Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

L’année 2022 s’est terminée avec un bilan contrasté entre les deux hémisphères et les deux semestres. Si la collecte a terminé l’année en hausse dans l’hémisphère Nord au 2ème semestre, celle de l’hémisphère Sud était toujours en territoire négatif. Les tendances du début d’année 2023 restent pour le moment inchangées.

États-Unis : des exports en forte hausse grâce à une collecte dynamique

La collecte étatsunienne ressortait en hausse de +1,3% au mois de janvier /2023, grâce à une hausse du cheptel (+0,4% à 9,4 M de têtes) et une amélioration des rendements (+0,9% /2022).

Toutefois, selon des analystes locaux, cette dynamique pourrait s’essouffler dans les mois à venir car il sera plus difficile d’aller chercher des marges de progression dans le contexte actuel. En effet, les prix du lait ont baissé au mois de janvier (-6% en un mois et -5% /2022) face à des coûts alimentaires stables et toujours élevés (+20% /janvier 2022). La marge sur coût alimentaire s’est donc dégradée en janvier de -20% en un mois et de -31% /2022. Dans le même temps, les abattages de vaches laitières semblent s’accélérer (+14% /2022) ainsi que ceux des génisses (+7%).

Par ailleurs, de très fortes pluies se sont abattues en février et mars sur la Californie, rendant moins propice la production laitière (collecte stable en janvier).

Les volumes supplémentaires collectés, notamment dans la région des Grands Lacs (+1,6% dans le Wisconsin en janvier), ont été principalement orientés vers les fabrications de fromages (+3,2% au mois de janvier /2022 à 548 000 t), mais également vers les ingrédients beurre et poudre maigre (respectivement +3,8% soit 91 000 t et +2,8% soit 99 000 t).

Les fabrications de produits de grande consommation comme certains produits frais (yaourts et fromages blancs notamment) et les glaces ont augmenté par rapport à l’an dernier. Après les effets du covid-19 et de l’inflation alimentaire, l’index de performance des restaurants (RPI) semble se reprendre indiquant une meilleure fréquentation des restaurants. Les opérateurs espèrent donc un sursaut de la consommation nationale de produits laitiers dans les prochains mois.

Par ailleurs, les exportations ont conservé leur dynamisme en janvier (+11% /2022 en MSU pour les 6 principaux produits). Les envois de fromages étaient toujours en hausse (16% /2023 à 34 000 t) notamment vers le Mexique (+21%) et le Japon (+35%). Les exportations de poudre maigre ont le même mois augmenté de +15% à 68 000 t, avec un quasi doublement des volumes vers le Mexique, principal importateur.

Néanmoins, le dynamisme des exports n’a pas suffi à absorber l’intégralité des hausses de fabrications. Les stocks sont donc en nette hausse en beurre (+20% à 120 000 t), en poudre maigre (+5% à 126 000 t) et demeurent en fromages sur les mêmes niveaux record que l’an dernier (654 000 t).

Nouvelle-Zélande : rebond de la collecte en janvier, principalement dans l’île du Nord

La collecte en Nouvelle-Zélande s’est reprise au mois de janvier de +1,2% /2022. Selon des analystes locaux, elle aurait été en hausse de +4,4 % dans l’île du Nord et en léger repli de -0,7 % dans l’île du Sud. La production de lait dans l’île du sud est rendue plus stable par la très forte utilisation de l’irrigation. Dans l’île du Nord, les éleveurs ont davantage recours à de la complémentation en maïs et en tourteau. En 2022, les importations de tourteaux de soja et de palmiste (kernel) ont augmenté de +13% à 2,4 Mt.

Australie : une production en chute libre

La collecte australienne a encore chuté en janvier de -3,6% /2022 et de -6,6% depuis le début de la campagne (juillet 2022 à juin 2023). Seule la Tasmanie semble résister avec une hausse de +6,2% en janvier et +0,7% sur 7 mois (14% de la production nationale). Autrement, le Victoria (61% de la production de lait nationale) enregistre un fort repli (-5% en janvier et -7% sur la saison), tandis que le New South Wales (12% de la production nationale) subit un recul de -11% en janvier à cause de fortes inondations. 

Dans ce contexte, les exportations australiennes sont en fort recul au mois de janvier : -42% d’une année sur l’autre en fromages à 7 600 t, -69% en beurre à 800 t, -50% en poudres grasses à 2 600 t et -23% en poudre maigre à 11 000 t.

Argentine : les fortes chaleurs limiteront certainement la dynamique actuelle

La hausse des prix du lait en Argentine a incité les éleveurs à augmenter la complémentation des vaches et conduit à une progression de la collecte en janvier (+3% /2022)

Cependant, les températures à la fin de l’été austral sont exceptionnellement élevées, proches ou supérieures à 30°C depuis plusieurs semaines dans le bassin laitier alors que l’automne austral a démarré. Les pluies attendues sont très faibles. Cette météo est problématique tant pour les vaches que pour les récoltes de maïs et de soja.