Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 359 Mars 2024 Mise en ligne le 25/03/2024

En janvier, le prix du lait dans l’UE-27 a atteint des niveaux inédits, dans le sillage de la flambée des cours des ingrédients laitiers. Cette envolée du prix du lait n’a pas encore permis de relancer la collecte, qui a de nouveau reculé en janvier. Le conflit en Ukraine pourrait entraver le redressement attendu de la production, en renchérissant le prix de l’aliment acheté.

En janvier, la collecte de l’UE-27 a reculé pour le 5ème mois consécutif (-0,7% /2021, soit environ -80 000 t), en comparaison d’une collecte déjà atone l’an dernier à pareille époque. La collecte recule de 1,7% par rapport à janvier 2020.

La situation est la même que ces derniers mois, avec une baisse sensible des livraisons dans les principaux pays producteurs, partiellement compensée par la hausse des livraisons dans certains pays secondaires, dans lesquels la production reste dynamique. Les collectes françaises (-1,9%, soit -41 000 t), néerlandaises (-2,7%, soit -32 000 t) et allemandes (-2,7%, soit -68 000 t) ont poursuivi leur décrochage. Au creux saisonnier des lactations, la collecte irlandaise a reculé (-4,1% /2021). Cette baisse devrait rester anecdotique au regard des perspectives de croissance dans un pays où le cheptel devrait continuer de s’étoffer en 2022 d’après Teagasc.

A l’inverse, après un deuxième semestre 2021 peu dynamique, la collecte a rebondi en Pologne en janvier (+2,7%, soit +30 000 t). Les collectes espagnoles (+1,8%) et italiennes étaient également à la hausse en début d’année.

Une reprise de la collecte européenne remise en question ?

La flambée des cours de l’aliment devrait peser sur la productivité laitière partout en Europe. Les pays du Sud de l’Europe, Espagne et Italie en tête, sont particulièrement vulnérables à la flambée des coûts de l’aliment. Largement dépendants des exportations ukrainiennes pour leur alimentation animale, ils seraient même sujets à des risque de ruptures d’approvisionnement, qui pourraient obliger certains éleveurs à réduire leur cheptel. Ces pays pourraient donc perdre temporairement leur rôle de locomotive, alors qu’ils ont été parmi les moteurs de la croissance de la collecte européenne depuis la suppression des quotas laitiers en 2015.

Le prix du lait de l’UE-27 poursuit son envolée

En janvier, d’après le MMO, le prix du lait en UE-27 a atteint 420 €/t (+21% /2021), un nouveau record, et aurait poursuivi sa progression en février, mais moins rapidement (+0,6%, à 422 €/t). Cette progression est bien sûr liée à la flambée de la valorisation du lait transformé en beurre/poudre maigre qui a atteint 530 €/1 000 l fin février. Deux groupes de pays se distinguent : les pays de l’Europe du Nord, exportateurs d’ingrédients laitiers, voient leur prix bondir d’environ +30% sur un an : les Pays-Bas (450 €/t), le Danemark (437 €/t), la Belgique (457 €/t), l’Irlande (490 €/t) et l’Allemagne dont le prix payé atteint 430 €/t. La revalorisation des prix est moins spectaculaire dans les pays dont la production laitière est davantage tournée vers leur marché intérieur (+9 % /2021 en Espagne, +13% en France) ou vers la fabrication de fromages de garde (+11% en Italie).

Poursuite du recul des livraisons en Allemagne

En Allemagne, les livraisons se sont établies à 2,6 Mt en janvier (-2,5% /2021). D’après les sondages hebdomadaires d’AMI, la collecte allemande s’est rapprochée de son niveau de l’an dernier en février, mais demeure en retrait (-1% /2021).

A 408 €/1 000 l en janvier, le prix standard (38-32) conventionnel allemand poursuit son envolée (+13 € sur un mois, +87 € /2021).

En Espagne, la filière laitière est paralysée par la grève des transports

En Espagne, les livraisons se sont élevées à 7,5 Mt en 2021, en hausse de +1% par rapport à 2020, malgré la forte baisse du cheptel (-2,8% /2020). La production continue de se concentrer en Galice, qui rassemble 40% de la collecte nationale.

La collecte restait nettement en hausse en ce début d’année (+1,8% en janvier), mais la grève des transports à l’œuvre depuis début mars paralyse le secteur laitier, affectant tous les maillons de la filière, en premier lieu celui de la collecte. L’activité a même été interrompue dans de nombreux sites de transformation laitière. Cette situation porte un coup supplémentaire à une filière déjà particulièrement vulnérable face à la hausse du prix des intrants, et en particulier de l’aliment acheté, dont les exploitations espagnoles sont très dépendantes.

Dans ce pays, à l’instar de la situation française, le prix a progressé moins vite que la moyenne européenne en 2021, mais amorce une hausse plus significative depuis la fin de l’année 2021. En janvier 2022, le prix du lait moyen est de 360 €/t (+9% /2021). Ce prix cache toutefois de fortes disparités entre les régions. Le prix en Galice ne s’élevait qu’à 348€ /t en janvier.