Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 337 Mars 2022 Mise en ligne le 22/03/2022

Viande ovine

L’offre des îles britanniques continue de s’étoffer

Tandis que les abattages français étaient toujours en deçà de leurs niveaux de 2021 jusqu’à la mi-mars en France, la hausse de production s’est accentuée au Royaume-Uni et en Irlande. Le Ramadan et Pâques arrivent à grands pas et devraient soutenir la demande en brebis comme en agneaux.

En Nouvelle-Zélande, l’offre de janvier était en repli, tout comme en Australie, où les capacités de transformation ont été affectés par les mesures d’isolement liées au Covid-19.

Viande ovine » France »

La cotation grimpe quelques semaines avant Pâques

Face à des achats peu dynamiques, les abattages sont restés inférieurs à ceux de l’an passé jusqu’à la mi-mars. Les exportations de viande ovine auraient permis d’alléger le marché. A quelques semaines du Ramadan et de Pâques, la cotation a débuté sa traditionnelle ascension. Son niveau reste toujours élevé, mais son écart avec celle de 2021 s’amenuise au fil des semaines, signe d’un marché plutôt calme.

Un marché calme quelques semaines avant les premières festivités religieuses

La cotation française de l’agneau lourd entrée abattoir a débuté sa traditionnelle hausse saisonnière quelques semaines avant le pic de Pâques. En semaine 10 (se terminant le 13 mars), elle s’établissait à 7,54 €/kg. Probablement sous l’effet d’une demande peu dynamique, elle s’est rapprochée de son niveau de 2021 au fil des dernières semaines mais le surpassait tout de même de +0,55 € en semaine 10 (+1,03 € /2020).

La demande en brebis devrait croître dans les mois à venir, le Ramadan s’étendant du 2 avril au 2 mai. Parallèlement, les achats d’agneaux de Pâques vont débuter, la fête religieuse étant programmée le dimanche 17 avril.

Face à ces cours élevés, la flambée des prix des intrants s’accentue et continue d’impacter les coûts de production. Malgré une baisse ponctuelle mi-mars, les prix à la pompe restent extraordinairement élevés, boostés par la guerre en Ukraine et la décision des Etats-Unis de ne plus importer de gaz et de pétrole russes (annoncée le 8 mars). En janvier 2022, l’IPAMPA ovin viande atteignait 122,7 points (+15,2 points /2021).

Des abattages français en recul début 2022

En janvier, lors du 1er pic de sorties d’agneaux lacaunes, les abattages étaient en recul d’une année sur l’autre. Avec 257 000 agneaux (-3% /2021) et 32 000 réformes abattues (-5%), la production de viande ovine a reculé de -3% /2021 à 5 500 téc, avec des poids carcasse stables, à respectivement 18,0 et 27,2 kg.

La demande particulièrement morne expliquerait cette tendance. Certains engraisseurs se seraient retrouvés dans l’incapacité de trouver des débouchés pour leurs agneaux lacaunes.

Les exports auraient alors permis de dégager des volumes et d’alléger le marché français.

Le 2ème pic de sorties d’agneaux lacaunes est finalement prévu en mai-juin, soit en même temps que celui des agneaux d’herbe et après les fêtes du Ramadan et de Pâques.

Les informations sur les échanges extérieurs de viande ovine et d’ovins vifs pour janvier 2022 sont indisponibles à ce jour suite à un changement de méthode dans la collecte des données douanières. Leur publication est retardée pour cause d’analyse de leur fiabilité.

 

Viande ovine » UE et monde »

Des situations contrastées début 2022

En Irlande et au Royaume-Uni la hausse des disponibilités face à une demande réduite pèse sur la cotation de l’agneau lourd qui ne connaît pas de hausse saisonnière à quelques semaines de Pâques, contrairement à la cotation française. En revanche, les disponibilités limitées en Océanie tendent les cours sur le marché mondial de la viande ovine.

