Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 343 Octobre 2022 Mise en ligne le 18/10/2022

Viande ovine

Cotation relativement élevée en France comme en Espagne

Tandis que la cotation des agneaux lourds entrée abattoir se maintient à des niveaux élevés début octobre en France et en Espagne,elle reste en revanche à de bas niveaux saisonniers au Royaume-Uni comme en Irlande. En Nouvelle-Zélande, les exportations s’activent vers l’Europe au détriment de la Chine, inversant la tendance à l’œuvre depuis quelques années.

Viande ovine » France »

Une offre et une demande atones

Le cours de l’agneau français restait proche début octobre de la barre élevée des 8 €/kg, signe d’un marché relativement équilibré, entre une offre peu abondante et une demande contenue par les prix et l’inflation. La modestie des achats a tout de même légèrement érodé la cotation entrée abattoir en première semaine d’octobre.

Un commerce toujours timide

La cotation de l’agneau lourd entrée abattoir reste relativement stable : elle oscille autour des 8 €/kg depuis Pâques. En semaine 40 (terminée le 9 octobre), le commerce est toujours morose et la cotation enregistrée à 7,96 €/kg, surpassant ainsi de +0,52 €/kg son niveau de 2021 et de +0,96 €/kg celui de 2020.

La demande est modeste, mais l’offre également : le marché est équilibré bien que particulièrement calme.

Toujours à des niveaux déjà exceptionnellement élevés, l’IPAMPA ovin viande atteignait 136,1 points en août (soit +22 points /2021) du fait de la forte hausse des indices énergie et lubrifiants (+51% /2021), engrais et amendements (+85%), mais aussi aliments achetés (+28%). L’IPAMPA s’est toutefois légèrement replié pour le 2ème mois consécutif, du fait d’une baisse récente du prix des carburants.

La baisse des abattages d’agneaux se poursuit en août

Selon Agreste, la production abattue de viande ovine a progressé de +2% d’une année sur l’autre en août, à 6 600 téc. Les abattages d’agneaux étaient de nouveau en repli d’une année sur l’autre (-4% en effectifs et en volume) et relativement faibles, inférieurs de -12% à la moyenne des cinq dernières années.

Les réformes étaient à l’inverse en forte hausse d’une année sur l’autre (+29%), par rapport au niveau plutôt faible atteint en 2021, faisant dans un premier temps penser à une décapitalisation face à la baisse des aliments disponibles à l’approche de l’hiver… Mais cette hypothèse est à relativiser : comparée à la moyenne quinquennale, cette hausse n’est que de +1%.

De janvier à août, la production d’ovins s’est repliée de -3% /2021, à 58 000 téc, avec des effectifs d’agneaux abattus en recul de -4% et de réformes en hausse de +3%.

Les importations d’ovins vifs ont baissé de -3% d’une année sur l’autre sur 7 mois, avec des importations d’agneaux en baisse, contrebalancées par des importations de réformes plus faibles, mais qui ont presque triplé.

Selon Ovinfos, les abattages se seraient maintenus à de modestes niveaux en septembre.

Les importations de viande ovine se sont redressées en juillet

En juillet, les importations françaises de viande ovine ont continué de progresser d’une année sur l’autre, de +9% /2021, à 8 000 téc, avec notamment un nouveau rebond des achats de viande d’agneau britannique.

De janvier à juillet 2022, les importations cumulées ont atteint 48 000 téc, en hausse de +5% / 2021, mais sont relativement faibles, en recul de -8% /2019. Seuls les achats en provenance d’Espagne ont reculé (-21% /2021 sur 7 mois). Les volumes importés ont progressé de +6% en provenance du Royaume-Uni, de +18% d’Irlande et de +21% de Nouvelle-Zélande.

Le disponible s’améliore, mais recule sur le long terme

Les abattages français suivent une tendance baissière depuis le début de l’année tandis que les importations, bien qu’en légère reprise d’une année sur l’autre, restent inférieures au haut niveau de 2019, ce qui affecte d’autant le disponible français.

La consommation calculée par bilan progresse modestement (+0,4% /2021 de janvier à juillet), mais demeure faible, en repli de -2% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

 

 

Viande ovine » UE et monde »

La Nouvelle-Zélande revient progressivement sur le marché européen

Tournée principalement vers la Chine depuis 2018, la Nouvelle-Zélande semble infléchir cette tendance en 2022, en réorientant progressivement ses expéditions vers L’Europe. La reconstitution progressive du cheptel chinois améliore l’autonomie protéique du pays, et sa politique zéro covid entrave régulièrement l’accès à ses ports, incitant les exportateurs néozélandais à diversifier leurs débouchés.

