Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 346 Janvier 2023 Mise en ligne le 19/01/2023

Viande ovine

Réorientation des flux mondiaux en 2022

Les importations chinoises de viande ovine, principalement en provenance d’Océanie, sont reparties à la hausse au 2nd semestre 2022. Elles avaient nettement reculé d’une année sur l’autre au 1er semestre 2022, en raison d’une accumulation des stocks de viande (restrictions liées au Covid-19). Les exportations néozélandaises vers l’UE-27 ont parallèlement rebondi en 2022.

Viande ovine » France »

Marché alourdi en début d’année

Le cours de l’agneau français débute l’année de nouveau à un niveau historiquement élevé. Malgré un marché encombré par la traditionnelle période de sortie des agneaux Lacaune et de plus la faible demande des ménages, la cotation se situe 36 centimes au-dessus de son niveau de l’an passé. Les charges restent elles aussi à des niveaux historiquement élevés.

Faute de demande, les agneaux Lacaune encombrent le marché

L’année débute de façon complexe pour la filière ovine. Les agneaux Lacaune sont traditionnellement nombreux à cette période alors que les ménages français restent prudents sur leurs dépenses. Malgré de légers reports (de quelques jours), le marché s’alourdit et cela pèse sur les cours.
Les nouvelles règles sanitaires concernant les agneaux Lacaune augmentent les durées d’engraissement et décalent alors les périodes de sorties, ce qui alourdit le marché. Ainsi les premiers agneaux Lacaune sont sortis cet hiver avec près de 15 jours de retard (début 2023 au lieu de fin 2022). Alors que les fêtes de fin d’année auraient pu absorber de tels volumes, ils sont commercialisés en janvier lorsque la demande n’est pas vraiment au rendez-vous et encore moins dans le contexte actuel.
En semaine 1 de 2023, la cotation a perdu -0,13 €/kg d’une semaine sur l’autre. Cependant, à 8,43 €/kg, elle débute l’année à un niveau tout de même historiquement élevé, supérieur de +0,36 €/kg /2022.

L’IPAMPA ovin viande s’est légèrement déprécié d’octobre à novembre (139,1 points), mais reste tout de même supérieur de +19 points à son niveau de novembre 2021. L’indice énergie et lubrifiants était en hausse de +32% /2021, celui des engrais et amendements de +38%, et des aliments achetés de +29%.

Baisse des sorties d’agneaux et hausse des réformes : la tendance se maintient

Selon Agreste, la production abattue de viande ovine était en repli de -1% d’une année sur l’autre en novembre, à 5 000 téc. Le nombre d’agneaux abattus a encore diminué (-4% /2021 et – 6% /moyenne quinquennale). En volume, la baisse est de même ampleur, le poids de carcasse moyen étant inchangé, à 18,2 kgéc.
Les réformes étaient de nouveau abondantes en novembre (+17% /2021 et +5% /moyenne quinquennale). La hausse des volumes abattus est moindre (+13%), du fait d’un net allègement des carcasses, en lien avec des abattages plus précoces. Des éleveurs décapitalisent pour faire face à la baisse des disponibilités fourragères (sécheresse) et à la cherté des aliments achetés (inflation).
De janvier à novembre, la production nationale s’est repliée de -2,4% /2021, à 74 000 téc, avec des effectifs d’agneaux abattus en recul (-4% /2021) et malgré des réformes plus nombreuses (+5%).

La chute des importations d’agneaux vivants espagnols en septembre et octobre (respectivement – 53% et – 67%), pour cause de variole ovine, a aussi été un obstacle à l’approvisionnement du marché français.

Nouveau bond des importations de viande néozélandaise en novembre

En octobre, les importations françaises de viande ovine ont continué de croître d’une année sur l’autre, de +11% /2021, à 7 100 téc. Les achats de viande néozélandaise ont de nouveau bondi (x2,2 /2021) et ceux en provenance du Royaume-Uni et d’Irlande ont repris (respectivement +6% et +8% /2021), contrebalançant la nouvelle baisse en provenance d’Espagne (-21%).
De janvier à octobre 2022, 69 000 téc ont été importées en France, soit +6% /2021, mais seulement +1% comparé à la moyenne des cinq dernières années. Seuls les achats de viande ovine espagnole ont reculé en 2022, d’une année sur l’autre.

Le disponible sur le marché français s’améliore mais reste réduit

Les abattages français sont en repli tandis que les importations – malgré un regain – restent modérées, ce qui affecte d’autant le disponible français : de janvier à octobre, il progresse modestement (+2% /2021), mais demeure faible, en repli de -3% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Viande ovine » UE et monde »

L’inflation diminue la demande sur le marché international

L’inflation, qui affecte le pouvoir d’achat des ménages, se répercute aussi sur le prix de l’agneau : les achats diminuent nettement sur les marchés intérieurs comme à l’export.

