Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 325 Février 2021 Mise en ligne le 16/02/2021

Viande ovine

L’offre mondiale continue de se contracter

Fin 2020, les abattages ont été au mieux stables, en France comme au Royaume-Uni. Les flux mondiaux sont restreints par le manque de production des principaux pays fournisseurs.

En 2021, les disponibilités des principaux producteurs en viande ovine devraient encore se contracter, que ce soit en Océanie ou au Royaume-Uni. Le marché européen devrait être relativement stable.

Viande ovine » France »

Marché calme : les cours baissent mais restent relativement élevés

Les importations françaises auraient été modérées en janvier, entre autres du fait des niveaux de prix très élevés au sein de l’Union européenne, réduisant le disponible en France et maintenant un niveau de prix élevé. La production française serait toutefois légèrement plus dynamique que l’an passé en ce début d’année.

Le cours français a entamé sa baisse saisonnière début 2021

A 7,08 €/kg en semaine 5 (se terminant le 7 février), la cotation française poursuit sa baisse saisonnière, avec une demande traditionnellement calme. Elle reste toutefois très élevée en raison des disponibilités en retrait, supérieure de 60 centimes à son niveau de 2020 la même semaine et de 1,32 €/kg à celui de 2019.

Les abattages auraient été plus dynamiques que l’an passé en janvier. Toutefois pour peu que les importations soient toujours très modérées, les disponibilités resteraient faibles par rapport aux années précédentes. Les achats des Français, peu actifs en cette période, ne parviennent pas à maintenir la cotation qui s’effrite alors.

La production française à peine maintenue en 2020

En décembre, après des mois de recul, la production française de viande ovine était stable d’une année sur l’autre. Le nombre d’agneaux abattus a diminué de -3% et celui des réformes est resté quasiment inchangé, portant le nombre total d’ovins abattus à 299 900 têtes (-2% /2019). La hausse des poids de carcasse moyens, notamment des agneaux (+3%, à 17,5kg soit +0,5kg), a maintenu la production abattue au niveau de celle de décembre 2019.

En 2020, les abattages d’agneaux ont été stables et ceux des réformes en baisse (-5% /2019). Ces dernières sont alourdies, en moyenne de +2% /2019 à 26,9 kg (soit +0,6 kg). La production de viande ovine a alors reculé de -1% /2019 en volume, à 80 230 téc.

Début 2021, d’après les premières remontées des abattoirs, les abattages pour les quatre premières semaines de l’année seraient en hausse par rapport à 2020, se rapprochant de leurs niveaux de 2019. Certains gros abatteurs auraient quasiment doublé les effectifs abattus… Les agneaux d’import manqueraient à l’appel (surtout agneaux britanniques en cette période de l’année), et ce sont donc principalement les agneaux Lacaunes qui approvisionnent les abattoirs français.

A partir de fin janvier et jusque début mars, les quelques 50 000 agneaux de lait qui n’ont pas été exportés en vif vers l’Espagne en décembre 2020, vont être abattus en France. Toutefois, le marché ne devrait pas s’engorger, compte tenu de la carence en agneaux d’herbe et aussi en viande ovine importée.

Les importations françaises terminent l’année à de bas niveaux

Dans la même tendance que l’année 2020, les importations françaises de viande ovine sont demeurées ralenties en décembre (-10% /2019). Elles ont reculé en provenance d’Irlande (-8%), de Nouvelle-Zélande (-23%) et même du Royaume-Uni (-11%)… En revanche, les envois espagnols vers la France ont bondi de +26% /2019.

2021 marque l’entrée en vigueur du volet commercial du Brexit, avec son lot de nouvelles contraintes administratives, notamment les certificats sanitaires devant être délivrés par des vétérinaires (£155 par lot) et les questionnaires de déclaration (ou pré-déclaration) en douane devant être rempli pour chaque lot.

La Covid-19 ne facilite pas les choses, mais globalement les exportations de viande ovine britannique se font et se fluidifieront avec le temps.

Importations d’agneaux vifs espagnols prévues en hausse

En décembre comme en novembre, le boom des exports d’agneaux de lait français a bien eu lieu, principalement vers l’Espagne, mais de façon moins importante que l’an passé : -13% / nov. 2019 et – 12% /déc. 2019.

En revanche, après avoir triplé en novembre, les importations d’agneaux espagnols ont été multipliées par 11 en décembre, d’une année sur l’autre.

De plus, la Libye a temporairement (sem. 3 à 6 de 2021) fermé ses frontières aux agneaux espagnols : ces derniers vont alors être réorientés sur le marché français à bas prix. Pour rappel, la Libye a absorbé 50% des exportations d’agneaux vifs espagnols en 2019.

La consommation française poursuit son recul en décembre

En décembre, la consommation calculée par bilan était en baisse (- 6% /2019) en raison d’importations toujours en repli et d’abattages stables d’une année sur l’autre.

Sur l’année 2020, elle accuse alors un repli de même ampleur, estimé à -5,8% /2019, principalement en raison de la chute des importations.

Viande ovine » UE et monde »

Une offre mondiale qui va se contracter davantage

En 2021, la filière néozélandaise devrait voir sa production baisser et en Australie, la dynamique de reconstitution du cheptel perdure, ce qui pèse sur les sorties et les exportations. Au sein de l’Union européenne, les rendements pourraient être à la hausse cette année. Au Royaume-Uni, la production comme les exportations seront inférieures à 2020.

Royaume-Uni : l’offre britannique reste limitée début 2021

La hausse du cours de l’agneau britannique s’est fortement accélérée sur les premières semaines de 2021 : +0,94 £ entre les semaines 1 et 6. La consommation intérieure au Royaume-Uni reste solide : avec la Covid-19, les Britanniques sont restés au pays, autant de consommateurs en plus ! Les volumes de viande d’agneau vendus au détail ont augmenté de + 4% au cours de l’année se terminant le 27 décembre 2020 (Kantar).

