Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 328 Mai 2021 Mise en ligne le 18/05/2021

Viande ovine

La demande chinoise toujours forte tend les cours

La demande dans les principaux bassins déficitaires, et notamment la Chine, reste active, face à des disponibilités plutôt contraintes. Une partie importante des flux mondiaux est captée par le géant asiatique, aux dépens de l’Union européenne et du Royaume-Uni.

Avec un marché allégé, les prix de la viande ovine sont exceptionnellement élevés en Europe comparativement aux prix océaniens.

Sommaire du numéro 328
Viande ovine

Viande ovine » France »

Une demande moins active après Pâques

La demande en viande d’agneau a été forte pour Pâques et les abattages du mois de mars l’ont été tout autant pour approvisionner le marché. Les importations de viande ovine étaient toutefois en recul et la forte hausse des achats d’agneaux vivants a alors permis de compléter l’offre française lors de cette période cruciale pour la filière.

Le cours français poursuit sa lente baisse saisonnière

A 7,42 €/kg en semaine 18 (se terminant le 9 mai), la cotation française poursuit sa baisse saisonnière post-Pâques. Très modérée, celle-ci est contenue par une demande toujours active, grâce au Ramadan. En hausse de +0,92 €/kg d’une année sur l’autre, soit +14%, la cotation demeure à un niveau exceptionnellement élevé.

Les abattages français ont ralenti en avril, après avoir été particulièrement actifs au 1er trimestre et les importations sont probablement demeurées ralenties.

Des abattages français très dynamiques à l’approche de Pâques

Face à une demande des Français au rendez-vous pour célébrer l’agneau pascal, l’approvisionnement s’est accéléré au mois de mars. Il y a eu deux belles semaines d’abattages en 2021, comme ce fût le cas en 2019, pour Pâques (abattages en avril 2019 = 9 225 téc).

En mars 2021, à 9 527 téc, la production abattue a fortement progressé d’une année sur l’autre : de +2 800 téc soit +41% /2020. Cependant cette hausse est « seulement » de +3% comparée à avril 2019 (Pâques était le 21 avril) ou encore à mars 2018 (Pâques le 1er avril),.

Au 1er trimestre 2021, les abattages français de viande ovine ont fortement progressé en volume, de +19% /2020 et de +13% /2019, grâce à des importations d’agneaux vivants qui sont venues étoffer le disponible français.

Forte hausse des importations d’agneaux vivants pour Pâques

A l’approche de Pâques, les importations d’agneaux vivants ont été multipliées par 13 comparées à celles de mars 2020 et ont même presque doublé par rapport à mars 2018 (+93%). 25 700 agneaux ont ainsi été importés, principalement d’Espagne, pour étoffer la production nationale. L’arrêt des envois d’ovins vifs espagnols vers la Libye, depuis l’incident de décembre dernier (bateaux chargés de veaux espagnols refusés pour suspicion de FCO), a probablement provoqué un report vers d’autres clients importants, comme la France. Ces achats d’agneaux vifs sont venus contrebalancer des importations de viande en retrait et ont ainsi permis de répondre à la demande des ménages.

Des importations en trompe l’œil en mars

Les importations françaises de viande ovine ont été particulièrement dynamiques en mars : +53% d’une année sur l’autre, à 10 300 téc. Toutefois, le très probable transit par la France de viande ovine britannique a étoffé artificiellement les importations françaises. Selon les Douanes françaises, les volumes en provenance du Royaume-Uni ont plus que doublé entre mars 2020 et mars 2021 (x 2,5).

Après déduction du ré-export, les importations de viande ovine destinées au marché français ont augmenté en mars de « seulement » +11% /2020. Soit un volume net importé bien moindre qu’en 2018 (-18%), année la plus proche de la situation de Pâques 2021. Au final, les importations de viande d’agneau ont été relativement peu dynamiques le mois précédent Pâques.

Les achats étaient en hausse seulement en provenance d’Espagne (+33% /mars 2018). Les importations de viande ovine irlandaise ont quant à elles chuté (- 8% /mars 2018), tout comme celles de Nouvelle-Zélande (-44% /mars 2018). En retirant les volumes qui n’ont fait que transiter par la France, les imports de viande ovine britannique ont reculé de -27%/ mars 2018.

Des exportations exceptionnellement élevées depuis janvier

Comme en janvier et février, les envois français de viande ovine ont été boostés par la ré-expédition de viande britannique. Portés à 3 200 téc en mars, ils ont été multipliés par six d’une année sur l’autre. Les exportations se sont envolées vers l’Allemagne, la Belgique, l’Italie et les Pays-Bas, principaux débouchés du Royaume-Uni.

