Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 324 Janvier 2021 Mise en ligne le 13/01/2021

Viande ovine

La Covid-19 et ses variantes continuent de bouleverser les marchés

En Australie comme chez de nombreux pays européens, la production de viande ovine a baissé en 2020. L’Irlande s’en sort remarquablement bien du fait à la fois d’un affaiblissement de la filière britannique et d’une offre océanienne restreinte.

Au Royaume-Uni, la nouvelle souche de Covid-19 a momentanément mené à une fermeture des frontières et déstabilisé un marché déjà fragilisé.

Viande ovine » France »

Marché peu dynamique, malgré les fêtes de fin d’année

Malgré une activité assez décevante lors des fêtes de fin d’année, la cotation de l’agneau français s’est maintenue à de très bons niveaux. Les importations de viande ovine sont demeurées ralenties en novembre, allégeant le marché et soutenant les prix. A partir de la mi-décembre, les agneaux issus des brebis Lacaune ont commencé à s’ajouter aux agneaux d’herbe sur le marché français.

Le cours français finit tout de même l’année à un niveau extraordinairement élevé

Bien que toujours nettement supérieure et toujours en hausse, la cotation française s’est légèrement rapprochée de son niveau de l’an passé en novembre et décembre 2020. Le marché de l’agneau n’aurait pas été très dynamique pour les fêtes de fin d’année, expliquant la légère baisse de l’écart du cours français entre 2019 et 2020 à cette période.

A 7,26 €/kg en semaine 53, la cotation française clôt tout de même l’année 2020 à un niveau historiquement haut. Elle surpasse de 58 centimes son niveau de fin 2019 et de 93 centimes celui de fin 2018.

La production française reste atone fin 2020

En novembre, le recul des abattages s’est accentué en France : le nombre d’agneaux abattus a diminué de -5%, celui des réformes de -11%, portant la production totale de viande ovine à 5 100 téc, (-5% /2019). Les abattages seraient demeurés en retrait en décembre, malgré les fêtes de fin d’année, d’après les premières remontées des abattoirs.

De janvier à novembre, la production de viande ovine a baissé de -1% /2019, avec des abattages d’agneaux stables et de réformes en baisse (-5%).

A partir de la mi-décembre, la mise en marché des agneaux issus du bassin laitier (essentiellement de race Lacaune) a débuté (jusque la mi-février globalement), lesquels s’ajoutent ainsi aux agneaux d’herbe, qui auraient alors plus de mal à s’écouler.

Les importations françaises ont de nouveau chuté en octobre

Dans la mouvance générale de 2020, les importations françaises de viande ovine ont reculé en novembre, de -9% /2019. Malgré leur dynamisme depuis le début de l’année, les achats en provenance d’Irlande ont baissé (-7%), du fait de leurs approvisionnements restreints fin 2020.

Ils ont aussi diminué en provenance d’Espagne (-9%) et du Royaume-Uni (-19%), malgré un Brexit commercial proche et incertain jusqu’aux derniers instants. Les importations françaises de viande ovine néozélandaise ont de nouveau augmenté en novembre, de +21% / 2019.

De janvier à novembre, le cumul des importations de viande ovine s’établit à 74 400 téc, soit – 10% /2019.

Un accord commercial a finalement été trouvé entre le Royaume-Uni et l’UE-27 qui évite l’instauration de droits de douanes et de contrôles en frontières, notamment pour la viande ovine. Toutefois, les déclarations douanières qui s’appliquent désormais aux frontières avec le Royaume-Uni, désormais considéré comme un pays tiers, pourraient en revanche momentanément ralentir les flux de viande.

Des envois timides d’agneaux de lait vers l’Espagne

En novembre, le boom des exports d’agneaux vifs français a bien eu lieu, principalement vers l’Espagne, mais de façon moins importante que l’an passé. Avec 27 000 agneaux de lait ayant traversé les Pyrénées, les envois ont chuté de -26% /2019 (-9 500 agneaux), probablement du fait d’un manque d’offre en novembre qui a limité les envois de vifs.

La consommation française poursuit son recul en novembre

En novembre, la consommation calculée par bilan était en légère baisse (- 9% /2019) en raison d’importations et d’abattages en net retrait d’une année sur l’autre. Cumulée sur 11 mois, elle accuse toujours un net repli, estimé à -6% /2019, principalement en raison de la chute des importations.

 

 

Viande ovine » UE et monde »

La Covid-19 perturbe encore les marchés

A l’approche des fêtes de fin d’année, la baisse de la production et des importations européennes s’accentue. Cela permet notamment à l’Irlande de continuer de tirer son épingle du jeu mais pourrait être dangereux pour la filière sur le long terme. En Océanie, malgré une production au mieux stable d’une année sur l’autre, les exportations néozélandaises atteignent des niveaux corrects en novembre. En Australie en revanche, la situation perdure : la recapitalisation du cheptel contraint fortement les envois.

Royaume-Uni : la Covid-19 affecte les échanges extérieurs

Après une baisse en octobre, la production de viande ovine britannique a de nouveau chuté en novembre (-9% /2019). Les abattages d’agneaux ont diminué de -6% et ceux des réformes ont chuté de -20%, ce qui porte le cumul sur 11 mois à 263 000 téc, soit -9% /2019 (-17 000 téc).

