Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 344 Novembre 2022 Mise en ligne le 22/11/2022

Viande ovine

Les cotations irlandaise et britannique tardent à entamer leur hausse

La cotation des agneaux lourds entrée abattoir a débuté sa traditionnelle hausse en vue des fêtes de fin d’année en France et en Espagne. Ce n’est pas encore le cas au Royaume-Uni et en Irlande où, face à des sorties plutôt abondantes, l’effritement de la demande (intérieure comme extérieure) pèserait sur les marchés.

Viande ovine » France »

La cotation augmente à quelques semaines de Noël

Le cours de l’agneau français repart à la hausse à quelques semaines des fêtes de fin d’année, malgré un commerce très calme du fait de l’inflation. Le faible niveau d’offre évite ainsi tout risque d’encombrement du marché.

La cotation atteint un nouveau record

Après avoir stagné autour de 8 €/kg depuis Pâques, la cotation de l’agneau lourd entrée abattoir a débuté sa traditionnelle hausse saisonnière fin octobre. En semaine 45 (terminée le 13 novembre), elle a atteint 8,15 €/kg, s’appréciant de +11 centimes d’une semaine sur l’autre, et de +40 centimes d’une année sur l’autre.
La demande n’est pas au rendez-vous et l’offre encore moins : le marché allégé tire la cotation vers le haut quelques semaines avant les fêtes de fin d’année.
Toujours à des niveaux déjà exceptionnellement élevés, l’IPAMPA ovin viande recule légèrement depuis juillet, du fait d’un effritement des cours du pétrole. En septembre, l’indice énergie et lubrifiants était en hausse de +35% /2021, celui des engrais et amendements (+79%), et celui des aliments achetés (+29%).

La hausse des réformes se confirme en septembre

Selon Agreste, la production abattue de viande ovine était stable d’une année sur l’autre en septembre, à 5 900 téc. Le nombre d’agneaux abattus s’est à peine maintenu d’une année sur l’autre, baissant de -0,3% /2021, et de -5,6% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les abattages étaient stables en volume, grâce à une légère progression des poids moyens de carcasse.
Les réformes étaient quant à elles de nouveau en nette hausse d’une année sur l’autre en septembre (+11% /2021 et +7% /moyenne quinquennale), appuyant l’hypothèse d’une décapitalisation pour faire face à la baisse des disponibilités fourragères et à la cherté des aliments, alors que les ovins sont désormais – pour la plupart d’entre eux – rentrés en bergerie…
De janvier à septembre, la production de viande ovine s’est repliée de -2,5% /2021, à 64 000 téc, avec des effectifs d’agneaux abattus en recul de -4% et de réformes en hausse de +4%. Les importations d’ovins vifs ont baissé de -12% d’une année sur l’autre sur 8 mois, participant au recul de la production abattue.

Les importations de viande ovine progressent d’une année sur l’autre

En août, les importations françaises de viande ovine ont continué de croître d’une année sur l’autre, de +11% /2021, à 6 800 téc, en provenance de tous les pays fournisseurs, y compris d’Espagne, pourtant en net repli sur le marché à l’export de la viande ovine depuis le début d’année.
De janvier à août 2022, les volumes importés cumulent à 55 000 téc, en hausse de +6% /2021, mais restent modestes, en recul de -4% /2021, comparé à la moyenne quinquennale. Les achats en provenance d’Espagne ont reculé (-19% /2021 sur 8 mois), tandis que ceux en provenance du Royaume-Uni ont progressé (+7%), tout comme d’Irlande (+16%), et de Nouvelle-Zélande (+20%).

Le disponible s’améliore, mais reste en repli sur le long terme

Les abattages français sont en repli – bien qu’ils se redressent légèrement au début du 2nd semestre – tandis que les importations, malgré une reprise d’une année sur l’autre, restent inférieures à la moyenne quinquennale, ce qui affecte d’autant le disponible français.
De janvier à août, la consommation calculée par bilan progresse modestement (+1,2% /2021), mais demeure faible, en repli de -3% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Viande ovine » UE et monde »

Des envois britanniques ralentis

Dynamiques au 1er semestre de 2022, les abattages comme les exportations britanniques ont marqué le pas à partir d’août. Après le retour du Royaume-Uni sur le marché européen au 1er  semestre, venant  concurrencer l’Irlande, les premiers mois du 2nd semestre interrogent quant au dynamisme de la filière britannique pour la fin d’année.

