Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 336 Février 2022 Mise en ligne le 21/02/2022

Viande ovine

Regain de production dans les îles Britanniques

Tandis que les abattages ralentissent en France pour s’adapter à un marché atone, ceux-ci ont rebondi début 2022 au Royaume-Uni et en Irlande. Leur production devrait rester dynamique le reste de l’année, permettant aux exportations de viande ovine britanniques comme irlandaises de s’établir à de meilleurs niveaux qu’en 2021.

Si la Nouvelle-Zélande reste concentrée sur la Chine et les USA, l’Union européenne demeure une bonne opportunité pour les autres grands exportateurs.

Viande ovine » France »

Des abattages français modestes début 2022

Face à des achats particulièrement mornes, même pour cette période de l’année, les abattages d’agneaux français ont fortement ralenti, parallèlement au pic de sorties des agneaux Lacaune. Le marché semble s’engorger progressivement, faisant chuter la cotation.

Un marché atone qui entraîne la baisse des cours chez les agneaux standards

Parallèlement au pic de sortie des agneaux Lacaune, les ventes sont particulièrement compliquées en ce début d’année, ce qui a tendance à engorger le marché et pèse sur la cotation entrée abattoir. Le prix des agneaux standard devrait continuer de chuter dans les semaines à venir, tandis que celui des agneaux de qualité supérieure pourrait se maintenir.

La cotation française de l’agneau lourd entrée abattoir a alors décroché de 0,17 €/kg d’une semaine sur l’autre, à 7,52 €/kg en semaine 6 (se terminant le 13 février). Elle surpassait tout de même de +0,44 € son niveau de 2021 et de +1,07 € celui de 2020 à pareille époque.

La flambée des prix des intrants continue d’impacter les coûts de production. En décembre 2021, l’IPAMPA ovin viande atteignait 120,4 points (+14,5 points /2020).

Des abattages en net recul début 2022

En décembre 2021, la production abattue, ramenée à 5 540 téc, a baissé de -1% /2020. Les effectifs d’agneaux abattus ont chuté de -2% avec des poids de carcasse en légère hausse, ceux des réformes de -3% avec des poids de carcasse stables. Bien que les importations d’agneaux vivants soient restées très dynamiques, en hausse de +40% /2020 (+7 000 têtes), les exportations l’étaient également (+8% soit +13 000 têtes), expliquant cette baisse de production, face à des sorties des élevages français stables.

Finalement, sur l’année 2021, la production abattue d’ovins a atteint 81 600 téc, en hausse de +2% /2020 et de +1% /2019. Cette hausse a été possible grâce aux importations d’ovins vifs, particulièrement actives (+35% soit +73 000 têtes).

D’après Ovinfos, les abattages français ont nettement reculé d’une année sur l’autre sur les 5 premières semaines de 2022. En plein pic de sorties, les agneaux Lacaunes finis trouvent difficilement preneur, ce qui engorge les bergeries des engraisseurs. Les quelques opérations en point de vente ne fonctionnent pas bien et, compte tenu des prix historiquement élevés, les distributeurs ont réduit le linéaire dédié à l’agneau en magasins… La filière perd ainsi du potentiel de vente.

Les importations de viande ovine ont fini l’année à de bas niveaux

En décembre 2021, les importations de viande ovine à destination du marché français ont baissé de – 6% /2020. Pour la 1ère fois de l’année, les importations en provenance d’Espagne ont chuté (- 36% /2020). Elles ont aussi fléchi en provenance du Royaume-Uni (-8%), mais se sont redressées en provenance d’Irlande (+5%) et de Nouvelle-Zélande (+6%).

Au total en 2021, les importations de viande ovines ont reculé de -4%/ 2020 et de -13% /2019, à 73 300 téc. Elles étaient en recul en provenance du Royaume-Uni (-5%), de la Nouvelle-Zélande (-6%) et d’Irlande (-11%) ; seule l’Espagne a su se démarquer sur le marché français (+26%).

Les exportations de viande ovine ont atteint 8 400 téc, soit +20% /2020 et retrouvé le niveau de 2019.

La consommation calculée par bilan, estimée à 151 500 téc en 2021, a accusé une légère baisse d’une année sur l’autre, de -2%, mais une chute de -5% /2019. Le niveau du disponible français en viande ovine, historiquement faible, demeure donc préoccupant.

Viande ovine » UE et monde »

Amélioration de l’offre mondiale en 2022 ?

Après une année ovine 2021 particulièrement difficile dans les îles britanniques, la situation pourrait s’éclaircir en 2022 avec une production bien orientée en 2022. La situation devrait également s’améliorer en Nouvelle-Zélande, avec une production d’agneaux orientée à la hausse. La demande mondiale reste élevée, particulièrement en Asie, aux Etats-Unis et dans l’UE.