Nouvelle-Zélande : Des exportations dynamiques en juillet et août

En août 2022, la production abattue en Nouvelle-Zélande a de nouveau augmenté d’une année sur l’autre, de +15% /2021, à 21 000 t. Sur 8 mois, elle a toutefois reculé de -2% /2021, à 295 000 t : les effectifs d’agneaux abattus ont baissé de -2% /2021, à 12,5 millions de têtes et ceux des réformes de -2%, à 2,3 millions de têtes.

En août 2022, les exportations de viande ovine ont davantage progressé, de +27% /2021, atteignant 26 500 téc, grâce à des stocks conséquents. Cependant ce rebond n’a pu contrebalancer le net reflux enregistré au 1er semestre. Ainsi sur 8 mois, les envois ont perdu -6% d’une année sur l’autre : la baisse de la production et un recul de la demande chinoise en sont les principales causes. Les hausses vers le Royaume-Uni (+11%), l’UE-27 (+24%) et les Etats-Unis (+1%) n’ont pas totalement compensé le chute des expéditions vers la Chine (-24%).

Royaume-Uni : Traditionnelle hausse de l’offre et baisse de la cotation

La baisse saisonnière du cours britannique s’est poursuivie en septembre, bien que de façon plus progressive qu’en août. En semaine 39, il était à 6,0 €/kg, soit +0,14 € /2021 et +0,91 € /2020.

Sur une bonne lancée depuis le début d’année, la production de viande ovine britannique a ralenti à partir de juin : en août, avec 23 000 t, elle a reculé de -1% /2021.  Sur 8 mois, elle est demeurée haussière de +7% /2021, grâce à des effectifs abattus d’agneaux comme de réformes très étoffés (+6% /2021).

Les exportations de viande ovine britanniques se sont redressées vers leurs principales destinations (France, Allemagne, Belgique, Italie) pour atteindre 44 000 t sur 7 mois, soit +18% /2021. Les importations ont dans le même temps bondi de +29% /2021, à 47 000 t, venant compléter le disponible.

Irlande : Les exportations ralentissent en juillet

Après avoir effectué sa traditionnelle baisse saisonnière, la cotation des agneaux de nouvelle saison irlandais stagne depuis début septembre à 6,30 €/kg. En semaine 39, elle rejoignait alors son niveau de 2021 et surpassait de +1,05 €/kg celui de 2020.

De janvier à septembre, les abattages d’agneaux irlandais ont été relativement abondants, en hausse de +7% /2021 (+2% /2020, meilleure année), à 1,9 million de têtes.

L’offre plus abondante dynamise les exportations de viande ovine : totalisant 34 500 téc sur 7 mois, elles ont progressé de +16% /2021, dont +27% vers le Royaume-Uni et +19% vers la France. Le prix de l’agneau irlandais le rend particulièrement attractif sur le continent européen.

Espagne : des envois d’agneaux vivants (pour le moment) dynamiques

Le cours espagnol se redresse de façon saisonnière depuis fin août pour atteindre 7,22 €/kg en semaine 39, soit +0,62 € /2021 et +1,32 € /2020.

La production abattue d’ovins espagnols, portée à 72 000 téc sur 7 mois, a rejoint son niveau de 2021 :  la hausse des réformes (+43%) a compensé le recul des abattages d’agneaux (-8%). Les poids de carcasse ont progressé en moyenne d’une année sur l’autre dans les deux catégories.

Les exportations de viande ovine espagnoles ont atteint 31 000 téc sur 7 mois, en repli de -10 % /2021, principalement du fait d’une importante baisse vers la France (-20%).

Les envois d’agneaux vivants ont a contrario bondi de +26% sur 7 mois /2021, triplant vers la Jordanie. Attention toutefois, ce dynamisme du commerce d’ovins vifs espagnols pourrait bien être freiné par la détection récente de cas de clavelée et variole des petits ruminants en Espagne. Pour le moment les envois perdurent, mais ils pourraient être arrêtés vers le Moyen-Orient, auquel cas un afflux de viande ovine espagnole pourrait être orienté vers la France, venant perturber le marché national.