Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 342 Septembre 2022 Mise en ligne le 13/09/2022

Viande ovine

L’inflation affecte la demande en viande d’agneau

Malgré une offre d’agneau en hausse au Royaume-Uni, en Espagne comme en Irlande, les achats d’agneau, habituellement  boostés par la rentrée scolaire, semblent ne pas être au rendez-vous cette année. Face à une inflation qui affecte leur pouvoir d’achat, les ménages délaissent la viande d’agneau, sauf en Espagne où son prix est épargné.

Viande ovine » France »

Un marché particulièrement calme

Le cours de l’agneau français continue d’osciller autour de la barre élevée des 8 €/kg fin août, signe d’un marché relativement équilibré, entre une offre peu abondante et une demande contenue par les prix. Pour la rentrée, les achats semblent encore s’amoindrir, faisant légèrement baisser la cotation entrée abattoir.

Le cours français toujours stable, autour des 8 €/kg

La cotation de l’agneau lourd entrée abattoir est relativement stable et oscille autour des 8 €/kg depuis Pâques. En semaine 35 (terminée le 4 septembre), correspondant à la rentrée scolaire, le commerce, jugé morose par les opérateurs, a entraîné un effritement de la cotation de 6 centimes d’une semaine sur l’autre, à 7,97 €/kg. Elle surpassait encore de +0,79 €/kg son niveau de 2021 et de +1,06 €/kg celui de 2020.

La demande n’est pas élevée, mais l’offre non plus : le marché est équilibré bien que particulièrement calme. Le taux d’inflation était de près de 7% en août.

Toujours à des niveaux déjà exceptionnellement élevés, l’IPAMPA ovin viande atteignait 136,3 points en juillet (soit +23 points /2021) du fait de la forte hausse des indices énergie et lubrifiants (+57% /2021), engrais et amendements (+86%), mais aussi aliments achetés (+29%).

Si la hausses des charges dépend beaucoup du système de production, d’après les prévisions Idele, l’augmentation de la cotation observée depuis 2020 – qui atteint aujourd’hui des niveaux historiques – pourrait cependant dans certains cas ne pas suffire à absorber cette flambée du prix des intrants.

Des volumes abattus en France en net recul au 1ersemestre 2022

Selon Agreste, la production abattue de viande ovine a chuté de -8% d’une année sur l’autre en juillet, à 8 000 téc. 350 000 agneaux ont été abattus, en repli de -8% /2021 ; les réformes étaient quant à elles stables, à 63 000 têtes. Les volumes produits pour l’Aïd al-Adha (du 8 au 12 juillet) n’auraient pas été si faibles, mais cela n’a pas empêché la baisse des abattages d’ovins ce même mois.

De janvier à juillet, la production d’ovins s’est repliée de -4% /2021, à 52 000 téc, du fait d’effectifs d’agneaux (-4%) abattus en recul ; les réformes étant stables. Les importations d’ovins vifs étaient stables d’une année sur l’autre au 1er semestre, avec des importations d’agneaux en baisse (-10%), contrebalancées par un bond des importations de réformes, qui ont presque triplé.

Selon Ovinfos, les abattages se seraient maintenus à de modestes niveaux en août.

Les importations se redressent d’une année sur l’autre, mais restent modestes

Au 1ersemestre 2022, les importations françaises de viande ovine étaient en légère hausse d’une année sur l’autre, de +4% à 40 000 téc. Toutefois, un tel volume reste relativement faible, en recul de -12% /2019.

Les achats en provenance du Royaume-Uni ont continué de se redresser en mai, si bien que sur 6 mois ils ont rebondi de +8% /2021. Ils sont toujours ralentis en provenance d’Espagne (-26% /2021 sur 6 mois), tandis qu’ils se rétablissent en provenance de Nouvelle-Zélande (+14% /2021) et d’Irlande (+24%).

Un disponible français qui s’améliore, mais reste modeste

Les abattages français suivent une tendance baissière depuis le début de l’année tandis que les importations, bien qu’en légère reprise d’une année sur l’autre, restent inférieures à leurs niveaux de 2019. Cela affecte d’autant le disponible français. Au 1ersemestre 2022, il était en légère hausse de +1% /2021, mais en net repli de -7% / 2019.

Viande ovine » UE et monde »

Le manque d’offre soutient les prix, malgré une demande modeste

Avec des prix déjà élevés et des achats en recul depuis plusieurs années, la demande en agneaux pâtit cette année de la baisse du pouvoir d’achat des ménages.

Royaume-Uni : L’offre britannique continue de s’étoffer

La baisse saisonnière du cours britannique a commencé un mois plus tard cette année, l’offre mondiale restant tendue alors que la demande se redresse. En semaine 34, il était à 7,43 €/kg, soit +0,20 € /2021 et +1,31 € /2020.

