Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 358 Février 2024 Mise en ligne le 23/02/2024

Viandes bovines

Baisse des exports faute de disponibilité

Malgré son ralentissement depuis le deuxième semestre 2023, la décapitalisation se poursuit avec deux effets pour toutes les catégories d’animaux : réduction des disponibilités pour l’abattage et l’export et soutien des cours faute d’offre.

Ainsi, seuls les abattages de jeunes bovins étaient en hausse de +5% /2023 en janvier, conséquence des mises en place dynamiques en 2023, toutes les autres catégories connaissant des baisses malgré des cours élevés. Les exportations françaises de viande et de vif étaient également en baisse en 2023 : -16% /2022 pour la viande bovine, -7% pour les broutards et -5% pour les veaux laitiers. Couplée à des prix de vente durablement élevés après deux ans d’inflation, cette situation a pour autre conséquence une diminution de la consommation de viande bovine.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Malgré le ralentissement, l’inflation est toujours présente

Si l’inflation alimentaire a ralenti, le pouvoir d’achat des ménages reste affecté par la hausse des prix des services et de l’énergie. En 2023, le commerce extérieur français de viande bovine a reculé, tout comme la consommation calculée par bilan.

Ralentissement de l’inflation

Le début de l’année 2024 a vu la poursuite du ralentissement de l’inflation en France. D’après l’INSEE, Le rythme de progression de l’indice général français des prix à la consommation harmonisé (IPCH) avait de nouveau diminué en janvier 2024, à +3,4% sur un an (contre +4,1% en décembre 2023). Ce constat est également vrai pour l’alimentaire (+5,8% sur un an en janvier contre +7,4% un mois auparavant) et pour les viandes de bœuf et de veau (+2,2% sur un an contre +3,2% un mois auparavant).

Cette baisse du rythme de l’inflation sur un an des prix alimentaires comme des viandes de bœuf et de veau est également observé dans l’ensemble l’UE.

Mais si un ralentissement généralisé de l’inflation a été observé ces derniers temps, ce mouvement pourrait se stabiliser dans les mois à venir, notamment en France. D’après l’INSEE, l’inflation générale devrait osciller autour de +2,5 % sur un an à partir du printemps. Jusqu’ici, l’alimentation avait été la principale contributrice à l’inflation globale entre septembre 2022 et septembre 2023. Dès avril 2023 cependant, l’inflation sur les produits alimentaires a décéléré et ce mouvement devrait se poursuivre jusqu’en juin 2024. D’après les estimations de l’INSEE, l’inflation alimentaire s’établirait ainsi à +1,5% sur un an en juin 2024, contre +5,8% en janvier. Ce sont désormais les prix des services et dans une moindre mesure de l’énergie qui devraient soutenir l’inflation

Jusqu’ici, l’inflation a concerné tous les circuits

Tous les circuits de commercialisation de produits alimentaires ont été affectés par l’inflation. C’est notamment le cas de la RHD, avec une inflation sur un an sur l’ensemble du secteur de +4% en janvier 2024. Cette progression concernait notamment les restaurants et les cafés (+5% /2023), la restauration rapide (+4%) et également les cantines (+3%).

Mais, fait notable, la progression du chiffre d’affaires du secteur est jusqu’ici restée supérieure à celle des prix, reflétant son dynamisme.

L’inflation générale sur un an des prix au détail dans les rayons alimentaires (et petit bazar) a poursuivi sa décrue en janvier 2024. Elle restait toutefois soutenue, à +5,6% /janvier 2023 (contre +7,2% un mois auparavant).

Cependant, ralentissement de l’inflation n’est pas synonyme de baisse des prix : les prix au détail restent bien au-delà des prix pratiqués avant le début de la période de forte inflation :  l’inflation cumulée à 2 ans oscillait toujours autour de 19-20% en janvier 2024.

D’après Circana, cette hausse des prix participait toujours à la hausse en valeur des ventes au détail des produits de grande consommation et de frais libre-service (PGC-FLS) au début de 2024. Elle pesait cependant sur les ventes en volume. En cumul sur les 6 premières semaines de 2024, les ventes de PGC étaient en hausse en valeur par rapport à l’année dernière (+3% /2023) mais en baisse en volume (-2% /2023).

Le phénomène de descente en gamme observé en 2023 sur les ventes au détail de viande bovine hachée était toujours d’actualité début 2024. Les consommateurs ont partiellement reporté leur consommation de viande hachée depuis le frais vers le congelé, moins cher. D’après Circana, sur les 5 premières semaines de 2024, les ventes en valeur sur un an de bœuf haché surgelé ont progressé (+4% /2023) contrairement à celle du frais (-1% /2023).