Royaume-Uni : des exportations plus timides au 2nd semestre

Le cours britannique est repassé sous son niveau de 2021 à partir du mois d’octobre. En semaine 52, il se situait à 5,41 €/kg, à mi-chemin entre les niveaux de 2021 (-1,04 €/kg) et de 2020 (+1,01 €/kg).

La production britannique de viande ovine a totalisé 24 400 t en novembre, en recul de -4 % /2021. Selon les premières estimations d’AHDB, les abattages auraient augmenté d’une année sur l’autre en décembre, et pour l’année 2022, le nombre estimé serait en hausse de +2% /2021.
Les exportations britanniques de viande ovine ont totalisé près de 7 000 t en octobre, de nouveau en baisse par rapport au même mois l’an dernier (-4% /2021). Les volumes expédiés vers la France ont augmenté de +14 %. De janvier à octobre 2022, les exportations toutes destinations ont totalisé 63 400 t, soit +10% /2021.

Les importations ont en revanche chuté entre septembre et octobre, de -34% d’un mois sur l’autre, mais sont restées +19% au-dessus de leur niveau d’octobre 2021.
Au cours du trimestre se terminant le 27 novembre 2022, les dépenses des ménages en viande d’agneau ont moins diminué en valeur (-7% /2021) qu’en volume (-16%), selon Kantar. Les prix au détail ont en effet bondi de +11% /2021, du fait de l’inflation.

Irlande : la baisse de la demande à l’export pèse sur le marché

La cotation irlandaise est repassée sous ses niveaux de 2021 à partir du mois d’octobre, probable signe d’un encombrement du marché face à une demande morose.
En semaine 52, elle s’établissait à 6,65 €/kg, soit -0,55 €/kg sous son niveau de 2021, mais +0,80 €/kg au-dessus de celui de 2020. La baisse conjointe du prix de l’agneau anglais préoccupe les industriels irlandais.
La demande est ralentie sur les marchés à l’export, ce qui encombre le marché national et pèse sur la cotation de l’agneau lourd irlandais entrée abattoir.
En 2022, les abattages d’ovins irlandais ont progressé de +8% /2021, à 2,9 millions de têtes. Comparé à 2020, la hausse est plus modeste, de +3%. Les effectifs d’agneaux abattus ont progressé de +7% /2021 et ceux des réformes de +9%. L’offre plus abondante et le prix attractif de l’agneau irlandais ont dynamisé les exportations de viande ovine : à 50 000 téc sur 10 mois, elles ont progressé de +12% /2021, dont +24% vers le Royaume-Uni et +13% vers la France.

Espagne : les exportations de vifs se portent mieux que celles de viande

Après avoir suivi son niveau de 2021 à partir d’octobre, le cours espagnol a chuté en semaine 52 pour atteindre 7,50 €/kg, soit -0,12 € /2021 et +1,38 € /2020.
La production abattue est demeurée stable d’une année sur l’autre, à 99 000 t sur dix mois. La hausse des poids moyens de carcasse a contrebalancé la baisse des effectifs ovins abattus (-3,4% /2021). Les réformes ont bondi de 40% sur 10 mois : de 700 à 980 milliers de têtes, tandis que les effectifs d’agneaux abattus ont reculé de -8% sur la période.
Du côté des exportations, la tendance se poursuit : hausse des envois de vifs et baisse des envois de viande ovine. Les exportations de viande ovine espagnoles se sont en effet repliées sur 10 mois, de – 10% /2021,= à 41 000 téc, principalement du fait d’un important recul de la demande française (-18% /2021). En revanche, les envois d’agneaux vivants ont dans le même temps progressé de +13% /2021, principalement vers la Jordanie ; tandis que ceux de réformes ont bondi de +86%.

Les professionnels de la filière espagnole sont préoccupés : baisse de la consommation, recul du cheptel, prix élevé de la viande ovine, diminution des capacités d’engraissement, augmentation du coût des intrants et menaces sanitaires (variole, maladie hémorragique épizootique…).

Nouvelle-Zélande : légère reprise des envois en novembre

Sur 10 mois, le production de viande ovine néozélandaise a reculé de -0,5% /2021, à 356 000 t.
Le recul des exportations de viande ovine est plus important : -5% /2021 sur 11 mois. Le recul temporaire de la demande chinoise en est la principale cause.


La reprise des exportations vers le Royaume-Uni reste timide (+2%) et la nette hausse vers l’UE-27 (+22%) n’a pas totalement compensé le chute des expéditions vers la Chine (-18%).