Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 327 Avril 2021 Mise en ligne le 16/04/2021

Viande ovine

La demande bien orientée soutient les prix

L’approvisionnement mondial en viande ovine reste limité, tandis que la demande dans les principaux bassins d’importation, comme la Chine, l’Union européenne ou encore le Moyen-Orient, demeure bien orientée, notamment par la succession de festivités religieuses.

Les prix de la viande ovine sont alors exceptionnellement élevés chez la grande majorité des pays producteurs.

Viande ovine » France »

Fort succès de l’agneau pascal cette année

Le marché de l’agneau français a bénéficié cette année des fêtes de Pâques dans un contexte sanitaire toujours compliqué. Malgré une offre nationale importante, l’engouement des Français pour la viande d’agneau et le regain des exportations de viande ovine, notamment en février, ont permis d’absorber les disponibilités supplémentaires. Le Ramadan, proche de Pâques cette année, devrait encore soutenir la demande et par conséquent les prix.

Le cours français atteint un nouveau record lors de la semaine sainte

A 7,65 €/kg en semaine 13 (se terminant le 4 avril), la cotation française a atteint un sommet à Pâques, fête religieuse survenue tôt cette année. En hausse de +1,12 €/kg d’une année sur l’autre, la cotation était supérieure de +1,45 €/kg par rapport à la semaine de Pâques 2020 (pour rappel en 2020 creux à Pâques au lieu du pic saisonnier).

Bien que Pâques soit de nouveau tombé au début d’un 3ème confinement national, les achats des Français auraient été dynamiques, soutenant la cotation. L’allègement des mesures de restriction de déplacement lors du week-end pascal a sans doute facilité les réunions familiales et stimulé les achats festifs de gigot.

Le Ramadan, qui débute cette année le 13 avril, devrait encore étoffer la demande.

La production française dynamisée par les sorties d’agneaux Lacaune

En février 2021, la production française de viande ovine a de nouveau augmenté, de +4% d’une année sur l’autre toutes catégories, à 6 420 téc. Toujours en volume, les abattages d’agneaux ont augmenté de +5%, tandis que ceux des réformes ont baissé de -3%.

D’après les premières remontées des abattoirs, la production nationale de viande ovine aurait davantage progressé en mars, d’une année sur l’autre.

Malgré de bons signaux du côté des achats fin 2020 et début 2021 (+18% en janvier/2020, selon Kantar), les incertitudes vis-à-vis du 3ème confinement national ont pu diminuer le nombre d’agneaux mis à l’engraissement fin 2020. Il leur était en effet impossible de connaître l’état des mesures sanitaires pour Pâques 2021 plusieurs mois à l’avance : certains éleveurs ont préféré être prudents et les approvisionnements en agneaux français ont alors pu manquer face au dynamisme de la demande cette année.

La hausse des importations françaises s’est accentuée en février

Les importations françaises de viande ovine ont poursuivi en février le redressement amorcé en janvier : +25% /2020, à 6 700 téc, rompant ainsi la tendance baissière qui était à l’œuvre en 2020.

Elles se sont fortement intensifiées en provenance du Royaume-Uni (+60%), mais au vu du contexte en février (contraintes douanières post-Brexit, production britannique au ralenti, achats des français en baisse à cette période de l’année, agneau britannique absent des rayons français car très peu compétitif) et de la multiplication par quatre des envois français de viande ovine vers les principaux clients du Royaume-Uni (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Italie), il est fort probable que ce chiffre illustre des re-exports. En effet, en raison du Brexit, les principaux exportateurs britanniques utiliseraient un/des dépôt(s) français pour réexpédier leur agneau vers les autres marchés de l’UE. Un autre élément qui va en ce sens :  la part des carcasses et demi-carcasses réfrigérées dans le total des viandes britanniques importées en France a augmenté (85% contre 65% en févr. 2018 et 2019) et c’est aussi le cas pour la viande exportée par la France en février (68% des envois contre 15% en février 2019 et 7% en févr.2018).

Elles ont de nouveau presque doublé en provenance d’Espagne (+45% /2020). Les importations de viande ovine irlandaise ont quant à elles de nouveau reculé, de -16%, reflétant la timide production irlandaise début 2021. Enfin, les achats en provenance de Nouvelle-Zélande sont demeurés ralentis (-19% /2020).

