Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

Depuis le 2nd semestre 2022, les marchés exportateurs subissent la baisse du pouvoir d’achat des ménages dans les bassins de consommation, mais la demande s’est nettement raffermie avec le Ramadan puis Pâques. Les commandes sont reparties à la hausse, permettant de libérer des volumes : les cotations britanniques et irlandaises ont alors décollé. Elles ne sont toutefois pas repassées au-dessus de leur niveau de 2022.

Royaume-Uni : les cours se raffermissent pour Pâques

Le cours de l’agneau britannique a décollé à l’approche du Ramadan et cette hausse s’est accentuée avec Pâques. En semaine 14, à 6,90 €/kg, il avait retrouvé le niveau de l’an dernier, mais se situait encore 0,57 €/kg sous celui de 2022. La demande a été raffermie par les festivités religieuses, ce qui a allégé le marché britannique et permis le redressement de la cotation.

La production britannique de viande ovine, à 22 000 t en février 2023, a cru de +6% d’une année sur l’autre. Les effectifs d’agneaux abattus ont bondi (+12% /2022) en raison de reports plus élevés d’agneaux de 2022 sur 2023 en lien avec la sécheresse de 2022 et le coût élevé des aliments achetés, mais leurs carcasses se sont de nouveau allégées (-1 kg). Les abattages de réformes ont également progressé (+4%), avec un poids de carcasse moyen de nouveau en franc recul (-1,5 kg).
Malgré la baisse de la demande de viande d’agneau dans de nombreux pays déficitaires, pour cause d’inflation, les exportations britanniques de viande ovine ont bondi en janvier 2023, de +48% /2022, dont +46% vers la France. Rappelons qu’en janvier 2022, ces envois britanniques n’avaient pas totalement repris (effet Brexit).
Le même mois, les importations britanniques de viande ovine ont en revanche chuté de -38% /2022, et ont été divisées par deux en provenance de Nouvelle-Zélande.

Irlande : les cours peinent à se redresser malgré une reprise de la demande

Après plusieurs semaines de pression à la baisse sur les prix des Hoggets, la situation s’est améliorée début mars, avec une reprise des commandes pour le Ramadan, puis pour Pâques.
En semaine 14, à 6,95 €/kg, la cotation des Hoggets a gagné 15 centimes d’une semaine sur l’autre, mais se situait toutefois 45 cents sous son niveau de 2022. Les premières sorties des agneaux de nouvelle saison ont été observées et la cotation associée, pour la semaine 14, était enregistrée à 7,80 €/kg, soit -0,55 € /2022.
Pour Pâques, la cotation s’est redressée, mais est restée sous son niveau de 2022, illustrant probablement une demande (marché intérieur et export) certes haussière, mais cependant bien inférieure à l’offre disponible.

Sur les 14 premières semaines de 2023, les abattages d’ovins ont progressé de +5% /2022, à 766 000 têtes, en agneaux (+5% /2022) à 691 000 têtes comme en réformes (+10% /2022). Sur le seul mois de mars, les abattages d’ovins irlandais ont bondi de +12% /2022, sans doute en lien avec le calendrier de Pâques : une semaine plus tôt qu’en 2022.
Grace à une production haussière, les exportations de viande ovine irlandaise ont de nouveau progressé en janvier 2023, de +5% /2022, à 4 400 téc. Stables vers le Royaume-Uni et la France, elles ont augmenté vers d’autres pays de l’UE (Allemagne, Italie, Pays-Bas …).

Espagne : sursaut des importations d’agneaux français

Le cours de l’agneau espagnol a augmenté deux semaines avant le début du Ramadan, puis a continué de croître jusqu’à Pâques. En semaine 14, il s’établissait à 7,24 €/kg, soit +0,41 € /2022 et +0,97 € /2021.

En janvier 2023, la production abattue a légèrement augmenté (+0,6% /2022). Le repli des effectifs d’agneaux abattus (-1%) a été plus que compensé par la hausse des réformes (+9%), même si les poids de carcasse ont diminué pour ces deux catégories.
Les envois d’agneaux vivants espagnols ont bondi en janvier, de +63% /2022, notamment vers la Jordanie, tandis que les expéditions de réformes ont reculé de -19%. Dans le même temps, les importations d’agneaux ont aussi bondi, principalement en provenance de France.
Les exportations de viande ovine ont quant à elles progressé en janvier (+34% /2022), en grande partie du fait d’un fort regain des flux vers la France (+16%).

Nouvelle-Zélande : la production reste contrainte en février

En février, la production de viande ovine néozélandaise a de nouveau reculé d’une année sur l’autre, de -8% /2022, à 44 000 t : les effectifs d’agneaux abattus ont baissé de -13%, à 1,7 M de têtes, et ceux des réformes de -3%, à 479 000 têtes.
En février 2023, les exportations de viande ovine ont fléchi, de -10% /2022, à 40 000 téc, malgré la reprise des ventes à la Chine (+4%), et le rebond vers les Pays-Bas (+44%). Elles ont revanche chuté vers le Royaume-Uni (-42%), la Malaisie (-80%), l’Allemagne (-47%), la France (-30%) …
Beef and Lamb NZ prévoit une baisse des sorties d’agneaux, de -8% à 20,5 M de têtes, et des brebis reproductrices destinées à l’export, de -6%, lors de la campagne 2022-2023 qui s’achève en septembre. De telles baisses résultent surtout d’une année climatique particulièrement sèche. Ces conditions ont entraîné une baisse des exportations de viande ovine. Les dégâts causés par le cyclone Gabriel, qui a touché l’île du Nord, pourraient amputer encore davantage la production ovine.