Moins d’export de viande bovine pour la France, mais aussi moins d’import

En décembre 2023, les échanges français de viande bovine ont été à nouveau en retrait, du côté importations (-11% /2022 à 29 000 téc) comme du côté des exportations (-4% à 20 000 téc).

Même constat en cumul sur l’année 2023 d’après les Douanes françaises :

  • 217 000 téc de viande bovine ont été exportées (-11% /2022 et -13% /2021) . Toutes les destinations ont été affectées par la baisse à l’exception de la Grèce (+1% /2022 à 34 000 téc), où les exportations avaient cependant été limitées en 2022.
  • 359 500 téc ont été importées (-6% /2022 mais +14% /2021). Seuls les flux depuis la Belgique (+11% /2022 à 30 500 téc) et l’Espagne (+4% à 20 500 téc) ont progressé.

Attention toutefois, les échanges sont affectés par des flux « parasites » avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas depuis la mise en œuvre du Brexit. Des opérateurs néerlandais font dédouaner des viandes britanniques en France avant réexportation vers les Pays-Bas (cf. infra).

Le disponible consommable en repli sur 2023

En décembre 2023, la consommation calculée par bilan était en retrait sur an pour le 9ème mois consécutif. D’après nos estimations, elle atteindrait 1,45 million de téc en cumul sur l’ensemble de 2023, en retrait par rapport aux années précédentes (-4% /2022 et -3% /2021).

Hors effets du Brexit, la part des importations dans le disponible consommable en France sur la même période était en léger retrait (25,0% en 2023 contre 25,7% en 2022).

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée.

Depuis l’instauration des nouvelles procédures douanières entre l’UE et le Royaume-Uni en 2021 en lien avec le Brexit, les échanges français de viande bovine sont affectés. Pour faciliter les procédures, plusieurs exportateurs britanniques font dédouaner leurs viandes en France avant de les réexpédier vers les Pays-Bas. Après correction de ces flux « parasites », le niveau d’import dans le disponible consommable sur l’ensemble de 2023 serait de 23,0% contre 23,7% en 2022.

Viandes bovines » Gros bovins » France »

Offre toujours en retrait

Les abattages de gros bovins sont en nette baisse sur les 6 premières semaines de l’année (-4%), conséquence de la décapitalisation. Les cours sont orientés à la hausse. Les charges restent élevées.

Cheptels en baisse au 1er janvier

L’année 2024 démarre avec des cheptels de vaches en baisse. La France comptait 3,496 millions de vaches allaitantes (-1,9% /2023) au 1er janvier 2024 ainsi que 3,374 millions de vaches laitières (-1,6%). Certes, on assiste depuis plusieurs mois à un ralentissement de la décapitalisation dans les deux cheptels, mais le recul reste significatif. Depuis le 1er janvier 2018, la France a perdu 476 000 vaches allaitantes et 367 000 vaches laitières.

Recul du nombre de bovins à abattre

Sur les 6 premières semaines de l’année, le nombre de gros bovins abattus a baissé de -4% par rapport à 2023 d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev. Comme depuis plusieurs mois, le recul est très fort pour vaches de races à viande (-7% /2023) ainsi que pour les vaches laitières (-6%). La baisse est moins forte pour les jeunes bovins laitiers (-2%) ainsi que pour les bœufs (-2%). Les abattages de jeunes bovins de type viande enregistrent une stabilité, grâce à la redynamisation de l’engraissement en France et les abattages de génisses une légère hausse (+2%).

Hausse des cours des jeunes bovins

Les jeunes bovins voient leurs cours progresser dans le sillage d’un marché européen qui s’est quelque peu allégé avec le redémarrage des ventes en carcasse vers la Turquie. La France elle-même a exporté 6 600 téc en 2023 vers la Turquie et il semblerait que les flux se maintiennent début 2024.

La cotation du JB U, à 5,54 €/kg de carcasse en semaine 7, a gagné 14 centimes depuis le début de l’année et a redépassé son niveau de 2023 (+1% /2023 et +14% /2022). Celle du JB R est remontée à 5,39 €/kg (= /2023 mais toujours +15% /2022). Dans le sillage des vaches laitières et dopée par une offre toujours réduite en JB de type lait, la cotation du JB O a regagné 18 centimes depuis le début de l’année pour remonter à 4,91 €/kg (-2% /2023 mais toujours +21% /2022).

Les cotations des vaches soutenues par le manque d’offre

La forte baisse de l’offre à abattre permet de soutenir les cours des vaches. La vache R a gagné 3 centimes en un mois pour atteindre 5,44 €/kg en semaine 7 (+1% /2023 et +17% /2022). La vache O a gagné 12 centimes à 4,49 €/kg (-7% /2023 et +10% /2022) et la vache P 14 centimes à 4,17 €/kg (-10% /2023 et +5% /2024).

