Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Au Royaume-Uni la hausse des disponibilités a pesé face à une modeste demande, si bien que la cotation a baissé au lieu de croître de façon traditionnelle. Celle-ci s’est doucement redressée à une semaine de Pâques. En Irlande, où l’offre est aussi dynamique depuis le début d’année, la hausse du cours a été plus modérée qu’en 2021. En Nouvelle-Zélande, le variant Omicron perturbe depuis mars les chaînes d’abattage et la logistique pour l’export..

Royaume-Uni : léger redressement de la cotation une semaine avant Pâques

En février 2022, la dynamique était toujours à la hausse et la production de viande ovine britannique a ainsi bondi de +14% /2021, à 21 000 t, grâce à l’augmentation conjointe des abattages d’agneaux (+10% /2021 à 865 000 têtes), et de réformes (+10% à 96 000 têtes) ; le tout conjugué à la forte hausse du poids moyen des carcasses (+0,8 kg / février 2021).

Face à ce disponible accru, les exportations britanniques de viande ovine ont repris (+13% en janvier) par rapport au niveau exceptionnellement bas enregistré en 2021, selon le HMRC. A 4 250 téc, les volumes exportés sont toutefois nettement inférieurs à ceux de 2020 (année pré-Brexit). Les importations ont dans le même temps progressé de +12% /2021, à 4 950 téc, venant compléter le disponible.

La cotation britannique a chuté, de -0,27 € /2021, à 6,88 €/kg en semaine 14, au lieu d’entamer sa traditionnelle hausse saisonnière jusqu’à Pâques. Toutefois, elle se situe encore à des niveaux historiquement élevés, supérieure de +1,86 € à celle de Pâques 2020, dans un contexte de marchés perturbés par la pandémie et le confinement.

Irlande : la cotation croît mais reste sous son niveau de 2021

En Irlande, face à une demande dynamisée, la cotation de l’agneau lourd a augmenté début mars, à quelques semaines du Ramadan et de Pâques. A 7,40 €/kg en semaine 14, elle était proche de son niveau de Pâques 2021 (- 0,20 €/kg), mais très élevée par rapport au creux de 2020 (+2,0 €/kg).

De janvier à début avril, les abattages d’Hoggets étaient abondants, en hausse de +14% /2021. Ceux des brebis réformées étaient à l’inverse 4% en-dessous des niveaux de 2021. Des agnelles sont aussi venues compléter les approvisionnements peu avant les pics de demande. Les flux d’agneaux nord-irlandais vers le sud de l’île se sont améliorés comparé à leurs bas niveaux du 1ersemestre 2021, totalisant 71 700 agneaux, soit +28% /2021. Les premiers agneaux de nouvelle saison ont été abattus.

Dans les semaines à venir, Bord Bia prévoit une bonne adéquation de l’offre à la demande.

Espagne : pas de hausse des cours à l’approche de Pâques

En Espagne, la cotation de l’agneau lourd est au beau fixe bien qu’elle n’ait pas progressé à l’approche de Pâques, faute d’exportations suffisantes. La demande en France, 1er client en viande ovine, est demeurée modeste ; les ventes sont plutôt encouragées vers les pays tiers, avec le Ramadan du 2 avril au 2 mai. Les envois de vifs espagnols seraient par ailleurs en forte hausse, surtout vers la Jordanie. Ils auraient toutefois diminué vers les pays arabes une fois le Ramadan commencé. La consommation intérieure a été jusque-là discrète (inflation + météo défavorable), mais elle devrait s’activer pour Pâques.

A 6,88 €/kg en semaine 13, la cotation espagnole se situe toutefois nettement au-dessus du niveau des années précédentes : +0,61 € /2021 et +0,92 € /2020.

La production de viande ovine est demeurée dynamique jusqu’à Pâques, en hausse de +11% /2021, à 7 948 téc, selon le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation (MAPA).

La filière ovine espagnole est dynamique : elle souhaite à la fois un développement à l’international, avec la naissance de la marque « Beef & Lamb from Spain », mais aussi s’améliorer sur divers axes (alimentation, bien-être, etc.) avec la création du centre d’innovation ovin de Zamora.

Nouvelle-Zélande : perturbations logistiques dues à Omicron

En Nouvelle-Zélande, le variant Omicron du Covid-19 a atteint son apogée début mars, au pic de production d’agneaux. Les abattoirs sont confrontés à des pénuries de personnel qui ralentissent les abattages et allongent les files d’attente et les stocks en élevage. Les sorties sont ainsi retardées et la campagne d’abattages s’allonge, avec un décalage de près de 11 semaines pour les élevages de l’île du Sud (sorties jusqu’à la mi-juillet).

Parallèlement, la disponibilité réduite en conteneurs réfrigérés limite d’autant plus les capacités à l’export. De plus, le nombre de ports où faire escale a presque diminué de moitié.

En février 2022, la production abattue en Nouvelle-Zélande a ainsi de nouveau chuté, de -13% /2021, à 47 420 téc. Les exportations de viande ovine ont en conséquence diminué de -12% d’une année sur l’autre, pour tomber à 44 640 téc en février 2022. Les envois ont de nouveau baissé vers la Chine (- 25%) comme vers le Royaume-Uni (-7%), tandis qu’ils ont rebondi vers l’UE à 27 (+23%). Les expéditions vers l’Amérique du Nord, jusqu’alors plutôt dynamiques, ont diminué de -14%.