La production et les importations, toujours en recul, face à une demande forte, soutiennent les prix : en semaine 6, la cotation s’établissait à 5,81 £/kg, soit +0,84 £ /2020.

En décembre 2020, la production totale de viande ovine était stable /2019, malgré moins de jours d’activité et la fermeture momentanée des frontières fin décembre suite à  l’apparition du variant britannique.

La production de viande ovine en 2020, évaluée à 296 100 t, a reculé de -4% /2019, principalement en raison de la forte baisse des réformes (-263 000 abattues /2019). AHDB prévoit un recul de même ampleur en 2021.

Les abattages d’agneaux britanniques début 2021 seraient en-deçà du niveau 2020, pour la même période. cette baisse découlerait de celle du cheptel reproducteur, de -4% en juin 2020 (enquête agricole Defra), avec un total de 15,4M de têtes (effectif national le plus bas depuis 2012 !).

Le recul de la production freine les envois : en novembre, les exportations britanniques de viande ovine ont de nouveau chuté d’une année sur l’autre (-17% /2019), dont -27% vers la France, où la demande aurait été déprimée par un 2ème confinement. En 2021, les exportations pourraient reculer de -4% /2020 selon AHDB.

Les importations ont de nouveau reculé en novembre (-9% /2019), dont -10% en provenance de Nouvelle-Zélande, atteignant le plus bas niveau depuis 1997. Les importations devraient se replier de -2% cette année, toujours selon les estimations d’AHDB.

Irlande : les approvisionnements se resserrent après la baisse des prix

La cotation irlandaise a démarré l’année 2021 à des niveaux particulièrement élevés, puis a chuté en semaines 3 et 4 : les abattoirs auraient revu à la baisse les prix d’achat. Certains producteurs, alors réticents à baisser leurs prix de vente, ont moins approvisionné : en janvier, le nombre d’ovins abattus en Irlande a baissé de – 4%/ 2019. Parallèlement, la demande est restée solide.

Les prix ont depuis regagné du terrain, attirant de nouveau les éleveurs : en semaine 6 de 2021, le cours irlandais s’établissait à 5,40 €/kg, soit 80 cents de plus qu’en 2020 la même semaine.

L’approvisionnement en agneaux devrait s’améliorer au cours de l’année et les abattages d’agneaux devraient atteindre leurs niveaux de 2020, selon Teagasc. Les volumes produits pourraient  légèrement progresser, si la finition des agneaux est menée à son terme. Mais les prix toujours attractifs pourraient, comme en 2020, inciter certains éleveurs à anticiper les ventes.

Sur 11 mois, l’Irlande a enregistré une progression de ses exportations, de +4% /2019, soit + 1 980 téc. Toutefois, si celles-ci ont fléchi en octobre, elles se sont redressées en novembre (+3%), malgré une production en repli.

Australie : la recapitalisation du cheptel ovin se poursuit

Selon Rural Bank, les abattages d’agneaux ont chuté en janvier 2021 de -20%  par rapport à la moyenne sur 10 ans (du mois de janvier). Les abattages de réformes en janvier 2021 ont quant à eux reculé de -35% par rapport à la même période.

ABARES prévoit pour 2021 une baisse de la production d’agneaux de 7% /2020. En 2021, l’offre de réformes devrait rester encore plus faible que celle d’agneaux : troupeau national épuisé et conditions saisonnières devraient a priori permettre aux producteurs de reconstituer leur cheptel, poursuivant la tendance de 2020.

En décembre, les envois australiens étaient toujours réduits, de -14% /2019, dont -15% vers la Chine et -10% vers les États-Unis, les deux principaux clients. Sur l’année, ils ont baissé de -13% /2019, essentiellement vers la Chine, qui reste le 1er débouché, alors qu’ils ont été maintenus vers les États-Unis.

Nouvelle-Zélande : baisse des naissances printanières qui va réduire les envois en 2021

En plus d’un cheptel ovin enregistré en recul en juin 2020, les agnelages du printemps dernier (septembre à novembre 2020) ont été affectés par des conditions météorologiques défavorables durant la reproduction. Ils ont reculé de -1,5% à 23 millions de têtes. Beef and Lamb NZ estime que le nombre d’agneaux destinés à l’exportation au cours de la saison 2020-2021 devrait diminuer de -4,5% pour s’établir à 18,25 millions de têtes. De plus, la Nouvelle-Zélande devrait davantage garder ses femelles pour reconstituer son cheptel après les divers épisodes de sécheresses.

En décembre, la production de viande ovine a progressé de +11% d’une année sur l’autre, avec des abattages d’agneaux (+7%) et de réformes (+20%) en hausse. Au total en 2020, les volumes produits en Nouvelle-Zélande ont atteint 458 000 téc, en hausse de +2% /2019.

Les envois de viande ovine néozélandaise ont continué de s’améliorer en décembre : +20% /2019, avec notamment +28% vers la Chine, +7% vers le Royaume-Uni et +23% vers la France. Au total en 2020, ils ont progressé de +2% d’une année sur l’autre, à 441 000 téc, avec +2% vers la Chine (contre +14% entre 2018 et 2019) et -6% vers l’UE (-18% entre 2018 et 2019).

Suite au Brexit et à la répartition des volumes d’export néozélandais entre le Royaume-Uni et l’UE- 27, la Nouvelle-Zélande va probablement sécuriser ses envois vers ces pays au 1er trimestre 2021, vers la France notamment. Elle pourrait acheminer davantage de viande vers l’UE-27,  si la Chine réduit ses achats, comme le prévoit FranceAgriMer.