Les charges restaient élevées en décembre

En décembre 2023, l’IPAMPA viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015) a poursuivi sa décrue mais s’établissait toujours à 131,7 points (-5% /décembre 2022, mais toujours +9% /2021). L’indice des prix des aliments achetés était à -10% /2022 et +13% /2021 et celui des énergies et lubrifiants s’était replié après le pic de septembre à 162,9 (-3% /2022 et +21% /2021).

Viandes bovines » Jeunes bovins » Europe »

L’approche du Ramadan dynamise le marché

La Turquie, en manque de viande, a rouvert son marché en 2023 et l’Algérie vient de rouvrir le sien à la viande espagnole. La perspective du début du Ramadan le 10 mars dynamise le marché, alors que l’offre en Europe est plus que limitée.

La Turquie aux achats

En manque de viande et pour faire face à la très forte inflation dans un contexte électoral, le gouvernement turc a rouvert son marché à la viande bovine européenne en 2023. Les flux semblent se tenir en ce début d’année, d’autant que l’approche du Ramadan (qui débutera le 10 mars) fait grimper la demande et les prix.

La Turquie a importé 38 000 téc de viande bovine en 2023, contre seulement 3 000 en 2022. C’est la Pologne qui a le plus profité de cet appel d’air, avec 28 000 téc expédiées, suivie de la France avec 7 000 téc.

Le pays a par ailleurs importé 725 000 bovins vivants (hors reproducteurs) en 2023, contre 94 000 en 2022. Ces bovins – essentiellement des bovins d’engraissement – provenaient majoritairement d’Amérique du Sud : 391 000 têtes du Brésil et 208 000 têtes d’Uruguay. L’Union européenne a fourni 121 000 têtes (dont 37 000 de République Tchèque, 31 000 de Hongrie, 19 000 de Roumanie et 10 000 d’Irlande). En janvier 2024, le gouvernement turc a décrété un contingent de 600 000 bovins d’engraissement pour l’année, contingent qui pourra être revu éventuellement en fonction de la situation sur le marché intérieur.

ITALIE : les cours toujours sur des niveaux record

En Italie, la faiblesse de l’offre en jeunes bovins finis, liée au recul des envois de broutards français en 2023, permet de maintenir les prix à un niveau record, d’autant que la consommation ne semble pas fléchir. Le mâle limousin cotait 3,80 €/kg vif en semaine 7 (+2% /2023 et +18% /2022), le mâle charolais Extra cotait 3,65 €/kg vif (+1% /2023 et +16% /2022) et le mâle charolais Prima Qualità 3,54 €/kg (+1% /2023 et +16% /2022).

La consommation italienne de viande bovine s’est bien tenue en 2023. Le panel ISMEA-NielsenIQ a enregistré une hausse de +0,6% /2022 des volumes achetés par les ménages. En valeur, les ventes au détail de viande bovine ont progressé de +6,5%.

ALLEMAGNE : marché équilibré

En Allemagne, le marché du jeune bovin est équilibré d’après les experts d’AMI : une demande modérée face à une offre plutôt restreinte. Les sorties de JB devraient diminuer en 2024 compte tenu des faibles effectifs à l’engraissement. L’enquête cheptel de novembre recensait en effet 836 000 mâles de 1 à 2 ans (-1,6% /2022) et 389 000 mâles de 8-12 mois ( -5,5%).

Sur les 6 premières semaines de l’année, les abattages de jeunes bovins en Allemagne étaient en recul par rapport aux années précédentes (-2% /2023 et -3% /2022).

POLOGNE : bonne tenue des cours

En Pologne, la baisse de production et le regain de demande à l’export permet de maintenir les cours à des niveaux supérieurs aux années précédentes.

La cotation polonaise du JB R se situait à 4,84 €/kg de carcasse en semaine 6 (+2%/2023 et +8% /2022) et celle du JB O à 4,70 €/kg (+3% /2023 ; +8% /2022).

ESPAGNE : réouverture du marché algérien et hausse des cours

Exclue des fournisseurs de l’Algérie en juin 2022 en raison d’un différend diplomatique au sujet du Sahara occidental opposant les 2 pays, l’Espagne est de nouveau autorisée à exporter ses carcasses réfrigérées. Il faut dire que la demande est ferme en Algérie à l’approche du Ramadan, dans un contexte de fermeture des importations de broutards français. Le seul facteur limitant semble être les capacités logistiques en termes de véhicules réfrigérés .

Après un fléchissement au second semestre 2023 (descente en gamme de la demande espagnole en raison du contexte économique et concurrence des viandes d’import), les prix des bovins finis espagnols repartent à la hausse. La cotation du JB U atteignait 5,22 €/kg de carcasse en semaine 6 (-5% /2023 mais +16% /2022) et celle du JB R 5,12 €/kg (-6% /2023 lais +15% /2022).

