Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 353 Septembre 2023 Mise en ligne le 19/09/2023

Viande ovine

Des exportations britanniques dynamiques

Avec une production pourtant ralentie, le Royaume-Uni a enregistré un bond de ses exportations de viande ovine, désormais supérieures à leur niveau moyen d’avant Brexit. Confrontés à une consommation des Britanniques en berne, les opérateurs tirent parti des faibles disponibilités sur le continent.

Le Royaume-Uni augmente ainsi ses envois vers la France, profitant notamment du recul du marché espagnol.

Sommaire du numéro 353
Viande ovine

Viande ovine » France »

Commerce encore ralenti cet été

La cotation de l’agneau français a continué sa baisse saisonnière estivale et, sous l’effet d’une accentuation de la baisse des achats due aux fortes chaleurs, est repassée sous son niveau de 2022. La production française reste en retrait, et les importations demeurent modestes, face à des consommateurs qui continuent de bouder l’agneau dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat.

La baisse de consommation estivale a pesé sur le cours français

Déjà en berne, la consommation d’agneau par les Français a de nouveau baissé cet été, du fait notamment des fortes chaleurs, peu incitatives à ce genre d’achats. En semaine 35 (se terminant le 3 septembre), la cotation a poursuivi sa baisse saisonnière. A 7,96 €/kg, elle a perdu 4 centimes d’une semaine sur l’autre, et 7 centimes d’une année sur l’autre.
Les abattoirs continuent de fonctionner au ralenti : l’offre en agneaux des élevages français est plutôt en recul et l’Espagne fournit moins d’agneaux vivants.
La cotation devrait repartir à la hausse ces prochaines semaines avec une raréfaction de l’offre : les sorties d’agneaux étant toujours faibles à l’automne.

L’IPAMPA ovin viande poursuit son léger recul d’un mois sur l’autre (-1% /juin 2023) : à 132,6 en juillet, il est en repli de -3% /2022. Les indices énergie et lubrifiants (-16% /2022, mais +32% /2021) et engrais (-33% /2022 et +26% /2021) ont davantage reculé d’une année sur l’autre, mais restent très élevés. L’indice aliments achetés a moins reculé (-5%/ 2022), mais reste aussi élevé (+23% /2021).

Les abattages repartent franchement à la baisse en juillet

Selon Agreste, après un regain en juin (+15% /2022), la production ovine (agneaux et réformes) a de nouveau chuté en juillet (-21% /2022). Au total, sur 7 mois, elle atteignait 47 400 téc, soit -8% /2022.
De janvier à juillet, les abattages d’agneaux ont reculé de -9% en effectifs comme en volume, signe de poids de carcasse stables d’une année sur l’autre, à 18,4 kgéc. Les abattages de réformes ont quant à eux reculé de -2% en effectifs, et de -3% en volume : leur poids moyen des carcasses s’est allégé, passant de 27,1 à 26,7 kgéc.

Avec un repli des importations d’agneaux espagnols (-24% /2022 à 64 000 têtes), des sorties des agneaux français en baisse au 1er semestre de 2023 (-5% /2022 à 1,9 M de têtes) ainsi que des exportations d’agneaux haussières (+9% /2022 à 165 000 têtes), les abattages français reculent inéluctablement début 2023.
Selon Ovinfos, les abattages d’ovins sont restés sous leur niveau de 2022 au mois d’août.

Hausse des importations de viande ovine au 1er semestre

Au 1er semestre 2023, les importations françaises de viande ovine ont augmenté d’une année sur l’autre (+5% /2022, à 41 800 téc) : les nette hausses de mars avec Pâques et le Ramadan (+17%) puis juin avec l’Aïd el-Kébir (+24%) ont contrebalancé les baisses d’avril et mai. Cependant, les importations sont restées en somme plutôt faibles au 1er semestre, inférieures de -9% à la moyenne des 6 premiers mois de 2015-2019 (avant la pandémie de covid-19).
Les volumes importés ont progressé en provenance du Royaume-Uni (+22% /2022) et d’Irlande (+4%), mais ont fléchi d’Espagne (-26%). Jusqu’alors en retrait, les importations de Nouvelle-Zélande ont bondi de +50% en juin, si bien que le volume importé au 1er semestre a été stable d’une année sur l’autre.

