Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

La MHE a joué les troubles fêtes fin septembre, mais depuis l’ensemble de la filière s’est adaptée afin de répondre aux demandes du marché. Les exports vers l’Espagne et l’Italie sont restés dynamiques, permettant de compenser la fermeture des autres marchés, notamment l’Algérie.

Côté cheptel, le creux important de naissances au printemps dernier se ressent dans les effectifs de mâles de 0-12 mois présents en ferme en octobre. La hausse des naissances cet automne est un signal rassurant, mais qui ne permet pas de rattraper la baisse du début d’année.

La zone réglementée MHE s’est étendue

Les marchés des broutards ont été affectés mi-septembre par la détection de cas de MHE sur le territoire français. À la date du 14 décembre, 3 704 foyers avaient été recensés en France dans 20 départements. La zone régulée, définie à partir d’un rayon de 150 km autour des cas confirmés, englobe à présent presque toute la moitié Ouest de la France jusqu’au sud de la Normandie. Depuis la zone régulée, les broutards peuvent être envoyés vers l’Espagne (déjà touchée par la MHE) à condition que les animaux ne présentent aucun signe clinique, vers l’Italie ou vers les zones indemnes françaises, sous réserve de désinsectisation et d’une PCR négative. Ces dispositions permettent de conserver la majorité des opportunités de marchés.

©  Ministère de l’Agriculture

Cotations baissières pour les mâles charolais

À l’automne, les cotations des broutards charolais ont poursuivi leur baisse. L’adaptation des opérateurs à la MHE est un facteur expliquant cette baisse des cotations des mâles charolais observée cette année, après deux ans de stabilité en fin d’automne. Ainsi, en semaine 49, le Charolais U de 350 kg cotait 3,27 €/kg, en retrait de 13 centimes sur quatre semaines et sous son niveau de 2022 (-5% ou -19 cts /2022), et ce depuis la semaine 42, mais toujours nettement supérieur à 2021 (+22%). Le Charolais U de 450 kg était lui aussi en baisse sur quatre semaines, à 3,25 €/kg, et par rapport à 2022 (-10 cts ou -3% /2022). Il reste toujours au-dessus de son niveau de 2021 (+28%).

Les prix se tenaient mieux pour les autres races et les femelles. Le Limousin E de 350 kg cotait 3,80 €/kg en semaine 49, stable sur quatre semaines et toujours nettement supérieur aux années précédentes (+15 cts ou +4% /2022, +34% /2021). La cotation du mâle croisé R de 300 kg s’établissait à 3,09 €/kg, en baisse de -6 cts sur quatre semaines et légèrement supérieure à celles des années antérieures (+1 ct /2022, +18% /2021).
Les cotations des femelles limousines E de 270 kg, stables depuis début août, ont connu une hausse sur la dernière semaine de +5 cts, à 3,35 €/kg. Les Charolaises U de 270 kg cotaient 3,39 €/kg en semaine 49, en hausse de 3 centimes sur quatre semaines et un prix supérieur de 14 centimes à 2022. La tendance était équivalente pour les Charolaises U de 400 kg, dont le prix s’établissait à 3,22 €/kg, soit +4 cts sur quatre semaines et en hausse par rapport à 2022 (+6 cts ou +2% /2022).

Naissances toujours dynamiques en octobre

Pour le deuxième mois consécutif, les naissances de mères allaitantes étaient en hausse en octobre, avec 288 000 veaux d’après SPIE-BDNI, soit +2 800 têtes (ou +1%) /2022. Le report des vêlages vers l’automne, déjà constaté l’an passé, pourrait expliquer cette hausse. Cependant, la décapitalisation reste prégnante avec un recul de 136 000 naissances de veaux de mère allaitante en cumul depuis janvier (-4,9% /2022, -7,3% /2021), soit 2 670 000 veaux nés. La baisse des naissances touche tout particulièrement les Charolais (870 000 veaux nés en neuf mois, soit -5,6% /2022), même si toutes les races sont concernées.

