Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 321 Octobre 2020 Mise en ligne le 19/10/2020

Viande ovine

Le cours français continue de s’apprécier

Depuis six mois, la cotation de l’agneau français s’apprécie de façon continue et cela se répercute partiellement sur les cotations des agneaux britanniques et irlandais, qui connaissent alors une baisse saisonnière atténuée.

La production française limitée, complétée par des importations toujours réduites, reste en retrait et est bien ajustée à la demande, ralentie après l’Aïd.

Viande ovine » France »

Le marché français est équilibré

Après une forte hausse des achats en juillet, la demande a ralenti. La baisse saisonnière de la production, à partir de septembre, conjuguée à des importations particulièrement réduites, soutient les prix.

La cotation française culmine au-dessus des 7,0 €/kg début octobre

Le marché français est équilibré début octobre : l’offre (production et importations) s’accorde à la demande. La production française baisse de façon saisonnière et les importations sont limitées par les disponibilités des principaux fournisseurs. Le marché est donc léger et correspond bien à des achats des français plus modestes que les mois précédents.

En semaine 41, le cours français a atteint les 7,02 €/kg, soit +87 centimes d’une année sur l’autre.

La production française est stable d’une année sur l’autre

Après une forte hausse en juillet (+27% /2019), la production française a baissé en août (-16% /2019). Le décalage des dates de l’Aïd el-Kébir, le 31 juillet cette année et le 10 août en 2019, explique ces écarts. Sur les deux mois d’été, la production française a cependant progressé de +3,5% /2019. Cumulée sur 8 mois, elle égale son niveau de 2019.

En juillet, la demande élevée a stimulé les importations d’agneaux vivants pour compléter l’offre nationale, portant à 12% la part des agneaux importés parmi les effectifs abattus, contre 9% en août 2019.

La demande a été particulièrement forte pour l’Aïd cette année en France (et dans d’autres pays européens comme la Belgique). Beaucoup de musulmans n’ont pu célébrer cette fête religieuse dans leur pays d’origine, en raison de la fermeture des frontières pour cause de pandémie.

Les importations françaises de viande ovine restent modérées

Les importations étaient en baisse en août 2020, de -30% /2019 en provenance du Royaume-Uni, de -12% en provenance d’Irlande, de -28% d’Espagne et en hausse de +11% de Nouvelle-Zélande.

Cette arrivée décalée de livraisons de viande néozélandaise est surprenante (hausse en août, alors que la demande française était forte en juillet) : on peut faire l’hypothèse de problèmes logistiques qui ont retardé leur acheminement jusqu’en France.

Cumulées sur 8 mois, les importations françaises de viande ovine ont au total reculé de -13% en 2020.

La consommation française de viande ovine recule

Cumulée sur 8 mois, la consommation de viande ovine, calculée par bilan, a chuté, de -6% /2019, principalement en raison de la baisse des importations de viande ovine depuis le début de l’année : l’offre affaiblie du Royaume-Uni et le développement des envois néozélandais vers la Chine limitent les exportations vers la France.

La consommation a augmenté en juillet, consécutivement à la forte demande pour célébrer l’Aïd, puis a de nouveau chuté en août 2020.

 

 

Viande ovine » UE et monde »

Une offre mondiale de plus en plus restreinte

Au sein de l’Union européenne, la France comme le Royaume-Uni, l’Irlande ou encore l’Espagne manquent d’agneaux pour répondre à la demande. En Australie, la reconstitution du cheptel ovin, facilitée par un hiver austral doux et humide, limite les disponibilités tandis qu’en Nouvelle-Zélande, la baisse du cheptel provoque un repli de l’offre.

Royaume-Uni : l’offre restreinte soutient la cotation britannique

La cotation britannique reste élevée : à 4,93 €/kg en semaine 40 (se terminant le 4 octobre), elle surplombe de +0,79 €/kg son niveau de 2019 et de +0,54 €/kg celui de 2018 (cours 2019 affectés par l’incertitude liée au Brexit).

La production britannique a chuté de -8% sur 8 mois. La forte hausse en juillet puis la baisse en août sont en partie imputables au décalage des dates de l’Aïd entre 2019 et 2020. Le fléchissement des sorties tient à la baisse du cheptel national, dont l’inventaire au 1er janvier 2020 est toujours indisponible à l’échelle du Royaume-Uni. Le cheptel ovin anglais, un peu moins de 50% du cheptel britannique, a perdu 2% de ses effectifs en 2019 (selon l’enquête de juin du DEFRA), à 10,5 millions de têtes.

Après une hausse timide en juin (+3% /juin 2019), les exportations britanniques de viande ovine ont été très dynamiques en juillet (+27%).  Ces récentes hausses n’ont pu contrebalancer les baisses observées de février à mai. Cumulés sur 7 mois, les envois de viande ovine ont fortement diminué (-8% /2019). Dans le même temps les importations britanniques de viande ovine ont fléchi de -14% /2019.

Irlande : des approvisionnements en agneaux limités

La cotation irlandaise reste très élevée, malgré la baisse saisonnière : 5,20 €/kg en semaine 41, soit +68 centimes d’une année sur l’autre. Cela tient en partie à la fermeté des cours en France. L’Irlande exportant près de 95% de sa production de viande ovine, son prix intérieur est orienté par celui de ses principaux clients, en premier lieu par la France, son premier débouché.

En août, les exportations irlandaises vers la France ont reculé d’après les douanes françaises, à la fois en raison de faibles disponibilités en agneaux finis irlandais et en raison de la baisse de la demande des importateurs français. La baisse des abattages a perduré en septembre. Les agents d’abattoirs auraient travaillé d’arrache-pied pour s’approvisionner davantage sur les marchés, mais aussi directement auprès des élevages.

Nouvelle-Zélande : La hausse des envois s’est poursuivie en août

Mi-2020, le cheptel ovin néo-zélandais a diminué de -2% d’une année sur l’autre, selon la dernière enquête cheptel de juin réalisée par Beef + Lamb New Zealand.

De nombreux agriculteurs ont « déstocké » en abattant un nombre conséquent d’agneaux (hoggets) face aux sécheresses prolongées, d’autant qu’ils sont confrontés à l’expansion du pâturage hivernal par les éleveurs laitiers. La productivité numérique des brebis a aussi été impactée par la sécheresse (brebis en moins bon état du fait d’une alimentation appauvrie).

Même si en août, la production néozélandaise était en baisse, les envois totaux ont augmenté, de +10%. Une partie des envois, initialement destinés à la Chine, aurait été réorientée vers la Royaume-Uni face à l’épuisement des stocks britanniques en août. Les exportations néozélandaises de viande ovine étaient stables sur 8 mois et, selon Beef and Lamb New Zealand, auraient doublé d’une année sur l’autre au mois de septembre.

Fragilisé par la pandémie, le prix de l’agneau néozélandais est bien en-deçà de son niveau de l’an passé (-0,95 €/kg), à 4,03 €/kg en semaine 40.