Les conditions extrêmement sèches en Catalogne inquiètent toutefois la filière et pourraient limiter les mises en place à l’engraissement en 2024 (lire l’article sur les jeunes veaux laitiers).

Viandes bovines » Femelles » Europe »

Hausse saisonnière des cours

Les cotations des réformes ont entamé leur hausse saisonnière après plusieurs années atypiques. L’amplitude de ces hausses reste variable selon les pays.

ALLEMAGNE : progression timide des cours

En Allemagne, l’inflation poursuit son ralentissement. Selon l’Office fédéral de la statistique (Destatis), le taux d’inflation, mesuré par l’évolution de l’indice des prix à la consommation (IPC) en glissement annuel, s’est établi à +2,9% en janvier 2024 (après +3,7% en décembre 2023 et +3,2% en novembre 2023). Le ralentissement concerne également la progression des prix des produits alimentaires sur un an même si les prix de l’alimentation restent, avec l’énergie, le moteur de l’inflation. Les prix des produits alimentaires ont augmenté en janvier 2024 de +3,8% /2023 contre +4,6% /2022 en décembre 2023, +5,5% en novembre ou encore +6,1% octobre.

Si l’inflation a ralenti, les prix sont restés élevés et pèsent toujours sur les achats des ménages. Sur l’ensemble de 2023, les achats en volume par les ménages de viandes, saucisses et volaille ont été en léger retrait (-0,7% /2022). Mais la structure des achats a nettement évolué avec une descente en gamme liée à la baisse de pouvoir d’achat et à l’inflation qui a concerné tous les types de viande. D’après AMI, les viandes rouges piécées, plus chères à l’achat, ont été particulièrement affectées que l’on parle de viande bovine (-2,9% /2022 en volume) ou de porc (-6,6%). Les consommateurs ont préféré acheter de la volaille (+2,8%) ou des viandes hachées mélangées (+5%), moins chères malgré les hausses de prix.

L’entame de l’année 2024 a été marquée par de faibles changements après un rebond saisonnier des abattages de réformes plutôt limité à l’automne. Sur les semaines 3 à 6 de 2024, les abattages de vaches étaient un peu plus dynamiques mais toujours limités (+5% /2023 et 2022).

D’après AMI, cette offre légèrement plus dynamique rencontre une demande plus soutenue des abatteurs allemands pour la viande de réforme, plus consommée en cette période. La cotation de la vache O est ainsi orientée à la hausse depuis plusieurs semaines. En semaine 6, elle atteignait 3,76 €/kgéc (-9% /2023 et -10% /2022). C’est 24 cts € de plus depuis le début de l’année (+7%).

POLOGNE : frémissement des cours

En Pologne, à l’instar du reste de l’Europe, les cotations des réformes ont entamé une hausse saisonnière depuis le début de l’année, d’ampleur limitée cependant. Le cours de la vache O s’est très légèrement apprécié alors que la parité euro/zloty est restée relativement stable depuis le début de l’année après le renforcement du zloty au dernier trimestre 2023. En semaine 6, elle s’établissait à 3,95 €/kg de carcasse (-1% /2023, mais +3% /2022), en hausse de 9 cts depuis le début de l’année. Le cours des réformes polonaises était ainsi équivalent au cours hollandais et toujours supérieur au cours allemand (+3%).

Après quatre années consécutives de baisse, les effectifs polonais de vaches étaient en hausse à 2,20 millions de têtes en décembre 2023 (+1,5% /2022) d’après la dernière enquête cheptel. Cette hausse est liée à la progression des effectifs de mères laitières (+1,5% /2022 à 2,07 millions de têtes), ultra-majoritaires (94% des effectifs de mères). Le cheptel de vaches allaitantes est lui resté stable à 135 000 têtes.

IRLANDE : des niveaux d’abattages élevés

En Irlande, les abattages de réformes sont restés élevés en début d’année, comme depuis le début du mois de septembre dernier, permettant de répondre à une demande dynamique du marché. D’après l’indicateur hebdomadaire du ministère de l’Agriculture irlandais, les abattages de vaches ont progressé sur les semaines 4 à 7 (+13% /2023 et +21% /2022). C’était aussi le cas pour les autres catégories à l’exception des jeunes bovins, production minoritaire en Irlande.