Le disponible français en léger repli au 1er semestre

Au 1er semestre 2023, le disponible français en viande ovine a baissé de -0,6% /2022 avec des abattages toujours en retrait. Il reste sous son niveau de la dernière moyenne quinquennale (-8%).

Viande ovine » UE et monde »

Une filière ovine britannique résiliente

L’offre et les exportations de viande ovine au Royaume-Uni ne cessent de croître depuis le Brexit commercial en 2021. En 2022, les envois n’étaient pas encore revenus aux niveaux d’avant Brexit mais cette année, ces derniers les dépassent. Les bonnes conditions météorologiques permettent une bonne pousse de l’herbe, ce qui dynamise la filière.

Royaume-Uni : des exports dynamiques face à une consommation intérieure en berne

Le cours britannique poursuit sa baisse saisonnière, légèrement au-dessus du niveau des années précédentes : en semaine 35, il s’établissait à 6,48 €/kg, en hausse de +35 centimes comparé à 2022, et de +30 centimes par rapport à celui de 2021 à pareille époque. Le resserrement de l’offre a maintenu les prix de l’agneau fini au cours des dernières semaines. Les bonnes disponibilités en herbe (pâturée et conservés) sont un facteur clé qui stimule la production britannique et qui contrebalance la situation de l’an passé, marquée par la sécheresse.

En cumul sur les 7 premiers mois de 2023, la production britannique de viande ovine a légèrement reculé d’une année sur l’autre (-1%), à 162 000 t : les effectifs d’agneaux abattus ont augmenté de +2% tandis que ceux des réformes ont reculé, de -3%/2022. Après concertation avec le reste de la profession, les éleveurs ont diminué les poids de carcasses de leurs agneaux pour s’adapter au recul des achats par les consommateurs.
Malgré une production en léger recul, les exportations britanniques de viande ovine ont bondi de +16% au 1er semestre 2023, comparé à une année 2022 où les exportations étaient modestes car la filière se remettait encore des effets du Brexit.

Par ailleurs, le repli de la demande intérieure a accru les disponibilités exportables. Au 1er semestre 2023, leurs exports de viande ovine ont ainsi dépassé de +6% la moyenne 2015-2019. Les importations de viande ovine ont logiquement chuté, de -32% /2022, dont -36% en provenance de Nouvelle-Zélande et -21% d’Irlande.

Irlande : ralentissement des abattages au 2nd semestre

Après sa baisse saisonnière, la cotation de l’agneau irlandais de la nouvelle saison s’est stabilisée quelques semaines, pour atteindre 6,35 €/kg en semaine 35, en hausse de +5 centimes d’une année sur l’autre.

En cumul sur les 7 mois en 2023, les abattages d’ovins ont progressé de +2% /2022, à 1,8 M de têtes, avec davantage d’agneaux abattus (+3% /2022), à 1,6 M de têtes, mais moins de de réformes (- 2% /2022). En volume, la hausse est de +5%, conséquence d’un alourdissement des carcasses.

Malgré cette hausse de production, les exportations de viande ovine irlandaise ont très légèrement régressé sur 6 mois, de -1% /2022, à 29 000 téc, notamment vers la France (-2%) et le Royaume-Uni (- 3%). Elles restent toutefois à un bon niveau (+5% comparé à la moyenne des 5 dernières années). Ce ralentissement des exports a probablement obligé les abatteurs à davantage stocker, dans l’attente d’une reprise de la demande.

Depuis juillet, les abattages se replient : mauvaise finition des agneaux et retard de sorties à cause du mauvais temps et du coût élevé des intrants (poids de carcasse en baisse). Ces dernières semaines, de nombreux éleveurs ont alors vendu des agneaux non finis aux marchés à bestiaux. La production irlandaise devrait donc augmenter au 4ème trimestre 2023 et au 1er trimestre 2024.