Malgré des abattages britanniques repartis à la hausse fin décembre (+6% en semaine 51), les difficultés d’exportations vers la France ont temporairement réduit la production et les transactions commerciales sur les marchés au Royaume-Uni, ce qui a pu peser sur la cotation. En effet, en plus du 2ème confinement des Français (fin octobre à mi-décembre), la France a suspendu du 21 au 23 décembre les entrées de marchandises en provenance du Royaume-Uni, où une nouvelle souche de Covid-19 a été détectée.

Les exportations britanniques de viande ovine ont de nouveau chuté en octobre, de -17% /2019, notamment vers la France (-16%) et l’Allemagne (-8%). Les envois vers l’Irlande ont fortement augmenté, de +24%. Sur 10 mois, le volume des envois était inférieur de -9% à celui de l’an dernier.

Après la baisse du cheptel anglais (enquêtes de juin 2020), c’est le cheptel ovin gallois qui est  fortement réduit : -6% / 2019, à 9 millions de têtes. Cela conforte la présomption de baisse globale du cheptel britannique cette année.

En net retrait depuis le début de l’année, les importations de viande ovine ont bondi en septembre et octobre (+9% /2019) : surtout en provenance de Nouvelle-Zélande (+42%). En cumul sur 10 mois, elles ont baissé de -6% sur 10 mois /2019 : la chute des envois irlandais vers le Royaume-Uni en est majoritairement responsable (crainte d’un No Deal : diversification des débouchés irlandais).

Irlande : les prix finissent bien l’année

La cotation irlandaise a continué de croître fortement en fin d’année 2020, toujours tirée d’une part par le cours de l’agneau français et, d’autre part, par une offre intérieure inférieure à la demande. Elle s’établissait à 5,43 €/kg en semaine 52, soit 1,01 €/kg de plus qu’en 2019 la même semaine.

Les approvisionnements sont toujours limités. En novembre et en décembre, la baisse des abattages d’ovins s’est accentuée, de -13% /2019. Sur 12 mois, la production irlandaise gagnait +2% /2019, et reculait de -5% /2018 (2019 : blocages d’usines donc production assez basse). Au final, la production abattue a tout de même été freinée par la pandémie de Covid-19 cette année, altérant la demande sur ses principaux marchés à l’export.

Sur 10 mois, l’Irlande enregistre une progression de ses exportations de +4% /2019 en volume. Toutefois, celles-ci ont fléchi en octobre, de -5% /2019, notamment vers le Royaume-Uni (-21%) et la France (-12%), conséquence des baisses de production le même mois (-4% /2019). En novembre, les envois sont probablement demeurés ralentis avec une production abattue réduite de -13% /2019.

Australie : les tensions avec la Chine contraignent les exportations

Après avoir baissé de -7% entre 2018 et 2019, les sorties d’ovins australiens ont lourdement chuté en 2020, de -16% /2020, en lien direct avec la recapitalisation du cheptel. Malgré une demande extérieure forte, l’Australie est donc toujours limitée par sa production temporairement restreinte. Selon l’enquête d’octobre 2020 (MLA et AWI Wool and Sheepmeat Survey), 42% des éleveurs de moutons cherchent à étoffer leur troupeau d’ovins dans les douze prochains mois.

En novembre, les envois australiens étaient toujours ralentis : de -17% /2019, notamment de -33% vers la Chine et -6% vers les USA, les deux principales destinations.

En juillet, Australian Lamb Co. et JBS Brooklyn ont volontairement suspendu leurs envois vers la Chine après qu’elles aient dû fermer pour cause de cas de Covid-19. Fin 2020, le gouvernement australien n’avait toujours pas obtenu l’approbation chinoise pour que les entreprises reprennent leurs expéditions… Les tensions commerciales actuelles entre la Chine et l’Australie expliquent probablement ce statut quo des autorités chinoises.

Nouvelle-Zélande : reprise des exportations vers la Chine

En Nouvelle-Zélande, les abattages d’agneaux étaient en hausse de +2% d’une année sur l’autre en novembre. Ceux des réformes ont aussi augmenté, de +13% /2019. Avec des poids de carcasse en très léger recul d’une année sur l’autre pour les agneaux destinés à l’export (-1%), la production de viande ovine a progressé de +3% le même mois, à 36 600 téc.

De janvier à novembre, les abattages d’agneaux ont progressé de +1% d’une année sur l’autre et ceux des réformes de +12%. Avec la sécheresse, apparue précocement début 2020, les poids de carcasse ont baissé et le nombre de reproductrices vendues a été plus élevé : sur onze mois la production cumulée de viande ovine néozélandaise s’établissait alors à 405 200 téc, soit +1% /2019.

Avec des réformes plus nombreuses, le cheptel ovin néozélandais continue son inexorable érosion. Selon l’enquête de juin 2020, le cheptel national comptait  26,2 millions d’ovins, soit une baisse de -2% d’une année sur l’autre (chiffres provisoires de l’enquête sur la production agricole néozélandaise de 2020).

Les envois de viande ovine néozélandaise se sont redressés en novembre : +6% /2019. Cumulés sur 11 mois, ils sont stables d’une année sur l’autre, à 398 000 téc. Après 3 mois consécutifs en baisse, les envois vers la Chine ont rebondi de +8% /2019. Vers l’UE, ils ont en revanche baissé de -14% vers l’UE-27 + Royaume-Uni.

A l’avenir, les exportations néozélandaises devraient être impactées à la fois par le recul du cheptel ovin et par les baisses de poids de carcasses, deux évolutions en partie due aux sécheresses.