Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

En France, le décrochage de la collecte s’est poursuivi en novembre (-2,7% /2020). Le prix du lait n’a que peu progressé jusqu’en novembre, mais semble décoller depuis décembre. Cette revalorisation des prix payés permet enfin de compenser la hausse des charges, qui s’est pourtant accentuée depuis octobre. En conséquence, la marge MILC s’est redressée en novembre, et devrait continuer de progresser dans les prochains mois.

L’érosion du cheptel s’est poursuivie en 2021

Le cheptel national de vaches laitières a de nouveau reculé sur l’année 2021, pour la 7ème année consécutive. Il finit l’année en repli de -1,8% par rapport à décembre 2020, soit -65 000 têtes.

La configuration est la même que l’an dernier. Le recul est systématique sur l’ensemble de la façade Ouest, et particulièrement prononcé dans les départements bretons. Les Côtes-d’Armor accusent un repli de -2,7% /2020 (-4 000 têtes), le Morbihan de -2.4% (-2 900 têtes) et le Finistère de -3.2% (-4 200). Seuls les principaux départements de la zone Comté voient leur cheptel progresser, à l’image du Doubs (+0,9%), et du Jura (+0,7%). La Manche reste le premier département détenteur de vaches laitières, devant l’Ille-et-Vilaine et les Côtes d’Armor.

Poursuite du décrochage de la collecte

En novembre, la collecte nationale s’est de nouveau fortement repliée d’une année sur l’autre (-2,7% /2020), à 1,882 Mt. C’est le 3ème mois consécutif de recul sensible des livraisons, depuis le net décrochage observé en septembre, qui coïncide avec le passage aux rations hivernales, plus dépendantes des compléments azotés, que beaucoup d’éleveurs rationnent actuellement en raison de leur prix.

La hausse du prix du lait s’accélère depuis décembre

En novembre, le prix du lait standard toutes valorisations (conventionnel, AB et AOP) s’est établi en moyenne nationale à 373 €/1 000 l, en recul de -4 € sur un mois, mais en hausse de +26 € /2020. Le prix réel payé aux livreurs a quant à lui augmenté légèrement d’un mois sur l’autre (411 €/1 000 l, +30 € /2020), grâce à un record national de teneur moyenne en MG (43,86 g/l).

Cette lente appréciation du prix du lait départ ferme se traduit par une déconnexion croissante avec le prix du lait transformé et valorisé en beurre/poudre maigre, qui s’est envolé en novembre. Pour les opérateurs, cela s’explique par l’inertie de la valorisation réelle des produits laitiers fabriqués. En raison de la collecte atone, ceux-ci ne profiteraient que très peu des opportunités de valorisation des ingrédients laitiers aux cours actuels, puisque la plupart des volumes sont déjà contractualisés et engagés. De plus l’essentiel de la collecte est transformé en produits de grande consommation et fromages, dont les contrats sont honorés prioritairement. Certains acteurs évoquent même des difficultés à respecter des contrats avec les acheteurs d’ingrédients laitiers.

Selon l’observatoire de la revue l’éleveur laitier, le prix du lait aurait toutefois amorcé une hausse plus significative à partir de décembre, mois au cours duquel il aurait augmenté d’environ +5 €/1 000 l, s’établissant +30 € au-dessus de son niveau de décembre 2020. Les premières annonces de prix laissent entrevoir une revalorisation beaucoup plus forte pour le mois de janvier.

Poursuite de la flambée des charges

En novembre, l’indice IPAMPA lait de vache a connu une nouvelle hausse significative d’un mois sur l’autre à 118,1 pts (+1,6 pts /octobre 2021, +12% /novembre 2020), soit son nouveau plus haut niveau historique. Par rapport à septembre 2020, mois de début de cette flambée, la progression est de +15%, après 15 mois consécutifs de hausse ininterrompue. Les flambées les plus spectaculaires concernent le prix de l’énergie (+31% /2020) et surtout des engrais (+80%), qui contribuent pour moitié à la hausse de +12% de l’indice sur un an. Un quart de la hausse de l’indice émane de la progression du prix des aliments (+10% /2020), de nouveau en hausse en novembre, après avoir connu une relative stabilité depuis mai. Le reste provient du renchérissement du prix des investissements dans les biens d’équipements et les bâtiments.

La MILC se redresse

En novembre, la hausse du prix payé du lait, combinée à celle des co-produits, a plus que compensé l’inflation des charges. La MILC s’établit à 102 €/1 000 l et progresse très légèrement (+1 €) d’un mois sur l’autre, alors qu’elle est généralement orientée à la baisse en cette période, en lien avec la saisonnalité du prix du lait. En conséquence, la MILC repasse au-dessus de son niveau de l’an dernier (+3 €/1 000 l). Elle reste néanmoins en retrait de -8 € sur 12 mois glissants, et toujours inférieure aux niveaux enregistrés en 2017, 2018 et 2019.