Espagne : situation compliquée pour la filière

Le cours espagnol était toujours au niveau de 2022 en semaine 35. Il s’établissait alors à 7,12 €/kg, et se maintenait toutefois +0,73 € au-dessus de son niveau de 2021. La baisse saisonnière de la production va progressivement faire augmenter le cours pour les semaines à venir.

En 2022, pour faire face à la sécheresse, beaucoup d’éleveurs avaient réformé prématurément leurs brebis, ce qui a réduit les agnelages et les abattages d’agneaux au 1er semestre 2023 : -5% /2022 en effectifs et -4% en volume. Le nombre de réformes abattues a parallèlement chuté au 1er semestre 2023 de -7% /2022, et leurs carcasses se sont allégées, la baisse étant plus importante en volume (-9%/2022).
Sur la même période et face à des approvisionnements amoindris, les exports d’agneaux vivants espagnols ont chuté, de – 12% /2022. Le marché marocain s’est ouvert à l’Espagne en mars 2023 et quelques 70 000 agneaux y ont été envoyés entre mai et juin, mais cela n’a pas suffi à contrebalancer le repli de moitié des envois vers la Jordanie (- 223 000 têtes).
Les exportations de viande ovine ont-elles aussi baissé, de -5% /2022 sur la même période, totalisant 25 000 téc. La forte hausse vers l’Italie (+12%) a contrebalancé le fort repli vers le Qatar (- 56%).
En plus des problèmes d’offre, surtout dus à la sécheresse et l’inflation, les problèmes sanitaires se multiplient en Espagne (clavelée, FCO, maladie hémorragique, …), ce qui entrave parfois la commercialisation du bétail en vif.

Nouvelle-Zélande : léger recul des exportations de viande ovine

De janvier à juillet 2023, la production ovine abattue en Nouvelle-Zélande a reculé de -1% d’une année sur l’autre, à 270 000 t. Les effectifs d’agneaux abattus ont reculé de -3% /2022 et ceux des ovins adultes de -5% /2022. Les carcasses d’agneaux comme d’ovins adultes destinés à l’export se sont alourdies, de respectivement +1% et +2% d’une année sur l’autre, à 19,0 kg et 25,8 kg de carcasse.
Sur la même période, les exportations de viande ovine ont diminué, de -2% /2022, à 266 000 téc, principalement en juin et juillet. Elles ont certes bondi vers la Chine (+15%), la Belgique (+73%) et les Pays-Bas (+22%), mais elles ont aussi fortement reculé vers le Royaume-Uni (-29%), la France (-9%) et l’Allemagne (-21%).
Selon la Meat Industry Association de Nouvelle-Zélande, les stocks de viande sont très élevés dans les entrepôts frigorifiques chinois et la Chine a donc récemment freiné ses importations. Cela pèse sur les prix des agneaux néozélandais.

Australie : une filière ovine très dynamique

En Australie, les exportations de viande ovine se portent bien et vers la Chine, elles ont même atteint des niveaux record cette année, en hausse chaque mois d’une année sur l’autre, de janvier à août.
De janvier à août 2023, selon les données du ministère de l’agriculture australien, les exportations vers la Chine ont en effet bondi de +63% /2022 et de +46% comparé à la moyenne des 5 dernières années. Au total, les exportations australiennes ont augmenté de +22% sur la même période /2022 et de +23% comparé à la moyenne 2018-2022. Pour rappel, les importations chinoises de viande ovine ont baissé en 2022, ce qui explique aussi ces fortes évolutions d’une année sur l’autre.
Le prix à la production de l’agneau australien, représenté par le National Trade Lamb Indicator, est extrêmement bas en 2023 sous l’effet d’une production abondante (+8% sur 37 semaines /2022) : malgré des exportations dynamiques, les volumes accumulés sur le marché pèsent sur les cours, rendant cet agneau très attractif, notamment pour le marché chinois. En août 2023, ce prix de l’agneau australien était enregistré à 4,59 $AUS/kg, soit 2,78 €/kg.

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