Les cours des vaches sont restés plutôt fermes malgré le nombre élevé de vaches abattues ces dernières semaines. La demande en réformes est plus forte en début d’année, notamment pour fournir le secteur de la transformation. En semaine 6, la cotation de la vache O s’établissait à 4,16 €/kg de carcasse (-8% /2023 mais +14% /2022). Cela représente une hausse de 14 cts depuis le début de l’année. Dans le même temps, la cotation du bœuf R a enregistré une hausse équivalente (+13 cts €), à 5,18 €/kg (+1% /2023, +13% /2022).

Côté commerce extérieur, l’année 2023 aura confirmé le recentrage des exports irlandais sur les marchés de proximité, à commencer par le Royaume-Uni. En 2023, les exportations irlandaises de viande bovine réfrigérée et congelée ont été en léger retrait par rapport à une année 2022 record, à 484 000 téc (-4% /2022, mais +2% /2021). L’enseignement majeur reste le recul du « grand export ». Les envois vers les pays tiers autres que le Royaume-Uni ne représentaient plus que 32 500 téc (-17% /2022), soit moins de la moitié du record de 2020. Les Philippines restaient le premier destinataire parmi ces pays tiers avec 8 500 téc (-46% /2022), juste devant la Chine (8 000 téc, x3,5) dont le marché a été rouvert à la viande irlandaise en 2023, malgré une fermeture en novembre 2023 liée à la découverte d’un cas d’ESB atypique.

En 2024, l’offre en réformes pourrait être relativement limitée. D’après Teagasc, après un recul en 2023, la production irlandaise de viande bovine devrait à nouveau diminuer en 2024 (-4% /2023). Et d’après la dernière enquête cheptel, les effectifs irlandais de vaches était en retrait à 2,33 millions de têtes en décembre 2023 (-2% /2022). Si le cheptel de mères laitières était stable à 1,51 million de têtes, le cheptel de vaches allaitantes était en retrait, à 819 000 têtes (-5%) dans le sillage d’une politique irlandaise moins favorable à la production de viande depuis plusieurs années.

ROYAUME-UNI : abattages et cours en hausse

Au Royaume-Uni, si les abattages de jeunes animaux (Prime Cattle) sont relativement proches de la norme des années précédentes, le rythme des abattages de vaches de réforme s’est fortement accéléré depuis le début de l’année 2024. En cumul sur les 6 premières semaines de 2024, les abattages de réforment étaient nettement au-dessus du niveau des deux années précédentes (+15% /2023 et +18% /2022). L’incertitude sur les prix du lait à court terme a pu peser d’après AHDB. Ce rythme pourrait cependant diminuer avec de meilleures perspectives sur le marché du lait et une demande domestique potentiellement plus ferme. En attendant, les abattages de Prime Cattle se situaient à un niveau intermédiaire (-1% /2023 mais +5% /2022).

Malgré la hausse des disponibilités en réformes, les cotations ont poursuivi leur progression entamée en décembre dernier. Le cours de la vache O a augmenté de 21 pence (+6%) depuis le début de l’année pour atteindre 3,63 £/kg de carcasse en semaine 6 (-6% /2023 mais +20% /2022), soit 4,24 €/kg.

La tendance haussière, bien que moins marquée, concerne également le marché des animaux plus jeunes (Prime Cattle). En semaine 6, la cotation du bœuf R3 était en hausse depuis le début de l’année (+7 pence) à 5,03 £/kg (+5% /2023 et +22% /2022) soit 5,92 €/kg.

D’après AHDB, les perspectives de production britanniques pour l’année 2024 anticipent une nouvelle réduction des abattages de vaches en 2024 (-2% /2023 à 600 000 têtes) après la baisse de 2023 (-3% /2022 à 612 000 têtes). Dans le même temps, la progression des abattages de Prime Cattle serait limitée (+1% /2023 à 2,06 millions de têtes). La production britannique de viande bovine serait ainsi stable en 2024 à 892 000 tonnes. Les perspectives d’offres plus limitées en Irlande et dans l’UE et les projections positives pour la demande intérieure britannique pourraient soutenir les cours au Royaume-Uni.

Viandes bovines » Maigre »

L’offre réduite soutient le prix des broutards

La décapitalisation allaitante et le dynamisme des mises en place à l’engraissement en France ont contracté les exports de broutards en 2023 de -7%. L’offre en broutards étant réduite et la demande française et européenne toujours présente, les prix des broutards ont progressé au cours des six premières semaines de 2024.