Consommation par bilan en baisse, compte-tenu de l’explosion des envois

En février 2021, la consommation calculée par bilan aurait logiquement été en hausse vu le rebond des importations (+25% /2020) et la hausse de production (+4%/2020)… Mais c’était sans compter sur les envois de viande ovine (x 4,5 /2020) qui se sont envolés en février, notamment à destination de l’Allemagne (x43 /févr.2020, à 800 téc), de la Belgique (x7, à 500 téc) et de l’Italie (+66%, à 300 téc). Comme expliqué plus haut, il s’agirait très majoritairement de re-exports de viande ovine britannique. Les chiffres Kantar indiquent  un recul des achats au sein de la distribution en février (-9% /2020), en lien avec une période où la consommation baisse traditionnellement et un prix de l’agneau toujours très élevée, devenant un frein aux achats.

Viande ovine » UE et monde »

Une demande mondiale à son plus haut niveau

L’approvisionnement en viande ovine continue d’être particulièrement limité à l’échelle mondiale, ce qui tend les prix, d’autant que la demande est déjà boostée par le Ramadan, qui suit Pâques de très près cette année. En Nouvelle-Zélande, les cours sont en revanche orientés à la baisse comparés aux années précédentes : la réouverture de la restauration à l’internationale, permettant de valoriser les coupes à haute valeur ajoutée, est très attendue.

Royaume-Uni : le repli de l’offre se poursuit en février

Au Royaume-Uni, la cotation s’établissait à 6,19 £/kg, soit +0,41 £ /2020, en semaine 13, qui se clôturait par le dimanche de Pâques. Cela représente une hausse de +41% /2020 et de +36% /2019. Comme partout ailleurs en Europe, le prix de l’agneau britannique a atteint des sommets.

Les abattages britanniques sont demeurés ralentis en février 2021 : avec des effectifs en baisse de – 8% pour les agneaux et de -27% pour les réformes. La production de viande ovine a alors atteint 18 000 téc, soit – 9% /2020.

A la surprise générale, les exportations ont été extrêmement dynamiques début 2021 vers la France : en février de +60% /2020 et +35% /2019 selon les douanes françaises. Car tous les experts s’attendaient à un ralentissement momentanément des flux des îles britanniques vers le continent européen avec la sortie du Royaume-Uni du marché européen.

Depuis le 13 avril, les autorités britanniques ont autorisé la réouverture de certains lieux, comme les terrasses des pubs et des restaurants, ce qui pourrait relancer la restauration hors-domicile et par conséquent la consommation d’agneau.

Irlande : des producteurs éleveurs prudents face au Brexit

En Irlande, La cotation de l’agneau de nouvelle saison a poursuivi son impressionnante ascension : à 8,10 €/kg en semaine 14, elle surplombait de +2,05 € son niveau de 2020 et de +1,60 € celui de 2019 !

Les approvisionnements sont très restreints : les abattages d’ovins sont restés inférieurs à leurs niveaux de 2020 en mars, de -10% /2020 à 186 000 têtes. Le cheptel a pourtant progressé fin 2020, mais une fois encore, les incertitudes liées au Brexit ont incité de nombreux éleveurs irlandais à la prudence : ceux-ci auraient limité les effectifs mis à l’engraissement fin 2020.

Probablement du fait d’approvisionnements restreints, les envois irlandais de viande ovine vers la France ont de nouveau reculé en février, de -19% /2020 (douanes françaises).

Nouvelle-Zélande : production et exportations toujours modérées par la recapitalisation

En février, la production de viande ovine a baissé de -1% d’une année sur l’autre, à 54 000 téc. Les abattages d’agneaux ont reculé (-8% /2020), tandis que ceux des réformes ont fortement augmenté (+24%).

Les envois néozélandais ont en revanche bondi d’une année sur l’autre, de +8%  par rapport au niveau exceptionnellement bas en février 2020. Ceux-ci avaient alors été affectés par la fermeture de l’accès au marché chinois, avec le développement de la pandémie de Covid-19. Aussi, les envois demeuraient inférieurs de -12% au bon niveau de février 2019.

Les envois ont donc explosé vers la Chine en février : +130% /2020 et +16% /2019. Ils ont reculé vers la France (-34% /2020) et le Royaume-Uni (-29%/2020) : les exportations vers l’Union européenne ont été les plus faibles depuis 1999.