Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

Les premiers signes d’inflation alimentaire sont désormais visibles. L’activité de la RHD est toujours en retrait par rapport à l’avant pandémie et d’autres habitudes restent présentes comme la hausse des achats au détail de viande hachée. En 2021, le commerce de viande bovine de l’UE-27 avec les pays tiers s’est de nouveau replié, conséquence des mesures prises pour endiguer le Covid-19.

Des premiers signes d’inflation alimentaire

Actuellement, on observe des premiers signes d’inflation au détail pour les produits alimentaires. D’après IRi, en mars 2022, l’inflation à un mois dans les rayons « alimentaire » et « petit bazar » était de +0,6% /février 2022. Tous les types de magasins (hyper, super, magasins de proximité, drive…) sont concernés et « les rayons de l’épicerie et du frais libre-service poids fixe sont les plus inflationnistes ». Même constat pour l’inflation à un an qui a atteint +1,5% /mars 2021. Le rayon frais non laitier libre-service (dont les viandes réfrigérées) approche une inflation de +1,3% /mars 2021 et le rayon surgelé (dont les viandes congelées) de +1,9%.

Avec le conflit en Ukraine, l’accélération de l’inflation globale se confirme. En mars 2022, l’évolution de l’indice général des prix à la consommation harmonisé provisoire de l’INSEE dépassait les +5% sur un an après +4% en février. Une première depuis le début du suivi de cette donnée statistique datant de janvier 1996. La hausse concerne bien sûr l’énergie dont les prix ont augmenté de +29% en un an (contre +21% en février 2022) en lien avec la hausse des prix des produits pétroliers. Et l’inflation alimentaire à un an s’est accélérée pour les produits alimentaires. La hausse des prix alimentaires atteignait en mars 2022 +2,8% /2021 (contre +2,1% en février 2022). Constat encore plus marqué pour les produits frais (+7,2% /2021 en mars contre +5,9% en février).

Les ventes au détail de viandes hachées toujours dynamiques

Depuis l’allègement des mesures sanitaires, les ventes au détail de viandes hachées demeurent soutenues et nettement supérieures à l’avant pandémie. En cumul sur les onze premières semaines de 2022, les ventes de haché frais (-4% /2021 et +7% /2020) comme de haché surgelé (-4% /2021 et +4% /2020) restaient dynamiques.

Et depuis le début de l’année, les ventes des produits de grande consommation et frais libre-service (PGC-FLS) demeurent plus élevés qu’avant la pandémie d’après IRi, même si l’inflation récente joue un peu dans cette évolution du chiffre d’affaires. Sur treize semaines, elles ont cependant été en léger retrait d’une année sur l’autre (-1% /2021), marquée alors par un couvre-feu à 18 heures, des restaurants fermés et l’annonce d’un 3ème confinement national à partir du samedi 3 avril 2021. En semaine 13, la baisse des ventes de PGC-FLS était marquée (-9% /2021), mais ce phénomène est à relativiser, notamment car le chiffre de 2021 a été soutenu par l’annonce d’un nouveau confinement pour la fin de la semaine. La hausse du chiffre d’affaires à deux ans en semaine 13 restait forte (+7% /2020).

Recul de la consommation par bilan en janvier

En France, en janvier 2022, la consommation calculée par bilan se situait à un niveau bien inférieur aux deux dernières années, faute de disponibilités, à 119 400 téc (-6% /2021 et 2020).

D’après le SSP, le commerce extérieur s’était redressé :

  • les importations françaises ont égalé le niveau d’avant pandémie à 27 600 téc (+27% /2021 et =/2020) ;
  • les exportations françaises ont dépassé ce niveau à près de 20 000 téc (+18% /2021 et +1% /2020) ;

Avec un niveau de commerce extérieur proche de l’avant pandémie, la proportion d’import dans les disponibilités totales s’élève à 23% en janvier 2022, niveau relativement stable depuis plusieurs mois.

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !

Il est impossible de donner plus de détail actuellement, les Douanes ont modifié le mode de collecte des données de commerce extérieur. Les statistiques détaillées n’ont pas été mises à jour et s’arrêtent aux données provisoires du mois de décembre 2021. Les statistiques détaillées relatives à janvier et février 2022 ne seront diffusées que lorsqu’une analyse de leur qualité aura été possible.

Le chiffre d’affaires total du secteur de la RHD peinait toujours à se redresser en début d’année

Comme en fin d’année dernière, le secteur de la RHD n’a toujours pas retrouvé son niveau d’activité d’avant pandémie. En France, la situation du secteur restait perturbée (+10% /2021, mais -10% /2020). Le secteur de la restauration rapide, dynamique, a participé au redressement partiel du CA de la RHD en janvier 2022 (+41% /2021 et +7% /2020). A l’inverse, les performances de la restauration traditionnelle (x5 /2021, mais -16% /2020) et de la restauration collective (+20% /2021, mais -25% /2020) restaient médiocres, alors que la France était touchée par la vague du variant Omicron.

Au niveau européen, la situation restait un peu plus dégradée. En janvier 2022, le chiffre d’affaires global de la RHD au sein de l’UE-27 restait en effet en retrait par rapport à l’avant-Covid (+82% /2021, mais -17% /2020). Même constat en Espagne (+76% /2021, mais -19% /2020) ou en Allemagne (+93% /2021, mais -26% /2020).

L’UE a de nouveau réduit ses échanges avec les pays-tiers en 2021

En 2021, le commerce extérieur de l’UE-27 en viande bovine a été en retrait :

  • les exportations ont atteint 629 000 téc, soit -24 000 téc en un an (-8% /2020 et -13% /2019) ;
  • les importations ont peiné à dépasser 300 000 téc, en retrait de –27 000 téc (-11% /2020 et -32% /2019).

Parmi les principaux fournisseurs du marché communautaire, seuls les envois de viande bovine réfrigérée et congelée depuis le Brésil (+3% /2020 à 70 000 téc) et l’Uruguay (+23% à 43 000 téc) ont progressé. Mais globalement, les importations demeurent très affectées depuis la pandémie. La forte demande chinoise ainsi que la hausse des prix et le manque de disponibilités au niveau international (l’Argentine ayant même mis en place des restrictions à l’exportation) ont participé à les limiter.

En 2021, la production de viande bovine de l’UE-27 a atteint 6,80 millions de téc (-0,6% /2020 et -1,3% /2019) et la consommation globale par bilan 6,47 millions de téc (-0,8% /2020 et -2,7% /2019). Les consommations par habitant au sein des États membres ont suivi des trajectoires différentes : hausse en Espagne, baisse en Allemagne ou encore relative stabilité en France ou en Italie. Globalement, la consommation de viande bovine en 2021 est restée affectée par la pandémie et le manque de disponibilités notamment au 2nd semestre. Dans de nombreux États membres, la consommation de viande bovine en RHD a notamment été perturbée.