la production maintient un bon niveau.

Royaume-Uni : chute des abattages d’agneaux en mai

En mai, AHDB constatait une forte baisse des abattages d’agneaux britanniques (-22%, à 766 000 têtes) et de brebis (-40%, à 83 600 têtes). La mauvaise croissance de l’herbe a limité la finition des ovins, faisant légèrement baisser le poids des carcasses et accentuant alors la baisse de production, de -24% /2019 à 17 900 téc. Toujours selon AHDB, les abattages auraient augmenté en juin, après plusieurs semaines d’approvisionnement serrés, impulsés par un regain de la demande sur le marché à l’export.

Face à une offre contrainte, le cours de la viande ovine britannique, qui était élevé en mai, est resté soutenu, à 5,18 €/kg en semaine 26, soit +21 centimes d’une année sur l’autre.

Les exportations de viande ovine britannique ont baissé en avril, à 6 100 téc selon HMRC, soit – 2 300 téc /2019. Cette diminution, qui concerne surtout les carcasses, est donc imputable à la fermeture de nombreux magasins alimentaires en France pour cause de Covid-19.

Irlande : sursaut des cours en pleine période de baisse saisonnière

Les abattages d’agneaux en Irlande sont restés abondants en juin, dans la tendance à l’œuvre depuis six mois. Au 1er semestre, ils ont progressé de +7% /2019, année durant laquelle ils ont été faibles au 1er trimestre, et de +3% /2018 (soit +37 000 têtes). Les abattages de réformes sont restés à l’inverse ralentis (-10% /2019 et -25% /2018), malgré des hausses constatées en juin, comme pour les agneaux.

Alors qu’il avait débuté sa baisse saisonnière depuis quelques semaines, le cours de l’agneau de printemps irlandais a repris 10 centimes d’une semaine sur l’autre, à 5,62 €/kg en semaine 27. Soit +0,62 €/kg par rapport à la même période de 2019. Selon Irish Farmer Journal, la demande est ferme sur les marchés d’exportation et la compétitivité accrue par rapport aux prix britanniques élevés. Cela contribue à augmenter les prix de la viande ovine irlandaise.

Malgré une production en hausse, les disponibilités seraient serrées face à la forte demande. Les agents d’abattoir s’inquiètent des approvisionnements en agneaux : ils ont révisé à la baisse les critères de poids minimum pour s’approvisionner davantage.

Espagne : redressement des cours depuis le déconfinement

Après avoir été durement impactée par la crise du coronavirus, la filière ovine espagnole se rétablit à travers la réouverture de l’HORECA (principal débouché en Espagne, à savoir les hôtels, les restaurants et la restauration collective) et la possibilité d’exporter de nouveau de la viande, en plus du bétail vivant. La cotation de l’agneau lourd espagnol a regagné 0,80 €/kg en l’espace de 7 semaines. A 5,72 €/kg en semaine 26, il se situe 1,0 €/kg de plus que l’an passé la même semaine (+20%).

Après déjà plusieurs mois de baisse, la production de viande ovine espagnole a fortement chuté en avril (de -14% /2019, à 11 000 téc), illustrant l’impact de la Covid-19 sur le marché espagnol.

L’exportation d’ovins vivants a été renforcée au cours de cette année 2020. Selon Datacomex, 480 000 ovins ont été exportés de janvier à avril, soit + 20% d’une année sur l’autre. En avril, alors que l’Espagne était en plein confinement, l’activité à l’export s’est accrue suite à l’augmentation de l’offre d’agneaux au printemps. L’Espagne a alors augmenté ses envois en vifs, de +48% /2019, à 237 400 têtes.

Nouvelle-Zélande : reprise des exportations en mai

Les exportations totales de viande ovine néozélandaise ont repris en mai (-1% /2019), après avoir été ralenties en avril (-13% /2019), sous l’effet de la forte hausse des exportations de viande de réforme (+30%), qui a contrebalancé la baisse des envois de viande d’agneau (-6%).

Les envois de viande ovine ont baissé vers l’UE, de -38% d’une année sur l’autre, faute de demande provoquée par la Covid-19. Seules les expéditions vers la Chine étaient en hausse, de +37% /mai 2019. La dépendance de la Nouvelle-Zélande au débouché chinois s’accentue avec  64% des exportations totales de viande d’agneau en mai 2020, contre 46% en mai 2019.

Sur 5 mois, les envois néozélandais ont chuté de -6% cette année, dont -8% vers la Chine et -16% vers l’UE. Les envois ont par ailleurs progressé vers le Moyen-Orient, la Malaisie et le Japon (réorientation des flux, notamment en février, lorsque la Chine subissait de plein fouet la Covid-19).

Australie : chute des exportations en mai

Le recul des envois de viande ovine australienne s’est encore accentué en mai (-31% /2019), en raison de la réduction de l’offre australienne. Il a été modeste vers la Chine (-4%), mais très prononcé vers les États-Unis (-48%). Sur cinq mois, les exportations de viande ovine australienne ont baissé de – 11%. Les pays les plus impactés en termes de baisse de volumes importés ont été dans l’ordre l’Iran, la Chine, les États-Unis, la Nouvelle-Guinée, mais aussi vers les Émirats Arabes Unis et le Bahreïn.

Rural Bank prévoit que le resserrement de l’offre sera la caractéristique principale du marché du bétail en Australie au 2nd semestre 2020, la production étant limitée par un cheptel dont la taille n’a pas été aussi basse depuis les années 90’. Les exportations continueraient alors logiquement à régresser.