La faiblesse de l’offre et la bonne demande relèvent les cours

Depuis début 2024, les prix des broutards ont augmenté du fait de l’offre réduite et de la demande toujours dynamique en France, en Espagne et en Italie, où le prix des Jeunes Bovins est élevé. La cotation du Charolais U de 350 kg vif a ainsi progressé de 13 centimes en quatre semaines, à 3,45 €/kg vif en semaine 6 (= /2023 et +19% /2022). Le Charolais U de 450 kg a gagné lui aussi 12 cts en quatre semaines. A 3,38 €/kg vif en semaine 6, il a presque rejoint son niveau de 2023 à pareille époque (-2 cts ou -1%).

en-s6-en-2024-le-Charolais-U-350-kg-vif-a-progresse-de-13-cts-en-4-semaines-atteignant-3,45-Eur-par-kg

Le prix du Limousin E de 350 kg, après avoir été stable durant les quatre derniers mois de 2023, a gagné 5 cts en semaine 6 pour s’établir à 3,85 €/kg vif (+5% /2023 ou +20 cts et +29% /2022). Le broutard croisé R de 300 kg, envoyé notamment en Espagne, s’est davantage apprécié, de +20 cts en quatre semaines, à 3,30 €/kg en semaine 6 (+6% /2023 ou +20 cts et +20% /2022).

La forte demande de broutardes femelles en Italie et la faiblesse de l’offre soutiennent les prix. Le cours de la Limousine E de 270 kg a progressé rapidement de +15 cts en 4 semaines, à 3,55 €/kg, se situant au-dessus de son niveau de l’an dernier (+8% /2023 ou +25 cts). La Charolaise U de 270 kg cotait 3,40 €/kg (+2 cts en quatre semaines) également en hausse comparé à l’an passé (+3% ou +10 cts).

Peu d’effectifs de bovins de 6-12 mois en ferme

Le disponible en broutards est fortement réduit par le moindre cheptel allaitant et par la baisse des naissances entre février et avril 2023. Au 1er janvier 2024, 652 000 mâles allaitants âgés de 6 à 12 mois étaient présents en ferme (-3% /2023 ou -19 000 têtes).

Au-1er-janvier-2024-les-effectifs-de-males-allaitants-6-12-mois-reculaient-de-3%-par-rapp-a-debut-2023

À l’inverse, les naissances dynamiques de l’automne ont limité le recul des effectifs de broutards de moins de six mois, de seulement -1% /2023 à 718 000 têtes au 1er janvier 2024 d’après SPIE-BDNI.

Baisse de 141 000 naissances de veaux allaitants en 2023

En cumul sur l’ensemble de l’année 2023, 3 304 000 veaux allaitants sont nés en France, un recul important de -4,1 % /2022 ou -141 000 têtes.

En-decembre-les-naissances-n-ont-recule-que-de-2,7%-par-rapp-a-2022

Au 1er janvier 2024 la décapitalisation allaitante poursuivait son ralentissement, constaté durant tout le 2nd semestre 2023. 3 496 000 vaches étaient présentes en ferme, soit une baisse de -1,9% / 2023 (-69 000 têtes) contre -3% encore en juin 2023.

Les envois de broutards à l’étranger en-dessous du million de têtes en 2023

D’après les données SPIE-BDNI, 63 000 bovins de type viande âgés de 4 à 15 mois ont été expédiés durant les semaines 49 à 52 (-11% ou -7 000 têtes /2022). En cumul sur l’ensemble de l’année 2023, la France a exporté moins d’un million de broutards (992 000 mâles et femelles), soit 7% de moins qu’en 2022 (-75 000 têtes) et 14% de moins qu’en 2021 (-157 000 têtes en 2 ans), le plus bas niveau depuis 2014. Sur un an, le recul touche autant les mâles que les femelles : la part de femelles dans les animaux exportés reste stable à 34%.

Entre-semaines-49-et-52-de-2023-les-exports-de-broutards-FR-ont-recule-de-moins-11%-par-rapport-a-2022.

Les exports de mâles charolais reculent davantage que ceux des Limousins (respectivement -8% et -4% /2022) car les Charolais sont traditionnellement davantage conservés pour l’engraissement en France.

Après un bon mois de novembre, les exports de broutards (mâles et femelles) vers l’Italie (plus de 160 kg vif) ont chuté en décembre de -11% /2022 (-7 000 têtes), à 53 000 têtes selon les Douanes françaises, avec un nombre de jours ouvrés en recul de -7% en décembre 2023 (- 2 jours) par rapport à 2022. Au total en 2023, 822 000 broutards ont été expédiés vers l’Italie, soit -5% /2022, un recul plus modeste que l’ensemble des exports français.

Selon les Douanes, sur l’ensemble de 2023, 110 000 broutards français ont été exportés vers l’Espagne en 2023, soit une hausse de +26% /2022 (23 000 têtes supplémentaires). Les envois de broutards mâles de plus de 300 kg ont doublé, à 47 000 têtes. Les engraisseurs espagnols ont privilégié des animaux plus lourds afin de les engraisser rapidement, du fait de faibles disponibilités en fourrage provoquées par la sécheresse et les restrictions à l’irrigation affectant la production de céréales. La demande en broutards légers de 160-300 kg s’est, quant à elle, érodée de 5% /2022 (-3 000 têtes) à 58 000 têtes au total en 2023.