Royaume-Uni : le marché s’alourdit et pèse sur la cotation

En février 2022, la production de viande ovine britannique a bondi de +14% /2021, à 21 000 t, grâce à la hausse conjointe des abattages d’agneaux (+10% /2021 à 865 000 têtes), de réformes (+10% à 96 000 têtes) et à la forte hausse des poids de carcasse moyens (+0,8 kg /2021).

Face à ce disponible accru, la demande intérieure et/ou les exportations britanniques seraient restées modestes. La cotation britannique a alors chuté au lieu d’entamer sa traditionnelle hausse. Elle est ainsi passée sous son niveau de 2021 en semaine 9 (-22 cents), à 6,81 €/kg. Elle reste toutefois supérieure à son niveau de 2020 (+89 cents). La même évolution est constatée en livre sterling, bien que de façon moins accentuée, la monnaie britannique restant forte face à l’euro.

Irlande : des abattages en forte hausse début 2022

Sur les 10 premières semaines de 2022, les abattages d’agneaux ont progressé de +13% /2021 en Irlande, à 463 000 têtes, tandis que les réformes ont baissé de -3%, à 54 000 têtes. Le commerce est donc ferme et les problèmes persistants des Britanniques pour accéder au marché de l’UE sont autant d’opportunités pour l’agneau irlandais.

A la mi-mars, les sorties commenceraient à se tasser et les transformateurs irlandais seraient à la recherche d’agneaux. La cotation du Hoggets irlandais devrait avoir abordé sa hausse saisonnière, mais semble davantage se stabiliser un peu en-dessous des 7 €/kg. En semaine 9, à 6,95 €/kg, elle était stable d’année sur l’autre, mais toujours en hausse de +0,95 € /2020.

Tout comme en France et au Royaume-Uni, la demande en brebis de réforme et en agneaux sera boostée dans les prochaines semaines, à l’approche du Ramadan et de Pâques.

Espagne : cotation de l’agneau lourd très élevée début 2022

Après avoir entamé une franche baisse saisonnière début 2022, la cotation de l’agneau lourd espagnol est repartie à la hausse en février. A 6,85 €/kg en semaine 9, elle se situe toujours nettement au-dessus du niveau des années précédentes, soit +1,07 € /2021 et 2020.

Compte-tenu du manque de dynamisme de la consommation intérieure (réticence des Espagnols à consommer au restaurant : baisse de leur pouvoir d’achat dans un contexte de forte inflation), les opérateurs attendent avec impatience Pâques et le Ramadan pour redynamiser leurs ventes. Les premiers bateaux pour approvisionner les pays musulmans sont déjà partis.

Nouvelle-Zélande : le recul des envois s’accentue début 2022

En janvier 2022, la production abattue en Nouvelle-Zélande a baissé de -10% /2021, à 50 380 téc. Les effectifs d’agneaux abattus ont légèrement reculé, de -2% /2021 à 2,13 millions de têtes, tandis que les réformes ont chuté de -22%, à 499 000 têtes.

Les exportations de viande ovine ont ainsi reflué de -14% d’une année sur l’autre, pour tomber à 34 130 téc en janvier 2022. Les envois ont de nouveau baissé vers la Chine (-21% /2021), mais aussi vers l’UE à 27 (-20%), dont -25% vers la France, -34% vers l’Allemagne et -18% vers les Pays-Bas. Les envois ont également diminué vers le Royaume-Uni (-21%). Seules les expéditions vers l’Amérique du Nord se sont accrues, avec +20% vers les USA et +47% vers le Canada.

Australie : des abattages entravés début 2022

Les abattages d’agneaux se sont effondrés entre 2020 et 2021 : ils ont été divisés par deux  à 10,3 millions de têtes. Les réformes ont conjointement davantage chuté de -60% /2020, illustrant la recapitalisation en cours.

Début 2022, les abattages sont demeurés ralentis, en raison des mesures d’isolement liées au Covid-19. Ils ont nettement repris en deuxième semaine de février, signe d’une amélioration de la situation sanitaire sur l’île.