Royaume-Uni : hausse de la production en janvier

En 2021, le Royaume-Uni a produit moins viande ovine, 10% de moins qu’en 2020, ce qui a provoqué une chute prononcée des exportations de viande ovine (-22% /2020). Les importations de viande ovine, aussi en recul de -18% /2020, ne sont pas parvenues à maintenir un disponible suffisant sur le marché intérieur.

En janvier 2022, la production de viande ovine britannique a bondi de +9% /2021, à 21 200 t, grâce à la hausse conjointe des sorties d’agneaux (+4% /2021) et de leur poids de carcasse. Les sorties d’agneaux, avec 908 700 têtes, restent toutefois en-deçà de leur niveau de janvier 2020. Les réformes ont totalisé 94 500 têtes, soit +21% /2021.

Les abattages devraient se maintenir au-dessus de leurs niveaux de l’an passé dans les prochains mois, surpassant la première semaine de février de +14% ceux de 2021. Les exportations totales de viande d’agneau britannique pourraient ainsi augmenter de +5% en 2022, selon AHDB.

Face à cette offre haussière, les achats sont restés modestes à cette période de l’année et la cotation britannique a alors poursuivi sa traditionnelle chute saisonnière : à 6,88 €/kg en semaine 5, elle reste toutefois supérieure aux deux années précédentes (+0,62 € /2021 et +1,28 € /2020).

Irlande : des abattages qui satisfont de nouveau la demande

En 2021, la production abattue en Irlande a baissé de -4% /2020, à 63 600 tonnes : les volumes d’agneaux ont chuté de -5% et ceux de réformes de -1%. Les exportations irlandaises de viande ovine ont alors reculé de -14% /2020, à 53 600 téc, dont -40% vers le Royaume-Uni et -11% vers la France.

Début 2022, les sorties d’agneaux sont suffisamment dynamiques pour s’ajuster à la demande. Les abattages d’agneaux ont en effet progressé de +5% /2021 sur les 5 premières semaines de 2022, à 219 300 têtes, tandis que les réformes ont baissé de -6%, à 28 600 têtes.  Le commerce est donc ferme et les problèmes persistants des Britanniques pour accéder au marché de l’UE sont autant d’opportunités pour l’agneau irlandais.

La cotation du Hoggets irlandais a abordé sa hausse saisonnière. A 6,95 €/kg en semaine 5, elle se situait +0,65 €/kg /2021 et +1,40 € /2020 ! Les bons niveaux d’offre et de demande soutiennent la cotation.

Espagne : une année 2021 très dynamique

Sur 10 mois de 2021, la production abattue en Espagne a augmenté de +6% /2020, à la fois du fait de la hausse des effectifs abattus (+3%) et de celle du poids des carcasses. Le dynamisme des abattages découle entre autres d’un fort ralentissement des exportations d’agneaux vivants de -13% /2020, soit -171 000 têtes, même si les envois de réformes ont par ailleurs sensiblement augmenté de +9%, soit +7 000 têtes. Les exportations de viande ovine espagnole ont alors cru de +25%, à 51 400 téc.

La cotation de l’agneau lourd espagnol a entamé une franche baisse saisonnière début 2022. Ramenée à 6,69 €/kg en semaine 5, elle restait toutefois nettement au-dessus du niveau des années précédentes : +0,92 € /2021 et +0,94 € /2020.

La sécheresse qui s’est abattue sur la péninsule ibérique début 2022 pourrait a posteriori avoir des conséquences sur la production ovine espagnole.

Nouvelle-Zélande : Bond des exportations vers la Chine en 2021

En 2021, la production abattue en Nouvelle-Zélande a baissé de -4%, à 439 300 téc. Les effectifs d’agneaux abattus ont reculé de -5%, totalisant 18,11 millions de têtes, et ceux des réformes de – 2%, avec 3,7 millions de têtes.

Les exportations de viande ovine ont baissé de -2% /2020, à 432 000 téc en 2021. Elles ont surtout baissé vers le Royaume-Uni, la Malaisie, l’Allemagne et Taïwan, tandis qu’elles ont été particulièrement dynamiques à destination de la Chine et des États-Unis. La réorientation de ses flux vers ces deux pays a conduit la Nouvelle-Zélande à ne remplir que 46% de son quota d’exportation de viande d’agneau de l’UE-27 en 2021 : le plus bas niveau depuis des décennies… ce qui laisse le champ libre à ses principaux concurrents.