En décembre, les flux ont repris vers le Maroc

En décembre, les envois de broutards vers les pays tiers ont quelque peu rebondi, avec 2 300 broutards exportés vers la Tunisie et 900 vers le Maroc, à la suite des accords trouvés sur les conditions MHE en novembre et décembre. Au total en 2023, seuls 20 000 broutards ont été envoyés en pays tiers (-74% /2022 et -67% /2021) dont seulement 11 000 têtes vers l’Algérie.

Les envois vers l’Italie, ralentis début 2024, se sont rétablis

Début 2024 (semaine 1) les exports de bovins ont très été ralentis vers l’Italie (-54% /2023) du fait des fêtes de fin d’année qui durent jusqu’au 6 janvier dans le pays. Ils se sont rétablis la semaine suivante, si bien que les effectifs expédiés sur les six premières semaines ont baissé de -8% /2023 à 106 000 bovins de tous types, âges et sexes. En revanche, les expéditions ont progressé vers l’Espagne sur les 6 premières semaines de +5% /2023, à 64 000 bovins.

Viandes bovines » Veaux de boucherie »

Cours stable en début d’année

Les retards de sortie de l’automne 2023, dus à une météo clémente défavorable à la consommation de veau, ne sont pas encore résorbés en France, entraînant un vieillissement des veaux abattus et une augmentation des poids carcasse. En conséquence, la production était stable en janvier malgré une baisse des effectifs abattus. Les prix des aliments étaient toujours relativement faibles, alors que ceux de l’énergie restaient élevés.

Cotations stables

En début d’année 2024, les prix des veaux gras étaient stables à un niveau élevé. En semaine 7, le veau rosé clair O élevé en atelier cotait ainsi 7,34 €/kg éc, en léger recul de 2% (-13 cts) /2023 mais supérieur de 87 cts à 2022. Suivant une tendance similaire, le veau rosé clair R élevé en atelier atteignait 7,55 €/kg (-3% ou -21 cts /2023, mais +62 cts /2022).

Les veaux rosés clairs U élevés au pis cotaient 9,80 € /kg éc en moyenne sur les semaines 4 à 7, un niveau supérieur de 5% (+44 cts) /2023.

Poursuite de la baisse des cours des aliments

L’année 2024 a débuté avec des cours des matières premières nettement assagis, dans le sillage de 2023 et après une année 2022 record.

En semaine 6, la cotation de la poudre de lactosérum doux s’établissait ainsi à 730 €/t, un niveau similaire à l’année précédente (+7% /2023) et nettement inférieur (-46%) à 2022. La poudre de lait écrémé suivait la même tendance à 2 410 €/t (-4% /2023, -34% /2022).

Les indices IPAMPA étaient également en repli sur un an bien que toujours très élevés par rapport à 2021. En décembre 2023, l’IPAMPA aliments d’allaitement pour veaux atteignait 137,2 points, soit -15% /2022. L’IPAMPA autres aliments pour veaux s’établissait 136,1 points, soit -10% /2022 dans la foulée de la baisse des prix des céréales.

Prix de l’énergie toujours élevés

Les prix des produits pétroliers sont restés élevés en Europe depuis l’attaque de l’Ukraine par la Russie. Ainsi, en décembre 2023, l’IPAMPA gaz était estimé à 144,4 points, un niveau légèrement inférieur au niveau élevé de 2022 (-4%). Le pétrole Brent de mer du Nord, dont le propane est un dérivé, restait cher lui aussi, à 74 €/baril, bien qu’en léger retrait (-5%) sur un an.

Outre les énergies fossiles, les prix en hausse de l’électricité ont également conduit à une augmentation nette des charges des élevages de veaux de boucherie (lire les pages 34 à 39 du Dossier économie de l’élevage n°546 « Annuel bovins viande »).

Sorties retardées depuis l’automne

En janvier, les poids carcasse des veaux abattus en France étaient à nouveau en hausse à 142,2 kg éc en moyenne (+3 kg/2023, mais sorties très fluides en janvier 2023), retrouvant leur niveau de 2020-2021. En conséquence, le tonnage produit était similaire à celui de l’année dernière, avec 13 000 téc (= /2023 mais -8% /2022) malgré des effectifs abattus en baisse, à 92 000 têtes (-1,9 % ou -2 000 têtes /2023).

L’âge à l’abattage des veaux était en hausse à 185,3 jours (+3,2 jrs /2022) du fait des retards de sorties liés à la météo clémente jusqu’au 15 octobre, peu profitable à la consommation, qui ne semblent toujours pas avoir été rattrapés.