Royaume-Uni : ralentissement de la production et des exportations

La baisse du cours britannique s’est poursuivie en octobre et début novembre, sans – pour le moment – débuter son augmentation saisonnière. En semaine 44, il était à 5,96 €/kg, soit -0,60 € /2021 et +1,09 € /2020.
A de meilleurs niveaux qu’en 2021 depuis le début d’année, la production de viande ovine britannique s’est repliée d’une année sur l’autre à partir de juin. En octobre, avec 24 000 t, la production a baissé de -1% /2021. Sur 10 mois, elle est demeurée haussière de +5% /2021 avec des effectifs d’agneaux (+4%) comme de réforme (+5%) en hausse. Les importations ont quant à elles bondi de +28% /2021 sur 9 mois, venant compléter le disponible et libérant autant de volumes à l’export.
Les exportations de viande ovine britannique, qui ont suivi la tendance des abattages, ont reculé en septembre de – 2% /2021, à 7 000 t (stabilité en valeur). Sur 9 mois, elles se sont étoffées vers leurs principales destinations (France, Allemagne, Belgique, Italie) pour atteindre au total 56 000 t, soit +12% /2021.
La demande britannique au sein du commerce de détail est atone. Au 3ème trimestre, les volumes d’agneau achetés par les ménages ont baissé de -20% en volume et de -12% en valeur. Les experts britanniques espèrent une reprise des achats pour les fêtes, profitant potentiellement de la pénurie de volailles.

Irlande : la cotation impactée par une moindre demande

Après avoir effectué sa traditionnelle baisse saisonnière, la cotation des agneaux irlandais de la nouvelle saison stagnait depuis début septembre à 6,30 €/kg, puis à 6,35 €/kg à partir de mi-octobre. En semaine 44, elle est repassée sous son niveau de 2021, de -0,45 €/kg, mais surpassait de +1,10 €/kg celui de 2020.
L’inflation impacte la demande intérieure et celle des principaux marchés à l’export, expliquant le rapprochement de la cotation avec son niveau de 2021 à partir de juillet.
Après trois mois sous leurs niveaux de 2021, les abattages d’agneaux sont repartis à la hausse en septembre (+4% /2021) et octobre (+10%). Sur 10 mois, ils ont été relativement abondants, en hausse de +7% /2021 et de +2% /2020. Rappelons qu’en 2021 l’Irlande avait subi une nette baisse de sa production et de ses exportations. Les réformes ont suivi la même tendance (+7% sur 10 mois /2021).
L’offre plus abondante dynamise les exportations de viande ovine : à 39 000 téc sur 8 mois, elles ont progressé de +14% /2021, dont +24% vers le Royaume-Uni et +18% vers la France. Le prix de l’agneau irlandais le rend particulièrement attractif sur le continent européen.

Espagne : les envois de vifs auraient rapidement repris après l’apparition de variole ovine

Le cours de l’agneau espagnol a continué de nettement se redresser lors de sa hausse saisonnière pour rejoindre son niveau de 2021 fin octobre. En semaine 44, à 7,43 €/kg, il égalait presque son niveau de l’an dernier (-3cts /2021) et dépassait largement le bas niveau de 2020, de +1,52 €.
La production abattue d’ovins espagnols a elle aussi rejoint son niveau de 2021, avec 82 000 téc sur 8 mois. Les poids de carcasse moyens ont progressé : le nombre d’abattages reculant de -3% sur la même période, avec -7% d’agneaux et +40% de réformes. Le maintien des animaux à la ferme et/ou une augmentation des abattages de femelles productrices pourraient expliquer cette augmentation du poids moyen des carcasses. En cause, le manque de rentabilité après l’augmentation excessive des coûts de production comme partout ailleurs.
Malgré cette stabilité des volumes produits d’une année sur l’autre, les exportations de viande ovine espagnoles se sont repliées, de -10 % /2021 sur 9 mois, principalement du fait d’un important recul de la demande française (-19% /2021).
Les envois d’agneaux vivants ont a contrario bondi de +13% sur 9 mois /2021. Ils ont quasiment triplé vers la Jordanie. La découverte de variole en septembre n’a pas freiné les envois vers le Moyen-Orient ce même mois (x5 vers la Jordanie) mais quid du mois d’octobre ? La Jordanie, le Quatar, le Liban ou l’Arabie saoudite ont assuré qu’ils maintiendraient leurs achats habituels mais y a-t-il eu une rupture dans les envois ? La Jordanie dit avoir repris ses achats fin octobre, ce qui suppose un arrêt temporaire de ces derniers.

Nouvelle-Zélande : Des exportations dynamiques en juillet et août

En septembre 2022, la production abattue en Nouvelle-Zélande est repartie à la hausse de façon saisonnière, rejoignant son niveau de 2021, à 25 000 t. Sur 9 mois, elle a toutefois reculé de -1% /2021, à 320 000 t : les effectifs d’agneaux abattus ont baissé de -1% /2021, à 14 millions de têtes et ceux des réformes de -2%, à 2,4 millions de têtes.
Les exportations de viande ovine ont quant à elles progressé en septembre, de +15% /2021, atteignant 24 000 téc. Cependant ce rebond n’a pu contrebalancer le net reflux enregistré au 1er semestre. Ainsi sur 9 mois, les envois ont perdu -5% d’une année sur l’autre : la baisse de la production et le recul (temporaire ?) de la demande chinoise en sont les principales causes. La reprise des exportations vers le Royaume-Uni (+11%) et l’UE-27 (+26%) n’ont pas totalement compensé le chute des expéditions vers la Chine (-22%).