Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 322 Novembre 2020 Mise en ligne le 17/11/2020

Viande ovine

Le cours français stabilisé à un niveau remarquablement élevé

Le cours français s’est stabilisé au-dessus de 7 €/kg depuis mi-septembre : la demande des Français est modeste, mais l’offre l’est tout autant, ce qui permet un certain équilibre du marché.

Les cours irlandais et britanniques restent eux aussi particulièrement élevés. Après avoir subi la fermeture temporaire du marché chinois, le prix de la viande ovine néozélandaise se rétablit depuis début mai, conjointement à une reprise des envois.

Viande ovine » France »

Une offre modérée maintient les cours élevés

Le cours de l’agneau français n’a cessé de s’apprécier après la période estivale et s’est ensuite stabilisé à un niveau élevé à la mi-septembre. Après un regain à la rentrée, grâce aux animations commerciales, la consommation s’est atténuée. L’offre française exceptionnellement basse, équilibre toutefois le marché.

Face à une demande restreinte, le recul de l’offre soutient la cotation

En semaine 45 (se terminant le 8 novembre), la cotation de l’agneau français s’est établie à 7,0 €/kg, soit près de 75 centimes de plus d’une année sur l’autre. Les professionnels ont constaté un léger rebond des achats des Français le week-end du re-confinement (fin de semaine 44), associé à un regain des abattages, mais dans l’ensemble l’offre et la demande restent conjointement basses. Malgré des niveaux de 2019 retrouvés en septembre, les importations restent en retrait et participent à cet équilibre.

Le marché de la viande ovine est donc plutôt léger en France, soutenant la cotation de l’agneau.

La production française repart à la baisse en septembre

En septembre, le nombre d’agneaux abattus a diminué de -6% /2019, celui des réformes de -11%, portant la production totale de viande ovine à -7% /2019. Les abattages demeureraient en retrait en octobre, d’après les premières remontées des abattoirs.

De janvier à septembre, le poids moyen des agneaux a baissé de -1% /2019, tandis que celui des ovins adultes abattus s’est alourdi (+3% /2019). La production totale de viande ovine enregistre une légère baisse, de -1% /2019, avec des abattages d’agneaux stables et de réformes en baisse (-4%).

La pousse des prairies a été très déficitaire cette année : – 30% de mars à octobre /2019, selon Agreste. La sécheresse estivale a ralenti voire stoppé la croissance de l’herbe. Certains éleveurs manquent déjà de paille ; pour d’autres, c’est le stock de fourrage donné aux brebis à l’entretien qui s’épuise. La situation cet hiver pourrait de nouveau être préoccupante.

Les importations françaises globalement stables en septembre

A l’image de la dynamique globale en 2020, les importations de viande irlandaise ont été en nette hausse en septembre, de +20% d’une année sur l’autre. Elles ont en revanche baissé en provenance d’Espagne (-4%), de Nouvelle-Zélande (-4%) et du Royaume-Uni (- 13%).

D’autres fournisseurs, moins importants, ont contribué à cette stabilité : +80% /2019 en provenance des « autres pays ». Les Pays-Bas (attention, part de ré-export avec le port de Rotterdam), l’Italie, l’Iran, le Chili et l’Uruguay ont en effet vu leurs envois vers la France progresser.

La stabilité des importations en septembre a légèrement rehaussé le cumul depuis le début de l’année (9 mois), qui s’établissait alors à -11% (soit -7 500 téc).

La consommation française en légère baisse en septembre

En septembre, la consommation de viande ovine calculée par bilan a presque égalé son niveau de l’an dernier (- 2% /sept 2019 et sept.2018), grâce à des importations stables.

Cumulée sur 9 mois, elle accuse toujours un net repli estimé à -6,1% /2019, principalement en raison de la chute des importations.

Viande ovine » UE et monde »

Les exportateurs retiennent leur souffle à l’approche des fêtes de fin d’année

Alors que l’offre reste convenable en Irlande, elle est toutefois assez restreinte au sein de l’Union européenne et à l’échelle mondiale. De nombreux pays européens ont entamé un 2nd confinement : une baisse de la demande sur le marché international est envisagée, quelques semaines avant les fêtes de fin d’année.

Royaume-Uni : la production britannique continue de reculer

Le cours de l’agneau britannique reste élevé, bien qu’il se rapproche doucement de son niveau de l’an passé. En semaine 44, il s’établissait à 4,80 €/kg, soit 47 centimes de plus que l’an passé. Le très léger alourdissement du marché explique cette baisse un peu plus marquée de la cotation au Royaume-Uni.

Après s’être stabilisée en septembre, la production de viande ovine britannique a de nouveau baissé en octobre (-7% /2019) : les abattages d’agneaux ont diminué de -5% et ceux des réformes de -24%. Elle s’établissait alors à 27 000 téc, ce qui porte le cumul sur 10 mois à 238 000 téc, soit -6% /2019 (-15 000 téc).