Cotation stable aux Pays-Bas

Comme l’an dernier, le veau de boucherie pie-noir néerlandais a démarré l’année avec une cotation d’une stabilité parfaite. Il cotait ainsi 6,00 €/kg éc en semaine 7, légèrement inférieur (-30 cts ou -5%) à sa cotation de janvier 2023. D’après la presse spécialisée néerlandaise, les intégrateurs ne souhaitent pas augmenter les prix de vente malgré une demande bien présente pour rester compétitifs sur les marchés export.

Au niveau des abattages, la production néerlandaise confirme son repli malgré un mois de novembre dynamique avec 124 000 veaux abattus (+1,6% /2022) pour 20 000 téc (+4% /2022).

En cumul de janvier à novembre, 1,279 millions de veaux ont été abattus aux Pays-Bas, soit-1,6% (ou -21 000 têtes) /2022 mais +1,4% /2021. Les poids carcasse étant en baisse (-0,9 kg éc /2022 en moyenne sur 11 mois, à 153,5 kg-éc), accentuant le recul sur les tonnages, avec 196 000 téc de viande de veau produites, soit -2,2% (ou -4 000 téc) /2022 et -2,8% /2021.

Viandes bovines » Veaux laitiers »

Hausse saisonnière des cours

Les cours jeunes veaux laitiers ont entamé leur hausse saisonnière en février dans la perspective des sorties de veaux gras de fin d’été. À l’inverse, en Espagne, les cours stagnent faute de demande dans un contexte de sécheresse persistante et malgré la réouverture du marché algérien pour la viande. En conséquence, les exportations de veaux vers l’Espagne ont reculé en 2023.

Cours en hausse en début d’année

Les cours des jeunes veaux ont amorcé leur hausse saisonnière début février, traduisant les besoins des intégrateurs pour les abattages de fin d’été. Ainsi, en semaine 7, le veau mâle laitier de 45-50 kg cotait 68 €/kg, proche de sa cotation 2022 (+1,5% /2022) mais en retrait de -20% (ou -17 €) /2023. Le veau mâle laitier de 50-55 kg vif a suivi des variations proches, à 91€ /tête (-17% ou -18 € /2023, mais +2 € /2022).

Recul des naissances croisées

La décapitalisation laitière poursuivait son ralentissement début 2024. Ainsi, 3 374 000 vaches laitières étaient présentes dans les élevages au 1er janvier, en recul de -1,6% (ou -54 000 têtes) /2023. Un an auparavant, le recul s’établissait à -2,1% ou -75 000 têtes.

Les naissances de veaux de mère laitière ont été dynamiques en fin d’année, avec 283 000 veaux en décembre (stable /2022). Sur un an, 3 158 000 veaux sont nés de mère laitière, soit un recul de -100 000 têtes (ou -3,1%) /2022.

Toutefois, les naissances de veaux disponibles pour l’engraissement (mâles laitiers et croisés lait-viande et femelles croisées lait-viande) affichaient un léger recul en décembre, avec 167 000 naissances (-0,9% ou -2 000 têtes /2022). Elles atteignaient 1 882 000 têtes en cumul annuel (-3,8% ou -68 000 têtes /2022). Pour la première année depuis dix ans, le nombre de naissances de veaux croisés lait-viande a reculé en 2023, à 773 000 têtes (-27 000 têtes ou -3,4% /2022, = /2021). Après plusieurs mois de baisse des entrées de primipares dans les troupeaux laitiers, les éleveurs ont réduit le recours au croisement pour assurer un renouvellement suffisant.

Exports en recul en 2023

En décembre 2023, les exportations de veaux français étaient en baisse à 25 000 têtes vers l’Espagne (-13% /2022) d’après les Douanes. En cumul sur l’année, ils étaient également en repli à 324 000 têtes (-5% ou -18 000 têtes /2022) après plusieurs années de hausse constante. La sécheresse persistante dans une partie du pays (et les prix des fourrages et des grains encore élevés) inquiètent les engraisseurs espagnols malgré la réouverture du marché algérien à la viande espagnole.

Les envois de veaux laitiers vers les Pays-Bas ont plus que triplé en 2023, atteignant 12 000 têtes d’après les Douanes françaises, dans un contexte de baisse de l’offre en veaux laitiers dans toute l’Europe, sous l’effet de la décapitalisation.

Cotation espagnole baissière

Le prix des veaux frisons espagnols de moins d’un mois était en légère baisse début 2024, à 88 €/tête en semaine 6 (-2 € en quatre semaines), un niveau inférieur aux deux années précédentes (-32% ou -41 € /2023, -9 €/2022), traduisant la préoccupation des engraisseurs espagnols face aux coûts et à la disponibilité en grains.