Les marchés des produits de l’élevage de ruminants N° 360 Avril 2024

Alors que les prix restent sur des niveaux très élevés en Italie sous l’effet d’une offre durablement baissière, le marché allemand, très affecté par la récession en 2023, pourrait se redynamiser quelque peu en 2024.

ITALIE : les cours démarrent l’année sur des niveaux record

En Italie, la faiblesse de l’offre, dans un contexte où la consommation semble plutôt se maintenir, permet aux cotations des jeunes bovins mâles et femelles de démarrer l’année 2024 sur des niveaux jamais atteints par le passé. Le mâle limousin cotait 3,77 €/kg vif en semaine 2 (+2% /2023 et +20% /2022), le mâle charolais Extra cotait 3,62 €/kg vif (+1% /2023 et +18% /2022) et le mâle charolais Prima Qualità 3,51 €/kg (+1% /2023 et +19% /2022).

Les sorties de jeunes bovins sont très limitées, conséquence de la baisse des disponibilités exportables en broutards français en 2023. En novembre, les abattages de bovins mâles âgés de 12 à 24 mois ont totalisé 65 700 têtes (-3% /2022 et -11% /2021), et ceux de femelles 50 500 têtes (-7% /2022 et -10% /2021). Ceci porte à 1,234 million le nombre de jeunes bovins mâles et femelles abattus sur les 11 premiers mois de l’année (-6% /2022 et -9% /2021).

La consommation italienne de viande bovine s’est plutôt bien tenue en 2023. Sur les 10 premiers mois de l’année, le panel ISMEA-NielsenIQ enregistre une hausse de +0,7% des volumes achetés par les ménages, après une baisse de -4% en 2022. D’après nos estimations, la consommation italienne calculée par bilan sur l’ensemble de l’année 2023 serait quasi stable (-0,2% /2022), avec un plus grand recours aux viande importées (+6% /2022) pour compenser une baisse de production de plus de 6%. La part des importations de viande dans la consommation italienne de viande bovine grimperait alors à 44%.

ALLEMAGNE : vers un marché moins morose en 2024 ?

En Allemagne, la demande a été affectée en 2023 par la récession économique – le PIB s’est réduit de 0,3% d’après Destatis – ainsi que par la baisse de pouvoir d’achat provoquée par l’inflation. La consommation totale de viande bovine calculée par bilan aurait ainsi enregistré une forte baisse en 2023 (-5% /2022 d’après nos estimations). Ceci a pesé sur les prix des jeunes bovins allemands et a fortement réduit les besoins à l’import.

L’année 2024 pourrait être toute autre. L’inflation a amorcé une baisse et l’économie du pays pourrait renouer avec la croissance d’après les dernières prévisions du gouvernent (+1,3% /2023). Par ailleurs, le nombre de jeunes bovins produits en 2024 serait en baisse. L’enquête cheptel de novembre 2023 dénombrait en effet 836 000 mâles âgés de 1 à 2 ans (-1,6% /2022) et 389 000 mâles de 8 à 12 mois (-5,5%), ce qui pourrait redynamiser la demande en viandes importées.

Les cotations des jeunes bovins allemands démarrent l’année sous leurs niveaux de 2023, à 4,87 €/kg pour le JB U (-8% /2023 et -1% 2022), à 4,78 €/kg pour le JB R (-9% /2023 et -1% 2022) et 4,48 €/kg pour le JB O (-10% /2023 et -1% 2022).

POLOGNE : baisse durable de la production

La production de viande bovine recule en Pologne, faute de veaux à engraisser. Sur les dix premiers mois de 2023 elle a totalisé 432 000 téc (-4% /2022 et -7% /2021), dont 245 000 téc de mâles non castrés (-2% /2022 et -8% /2021), 66 000 téc de génisses (-6% /2022 et 2021) et 117 000 téc de vaches (-8% /2021 et -6% /2021).

Les cotations des jeunes bovins polonais démarrent l’année à des niveaux relativement hauts : 4,84 €/kg de carcasse pour le JB R (=/2023 et +9% /2022) et 4,63 €/kg pour le JB O (-1% /2023 ; +7% /2022).