Cumulées sur 8 mois, les exportations de viande ovine ont totalisé 56 900 téc, en recul de -7% /2019 (selon HMRC). En août, les envois de viande ovine sont restés sur cette tendance baissière et ont chuté de -6% /2019 (selon AHDB). Le même mois, les importations ont également reculé (-3% /2019).

Comme en France, la population britannique est confinée, au moins jusqu’au 2 décembre, et les résidents sont plus nombreux, environ +10% de plus qu’en 2019 à pareille époque : car le confinement a endigué la majorité des déplacements internationaux. On observera probablement un léger accroissement de la consommation au travers, comme lors du 1er confinement, d’une hausse des ventes au détail. Malgré le développement des ventes à emporter, la RHD va de nouveau pâtir des mesures sanitaires, au Royaume-Uni comme au sein de tous les pays reconfinés.

Irlande : une cotation soutenue par une offre mesurée

La cotation irlandaise reste à des niveaux élevés, principalement influencée par l’évolution très favorable du cours français, et secondairement par une offre intérieure modérée. Elle s’établissait à 4,90 €/kg en octobre, supérieure de 84 centimes à son niveau de l’an passé le même mois.

En septembre, le nombre d’ovins abattus a augmenté d’une année sur l’autre (+18% /2019), sans avoir retrouvé le niveau plus « normal » de 2018 (-9%). Il s’est ensuite stabilisé en octobre au même niveau qu’en 2019, à 260 000 têtes.

Selon Irish Farmer Journal, les abattoirs ont été plus prudents dans leurs achats fin octobre, avec le retour du confinement, en Irlande (jusqu’au 2 décembre) et sur les principaux marchés d’exportation de l’UE. Face à une demande accrue des grossistes et bouchers, cela a conduit au maintien des cotations à un niveau assez élevé. La baisse du nombre d’agneaux bien conformés, notamment due à des pluies torrentielles suite au passage de la tempête Barbara fin octobre, a également contribué à préserver un bon niveau de prix.

De janvier à septembre 2020, les exportations de viande ovine irlandaise ont progressé modérément en volume (+5% /2019) et ont bondi en valeur (+15% /2019), tirant à la fois profit du retrait de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni sur le marché européen.

Australie : un prix de l’agneau historiquement élevé

Le prix de la viande d’agneau en Australie (NTLI : National Trade Lamb Indicator) était en moyenne +6% plus élevé de janvier à octobre qu’en 2019. Alors qu’il était particulièrement élevé en début d’année, il a fortement chuté de juin à août (-10% en trois mois), puis s’est partiellement rétabli pour retrouver son niveau des années précédentes en octobre.

La baisse de la demande en viande ovine, intérieure comme internationale, avec la pandémie de coronavirus, a fait pression sur les prix. L’appréciation récente du dollar australien, après sa forte dépréciation en mars 2020, explique aussi cette baisse de la demande, qui a joué dans la chute du NTLI de juin à août : la viande ovine australienne était alors plus chère pour les consommateurs.

Plus généralement, les prix intérieurs de la viande ovine australienne sont restés élevés car la baisse de la demande internationale (Covid-19) a coïncidé avec la recapitalisation du cheptel ovin et donc des disponibilités réduites.

En septembre, les exportations de viande ovine australienne sont demeurées ralenties (-8%, à 33 200 téc). Cumulées depuis janvier, elles ont fléchi de -12% /2019, pour s’établir à 288 000 téc. Les faibles disponibilités en agneaux et brebis, du fait de la recapitalisation du cheptel australien, expliquent cette évolution.

Nouvelle-Zélande : regain des envois vers l’Union européenne

Les abattages d’agneaux étaient en hausse de +3% d’une année sur l’autre en septembre, ceux des réformes de +20%. Avec des poids de carcasse en très léger recul, cela a conduit à une croissance de la production de viande somme toute modeste, de +3% / 2019, à 25 400 téc. De janvier à septembre, la production cumulée de viande ovine néozélandaise a modestement progressé, de +1% /2019, à 332 500 téc.

Les envois de viande ovine néozélandaise ont suivi la même tendance : malgré un bond de +9% d’une année sur l’autre en septembre, ils ont progressé faiblement sur 9 mois : de +1% /2019 à 337 000 téc.

En septembre, et pour le 2ème mois consécutif, la Nouvelle-Zélande a diminué ses envois vers la Chine (-7% /2019), principalement en faveur de l’Union européenne. Depuis juin, les envois vers l’UE ne cessent de surpasser leurs niveaux de l’an passé : +37% /sept.2019, dont une hausse de +75% vers le Royaume-Uni.

La Nouvelle-Zélande démontre ses possibilités d’export vers l’Europe, au moment même où les négociations pour de futurs accords commerciaux avec l’UE-27 ont repris. En octobre, ils seraient en revanche en fort recul : de -15% /2019, selon le dernier bulletin de Beef and Lamb New Zealand.