Sur une bonne lancée depuis le début d’année, la production de viande ovine britannique a ralenti à partir de juin, enregistrant un recul de -8% /2021 en juillet, à 22 000 t. Sur 7 mois, la production nationale reste tout de même haussière, de +8% /2021 à 155 000 t.

La demande intérieure comme celle à l’internationale sont modestes, compte-tenu de la crise du pouvoir d’achat qui touche de nombreux pays (inflation ≈10% /2021 en août au Royaume-Uni). Les achats britanniques d’agneau se sont en effet repliés de -10% d’une année sur l’autre sur les 12 dernières semaines se terminant le 7 août, selon le panel Kantar. Le prix moyen a dans un même temps augmenté de +10% /2021.

Selon les dernières données du HMRC, les envois de viande ovine britanniques se sont aussi redressés – vers leurs principales destinations (France, Allemagne, Belgique, Italie) – pour atteindre 37 000 t au 1er semestre, soit +23% /2021. Les importations ont dans le même temps bondi de +39% /2021, à 41 000 t, venant compléter le disponible.

Irlande : le cours de l’agneau irlandais reste au-dessus de ses niveaux de 2021

Après avoir effectué sa traditionnelle baisse saisonnière (également tardive à cause d’une offre mondiale sous tension), la cotation des agneaux de la nouvelle saison stagne depuis août autour de 6,50 €/kg. En semaine 34, à 6,55 €/kg, elle surpassait son niveau de 2021 de + 0,35 €/kg et celui de 2020 de +1,30 €/kg.

De janvier à août, les abattages d’agneaux irlandais ont été relativement abondants, à 1,9 million de têtes, en hausse de +8% /2021 (+2% /2020). Les transformateurs décrivent toutefois quelques soucis de finition des agneaux qui pénalisent les éleveurs lors du paiement.

L’offre plus abondante dynamise les exportations de viande ovine : totalisant 29 000 téc au 1er semestre, elles ont gagné +20% /2021, dont +33% vers le Royaume-Uni et +21% vers la France.

La filière observe une baisse de la demande en agneau chez les consommateurs irlandais, situation inhabituelle à la fin des vacances d’été. La crise du pouvoir d’achat touche aussi l’Irlande avec une inflation de +9% /2021 en août.

Espagne : des envois de viande ovine inférieurs aux niveaux de 2021

Le cours espagnol se redresse de façon saisonnière fin août : la demande intérieure est plus active tandis que l’offre diminue. En semaine 34, à 7,0 €/kg, il était supérieur de +0,60 € /2021 et de +1,02 € /2020.

Les effectifs d’agneaux abattus ont reculé de -5% tandis que ceux des réformes ont progressé de +33% au 1er semestre /2021. Au total, les effectifs d’ovins abattus ont baissé de -1% d’une année sur l’autre, mais la légère hausse des poids de carcasse a permis un regain de +2% de la production en volume.

Les envois de vifs vers les pays tiers, par bateau, se poursuivent à un bon rythme avec une demande jordanienne toujours prégnante.

Les exportations de viande sont modérées vers les pays tiers comme vers l’UE : l’agneau irlandais, moins cher, concurrence fortement l’agneau espagnol.

Nouvelle-Zélande : baisse des sorties d’agneaux au printemps 2022

D’après Beef + Lamb New Zealand, le cheptel ovin s’est faiblement étoffé d’un inventaire à l’autre, de +0,2 % à 25,8M de têtes au 30 juin 2022. Les effectifs de brebis reproductrices ont enregistré une contraction de – 1,4% à 16,1M de têtes, tandis que le nombre d’Hoggets a augmenté de +3,2% à 8,8M de têtes.

Le nombre de brebis a reculé dans toutes les régions, mais de façon particulièrement marquée dans les zones frappées par la sécheresse. Combinée à une moindre productivité numérique, cette baisse d’effectifs pénalisera la production d’agneaux pour la saison 2022/23, avec des effectifs présents dans l’inventaire en recul de -0,8% d’une année sur l’autre, à 22,4M de têtes.

Sur 7 mois, la production de viande ovine en Nouvelle-Zélande a baissé de -3% /2021, à 274 000 t, via une chute des effectifs d’agneaux abattus de -2% /2021, à 11,7M de têtes, et des réformes, de – 4% à 2,2M de têtes. Les poids de carcasse étaient en léger recul.

Les exportations ont conjointement baissé de -7% /2021, principalement du fait de la baisse des expéditions vers la Chine (-27%), partiellement compensée par les augmentations vers l’UE-27 (+21%), le Royaume-Uni (+11%) et plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Asie.