Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Les prix des veaux gras en France ont poursuivi leur hausse saisonnière, portés par la faiblesse des disponibilités. Les abattages ont nettement reculé en novembre, comme en octobre, suite à des mises en place restreintes, à un recul de l’activité veau de certains opérateurs et à la chute des abattages de veaux sous la mère. La production des Pays-Bas est stable en téc, avec davantage de veaux abattus car le marché européen est à la recherche de viande.

Les cours des veaux gras toujours en hausse

Les prix des veaux finis ont poursuivi leur hausse saisonnière en novembre, à un rythme accéléré ces quatre dernières semaines. Le veau rosé clair O élevé en atelier a progressé de +25 cts en 4 semaines (contre +18 cts le mois précédent). En semaine 49, il cotait 7,45 €/kg de carcasse (+14% /2021 ou +92 cts et +29% /2020 ou +1,68 €). Cette hausse est liée à la faiblesse de l’offre, avec en novembre, pour le 2ème mois consécutif, une nette baisse des abattages de veaux gras.

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Le veau rosé clair R élevé en atelier a suivi la même tendance pour atteindre 7,72 €/kg éc (+11% /2021 ou +78 cts et +21% /2020 ou +1,34 €). L’écart de prix entre les catégories R et O s’est encore réduit, à 27 centimes en semaine 49. Le marché plus haut de gamme du veau rosé clair R peine davantage à passer les hausses de prix que celui du veau O, meilleur marché.  

En veau sous la mère, la cotation a également suivi la tendance haussière. Le veau rosé clair U élevé au pis cotait 9,32 €/kg éc en moyenne sur les quatre dernières semaines (+7% /2021 ou +65 cts et +10% /2020 ou +83 cts).

Le prix des poudres de lait recule

Depuis cet été, le prix des matières premières lactées recule du fait de la baisse de la demande chinoise et de disponibilités élevées : les usines de poudre ont beaucoup fabriqué cet été, en anticipation des hausses du prix de l’énergie à venir. Ainsi, le prix de la poudre de lait écrémé en France s’est replié depuis mi-octobre sous son niveau de 2021 à pareille époque. Même si elle a rebondi de 80 € en 4 semaines, elle cotait en semaine 48 à 3 050 €/t (-5% /2021 et -11% depuis le début de l’année).

Le prix de la poudre de lactosérum doux recule aussi depuis l’été du fait de la baisse de la demande : la cotation française se situait à 980 €/t en semaine 48, après un léger rebond de 70 € en 4 semaines, mais toujours en recul de -11% /2021 et -18% depuis le début de l’année.

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Pour la partie fibreuse de l’aliment pour veau, l’IPAMPA des autres aliments pour veaux progresse sans discontinuer depuis deux ans. En octobre il atteignait 150,5 points (+2 pts en un mois, +28% /2021 et +47% /2020).

Côté éleveur, les coûts de production restent très élevés, même si le prix du pétrole a reflué de -6% en un mois en Europe. Le cours moyen du baril de Brent (Mer du Nord) dont le propane (utilisé en atelier veau) est un coproduit, se situait à 89 €/baril en novembre, à des niveaux bien supérieurs aux années passées (+26% /2021 et x 2,4 /2020).

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Les abattages de veaux reculent fortement pour le 2ème mois consécutif

La filière veau de boucherie fait face à une situation inédite. En novembre, pour le 2ème mois consécutif, les abattages ont chuté à une période où ils sont traditionnellement dynamiques du fait des températures hivernales. Ainsi, seuls 93 000 veaux gras ont été abattus en novembre (-10% /2021 ou -10 000 têtes et -9% /2020).

En-nov-comme-en-oct-les-abattages-de-veaux-ont-fortement-recule-de-10% par-rapp-a-2021 en nov

Cumulés sur onze mois, les abattages ont nettement reculé de -6,4% /2021 (-70 000 têtes dont -14 000 veaux allaitants), à 1,025 million de têtes. Cela s’explique par la grande prudence des mises en place des intégrateurs, face aux prix des matières premières lactées en constante augmentation de 2021 à mi-2022 et par un désengagement de l’activité veau de certains opérateurs. S’y ajoute l’inflation sur les produits alimentaires, tous les mois un peu plus forte entamant le pouvoir d’achat des ménages et les achats de viande, y compris de veau.

Les abattages de veaux allaitants reculent plus vite que l’ensemble des abattages (-7,4% contre -6,4% tous veaux) car des élevages ont arrêté la production de veaux sous la mère (prix non incitatifs en 2022, retraite sans reprise de cette activité) ou ont réduit temporairement la production parfois, pour vendre en broutard cet automne.

Des veaux abattus moins lourds, mais à âge égal

Dans un contexte de faiblesse de l’offre, les poids carcasses se sont allégés d’un mois sur l’autre de -1,3 kg, ce qui témoigne d’une bonne adéquation entre offre et demande. En novembre, ce poids moyen des carcasses était de 144,0 kg, en fort recul de -4,9 kg par rapport à 2021.

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Cet allègement illustre l’évolution des plans d’alimentation entre 2021 et 2022. L’utilisation croissante d’aliments fibreux, moins onéreux, au détriment des poudres lactées a réduit la prise de poids quotidienne des veaux. L’âge à l’abattage est en revanche stable d’un an sur l’autre, égal en novembre à 187,0 jours.

Aux Pays-Bas la production est stable

La cotation du veau de boucherie pie-noir néerlandais a suivi une hausse saisonnière similaire à celle de la cotation en France, rebondissant elle aussi ces dernières semaines (+25 cts en 4 semaines). En semaine 49, le prix du veau gras s’établissait à 6,30 €/kg éc (+11% /2021 ou +65 cts et +46% /2020).

Aux Pays-Bas, la production de viande de veau cumulée de janvier à septembre est stable d’une année sur l’autre, égale à164 000 téc, soit +0,2% /2021 et = /2020. Cependant, le nombre de veaux abattus (1 064 000 têtes abattues en 9 mois) a augmenté quasiment tout au long de l’année, de +4,3% /2021 (+44 000 têtes). Le poids carcasse moyen s’est fortement réduit, de -6,4 kg en un an, témoignant d’une forte demande en viande de veau dans la RHD européenne redynamisée et d’un manque de viande en Europe, ce qui accélère les sorties.

De-janv.-a-sept.-2022-les-abattages-de-veaux-NL-sont-en-hausse-de-4%-en-tetes-et-stables-en-tec

En Italie, après un plafonnement durant plusieurs semaines, la cotation prix du veau gras à Modène a rebondi de +27 cts en quatre semaines, à 6,75 €/kg éc en semaine 49 (+4% /2021 et +38% /2020). D’après Eurostat sur les neuf premiers mois de l’année, les abattages italiens de veaux gras ont été stables d’une année sur l’autre, à 457 000 têtes (+0,2% /2021 et -3,4% /2020).