Effectifs de mâles en retrait

Les effectifs de mâles allaitants de 0 à 6 mois étaient en retrait de 2%. Ainsi, au 1er novembre, 600 000 mâles allaitants de 0 à 6 mois étaient présents en ferme. Le dynamisme des naissances en septembre et octobre a atténué le recul des effectifs de ces plus jeunes mâles.

Pour les mâles allaitants de 6 à 12 mois, les effectifs étaient également moindres, de -2% /2022 à 758 000 têtes au 1er novembre, conséquence de la baisse importante des naissances au printemps 2023 ( -10% /2022 en mars et 8,3% en avril).

Exports dynamiques vers l’Espagne depuis le début d’année

D’après les Douanes, en septembre, les envois vers l’Espagne étaient en légère hausse après le creux d’août, de +2% /2022, à 8 400 têtes. Cette hausse concerne particulièrement les broutards de plus de 300 kg vifs. En cumul sur neuf mois, les exportations de broutards vers l’Espagne affichent une hausse importante, de +22% /2022 à 77 250 têtes, tirée par la demande espagnole pour des broutards lourds (32 250 mâles de plus de 300 kg exportés, soit +94% /2022).
Cette augmentation des envois vers l’Espagne en septembre est venue compenser un ralentissement vers l’Italie qui s’approvisionnait exclusivement depuis la zone indemne avant l’accord validé mi-octobre.
En septembre, les envois vers l’Italie ont reculé de -8% /2022, à 74 500 têtes, en lien avec la MHE et des sorties alors un peu ralenties des ateliers d’engraissement italiens. En cumul sur neuf mois, 607 000 broutards ont été expédiés vers l’Italie, en recul de -7% /2022 (ou -46 000 têtes).
Vers les pays tiers, une partie des vendeurs attendait l’ouverture du marché algérien. Les prix avaient même légèrement augmenté en prévision, de mi-août à mi-septembre. Espoirs vite déçus puisque, d’après les Douanes, seuls 4 000 broutards ont pu être expédiés avant la re-fermeture du marché à la suite de la détection de cas de MHE en France.

En octobre, d’après les données TDM, les envois de broutards vers l’Italie et l’Espagne ont été particulièrement dynamiques : +11% /2022 vers l’Italie et +32% /2022 vers l’Espagne, pour un total de 88 300 têtes. L’augmentation des exportations porte principalement sur des mâles de plus de 300 kg.

Exports en léger recul en octobre

D’après SPIE-BDNI, les exportations de broutards (bovins de type viande âgés de 4 à 15 mois) toutes destinations confondues ont légèrement reculé en octobre (semaines 40 à 43), de -4% 2022 avec 87 000 animaux envoyés, en lien avec l’absence d’envois vers les pays tiers. En cumul sur les 46 premières semaines de l’année (jusqu’au 17 novembre), elles étaient en baisse de -6%, à 883 100 animaux. Ce recul touchait tout particulièrement les broutards charolais, davantage retenus sur le territoire français pour l’engraissement, dont les expéditions ont reculé de -7% /2022 (-20 400 têtes) et même de -18% /2021.

Des exportations toujours dynamiques en novembre selon TRACES

D’après les données TRACES-DGAL (bovins exportés, tous types confondus) les envois de bovins vers les pays européens ont été particulièrement dynamiques depuis la semaine 39 (25 septembre, semaine de fermeture du marché algérien pour cause de MHE). Ainsi, sur novembre et début décembre (semaines 44 à 49), 117 000 bovins ont été exportés vers l’Italie, en légère hausse (+1% /2022 ou +1 000 têtes), mais 10% de moins qu’en 2021, alors exceptionnelles. La demande italienne reste présente avec des sorties de JB plus dynamiques en octobre (lien vers article JB Europe).
Les envois vers l’Espagne étaient en nette hausse, +6% /2022, avec 70 000 animaux expédiés entre les semaines 44 et 49.