Viande ovine » UE et monde »

Des prix soutenus en Europe

L’offre est toujours limitée en Europe comme en Océanie, face à une demande mondiale soutenue. En Nouvelle-Zélande, la sécheresse automnale a ponctuellement stimulé les abattages, mais la demande chinoise est telle que cela n’a pas impacté le marché européen où les prix restent à de très hauts niveaux.

Royaume-Uni : le disponible britannique recule au 1er trimestre 2021

Les abattages britanniques, en volume, ont reculé au 1er trimestre de -10% /2020, sur la même tendance que l’an passé. En mars, les abattages d’agneaux (-1%) comme de réformes (-17%) ont baissé, mais la hausse des poids moyens de carcasse (+3%) a permis de maintenir les volumes abattus au niveau de mars 2020. L’offre est notamment contrainte par un cheptel en repli. Avec des importations en recul (-8% sur les deux premiers mois /2020), notamment depuis l’Irlande malgré la hausse en provenance d’Océanie, le disponible britannique a chuté au 1er trimestre.

Les exportations de viande ovine, essentiellement concentrées vers la France depuis le début d’année (ré-export), auraient aussi fortement reculé : -40% sur deux mois /2020 (attention, rupture de données des douanes britanniques à partir du 1er janvier 2021). Malgré un accord post-Brexit, les envois de viande britannique vers le marché européen (90% des envois) sont freinés par des surcoûts non tarifaires qui représenteraient entre 1% et 8% de la valeur de la carcasse, contre 0,4% avant le Brexit (selon Farmers Weekly).

Le marché est léger et la cotation s’envole : 6,74 £/kg en semaine 17, soit + 2,10 £/2020.

En plus de difficultés d’approvisionnement, les exportateurs britanniques rencontrent des obstacles pour obtenir l’accès à d’importants marchés : à cause de la tremblante, ils n’ont actuellement pas accès aux marchés chinois et nord-américains (contrairement à la Nouvelle-Zélande et l’Australie qui en sont indemnes).

Irlande : des sorties limitées face à une forte demande

Les approvisionnements sont toujours limités face à une demande intérieure élevée : le confinement des Irlandais a stimulé la consommation de viande d’agneau, comme dans beaucoup de pays. En semaine 17, les Hoggets étaient cotés 7,75 €/kg, soit +1,45 € /2020 et les agneaux de printemps 8,20 €/kg, soit +1,60 € /2020.

Les abattages d’ovins ont reculé au 1er trimestre comme en avril de -8% /2020. Les sorties d’agneaux de printemps ne sont pas très dynamiques : la plupart des éleveurs étant passés à l’agnelage plus tardif, les disponibilités en agneaux de printemps sont faibles. Les approvisionnements en Hoggets viennent aussi à manquer. De plus, les importations d’agneaux vivants d’Irlande du Nord ont chuté depuis le Brexit  (-30% sur 16 semaines, selon Bord Bia).

Les exportations irlandaises de viande ovine sont alors restées en net retrait en février 2021 : -33% /2020, à 3 130 téc. Elles ont reculé notamment vers le Royaume-Uni (-54%) et la France (-41%).

Fin avril, les prix de l’agneau irlandais étaient très similaires à ceux payés en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord.

Nouvelle-Zélande : importante hausse des abattages d’agneaux en mars

Après des baisses en janvier et février 2021, les abattages ont rebondi en mars : +22% de viande ovine produite, du fait de sorties abondantes d’agneaux (+27%/ 2020, à 61 565 téc), les effectifs ayant au contraire reculé de -10% pour les réformes. La Nouvelle-Zélande était en automne de mars à mai et des sécheresses ont alors été enregistrées dans plusieurs régions.

Le nombre d’ovins en Nouvelle-Zélande a chuté de près d’un million en 2020 : les chiffres de Stats NZ enregistraient un cheptel à 26 millions d’individus en juin 2020, soit -800 000 têtes /juin 2019 et bien loin du pic de 70 millions de moutons en 1982.

Les exportations de viande ovine ont alors modestement progressé au 1er trimestre (+1% /2020) ; en revanche, les flux ont fortement varié selon les destinations : bond vers la Chine (+50%), mais chute vers le Royaume-Uni (-22%) et l’UE-27 (-30%). Le marché chinois est très attractif, car les besoins en protéines animales importées sont toujours forts en 2021, malgré une reconstitution de leur cheptel porcin. La Nouvelle-Zélande reste de loin le 1er fournisseur de la Chine et la recapitalisation qui perdure en Australie fragilise temporairement son principal concurrent.

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