Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 364 Septembre 2024 Mise en ligne le 16/09/2024

Les cours des JB ont repris quelques centimes en Italie, en Pologne et Allemagne, mais restent au plancher en Espagne.

ITALIE : reprise de la hausse des cours à Modène

En Italie, les cours des mâles Charolais sont repartis à la hausse le 7 décembre sur la bourse de Modène, gagnant 2 centimes/kg vif. La cotation reste toutefois bien inférieure aux années précédentes (-7% /2019 et -4% /2018). Les cotations des mâles limousins sont restées stables, toujours en retrait par rapport aux années passées (-4% /2019 et -2% /2018). Les femelles se tiennent mieux, restant très proches de leurs niveaux de 2018 et 2019.

Sur la bourse de Padoue, la cotation des mâles charolais fin novembre suivaient les mêmes tendances (-8% /2019 et -3% /2018), de même que celle des mâles limousins (-1% /2019 et 2018).

Les distributeurs italiens sont prudents dans leurs commandes pour les fêtes. La 2ème vague de covid-19 a conduit le gouvernement italien à durcir les restrictions pour la période des fêtes. Du 21 décembre au 6 janvier, les déplacements entre régions seront interdits. Les 25 et 26 décembre et le 1er janvier, les déplacements entre communes seront aussi interdits. Les régions sont classées suivant le risque sanitaire (jaune, orange rouge), avec des restrictions croissantes (voir détail). Les restaurants sont fermés dans les régions orange et rouge (un peu moins de la moitié des régions). Ailleurs, ils ferment leurs portes au public dès 18h.

Sur les 9 premiers mois de l’année, les abattages de bovins en Italie ont été quasiment stables par rapport à 2019 d’après la base de données sanitaires. Les abattages de génisses ont enregistré une hausse de 6%, alors que les autres catégories (veaux, mâles de 10-30 mois et vaches) reculaient toutes de -2% /2019.

Au 30 novembre, la BDNI italienne faisait état d’un effectif de mâles de 1 à 2 ans présents en ferme en hausse (+21 000 têtes /2019 et +19 000 /2018) et d’une situation intermédiaire entre les deux années précédentes pour les femelles de 1 à 2 ans (-14 000 têtes /2019 mais toujours +11 000 têtes /2018). L’engraissement de femelles semble désormais plafonner.

POLOGNE : vive remontée saisonnière des cours

En Pologne, les cours des jeunes bovins se tiennent mieux que ceux des vaches. La cotation du JB O est repassée au-dessus de son bas niveau de 2019, à 3,02 €/kg fin novembre (+3 % /2019, mais toujours -7% /2018).

Les exportations polonaises de viande bovine réfrigérée et congelée sur les 8 premiers mois de l’année ont totalisé 287 000 téc (+1% /2019 ; -5% /2018). Elles se sont rétablies par rapport à une année 2019 marquée par les scandales sanitaires. Les expéditions de viande réfrigérée ont même progressé de +4% alors que celles de viande congelée ont reculé à -5%. L’Italie reste le premier débouché pour la viande bovine polonaise réfrigérée. Malgré les restrictions imposées à la restauration depuis mars, les volumes ont été maintenus au niveau de 2018, à 53 000 téc (-3%/2019). La viande polonaise est donc parvenue à pénétrer les circuits de détail beaucoup plus massivement que les années précédentes. Les expéditions ont bondi de +15% vers l’Allemagne, de +9% vers les Pays-Bas et de +25% vers le Royaume-Uni, trois pays où la consommation intérieure a été boostée par la sédentarisation forcée de la population, liée à la réduction drastique des voyages à l’étranger. A l’inverse, les volumes expédiés vers l’Espagne ont chuté à -11% du fait de la moindre demande des Espagnols, mais aussi de la moindre présence touristique.

ESPAGNE : les cotations restent au plancher

En Espagne comme ailleurs en Europe, la 1ère vague de Covid-19 avait entraîné des restrictions pour la restauration avec un report partiel des ventes de viande bovine vers le commerce de détail. Sur les trois premiers trimestres de 2020, les achats des ménages de viande bovine fraîche ont nettement augmenté (+10% /2019 en volume et +12% en valeur) d’après le Ministère de l’agriculture espagnol. Mais ce report partiel a été insuffisant pour soutenir les cotations malgré des exportations de viande bovine en nette hausse. Sur les 9 premiers mois de 2020, les exportations espagnoles de viande bovine réfrigérée (les trois quarts des exportations de viande bovine) ont atteint 120 000 téc (+4% /2019 et +20% /2018). Elles ont notamment progressé vers le Portugal (+177% /2019), l’Italie (+47%) et, dans une bien moindre mesure, vers la France (+3%).

Avec les nouvelles restrictions sur la restauration liées à la seconde vague, la pression est de nouveau forte sur la filière bovine pour qui la RHD reste un débouché majeur. Fin novembre, le JB R cotait 3,38 €/kg (-4% /2019 et -9% /2018) restant ainsi au plancher.

ALLEMAGNE : les prix repartent à la hausse

En Allemagne, les prix des JB finis avaient subi une double pression en novembre : le goulet d’étranglement à l’abattage et la fermeture de la restauration qui nuit à la valorisation des pièces nobles.

La réduction des capacités d’abattage de certains outils, voire leur mise à l’arrêt temporaire en raison de l’apparition de cluster de Covid-19, a conduit à une baisse de 19% du nombre de bovins abattus en novembre par rapport à 2019 et 2018 (données hebdomadaires AMI). La priorité a été donnée aux jeunes bovins, qui sont à la fois mieux valorisés et plus sensibles aux retards d’abattage (alourdissement et dépassement d’âge). Les sorties de JB sont toutefois restées limitées (-10% /2019).

Les prix des jeunes bovins ont décroché courant novembre en raison des perturbations dans le secteur de l’abattage, mais aussi de la fermeture de la restauration qui pose un problème de valorisation des pièces nobles. Ils ont repris ensuite quelques centimes, mais restent légèrement en retrait sur 2019. Le JB U cotait ainsi 3,72 €/kg de carcasse fin novembre (-1% /2019 et -4% /2018) et JB R 3,64 (-1% /2019 et -5% /2018).

Le bœuf est la viande qui a le plus profité du report de consommation de la restauration vers les circuits de détail. Les achats de viande bovine par les ménages allemands sur les 10 premiers mois de 2020 ont bondi de +19% par rapport à 2019. Ceux de volaille ont progressé de +14%, ceux de viande de mélange porc/bœuf de +10% et ceux de viande de porc de +4%. Ceci est à relativiser avec le fait que le bœuf est traditionnellement moins consommé dans les familles que ne l’est le porc. Il s’agit donc de plus petits volumes.