Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 366 Novembre 2024 Mise en ligne le 23/11/2024

Les cours des broutards se sont stabilisés ces dernières semaines alors même que les prix des JB ont continué à croître partout en Europe. Les exportations ont progressé depuis le début de l’année malgré l’érosion durable des disponibilités suite à la décapitalisation allaitante. Depuis début octobre, les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie compliquent les envois de broutards et inquiètent les opérateurs.

La hausse saisonnière des sorties stabilise les cours

Après plusieurs semaines de rebond, les cours des broutards se sont stabilisés malgré la hausse marquée des cotations des jeunes bovins partout en Europe. Les disponibilités d’animaux prêts pour l’export sont un peu plus importantes que les mois précédents, comme chaque année à l’époque de la rentrée en étable, mais cela ne devrait pas durer. Et les stocks restent bien plus bas que lors des automnes précédents (cf plus loin).

Les cours des Charolais ont dépassé leur niveau de 2018 et restent très supérieurs aux niveaux très déprimés de 2020. Le Charolais U de 350 kg cotait 2,70 €/kg vif en semaine 44, dépassant de 22 centimes la très faible cotation 2020 (+9%) et de 9 centimes celles de 2019 (+4%). Le Charolais U de 450 kg s’est quant à lui stabilisé à 2,56 €/kg (+24 cts /2020 et +13 cts /2019).

La cotation du Limousin E de 350 kg est stable à 2,81 €/kg depuis quatre semaines (+4% /2020, mais -3% /2019), tandis que les cours du Croisé R de 300 kg ont gagné +10 centimes pour atteindre 2,60 €/kg en semaine 44 (+11% /2020 et +3% /2019).

Les cours des laitonnes se sont également stabilisés. La Limousine E de 270 kg cotait 2,90 €/kg en semaine 44 (+6% /2020) et la Charolaise U de 270 kg 2,68 €/kg (+3%). La demande en femelles reste ferme.

Une offre durablement en baisse

Les naissances de veaux de mère allaitante se sont un peu redressées au mois de septembre. A 318 000 têtes, elles étaient en hausse de +1,9% /2020 (+6 000 têtes) et de +3,5% /2019. Cependant, en cumul depuis le début janvier 2021, elles restent en net recul de -3,7% /2020 (-99 000 têtes) et de -2,4% /2019.

La baisse des naissances s’explique d’abord par la décapitalisation du cheptel allaitant, mais aussi par les mauvaises conditions de mise à la reproduction durant le printemps et l’été 2020, marqués par une forte sécheresse. La décapitalisation allaitante s’est accélérée depuis le début de l’année : les évolutions du nombre de vaches de type viande en BDNI sont passées de -1,4% /2020 au 1er janvier à -2,5% /2020 au 1er octobre (-95 000 vaches). Les vêlages de primipares ont quant à eux reculé de -7% /2020 sur les 9 premiers mois de l’année.

Les effectifs de mâles de race allaitante de 6-12 mois présents dans les élevages sont saisonnièrement plus élevés à l’automne. Cependant, avec 757 000 têtes au 1er octobre, ils étaient en repli de -1% /2020 et 2019. L’offre de broutards ne devrait pas s’étoffer dans les prochains mois : les stocks de mâles allaitants de 0 à 6 mois sont en forte baisse, à 650 000 têtes au 1er octobre soit -6% /2020 et -5% /2019, conséquemment au recul des naissances.

Les exportations sont robustes depuis le début de l’année

115 000 bovins viande de 4-16 mois ont été exportés en septembre (s35-39), en recul de -2% /2020 et de -9% /2019. Les femelles représentaient 30% des envois de la période (32% l’an passé à la même époque) et 34,2% des envois depuis le début de l’année (34,5% sur les 9 premiers mois 2020).

En cumul jusqu’à la semaine 42 (semaine du 18 octobre) les exports sont restés dynamiques avec 926 000 têtes expédiées à l’étranger (+3% /2020 et = /2019). La demande pour les broutards français n’a pas fléchi.

D’après les Douanes, 669 500 broutards ont été envoyés en Italie sur les 9 premiers mois de l’année, soit autant qu’en 2020 et en hausse de +2% /2019. Les envois de mâles de plus de 300 kg ont reculé de -5% /2020, tandis que les exportations de femelles de plus de 300 kg et de bovins de160-300 kg ont progressé respectivement de +13% et de +6%.

Les envois vers l’Espagne se sont effondrés de -30% /2020 en septembre : seuls 7 000 broutards ont été exportés. Le marché a été fortement perturbé par les changements de règles concernant la vaccination contre la FCO : depuis le 1er septembre, pour les animaux âgés de plus de 70 jours, seuls ceux vaccinés sont acceptés en Espagne. Sur 9 mois, les exportations se sont globalement maintenues d’une année sur l’autre (+1% /2020), mais elles sont en net recul de -24% /2019. A contrario, les exportations françaises de veaux nourrissons, principalement destinés au marché espagnol, ne faiblissent pas (Voir article Veaux nourrissons) : les engraisseurs espagnols remplacent les achats de broutards par l’importation de veaux laitiers malgré la hausse des coûts de l’alimentation.

Les exportations vers les pays tiers sont très dynamiques depuis le début de l’année (+26% /2020 sur 9 mois) grâce à la forte hausse des envois vers Israël (17 000 têtes, x2,5). En cumul sur 9 mois, les envois vers l’Algérie étaient en hausse de +6% par rapport à une année 2020 marquée par la chute des cours du pétrole et une insuffisance de devises. Ils restent néanmoins inférieurs de -17% à leur niveau record de 2019.

Perturbation des envois vers l’Algérie

Les envois vers l’Algérie sont de nouveau perturbés depuis début octobre en raison de la crise diplomatique avec la France. En réaction à l’annonce de la France de restreindre les conditions d’attribution des visas aux ressortissants des pays du Maghreb, l’Algérie a pris plusieurs mesures dont l’arrêt de l’octroi de nouvelles licences d’importations pour les produits français. Les envois de broutards ont pu continuer en octobre grâce aux licences déjà attribuées mais ils pourraient être stoppés dans les prochaines semaines si les tensions entre les deux pays ne s’apaisent pas.