Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Sur les 10 premiers mois de 2022, les imports de viande bovine ont connu une hausse sensible alors que les disponibilités étaient limitées dans l’Hexagone et que la consommation en RHD affichait de bonnes performances. Sur la même période, la consommation calculée par bilan s’est maintenue, avec une proportion moindre de viande origine France. Les ventes au détail ont progressé en valeur, reflet de la progression de l’inflation, mais pas en volume.

Les importations ont nettement progressé en octobre

En octobre 2022, les importations françaises de viande bovine ont été en hausse marquée sur un an d’après Eurostat. Elles ont atteint 39 000 téc (+34% /2021 et +58% /2020), niveau très supérieur aux importations d’avant pandémie (+35% /2019 et +40% /2018).

En cumul sur les dix premiers mois de 2022, les importations françaises ont fait plus que se redresser depuis l’arrivée de la pandémie de covid-19. Elles ont atteint 308 500 téc (+25% /2021, +33% /2020 mais aussi +11% /2019) d’après les Douanes françaises. Toutes les origines sont concernées par cette hausse à l’exception notable de la Belgique (-14% /2021). Il est à noter cependant que la progression des échanges avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas est partiellement liée aux conséquences du Brexit et du retour de procédures douanières.
Dans un but de simplification, des importateurs néerlandais font désormais dédouaner les viandes importées depuis les îles britanniques en France avant réexportation vers les Pays-Bas. Une partie des importations depuis les Pays-Bas sont également issue de la stratégie d’approvisionnement d’une enseigne de fast-food : des viandes néerlandaises sont importées puis transformées en France avant d’être réexpédiées. Sur la période, les flux depuis le Royaume-Uni ont ainsi approché les 41 000 téc (x2,2 /2021). Et ceux depuis les Pays-Bas ont atteint 73 500 téc (+17%). Les importations françaises pour l’année 2022 devraient approcher un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2010 (plus d’informations dans l’Annuel Bovins viande à paraître début février).

Côté export, les envois de viande bovine française étaient en repli en octobre dernier à 19 000 téc (-17% /2021 et -5% /2020) alors que le manque de JB commençait à peser. Sur 10 mois, les exportations françaises ont cependant atteint 193 500 téc (+1% /2021, +8% /2020 et +1% /2019).

La consommation par bilan a fait mieux que résister sur les 10 premiers mois de 2022

En octobre 2022, la consommation calculée par bilan a de nouveau progressé d’une année sur l’autre et ce pour le 4ème mois consécutif. Elle a atteint 133 200 téc (+7% /2021 et +4% /2020). En cumul sur les dix mois, elle atteignait 1 256 000 téc (+1% /2021 et = /2020).

Avec des imports en nette hausse et des disponibilités françaises plus limitées, la proportion d’imports dans les disponibilités totales a continué de grimper pour atteindre 29% en octobre 2022. En cumul sur dix mois, les importations ont représenté 26% des disponibilités, niveau très supérieur à l’avant-pandémie (22% en 2019).

Attention toutefois, les effets des éventuelles variations de stocks, importantes à certaines périodes, ne sont pas intégrés dans cette estimation et la lecture mensuelle ne doit pas être sur-interprétée !

Une partie du secteur de la RHD s’est « remise » de la pandémie

Outre le manque de disponibilités en France, la progression des importations de viande bovine est liée au retour de la consommation en RHD, premier lieu de consommation des viandes d’imports dans l’Hexagone. En effet, après les restrictions liées à pandémie de covid-19, certains types de restauration affichent une nette progression de leur activité. En cumul sur les dix premiers mois de 2022, la restauration rapide (+26% /2019), mais aussi la restauration commerciale traditionnelle (+17% /2019) ont réalisé de bonnes performances. Ce n’est pas le cas de la restauration collective (-12%) : les habitudes prises en pleine pandémie comme le télétravail continuent de perdurer. Sur la période, le chiffre d’affaires de l’ensemble de la RHD était en progression (+15% /2019), avec cependant un effet accélérateur lié à l’inflation.

L’inflation alimentaire a continué de progresser en France

D’après l’INSEE, l’indice général français des prix à la consommation harmonisé (IPCH) avait commencé à refluer en décembre 2022 à +6,7% sur un an (contre +7,1% sur un an en novembre), essentiellement à cause du recul des prix de l’énergie. En revanche, l’inflation sur les produits alimentaires restait soutenue en décembre (+12,9% / 2021). C’était également le cas des viandes de bœuf et de veau (+13,1%).

L’inflation générale en France restait cependant inférieure à la moyenne de la zone euro, elle aussi en repli (+9,2% dans la zone en décembre dernier contre +10% un mois auparavant). La situation était similaire pour l’inflation sur les produits alimentaires en novembre dernier (+13% /2021 en France contre +16,0% dans la zone euro). En revanche, ce n’était pas le cas pour les viandes de bœuf et de veau (+13,1% contre +13,6%).

L’inflation explique la hausse des ventes au détail en valeur

L’inflation continue de jouer sur l’évolution en valeur des ventes des produits de grande consommation et frais libre-service (PGC-FLS). Mais cette progression en valeur est à mettre en parallèle avec un recul des ventes en volume. D’après IRi, si les ventes de PGC-FLS ont progressé en valeur (+4% /2021 en cumul sur les 47 premières semaines de 2022), elles ont reculé en volume (-2%).

L’inflation soutenue joue sur les ventes de viandes hachées qui ont progressé en valeur. Sur les dernières semaines de 2022 (49 à 52), elles seraient rester supérieures au niveau d’avant pandémie que ce soit pour le bœuf haché frais (+16% /2021 et +23% /2019) ou pour le haché surgelé (+33% /2021 et +45% /2019). Mais ce n’est plus le cas en volume. Ainsi, d’après IRi entre septembre et novembre, les ventes au détail de viande bovine hachée fraîche s’étaient contractées de -8% /2021.